The Project Gutenberg eBook of Manuel de synonymie Latine

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Title: Manuel de synonymie Latine

Author: Ludwig von Doederlein

Translator: Théophile Leclaire

Release date: May 26, 2024 [eBook #73700]

Language: French, Latin

Original publication: Lyon: Librairie Classique de Perisse Frères, 1865

Credits: Aurēliānus Agricola

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Manuel de synonymie latine

de Louis Dœderlein

Professeur de philologie et d’éloquence à la faculté d’Erlangen,
membre de plusieurs académies et société savantes

Édition française

Publiée avec l’autorisation spéciale de l’auteur

Par Th. Leclaire

Ancien élève de l’École normale, agrégé de l’Université,
Breveté pour l’enseignement de la langue allemande,
professeur au lycée impérial de Colmar.

1865

A
Monsieur Adler-Mesnard
Maître de conférences à l’École Normale Supérieure,
membre de l’Académie allemande de Berlin,
chevalier de la Légion d’honneur.

Mon cher Maître,

L’ancienne Université de Paris, parlant par la bouche de Rollin, recommandait à ses maîtres un petit livre de l’Allemand Steuvéchius, sur les particules de la langue latine, et Rollin se plaisait à reconnaître que cet Allemand fort habile avait traité son sujet avec beaucoup d’ordre et de précision. L’étude des langues classiques n’a point dégénéré en Allemagne depuis le temps de Rollin, et notre Université impériale est aussi capable que son aînée d’apprécier le mérite d’un savant étranger. Louis Dœderlein recevra donc un accueil favorable s’il a réussi, au terme d’une longue carrière consacrée à l’étude des langues anciennes, à composer un de ces bons livres élémentaires qui sont et seront toujours rares.

C’est ce qu’il semble permis d’affirmer quand on lit son Manuel dans le texte allemand. C’est votre avis, mon cher maître. Vous ne craignez pas de le faire connaître en permettant qu’on vous dédie une version française du Manuel. Vous répondez du mérite de votre illustre compatriote, et peut-être donnez-vous encore à entendre que son œuvre n’est pas trop défigurée dans le travail d’un de vos élèves. Double et précieuse recommandation que je suis heureux de vous devoir et qui m’autorise à vous donner ici un témoignage public d’affection et de reconnaissance.

Th. Leclaire.

Avant-propos

Différentes personnes, entre autres des maîtres que j’estime, m’ont engagé à résumer dans un manuel les principaux résultats de mon ouvrage en six volumes sur les synonymes et les étymologies de la langue latine. Voici douze ans que j’ai commencé à m’occuper de la synonymie latine trop longtemps négligée, et depuis, les travaux analogues de Habicht, de Ramshorn, de Jentzen, de Schmalfeld ont pour ainsi dire encombré la librairie de manuels de synonymes ; je n’hésite cependant pas à satisfaire par le présent extrait au vœu qu’on m’adresse, et en affirmant que ma méthode, ma façon d’établir les rapprochements est essentiellement distincte de celle de ces hommes éminents, je ne crois par là ni rehausser mon mérite ni rabaisser le leur. L’extrait que je publie aujourd’hui contient, je l’espère, tout ce qu’il y a d’important dans mes six volumes en fait de synonymie ; j’ai dû omettre par contre certains points accessoires dont voici le détail.

Premièrement. — Toutes les déductions étymologiques.

Deuxièmement. — Tous les passages comparés ou citations à l’appui qui n’ont pas une évidence démonstrative. En revanche, je communique tout au long les endroits classiques dans lesquels les anciens opposent des synonymes les uns aux autres, et les distinguent de la sorte dans le courant du discours et non par voie de réflexions grammaticales ; quand ces endroits me font défaut, je place souvent en regard divers passages d’un seul et même écrivain dans lesquels il paraît qu’il a observé la propriété des termes.

Troisièmement. — Toutes les discussions de critique et d’interprétation.

Quatrièmement. — L’explication détaillée des synonymes grecs. Je n’ai pas laissé pour cela de rechercher avec un soin scrupuleux et de placer en regard du synonyme latin l’expression correspondante la plus exacte que puisse fournir ou la langue grecque ou la nôtre, et je me suis en outre efforcé de déterminer et de rendre palpable dans tous les cas possibles, avec la précision dont j’étais capable, la valeur et la portée de l’idée exprimée par le mot latin en indiquant le vrai terme contraire.

Cinquièmement. — Les vues particulières des auteurs qui ont composé des traités de synonymes.

Sixièmement. — Les synonymes très-rares et ceux qui ne prêtent qu’à des différences subtiles.

J’ajoute une remarque de pratique. Au point de vue de l’enseignement on peut diviser les synonymes en trois classes ; la première comprend ceux que l’élève ne peut jamais apprendre à distinguer trop tôt parce que leur parenté purement apparente n’est fondée que sur la tentation de les traduire par un même mot dans notre langue maternelle, par exemple liberi et infantes, animal et bestia, hærere et pendere, sumere et adimere, hostis et inimicus. La confusion de ces synonymes est une bévue qu’il faut ranger sur la même ligne qu’un solécisme proprement dit. A la seconde classe appartiennent les synonymes entre lesquels on peut établir une distinction aisée et sûre, mais qui expriment des idées si rapprochées, que les anciens mêmes n’hésitaient pas à les prendre les uns pour les autres, par exemple lascivus et petulans, parere et obedire, ater et niger, incipere et inchoare, mederi et sanare, vacuus et inanis, spernere et contemnere, tranquillus et quietus. Tant que l’élève est encore aux prises avec les éléments de la grammaire, le maître est autorisé à lui laisser croire que ces expressions ont tout à fait le même sens ; mais il convient d’y rendre attentifs les élèves plus avancés, soit pour les habituer, quand l’occasion se présente, à la propriété des termes, soit pour leur faire faire un excellent exercice d’esprit. Je range dans une troisième classe les synonymes dont la différence ne saurait être établie ni sans peine, ni avec pleine évidence à l’aide des textes classiques, et que les anciens, selon toute probabilité, ne distinguaient que très-confusément, par exemple lira et sulcus, remus et tonsa, pæne et prope, etiam et quoque, recordari et reminisci, lævus et sinister, velox et pernix, vesanus et vecors, fatigatus et fessus, collis et clivus. De pareilles distinctions n’ont que peu ou point d’importance dans la composition, à moins qu’une antithèse en forme, par exemple celle de mare, lacus, par rapport à amnis, fluvius ; de metus, spes, par rapport à timor, fiducia, n’impose par occasion la nécessité de recourir aux richesses de la langue en synonymes de ce genre. Une sévérité excessive en cette matière ne serait à mes yeux qu’un pédantisme fâcheux qui ne manquerait pas d’entraver toute liberté d’esprit chez l’élève occupé à composer. Comme professeur, je demande que les synonymes de la première classe deviennent familiers aux élèves dès les cours élémentaires ; je n’introduis que dans les cours supérieurs l’étude des synonymes de la seconde catégorie ; c’est vers l’âge de quatorze ans à peu près que j’engage les élèves à s’en occuper dans le travail de la composition à propos du choix des expressions ; c’est alors que je commence à en tenir compte dans l’explication des textes, avec mesure s’entend, pour aiguillonner l’esprit et non pour embarrasser la lecture. Quant à ceux de la troisième catégorie, je me fais une loi de n’en parler qu’en expliquant des passages à propos desquels il est impossible de l’éviter, par exemple, quand l’auteur associe flumina et amnes et qu’il faut le défendre contre une accusation de pléonasme.

J’ai cru rendre mon manuel d’un usage plus commode en fondant la table dans le texte. On a ainsi la chance de tomber du premier coup sur l’article qu’on cherche, ce qui serait impossible avec un index à part.

L’auteur.

Erlangen, décembre 1839.

Avis pour la seconde édition

Il y a neuf ans que ce manuel a vu le jour ; il reparaît plutôt remanié que transformé. Outre que je l’ai revu plusieurs fois, j’ai profité de nombreuses observations que je dois à de savants amis, soit pour améliorer le fond, soit pour perfectionner l’expression, et j’ai inséré quelques articles nouveaux. J’ai en revanche supprimé les étymologies, tantôt parce que je m’étais trompé en les croyant justes, tantôt (et le plus souvent) parce qu’elles n’ont aucun sens pour l’élève et qu’elles peuvent même occasionner des méprises quand elles ne sont pas approfondies.

L’auteur.

Erlangen, décembre 1848.

Manuel de
synonymie latine

A

Abesse. Deesse. Deficere.

1. Abesse marque une absence qui se réduit à une relation de lieu, ne pas être quelque part, par opposition à adesse ; deesse marque une absence qui rend un tout incomplet, comme manquer, faire défaut, par opposition à esse et superesse. Cic. Brut. 80. Calidio hoc unum, si nihil utilitatis habebat, abfuit, si opus erat, defuit. Si vous jugez cette qualité inutile, j’avouerai qu’elle n’existait pas chez Calidius ; si vous la jugez nécessaire, je conviendrai qu’elle lui faisait défaut.

2. Deesse s’applique à ce qui nous fait complétement défaut, deficere, à ce qui commence à nous faire défaut. Cic. Verr. I, 11. Vererer ne oratio deesset, ne vox viresque deficerent. Je craindrais que la parole ne me manque, que ma voix et mes forces ne faiblissent.

Abolere. Delere.

Abolere, anéantir, faire disparaître et plonger dans l’oubli par tous les moyens possibles ; delere, détruire, mettre en mauvais état, hors de service. Abolere se dit plutôt des œuvres de l’esprit ; delere, des objets matériels. Leges abolentur, urbes delentur. On annule les lois, on détruit les villes.

Abominari. Exsecrari. Detestari.

Abominari, repousser un présage qui fait horreur, chercher à détourner par une pratique religieuse un malheur qui nous menace, par opposition à omen accipere ; exsecrari, maudire en excluant un coupable de la société des hommes, en le déclarant sacer, en le dévouant aux dieux des enfers, par opposition à bénir ; enfin detestari, chercher à éloigner de nous, en invoquant les dieux, un danger dont nous menace une personne ou une chose ; il a pour opposé appeler par ses prières.

Abundare. Redundare.

Abundare, abonder, sert, comme περιεῖναι, à parler avec éloge de l’abondance prise comme un symbole de plénitude et de richesse ; redundare, surabonder, se prend en mauvaise part, comme περισσεύειν ; la surabondance est prise comme le symbole de l’excès et du luxe. L’abundans existe en grande quantité, le redundans est superflu et inutile.

Accendere. Incendere. Inflammare. Comburere. Cremare.

Accendere, incendere et inflammare, mettre le feu : accendere, par dehors et par un seul point, comme allumer, ἀνάπτειν ; incendere, par le dedans, comme ἐνδαίειν ; inflammare, enflammer par le dehors ou le dedans, comme ἀναφλογίζειν. Comburere et cremare, consumer et brûler : comburere, comme ϰαταϰαίειν, sur des charbons ardents (c’est le causatif d’ardere) ; cremare, comme πιμπράναι, par flammes vives (c’est le causatif de flagrare). On brûle les morts, mortui cremantur, sur un bûcher flamboyant ; on brûle les vivants à petit feu, vivi comburuntur, et cette manière de parler rend plus frappante l’horreur de la mort par ce genre de supplice.

Accidere. Evenire. Contingere. Obvenire. Obtingere.

Accidere, evenire et contingere marquent des événements favorables ou défavorables, le premier, lorsqu’ils sont inattendus, qu’ils surprennent ; le second, lorsqu’ils sont attendus, pressentis ; le troisième, lorsqu’on les a préparés, amenés ; obvenire et obtingere ne se disent que d’événements heureux. Les accidentia sont l’œuvre du hasard, les evenientia sont des conséquences de nos actions ou des circonstances ; les contingentia, des effets de nos efforts, de nos vœux, de nos fautes ; les obtingentia et les obvenientia, des faveurs du sort. Cic. Fam. VI, 21. Timebam ne evenirent quæ acciderunt. Je craignais de voir ces hasards se réaliser. Le premier des deux verbes, evenirent, se rapporte à Cicéron lui-même, à ses pressentiments ; le second, acciderunt, regarde les personnes qui se montrent surprises à l’heure de l’événement. Sen. Ep. 110. Scies plura mala contingere nobis quam accidere, c’est-à-dire que nos souffrances sont plus souvent les suites de nos propres vœux que l’effet d’un hasard aveugle.

Acer. Vehemens.

Acer présente la vivacité sous son aspect louable de feu, d’énergie, par opposition à frigidus, comme ὀξύς ; vehemens, sous son aspect blâmable de chaleur et de passion, par opposition à lenis, comme σφοδρός.

Acerbus. Amarus.

Acerbus marque une amertume qui emporte la bouche, par opposition à mitis, comme ὀξύς ; amarus, une amertume qui dégoûte, par opposition à dulcis, comme πιϰρός.

Acervus. Congeries. Strues. Cumulus.

1. Acervus et congeries, monceau d’objets de même espèce auparavant dispersés qu’on réunit et qu’on entasse en un lieu : acervus indique, comme σωρὸς, un certain ordre et suppose d’habitude une forme conique ; congeries admet tout le désordre de la négligence. Strues s’emploie, comme θημών, pour marquer que la mise en tas a produit un arrangement nouveau, donné aux objets rassemblés une forme déterminée, utile, artificielle. Curt. VIII, 7, 11. Passim acervos struesque accendebant. Ils allumaient çà et là des tas et des piles de bois.

2. Cumulus ne signifie point le tas lui-même, mais seulement la pointe qui le termine, la dernière pierre qui donne seule à une construction son élévation régulière et parfaite, à peu près comme ϰορυφή ; cumulare, en particulier, se rapproche tout à fait de ϰορυφοῦν. Comparez Liv. XXII, 59. Superstantes cumulis cæsorum corporum : juchés sur des monceaux de victimes, avec la fin du même chapitre : Cannenses campos acervi Romanorum corporum tegunt. Des tas de cadavres romains couvrent la plaine de Cannes. Et XXIII, 5. Molibus ex humanorum corporum strue faciendis. Faire des digues en empilant des cadavres.

Achivi. Achæi. Achaius. Achaicus. Troius. Troicus.

1. Achivi, les Grecs d’Homère, ᾿Αχαιοί ; Achæi se dit soit des habitants de l’Achaïe proprement dite, soit chez les poëtes de tous les Grecs considérés en général comme les contemporains des Romains. Cic. Divin. I, 16. Cum Achivi cœpissent inter se strepere. Quand eurent commencé les querelles bruyantes des anciens Grecs. Comparez avec Cæcil. 20. Quod eum sibi Achæi patronum adoptarant. Parce que les Grecs de l’Achaïe l’avaient souhaité et choisi pour protecteur.

2. Achaius est l’adjectif d’Achivus ; Achaicus celui d’Achæus.

3. Troius, adjectif réservé à l’ancienne Troie héroïque et homérique ; Troicus, adjectif usuel pour le pays de Troie, pour la Troade, sans allusion à la guerre de Troie.

Acies. Acumen. Cacumen. Mucro. Cuspis.

1. Acies, tranchant propre à couper ; acumen, pointe propre à piquer. Au figuré, l’acies mentis débrouille ce qui était confus, le fait connaître clairement : on met de l’ordre dans ses idées ; l’acumen mentis approfondit ce qui était caché, aboutit à des découvertes ingénieuses : on acquiert des idées nouvelles.

2. Acumen et cacumen, pointes naturelles : acumen, pointe du cône, du bec, etc. ; cacumen, terme spécial, pointe d’une montagne. Mucro et cuspis, pointes artificielles destinées à pénétrer et à blesser : mucro, pointe de l’épée, du poignard, etc. ; cuspis, de la lance, de la flèche, comme αἰχμή.

Actor. Comœdus. Ludio. Histrio.

1. Actor et les termes spéciaux de comœdus et tragœdus, l’acteur considéré comme un artiste estimable ; ludio, ludius, le comédien considéré comme un artisan vulgaire avec une idée accessoire de trivialité ; enfin histrio se dit tantôt de l’un, tantôt de l’autre, mais avec une idée accessoire de fanfaronnade et de bouffonnerie. Cic. Sext. 54. Ipse ille maxime ludius non solum spectator, sed actor et acroama. Ce baladin lui-même, car il n’est pas un simple spectateur, il est, vous le savez, tour à tour acteur et bouffon[1]. Rosc. com. 10. Nemo ex pessimo histrione bonum comœdum fieri posse existimaret. Personne n’imaginerait qu’un misérable farceur pût devenir un bon comédien. Ep. ad. Qu. fr. I, a. E. Hortor ut tanquam poetæ boni et actores industrii solent in extrema parte diligentissimus sis. Je t’engage à soigner extrêmement la fin à l’exemple des grands poètes et des acteurs consciencieux.

Adesse. Interesse. Præsentem esse.

1. Adesse, être près d’une personne ou d’une chose ; interesse, prendre part à une action. Cic. Verr. I, 40. Crimina ea quæ notiora sunt his qui adsunt quam nobis... De illo nihil dixit in quo interfuit. Ces accusations plus familières aux assistants qu’à nous-mêmes... Il n’a rien dit du fait auquel il a pris part.

2. Adesse marque, en général, notre présence dans un cercle dont nous faisons partie ; præsentem esse, la présence immédiate, sensible, visible. D’un hôte qu’on attend on dit adest quand il se trouve dans nos murs ; on dit præsens est quand il est dans la même pièce que nous. Ter. Ad. III, 3, 29. Non quia ades præsens dico hoc. Je ne dis pas cela parce que tu es près de moi, devant moi.

Adhuc. Hactenus. Hucusque.

Adhuc est adverbe de temps : jusqu’à ce moment ; hactenus et hucusque sont adverbes de lieu : jusqu’à cet endroit ou jusqu’à ce point.

Adversarius. Hostis. Inimicus.

1. Adversarius, terme général pour tout adversaire à la guerre, dans la politique, en justice, comme ἀντιστάτης ; hostis, ennemi à la guerre, en campagne, par opposition à pacatus, comme πολέμιος ; inimicus, ennemi du fond du cœur, par opposition à amicus, comme ἐχθρός. Cic. Man. 10. Pompeius sæpius cum hoste conflixit quam quisquam cum inimico concertavit. Pompée compte plus de combats contre des armées ennemies, que qui que ce soit au monde ne compte de luttes contre un ennemi particulier. Liv. XXII, 39. Nescio an infestior hic adversarius, quam ille hostis maneat. J’appréhende que ton adversaire ne reste plus dangereux que ton ennemi.

2. Hostilis et inimicus indiquent une disposition permanente, infestus et infensus, un état passager : infestus ne suppose qu’une attitude hostile, et peut se dire même des objets inanimés qui nous menacent d’un danger ; infensus suppose des mouvements passionnés et ne se dit que des personnes. Tac. Ann. XV, 28. Non infensum, nedum hostili odio Corbulonis nomen habebatur. Le nom de Corbulon n’avait jamais excité de ressentiment, loin d’être l’objet d’une haine nationale. Sen. N. Q. III, pr. Animus luxuriæ non adversus tantum, sed et infestus. Ame non-seulement contraire, mais rebelle aux plaisirs. Liv. 11, 20. Tarquinium infesto spiculo petit ; Tarquinius infenso cessit hosti. Il lance à Tarquin un trait dangereux ; Tarquin se retira devant cet ennemi furieux.

3. Hosticus marque un rapport de convenance : ennemi, qui appartient à l’ennemi ; hostilis, une disposition, comme hostile.

Advocatus. Causidicus.

Dans l’âge d’argent de la langue latine, advocatus désigne un procureur par rapport aux services qu’il rend, et à son client dont il est l’ami et l’appui ; causidicus, par rapport à sa condition et à son métier, souvent avec une idée de mépris, comme un mercenaire.

Ædificium. Domus. Ædes. Familia.

1. Ædificium, terme général pour toute espèce de bâtiment, comme οἰϰοδόμημα ; domus et ædes, ædium, maison d’habitation : domus, demeure, siége héréditaire d’une famille, comme οἶϰος ; ædes, assemblage d’appartements, comme δόμοι, δώματα. Virg. G. II, 461. Ingentem foribus domus alta superbis mane salutantum totis vomit ædibus undam. La fière demeure par ses portes orgueilleuses rejette, dès le matin, de ses appartements encombrés un long flot de courtisans.

2. Domus, la famille au sens patriarcal, comme une société close et intime ; familia, au sens politique, comme une partie de la noblesse, gens, de la cité, civitas, du peuple, populus.

Æger. Ægrotus. Morbidus. Morbus. Valetudo.

1. Æger, terme général qui s’applique à toute espèce d’incommodité et de malaise, au trouble d’esprit comme au mal physique ; ægrotus et morbidus supposent une maladie du corps ; ægrotus, chez l’homme, morbidus, chez un animal. L’æger se sent malade, l’ægrotus et le morbidus sont malades.

2. Morbus et valetudo désignent une maladie actuelle : morbus, comme un accident auquel l’homme est sujet ; valetudo, comme un état dont le malade a conscience.

Æquus. Par. Æqualis. Parilis. Compar. Impar. Dispar.

1. Æquum, égal en soi, uniforme, composé de parties similaires, par opposition à varius ; par, égal à quelque chose d’autre, et placé au même degré par opposition à superior et inferior. Æquo Marte présente dans son ensemble le combat des deux partis ; pari Marte oppose la fortune de l’un à celle de l’autre.

2. Par, marque une égalité de grandeur, de puissance, d’influence ou encore de nombre, d’équilibre, de proportions, comme ἴσος ; æqualis, une égalité de nature, comme ὅμοιος. Par, présente à l’esprit l’idée d’un homme d’action qui est pour le moins prêt et résolu à entrer en lutte avec ses pairs ; æqualis, l’idée d’un personnage inactif, et le mot ne se prête qu’à des comparaisons et à des parallèles. Paria, choses ou personnes opposées, hostiles, jalouses, qui se disputent la prééminence ; æqualia, choses ou personnes distinctes, mais unies, comme des parents qui ont des qualités et des sympathies communes. Pariter, au même degré, ἴσα ; æqualiter, de la même façon, ὁμοίως, ὁμῶς.

3. Par, tout à fait égal ; parilis, à peu près égal, c’est un intermédiaire entre par et similis.

4. Par, égal à quelque chose ou à quelqu’un, exprime un rapport simple ; compar, qui se dit de plusieurs choses ou de plusieurs personnes égales entre elles, un rapport réciproque, sans renchérir d’ailleurs sur le degré de ressemblance. Cette distinction se retrouve dans finitimi et confines, dans ἐγγύς et ξυνεγγύς.

5. Impar marque une inégalité, soit comme en arithmétique celle des nombres impairs qui ne sont point exactement divisibles par deux, soit une inégalité de force qui implique une infériorité relative ; dispar exprime une dissemblance et ne précise point de quel côté penche la balance dans un parallèle.

Æquus. Planus. Campus.

1. Æquum, terrain plat, surface horizontale, par opposition à ce qui monte ou descend, à superior, inferior et acclivis ; planum, la plaine unie, par opposition à un sol inégal, à montosus, saxosus. Æquum, signifie au figuré l’équité, parce que l’injustice commence dès que l’un se met au-dessus de l’autre ; planum, la clarté et la netteté, parce qu’on ne peut embrasser d’un seul regard qu’une plaine, où aucune hauteur n’arrête la vue.

2. Æquor et planities, la plaine par rapport à sa forme ; campus, par rapport à sa position, comme pays bas par opposition aux hauteurs.

Ærarium. Fiscus.

Ærarium, la caisse de l’état ; fiscus, la cassette de l’empereur. Tac. Ann. VI, 2. Bona Sejani ablata ærario, ut in fiscum cogerentur ; tanquam referret. Les richesses de Séjan retirées du trésor public entrèrent dans la cassette impériale, comme si cela eût tiré à conséquence.

Agere. Facere. Gerere. Opus. Factum. Age. I nunc. Degere.

1. Agere, marque un effet qui n’a lieu que dans le temps, comme agir ; facere, un effet qui se développe dans l’espace, comme faire. Les acta sont passés aussitôt que l’agens s’arrête, deviennent dès lors invisibles, et ne subsistent plus que par le souvenir ; les facta ne sont complets que quand le faciens s’arrête, et ne prennent qu’à partir de ce moment une existence propre. Cela doit s’entendre d’ailleurs d’acta et de facta considérés exclusivement comme participes, non comme substantifs. Agens donne l’idée de l’activité en général, faciens l’idée d’une activité pratique.

2. Agere, agir dans son propre intérêt ; gerere, dans l’intérêt d’un autre et par commission. Cic. Verr. I, 38. Quæ etiamsi voluntate Dolabellæ fiebant, per istum tamen omnia gerebantur. Tout se faisait par la volonté de Dolabella, mais par l’entremise de Verrès.

3. Opus, œuvre, ἔργον, est le substantif qui répond à facere ; factum (pris comme substantif), action, celui d’agere ; res gestæ, actes importants, hauts faits, πράξεις ; acta, mesures politiques. Cic. Att. XIV, 17. Multa de facto ac de re gesta, de nombreux détails, tant sur cette entreprise que sur ce grand acte : le premier, facto, s’appliquant à la tentative d’Amatius, le second, re gesta, au châtiment que lui a infligé Dolabella avec autant de sagesse que de courage.

4. Age, agedum, encouragement donné sérieusement ; i nunc, encouragement ironique.

5. Agere, mener une vie active et affairée ; degere, vivre dans l’oisiveté, soit parce que l’aisance nous dispense de travailler, soit parce que nous sommes réduits à l’inaction. Tac. Ann. XV, 74. Deûm honor principi non ante habetur quam agere inter homines desierit. Avant de rendre à un prince les honneurs divins, on attend qu’il ne soit plus mêlé aux affaires de la vie. Comparez avec IV, 41. Ut Tiberium ad vitam procul Roma amœnis locis degendam impelleret. Afin de pousser Tibère à vivre loin de Rome dans le repos d’un agréable séjour.

Agger. Vallum.

Agger, simple levée, comme une digue ; vallum, levée qui sert à clore un espace. L’agger peut tenir lieu d’une courtine de redoute dans des fortifications de campagne ; le vallum ou rempart fait toujours partie d’une forteresse, d’un camp, d’une place forte.

Ala. Penna. Pluma. Pinna.

1. Ala, la charpente, les muscles de l’aile, πτέρυξ ; penna, l’aile restreinte aux plumes qui concourent au vol, πτερόν. Plaut. Pœn. IV, 2, 48. Meæ alæ pennas non habent. Je n’ai pas de plumes à mes ailes.

2. Penna, plumes grandes et dures qui servent à voler ; pluma, duvet, petites plumes moelleuses qui servent à vêtir le corps de l’oiseau, comme πτίλον. Sen. Ep. 42. Meministi, quum quemdam affirmares esse in tua potestate, dixisse me volaticum esse ac levem, et te non pedem ejus tenere, sed pennam ; mentitus sum, pluma tenebatur quam remisit et fugit. Un jour, tu dois t’en souvenir, tu prétendais avoir une personne en ton pouvoir, et je te répondais qu’elle était volage et légère, que tu ne la tenais point par le pied, mais par une plume. Eh bien, ce n’était pas vrai : tu ne la retenais que par une petite plume de duvet qu’elle t’a laissée, et la voilà partie.

3. Penna, la plume entière, tuyau et barbes ; pinna, les barbes seules par opposition au tuyau.

Alapa. Colaphus.

Alapa, soufflet, coup appliqué sur la figure avec le plat de la main, c’est une punition, mais infligée avec modération ; colaphus, coup assené sur la tête avec le poing fermé et avec des marques de colère et de fureur.

Albus. Candidus. Albidus.

1. Albus, le blanc considéré en général comme l’absence de toute couleur, ce qui n’a pas de couleur ; candidus, le blanc pris comme une couleur positive, la plus pure, la plus claire, en comparaison de laquelle toutes les autres paraissent sombres ou même sales ; c’est un beau blanc éclatant. L’album, qui a pour opposé ater, tire, comme le λευϰὸν, sur le jaune pâle ; le candidum, qui a pour opposé niger, tire, comme l᾿ἀργὸν, sur le bleu pâle. Alba cutis, peau d’un malade, d’un hydropique ; candida, d’une personne qui est dans la fleur de la jeunesse. Au figuré, albor est le symbole du bonheur et de la joie ; candor, de la pureté et de l’innocence.

2. Albus, blanc ; albidus, blanchâtre.

Alere. Nutrire. Nutricare.

Alere, nourrir de manière à pousser au développement et à la croissance ; nutrire et nutricare, nourrir pour prolonger et assurer l’existence. En d’autres termes alimenta adjuvant, nutrimenta sustentant. Les aliments profitent, la nourriture soutient. Cic. N. D. II, 63. Neque ali, neque sustentari. N’être ni grassement, ni même pauvrement nourri. Nutrire, terme général ; nutricare, terme particulier usité de préférence en parlant des animaux.

Alimenta. Penus. Cibus. Esca. Edulia. Cibare. Pascere.

1. Alimenta et penus, vivres quelconques, solides ou liquides : alimenta, en général, par rapport à l’homme pris individuellement ; penus, par rapport à l’économie domestique de toute une famille. Cibus et esca ne se disent que des aliments solides par opposition à potio. Cibus, aliment fourni par la nature, ressource alimentaire ; esca, mets qui a subi une préparation artificielle, plat apprêté. Cibus est le seul de ces deux mots qui se dise aussi de la nourriture des animaux ; esca, le seul qui convienne à l’appât qu’on leur prépare et qu’on leur présente. Cic. N. D. II, 47. Animalia cibum partim dentibus capessunt. Un certain nombre d’animaux saisissent leur nourriture avec les dents. Comparez avec II, 23. Dii nec escis nec potionibus vescuntur. Les dieux se passent pour vivre de cuisine et de cave.

2. Cibaria, denrées alimentaires ordinaires et usuelles ; edulia, morceaux friands et recherchés. Suet. Tib. 46. Comites nunquam salario, cibariis tantum sustentavit. Les gens de sa suite ne tiraient de lui que des vivres, jamais de salaire. Comparez avec Cal. 40. Pro eduliis certum statumque exigebatur. Il avait mis un droit sur les comestibles.

3. Cibare, nourrir de sa propre main comme une mère ou une bonne d’enfants ; pascere, fournir seulement la nourriture en qualité de tuteur ou de maître. Suet. Tib. 72. Draconem manu sua cibaturus. Comparez avec Vesp. 18. Sineret se plebeculam pascere. Un dragon auquel il allait donner à manger de sa main. Il lui demanda la permission de laisser au petit peuple sa subsistance.

Alloqui. Appellare. Affari.

Alloqui, adresser la parole à quelqu’un, lui faire l’honneur de le saluer et de le reconnaître ; appellare, prendre les devants pour engager une personne dans une conversation, lui adresser des paroles sérieuses, sortir des phrases banales ; affari, apostropher d’un ton pathétique plein d’amitié ou de solennité. Cic. Cluent. 61. Quum nemo recipere tecto, nemo alloqui, nemo respicere vellet. Lorsque personne ne voulait ni le recueillir sous son toit, ni l’entendre, ni lui adresser la parole, ni le regarder. Comparez avec Phil. XIII, 2. Salutabunt benigne, comiter appellabunt unumquemque nostrum. Ils auront pour chacun de nous un abord bienveillant, des paroles aimables et prévenantes. Et Brut. 3. Salutatio libri quo me hic affatus quasi jacentem excitavit. La dédicace du livre dans lequel il m’apostrophe et qui m’a retiré d’une sorte d’abattement.

Altus. Editus. Procerus. Arduus. Celsus. Excelsus. Sublimis.

1. Altus, terme général ; il se dit de la hauteur ou de la profondeur considérée comme une des trois dimensions de la géométrie, et doit s’entendre de la hauteur par opposition à humilis, à ce qui reste attaché terre à terre, au niveau du sol, comme ὑψηλός ; editus ; élevé par opposition à planus, à ce qui n’offre aux yeux qu’une surface plate ; enfin procerus, ce qui a poussé en hauteur ou en longueur. L’altitudo n’a ni mesure ni limite ; l’editum est de la taille d’une colline ; la proceritas, de celle d’un arbre ou d’un corps humain.

2. Altus, editus et procerus réduisent la hauteur à un simple rapport de lieu et d’espace ; arduus se dit de ce qui est d’abord haut, puis escarpé et inaccessible, au figuré : difficile, impossible ; celsus, haut par l’effet d’une tendance à s’étendre et à s’élancer, au figuré : fier ; excelsus et præcelsus, ce qui dépasse encore d’autres points culminants, au figuré : éminent ; sublimis, ce qui se soutient en l’air sans toucher à terre, ce qui plane, comme μετέωρος, au figuré : sublime.

Ambire. Circumire.

Circumire se dit d’un mouvement sinon exactement circulaire, du moins tenu de suivre tous les contours d’un espace, faire le tour ; ambire ne désigne qu’un mouvement de va-et-vient, en zigzag, aller çà et là, parcourir. Plin. Ep. II, 9. Ambio domos stationesque circumeo. Je vais d’une maison à l’autre, je fais le tour des lieux de réunion. Et Cic. Att. XIV, 21. Antonium circumire veteranos ut acta Cæsaris sancirent, c’est-à-dire qu’il les sollicite tous à la ronde depuis le premier jusqu’au dernier. Circumire est plus fort ici qu’ambire, lequel exprimerait en gros les sollicitations et les manœuvres d’Antoine.

Ambulare. Spatiari. Deambulare. Inambulare. Obambulare.

1. Ambulare présente la promenade comme un exercice fait à loisir, c’est un mouvement de va-et-vient par opposition d’une part à stare et cubare, d’autre part à currere et salire ; spatiari donne l’idée d’un exercice au grand air, par opposition à l’espace restreint d’une chambre ou d’un lieu fermé.

2. Deambulare, aller et venir jusqu’à ce qu’on soit fatigué ; inambulare, se promener dans un espace limité ; obambulare, se promener le long d’un mur, d’une allée, ou à côté d’un compagnon de promenade.

Amens. Demens. Insanus. Vesanus. Excors. Vecors. Furor. Delirium. Rabies. Cerritus. Lymphatus.

1. L’amentia a un caractère négatif et passif ; la dementia, une influence positive et violente. L’amens manque de raison : ou bien il n’agit pas du tout, ou il agit sans raison, comme un idiot, ἄφρων ; le demens, tout en croyant bien faire, rompt en visière à la raison, comme l’insensé, παράφρων. On dit amens metu, terrore, hébété par la peur, par l’épouvante ; mais demens scelere, discordia, devenu fou à la suite d’un crime, d’une querelle.

2. Insanus a un sens privatif ; vesanus, un sens dépravatif. L’insanus n’a plus d’empire sur les sens, la raison le fuit, il dépasse dans un accès de passion la mesure et le but et nous paraît coupable. C’est un homme en démence. Le vesanus, aveuglé par des illusions, sort de la bonne voie, poursuit un but trompeur et nous paraît malheureux. C’est un visionnaire.

3. Excors, stupide, tout à fait incapable de réflexion et d’examen, par opposition à cordatus ; vecors, extravagant, incapable de réfléchir avec calme, parce que l’âme est possédée par une idée fixe.

4. Furor, surexcitation de l’esprit, extase, transport, μανιϰός ; delirium, affaissement des facultés de l’esprit par des causes physiques, comme chez une personne qui tombe en enfance ; rabies, accès de fureur méchante qui étouffe le sens moral, λύσσα. Le furibundus oublie les lois de la matière ; le delirus radote ; le rabidus veut mordre et nuire à toute force.

5. Cerritus et lymphatus représentent l’emportement comme un état de possession : cerritus ou ceritus, possédé de Cérès ; lymphatus, possédé des nymphes.

Amicus. Amans. Amator.

Amicus suppose une affection mutuelle, cordiale et paisible, ami, φίλος ; amans et amator, un amour qui peut fort bien ne pas être partagé et qui n’en est que plus ardent : amans, un amour de passage ; amator, une passion durable, comme ἐραστής. Cic. Alba tunc antiquissimus non solum amicus, verum etiam amator. Alba dont l’amitié parfaite s’élevait alors jusqu’à la constance de l’amour. Tusc. IV, 12. Inter ebriositatem et ebrietatem interest, aliudque est amatorem esse, aliud amantem. Je fais une différence entre l’ivrognerie et l’ivresse, je distingue l’amant de l’amoureux.

Amittere. Perdere. Jactura.

1. Amittere, perdre en ce sens que l’objet perdu cesse d’être en notre pouvoir, comme ἀποϐαλεῖν, par opposition à retinere ; perdere, en ce sens que l’objet est détruit et ne peut plus servir à personne, comme διολέσαι, par opposition à servare. Tac. Ann. II, 25. Perdita classe, amissis armis. Malgré la ruine de leur flotte et la perte de leurs armes.

2. Amissio, perte involontaire ; jactura, perte volontaire à laquelle on se soumet, sacrifice qu’on fait pour éviter une plus grande perte, à l’exemple du marin qui jette la cargaison par-dessus bord pour sauver son vaisseau et sa vie. Plin. Ep. 1, 12. Jacturam gravissimam feci, si jactura dicenda est tanti viri amissio. Je suis accablé par un malheur auquel ma volonté devrait souscrire, si je puis parler ainsi de la perte qui me prive d’un si grand homme. (Il s’agit de Corellius Rufus qui a cherché dans le suicide la fin de ses souffrances.)

Amplecti. Complecti.

Amplecti se dit d’un geste auquel on n’emploie souvent qu’un seul bras, et qui témoigne d’une inclination et d’une sympathie paisible ; complecti, c’est entourer, serrer avec les deux bras en signe d’amour et de passion ou d’abandon familier. De même au figuré : amplecti, c’est prendre quelque chose en main par opposition à négliger et à dédaigner ; complecti, c’est s’emparer tout à fait d’une chose par opposition à posséder à demi, à peu près.

Angustus. Arctus. Densus. Spissus.

1. Angustus et arctus ont trait à l’espace même et à la proximité des limites qui le restreignent ; densus et spissus, aux objets que l’espace contient et à leur voisinage entre eux.

2. L’angustum a pour limites de simples lignes, et offre la plupart du temps une figure oblongue, étroite, il a pour opposé latus, comme στενός ; l’arctum est clos par des barrières, des murailles, des montagnes, et offre une surface carrée ou circulaire, resserrée, par opposition à laxus, comme στενωπός. On ne peut jamais appeler arctus le clavus angustus. Mela. III, 2, 8. Rhenus ad dextram primo angustus et sui similis, post ingens lacus Flevo dicitur... fitque iterum arctior, iterumque fluvius emittitur. A droite le Rhin est d’abord étroit et conserve quelque temps ce caractère, puis il se transforme en un lac considérable appelé le Flévon, après quoi il rentre dans une gorge d’où il ressort sous la forme d’un simple cours d’eau : selon que l’on se représente les bords du Rhin comme de simples lignes ou comme des murailles.

3. Densus présente simplement les objets comme très-rapprochés les uns des autres, sans lacune apparente, par opposition à rarus, comme δασὺς et θαμειός ; spissus les représente comme entassés les uns sur les autres sans aucun intervalle, par opposition à solutus, comme πυϰνὸς et συχνός. L’idée qui domine dans densus est celle d’une surabondance d’objets qu’il n’est pas nécessaire d’écarter les uns des autres pour couvrir un vaste espace ; dans spissus, c’est l’absence de vides : les objets sont tellement pressés qu’ils remplissent tous les intervalles.

Anima. Aer. Aura. Spiritus. Sublime.

Anima et aer, l’air pris comme élément, ἀήρ : anima, par opposition aux trois autres éléments, à terra, mare, ignis ; mais aer, terme étranger et savant, par opposition à l’air épuré des célestes demeures, à æther ; aura et spiritus, l’air en mouvement : aura, l’air doucement agité, le souffle léger qui évente, αὖρα ; spiritus, l’air qui se précipite, qui entraîne, tout courant d’air analogue à une inspiration ou à une expiration, πνεῦμα ; enfin sublime, l’air suspendu au-dessus de nous : ce dernier marque un simple rapport de lieu par opposition à humus, comme μετάρσιον, μετέωρον.

Anima. Animus. Mens.

1. Anima, l’âme de la physiologie, le principe de la vie animale chez les hommes et les bêtes, vie qui cesse avec la respiration, ψυχή ; animus, l’âme de la psychologie et de la morale, le principe de la personnalité qui cesse avec la volonté, θυμός. Au sens mythologique les âmes des morts s’appellent animæ, ce sont des ombres ; au sens métaphysique animi, ce sont des esprits. L’anima est un des éléments de l’existence du corps ; le même corps n’a pas d’opposé plus tranché qu’animus. Sen. Ep. 4. Difficile est animum perducere ad contemptionem animæ. Il est difficile d’amener l’âme raisonnable jusqu’au mépris de l’âme sensitive. Juven. XV, 148. Principio indulsit communis conditor illis tantum animas, nobis animum quoque. Au commencement le créateur commun n’accorda aux animaux que des âmes sensitives, il nous accorda en outre une âme raisonnable.

2. Animus, l’âme humaine prise comme le réceptacle commun de toutes les facultés spirituelles ; il est alors, avec mens, la faculté pensante, dans le rapport du tout à une de ses parties. Cic. Rep. II, 40. Ea quæ latet in animis hominum quæque pars animi mens vocatur. L’intelligence enfouie dans nos âmes et qu’on peut appeler une partie de l’âme. Mais comme dans la vie l’âme vaut surtout par la volonté, animus devient à son tour une faculté de l’âme, celle du sentiment et de la volonté qui prend place à côté de l’intelligence, de la conscience, mens. Tac. H. I, 84. Quem nobis animum, quas mentes imprecentur ? Quels sentiments, quelles dispositions d’esprit nous souhaiteraient-ils ? Ter. Andr. I, 1, 137. Mala mens, malus animus. Mauvaise tête, mauvais cœur. Et enfin, comme la pensée précède la volonté, que la volonté sert d’intermédiaire entre la pensée et l’action, qu’elle peut être considérée comme la servante de la pensée, tout comme le corps est le serviteur de la volonté, réciproquement mens se trouvera avec animus dans le rapport d’un tout à sa partie. Cic. Tusc. III, 5. Mens cui regnum totius animi a natura tributum est. La raison qui exerce une autorité naturelle sur tous les sentiments.

Animadvertere. Notare.

Animadvertere se dit de l’esprit qui remarque et observe ; notare, d’une marque à laquelle on a recours pour attirer l’attention.

Animal. Animans. Bellua. Bestia. Pecus. Fera.

1. Animal et animans, les animaux considérés comme des êtres doués de vie, l’homme compris : animal caractérise la nature de l’être ; quel que soit son aspect, il appartient à la classe des êtres animés ; l’opposé est inanimus, l’équivalent grec ζῶον. Animans précise l’état dans lequel se trouve l’être : il vit, il respire ; l’opposé est exanimus. On dit animalium cadavera ; animantium cadavera ferait un non-sens. Bellua, bestia et pecus ont trait à l’intelligence ; c’est l’animal déraisonnable par contraste direct avec homo ; bestia et fera expriment une sorte de rapport moral, c’est la brute hostile à l’homme.

2. Bellua désigne particulièrement un animal grand et lourd, par exemple un éléphant, une baleine, par préférence les monstres marins ; pecus, un animal domestique, par préférence des moins intelligents, par exemple un taureau, un mouton, par opposition à l’animal en liberté : c’est le bétail ; bestia, bête nuisible, surtout dévorante, par exemple un tigre, un loup, par opposition aux oiseaux, comme θηρίον ; fera, bête farouche, hôte des forêts, par exemple un cerf, un loup, un tigre, par opposition aux animaux domestiques, comme le gibier et les bêtes sauvages, θήρ. Curt. IX, 10, 10. Indi maritimi ferarum pellibus tecti piscibus sole duratis et majorum quoque belluarum, quas fluctus ejecit, carne vescuntur. Les Indiens des provinces maritimes, couverts de la dépouille des bêtes sauvages, se nourrissent de poisson séché au soleil et même de la chair des monstres marins que les flots ont rejetés.

Annales. Historiæ.

Annales, traité général d’histoire et en particulier histoire du passé composée sur les sources, Tite-Live et Tacite ; historiæ, étude d’histoire contemporaine, d’événements auxquels l’auteur a assisté, Salluste et Tacite. L’auteur des annales se propose de faire, année par année, une énumération aussi variée que complète de toutes les particularités mémorables ; celui des historiæ traite un point d’histoire et laisse de côté les événements les plus remarquables quand ils ne s’y rattachent pas.

Antiquus. Priscus. Vetus. Vetustus. Veternus. Pristinus.

1. Antiquum et priscum, ce qui a existé autrefois et qui n’est plus, par opposition à novum, comme παλαιός ; vetus et vetustum, ce qui existe depuis longtemps et n’a plus de part ni aux inconvénients ni aux priviléges de la jeunesse, par opposition à recens, comme γέρων, γεραιὸς, γερούσιος">. Antiquus homo, homme du bon vieux temps ; vetus, vieillard. Les classiques s’appellent antiqui scriptores, en ce sens que leur siècle est depuis longtemps passé ; veteres, en ce sens qu’ils subsistent et servent de modèles depuis deux mille ans. Cic. Verr. II, 21. Vereor ne hæc nimis antiqua et jam obsoleta videantur. J’ai peur que ces exemples de modération n’aient vieilli et ne paraissent hors d’usage. Comparez avec Orat. I, 37. Ut illi vetus atque usitata exceptio daretur. Pour lui donner le bénéfice de ce privilége ancien et souvent appliqué.

2. Vetus se rapporte exclusivement à la durée et présente l’âge soit comme un avantage, soit comme un désavantage ; vetustus a trait aux priviléges de l’âge : ce qui subsiste de vieille date est plus solide, plus respectable, plus à l’épreuve que les nouveautés ; il a pour opposé novicius. Enfin veternus fait allusion aux infirmités du grand âge usé par les années, affaibli, épuisé pour avoir duré trop longtemps. Mais comme dans le beau siècle de la langue on ne rencontre veternus que sous la forme de substantif, veternum, dans le sens de somnolence, vetus le supplée régulièrement et désigne plus souvent la décadence que la vigueur de l’âge. Tac. Ann. XI, 14 et 15. Veterrimis Græcorum. Les caractères de l’alphabet latin sont empruntés aux plus vieilles formes des lettres grecques. Et vetustissima Italiæ disciplina. La science des aruspices, la plus auguste par son antiquité de toutes les sciences que l’Italie cultive.

3. Antiquus se dit simplement des choses du vieux temps, du temps passé, par opposition au présent ; priscus est un terme pompeux qui ajoute à l’idée principale d’antiquité une idée accessoire de respect et de sainteté, comme ἀρχαῖος, par opposition à la mode du jour.

4. Antiquus et priscus se disent d’une époque écoulée depuis très-longtemps ; pristinus, d’un temps passé quelconque, comme πρότερος, antérieur.

Anus. Vetula.

Anus, servant de féminin à senex, femme âgée, avec une idée de respect, ou encore vieille femme, avec une idée de défaveur, par allusion à sa faiblesse, à sa crédulité, à son bavardage ; vetula, vieille laide et qui n’a rien d’aimable.

Aperire. Patefacere. Aperte. Palam. Manifesto. Propalam.

1. Aperire, découvrir un espace fermé par le haut, c’est-à-dire horizontalement, par exemple une fosse, une source, et par cette opération rendre visible ; patefacere, ouvrir un espace fermé par le côté, c’est-à-dire verticalement, par des portes, des barrières, des clôtures, et par cette opération rendre accessible.

2. Returare, donner accès par une ouverture qui était bouchée ; recludere, par une ouverture fermée à clef ; reserare, paг une ouverture fermée au verrou.

3. Aperte, ouvertement et sans se cacher, en sorte que tout le monde puisse apprendre et savoir les choses, par opposition à occulte, comme φανερῶς ; palam, publiquement et sans secret, en sorte que tout le monde puisse voir et entendre, comme ἀναφανδόν ; manifesto, manifestement, de manière à rendre superflues les recherches, les conjectures, le secours et l’effort des sens et de l’esprit, comme δῆλον.

4. Palam marque qu’on expose les choses à la vue du public par effronterie ; propalam, par dessein prémédité. Cic. Orat. I, 35. Neque proposito argento neque tabulis et signis propalam collocatis, c’est-à-dire à l’admiration de tout le monde. Comparez avec Pis. 36. Mensis palam propositis, c’est-à-dire effrontément et sans gêne.

Apparet. Eminet.

Apparet se dit de ce qui est visible à l’observation ; eminet, de ce qui se fait remarquer de soi-même et saute aux yeux. Sen. Ir. I, 1. Apparent alii affectus, hic (scil. iræ) eminet. Les signes des autres passions sont visibles, ceux de la colère sont frappants.

Aqua. Unda. Fluctus. Fluentum.

1. Aqua, l’eau prise comme matière élémentaire, par opposition à terra ; unda, l’élément liquide toujours en mouvement, par opposition à solum ; lympha, simple synonyme poétique d’aqua, avec l’idée accessoire d’une belle eau claire, sens fondé sur une ressemblance fortuite de son avec la première syllabe de l’adjectif limpidus, qui n’a point la même racine.

2. Unda est un intermédiaire entre aqua et fluctus, comme aura entre aer et ventus. Car unda désigne comme onde l’eau qui semble se mouvoir d’elle-même, mais fluctus et fluenta, le flot, l’eau agitée par quelque cause extérieure, comme une tempête : fluctus, en général, c’est la mer avec ses flots ; fluentum, la vague isolée. La mer orageuse, le torrent impétueux, roulent seuls des fluctus, mais toute eau qui n’est pas stagnante a des undas. Aussi y a-t-il une grande différence entre ces deux images dans Cic. Mil. 2, 5. Tempestates et procellas in illis duntaxat fluctibus concionum semper putavi Miloni esse subeundas, c’est-à-dire dans les assemblées orageuses et agitées du peuple ; et Planc. 6, 15. Si campus atque illæ undæ comitiorum, ut mare profundum et immensum, sic effervescunt quodam quasi æstu, c’est-à-dire les réunions populaires faciles à émouvoir. Sen. N. Q. III, 10. Quid si ullam undam superesse mireris tot fluctibus fractis ? Étonnez-vous plutôt qu’il reste des ondes à la mer pour venir remplacer au rivage tant de flots qui s’y sont brisés. Et IV, 2. Nec mergit cadens unda, sed planis aquis tradit. Et l’onde ne les submerge pas dans sa chute, elle les lance sur des eaux immobiles.

Arcana. Secreta. Mysteria.

Arcana et mysteria, les secrets envisagés par leur côté honorable, ceux qui tirent d’eux-mêmes leur raison d’être, qui tiennent à la nature des choses et qui méritent à ce titre d’inspirer un saint respect ; arcana est d’ailleurs un terme populaire pour toute sorte de secrets ; mysteria, un terme savant pour les secrets religieux comparables aux mystères d’Éleusis ; enfin, secreta, les secrets, au sens le plus vulgaire, ceux qui ont une origine purement humaine, en parlant des choses qu’on tient cachées par crainte. Tac. I, 6. Sallustius Crispus particeps secretorum... monuit Liviam ne arcana domus vulgarentur. Sallustius Crispus, pour qui Tibère et Livie n’avaient rien de caché, engagea Livie à ne plus livrer au public les augustes secrets de la famille impériale.

Arcere. Prohibere.

Arcere, repousser et empêcher d’entrer, par opposition à admittere ; prohibere, tenir éloigné et empêcher d’approcher, par opposition à adhibere. L’arcens se tient sur la défensive, comme le resistens, et agit par sollicitude pour la personne menacée ; le prohibens prend l’offensive, comme le propulsans, et agit par inimitié contre l’agresseur.

Arcessere. Accire. Evocare. Accersere.

1. Arcessere et accersere, termes généraux, signifient simplement faire venir ; accire, inviter, suppose qu’on s’adresse à un égal ; evocare, mander, à un inférieur. L’arcessens pousse à se présenter, l’acciens engage, l’evocans ordonne. Cic. Att. V, 1. Tu invita mulieres, ego accivero pueros. Chargeons-nous, toi de prier les femmes, moi d’inviter les jeunes gens. Comparez avec Dej. 5. Venit vel rogatus ut amicus, vel arcessitus ut socius, vel evocatus ut qui senatui parere didicisset. Il s’est présenté ou en ami dont on souhaitait l’arrivée, ou en allié qu’on faisait venir, ou en sujet mandé par le sénat et dressé à lui obéir. Liv. X, 19. Collegæ auxilium quod acciendum ultro fuerit. Le secours de son collègue qu’il aurait dû demander sans façon. Comparez avec XLIV, 31. Evocati litteris imperatoris. Mandés par un ordre écrit du général. Et XXXIX, 11. Æbutia accita ad Sulpiciam venit. Ebutia vint trouver Sulpicie comme elle l’en avait priée. Mais 12. Ut Hispalam libertinam arcesseret ad sese. Afin de faire venir l’affranchie Hispala.

2. Arcessere signifiait primitivement pousser à venir ; accersere, à accourir en toute hâte ; mais la ressemblance de son a fait confondre les deux mots.

Ardere. Flagrare.

Ardere, brûler comme un brasier, αίθειν ; flagrare, être en flammes, comme φλέγεσθαι. Au figuré, ardere marque une passion qui couve ; flagrare, une passion qui éclate. Cic. Or. III, 2, 8. Non vidit Crassus flagrantem bello Italiam, non ardentem invidia senatum. Crassus n’a vu ni l’Italie dévorée par les flammes de la guerre, ni le sénat consumé par le feu de la jalousie.

Arduus. Difficilis.

Arduus, difficile à atteindre, par opposition à pronus ; difficilis, à exécuter, par opposition à facilis. Arduus est d’ailleurs le terme le plus fort et marque une difficulté voisine de l’impossibilité. Plin. Ep. VI, 17. Est enim res difficilis, ardua. La chose est pleine de difficultés et d’obstacles. Tac. H. II, 76. Æstimare debent an quod inchoatur, reipublicæ utile, ipsis gloriosum aut promptum effectu, aut certe non arduum sit. Tous ceux qui osent former de grands desseins sont tenus d’examiner si leur entreprise est utile à la république, si elle paraît d’une exécution facile, ou du moins si elle ne présente pas trop d’obstacles. Cic. Verr. I, 51. Cum sibi omnes ad illum allegationes difficiles, omnes aditus arduos ac pæne interclusos viderent. Voyant les difficultés qu’il y avait pour eux à faire parvenir une députation jusqu’à lui, toutes les voies hérissées d’obstacles et pour ainsi dire barrées.

Arguere. Incusare. Culpare. Criminari. Insimulare. Deferre. Accusare.

Arguere, terme général pour toutes les manières de mettre au jour une faute supposée ou réelle par devant la justice ou ailleurs, incriminer ; incusare et le terme rare de culpare ne marquent qu’une accusation extrajudiciaire ; criminari, accuser avec des sentiments d’hostilité ou de méchanceté, en noircissant ; insimulare, accuser faussement, sans reculer devant la calomnie, rendre suspect ; deferre, dénoncer au juge ; accusare, accuser au criminel. Cic. Lig. IV, 10. Arguis fatentem. Non est satis. Accusas eum. Il avoue, et tu l’incrimines. Tu ne t’en tiens pas là. Tu le poursuis devant les juges criminels.

Aridus. Torridus. Siccus.

Aridus et torridus marquent une privation de sucs : les arida ont perdu leur humidité naturelle par l’effet d’un feu qui agit à l’intérieur ; l’équivalent grec est αὖος, l’opposé humidus ; les torrida, par l’effet d’une chaleur qui agit du dehors au dedans ; ils ont pour opposé uvidus, comme σϰληρός ; siccus ne marque qu’une sécheresse extérieure, limitée à la surface, par opposition à madidus, comme ξηρός. Plin. H. N. XII, 12. Ne sint fragilia et arida potius quam sicca folia. De peur que les feuilles ne soient cassantes et tout à fait desséchées, au lieu d’être simplement sèches. Et XV, 29 : Cato docuit vinum fieri ex nigra myrta siccata usque in ariditatem in umbra. Caton a enseigné qu’on peut fabriquer du vin avec les baies de myrte noir qu’on fait sécher à l’ombre jusqu’à ce que la dessiccation soit parfaite.

Armus. Humerus. Ala. Axilla.

Armus, le sommet du bras chez l’homme, de la jambe de devant chez les animaux, mais partie du corps entier à la différence de scapula, l’omoplate, qui n’est qu’une partie du squelette, ὦμος ; humerus, la surface plane qui existe chez l’homme au-dessus du bras, l’épaule, ἐπωμίς ; ala et axilla, le creux qui se forme sous le bras, l’aisselle, μασχάλη. Ovid. Met. XII, 396. Ex humeris medios coma dependebat in armos. Des épaules, sa chevelure descendait jusqu’au-dessous de la naissance des jambes. (Il s’agit du centaure Cyllarus.)

Ascia. Securis.

Ascia, la hache du charpentier pour débiter le bois ; securis, le couperet du boucher pour dépecer la viande.

Assentiri. Assentari. Blandiri. Adulari.

1. Assentiri, donner son assentiment par conviction ; l’opposé est dissentire ; assentari, exprimer son assentiment, que ce soit par conviction ou par hypocrisie, l’opposé est adversari.

2. Assentari désigne la flatterie qui a horreur de contredire, comme θωπεύειν ; blandiri, celle qui fait dire des choses agréables, comme ἀρεσϰεύειν ; adulari, celle qui cherche à plaire en s’abaissant, comme ϰολαϰεύειν. Entre flatteurs, l’assentans recherche la faveur d’autrui en résignant son droit à toute opinion indépendante ; le blandiens, par des complaisances et des marques visibles d’affection ; l’adulans, en s’abaissant et en donnant des marques d’un indigne respect. L’assentatio, ou l’art de celui qui dit toujours oui, procède de lâcheté ou de sottise ; les blanditiæ ou cajoleries procèdent avant tout de l’envie de paraître aimable, et au pis aller de l’égoïsme ; l’adulatio ou la flatterie, la flagornerie, ϰολαϰεία, de sentiments bas, bons pour des esclaves ou des chiens. Sen. Ir. III, 8. Magis adhuc proderunt submissi et humani et dulces, non tamen usque in adulationem, nam iracundos nimia assentatio offendit. Erat certe amicus... cui non magis tutum erat blandiri quam maledicere. Un commerce plus profitable pour vous, tant que vous en serez là, c’est celui des personnes respectueuses, polies, douces, sans descendre jusqu’à l’adulation, car une complaisance excessive choque les tempéraments colériques. Je possédais en ce genre un ami qu’il n’y avait pas plus de sûreté à choyer qu’à rudoyer. Et II, 28. Sæpe adulatio dum blanditur offendit. L’adulation, en voulant complaire, s’expose à choquer.

Astutus. Callidus. Vafer. Versutus.

Astutus, en vieux latin astus, et callidus s’entendent de la finesse au sens intellectuel ; c’est une variété de la prudence : astutus se dit de la sagacité qui invente et dirige des menées secrètes ; il est synonyme de solers, rusé ; callidus se dit de la pénétration qui débrouille les affaires embarrassées, de la prudence pratique qui provient de la connaissance des hommes et de l’expérience du monde ; il est synonyme de rerum peritus et signifie, par corruption, délié, comme ϰερδαλέος. Vafer et versutus désignent la finesse par son côté immoral, comme un effet de l’improbité : vafer caractérise l’adresse à créer des difficultés, surtout en justice, en fait de chicanes d’avocat, comme madré, πανοῦργος ; versutus, la prestesse dans l’art de se déguiser, de se tirer d’embarras par tous les moyens, retors, comme στροφαῖος ; il a pour opposé simplex. Plin. Ep. VII, 6. Juvenis ingeniosus sed parum callidus. Jeune homme qui a de l’esprit naturel, mais qui n’est guère avisé. Cic. Brut. 48. Callidus et in capiendo adversario versutus. Avisé et même retors quand il s’agit d’embarrasser un adversaire.

Ater. Niger. Pullus.

1. Ater, le noir considéré comme une négation de la couleur, par opposition à albus ; niger, le noir comme étant une couleur par lui-même et la plus foncée de toutes, par opposition à candidus. L’atrum ne cause qu’une impression triste et sombre ; le nigrum produit une impression sévère et imposante qui se concilie avec la beauté, comme dans Hor. Carm. I, 32, 11. Lycum nigris oculis nigroque crine decorum. Lycus paré de ses yeux noirs et de ses cheveux noirs. Tac. G. 43. Nigra scuta, tincta corpora, atras ad prælia noctes legunt. Ils ont des boucliers noirs, ils se peignent le corps, ils choisissent pour leurs attaques des nuits sombres.

2. Ater et niger, le noir parfait, foncé, pullus, le brun qui tire sur le noir ; ce dernier rappelle la parenté qui existe entre une couleur sombre et la malpropreté.

Atrox. Trux. Truculentus. Dirus. Sævus. Torvus.

1. Atrox, trux et truculentus se disent de ce qui a un extérieur effrayant, de ce qui fait sur l’imagination, sur les yeux et les oreilles une impression terrible, comme épouvantable : atrox marque une qualité des choses ; trux et truculentus, des qualités personnelles. Dirus et sævus se disent de ce qui est vraiment terrible et dangereux : dirus, par essence, par une propriété des choses, effroyable, δεινὸς, mais sævus, par caractère, par une qualité propre à des êtres animés, sanguinaire, cruel, αἰνός. Plin. Pan. 53. Atrocissima effigies sævissimi domini. L’image effroyable du plus cruel des maîtres. Mela. II, 7. Ionium pelagus... atrox, sævum, c’est-à-dire qui a un aspect menaçant et ne cause d’ailleurs que trop de malheurs.

2. Trux désigne uu regard, une voix épouvantable par leur côté héroïque ou tragique, comme autant de signes d’un courage barbare ou de quelque sentiment cruel ; truculentus, par leur côté trivial ou comique, comme des signes de mauvaise humeur ou d’une passion basse. L’esclave de la comédie de Plaute est truculentus, Achille courroucé est trux. Mais truculentior, truculentissimus servent de comparatif et de superlatif à trux.

3. Trux et truculentus vultus regard courroucé qui inspire la crainte, comme τραχύς ; torvus (regard pénétrant, etc.) regard pénétrant, perçant, toujours farouche, comme τορὸν ou ταυρηδὸν ϐλέπων. Plin. H. N. XI, 54. Contuitu quoque multiformes, truces, torvi, flagrantes. Le regard varie à l’infini l’aspect que prennent les yeux ; ils paraissent courroucés et effrayants, perçants et farouches, étincelants, etc.

Attonitus. Stupens.

Attonitus, comme frappé de la foudre, c’est un état passager ; stupens, pétrifié, c’est un état durable. Curt. VIII, 2, 3. Attoniti et stupentibus similes. Comme frappés de la foudre et pour ainsi dire pétrifiés.

Audere. Conari. Moliri.

Audere se dit d’une entreprise considérée sous le rapport du danger de l’action et du courage de la personne, comme oser ; conari, sous le rapport de l’importance de l’action et de l’énergie de la personne, comme tenter ; enfin moliri, sous le rapport de la difficulté de l’action et des efforts qu’elle exige de la part de la personne, comme entreprendre.

Audire. Auscultare.

Audire, entendre, ἀϰούειν, c’est un terme purement passif, comme olfacere ; auscultare, écouter, ἀϰροᾶσθαι ; c’est vouloir entendre, écouter avec attention, soit en cachette, soit au grand jour, par un acte de volonté, comme odorari. Ter. Ad. IV, 5, 45. Æsch. Pater, obsecro, ausculta. Mic. Æschine, audivi omnia. Esch. Père, je t’en supplie, écoute-moi. Mic. Eschine, j’ai tout entendu.

Auguria. Auspicia. Prodigia. Ostenta. Portenta. Monstra. Omina.

Auguria et auspicia, apparitions naturelles qui n’ont de sens que pour les personnes versées dans l’art d’interpréter les signes : auguria, pour les membres savants du collége des augures ; auspicia, pour les magistrats qui avaient le droit de prendre les auspices. Prodigia, ostenta, portenta, monstra, apparitions surnaturelles qui frappent aussi le vulgaire et qu’un devin ne peut qu’expliquer avec plus d’exactitude ; enfin omina, signes que toute personne à qui ils apparaissent s’explique elle-même sans intermédiaire. L’idée qui domine dans prodigium est celle de la portée et des conséquences du phénomène ; dans ostentum, c’est le merveilleux et le grandiose ; dans portentum, le côté effrayant, l’annonce du danger ; dans monstrum, le côté contre nature et hideux.

Austerus. Severus. Difficilis. Morosus. Tetricus.

1. Austerus présente la sévérité comme une tournure d’esprit ; severus, comme une qualité morale. L’austerus, dont l’opposé est jucundus, répugne à la plaisanterie et aux futilités ; il demande du sérieux et du positif dans l’art, dans la science, dans le commerce de la société, au risque de passer pour un esprit sec ; le severus, dont l’opposé est luxuriosus, est rigoureux ; il hait tout libertinage, tout relâchement ; il exige des autres et de lui de l’empire sur soi-même et de l’énergie, au risque de passer pour un cœur dur. Le stoïcien est austerus comme philosophe, severus comme homme.

2. Austerus et severus n’impliquent point de blâme ; mais difficilis, morosus et tetricus désignent l’abus de la rigueur. Le difficilis ignore l’art d’un commerce facile et agréable, à cause de son tempérament hypocondriaque ; le morosus est scrupuleux ; il veut tout redresser par excès de conscience et défaut de tolérance ; le tetricus est roide et gênant par pédantisme et défaut de bonne humeur.

Auxilium. Opem ferre. Opitulari. Juvare. Adjuvare.

1. Auxilium, opem ferre et opitulari, secourir, supposent un opprimé qu’il s’agit de tirer d’embarras et de danger en venant à son secours, par opposition à deserere, destituere : il faut se représenter l’auxilium ferens comme un allié qui se met au service de la personne ou des intérêts de l’opprimé ; l’opem ferens, comme un bienfaiteur qui fait profiter le faible de sa puissance et de sa force. Juvare et adjuvare ne supposent, comme soutenir, qu’une personne qui réussira mieux et plus vite dans ce qu’elle entreprend, si on l’assiste, par opposition à impedire. Ter. Heaut. V, 2, 39. Matres solent esse filiis in peccato adjutrices, auxilio in paterna injuria. Les mères ne manquent jamais de se prêter aux sottises de leurs fils et de les secourir contre l’oppression d’un père. Quand Tarquin, dans Liv. II, 6, prie les Véiens : ferrent opem, adjuvarent, il faut se le représenter d’abord comme exilé, exulans, ensuite comme prétendant, regnum repetiturus.

2. Opem et auxilium ferre ont l’accent sur le substantif ; c’est du secours qu’on porte, non autre chose ; opitulari et le terme poétique auxiliari ont l’accent sur leur racine verbale ; c’est secourir sans hésiter.

Ave. Salve. Vale.

Ave, formule de salutation qui s’emploie également à l’arrivée et au départ, comme χαῖρε ; salve, formule d’usage à l’arrivée ; vale, au départ, comme ἔῤῥωσο. Suet. Galb. 4. Ut liberti mane salvere, vespere valere sibi singuli dicerent. Il maintint l’usage qui obligeait ses affranchis à venir lui souhaiter chacun le bonjour le matin, et le soir une bonne nuit.

Axes. Plancæ. Tabulæ.

Axes ou asses et plancæ, planches brutes qu’on emploie telles qu’elles sortent de la scie : asses, terme usuel ; plancæ, terme technique, comme ais. Tabulæ, planches travaillées avec plus de fini à l’aide du rabot, pour servir à des meubles de luxe.

B

Balbus. Blæsus.

Balbus, bègue, c’est un défaut habituel ; blæsus, qui bégaye, c’est un accident temporaire.

Bibere. Potare.

Bibere, boire à la façon des hommes, πίνειν ; potare, à la façon des bêtes et en prendre plus qu’on n’en peut porter. Sen. Ep. 122. Inter nudos bibunt, imo potant. Ils boivent, ils se soûlent de vin au milieu des baigneurs nus. Plaut. Curc. I, 1, 88. Agite, bibite, festivæ fores, potate, fite mihi volentes propitiæ. Bois, bois, charmante porte, soûle-toi, sois-moi bienveillante et favorable.

Bonus. Bene moratus. Probus. Frugi. Honestus. Sanctus.

1. Bonus, bene moratus, probus et frugi marquent un degré inférieur de moralité qui consiste à éviter le blâme et le châtiment, la haine et le mépris. Bonus se prend au sens populaire selon lequel la bienveillance et la bonté de cœur constituent un des principaux éléments de la moralité, comme bon, ἀγαθὸς, par opposition à malus. Bene moratus se dit, dans un sens plus philosophique, d’un caractère formé par l’éducation dont les traits indispensables sont de l’empire sur soi-même, de la droiture, un certain détachement de l’égoïsme vulgaire, moral, qui a des mœurs, εὔτροπος. Probus s’entend de celui qui ne fait de tort ou d’injustice à personne, le brave homme, l’honnête homme, l’homme juste. Frugi, c’est celui que son savoir-faire, son exactitude, son application, rendent un personnage utile dans la vie pratique, l’homme brave et rangé, par opposition à nequam, comme χρηστός. Quintil. VI, 4, 11. Non est altercandi ars... res animi jacentis et mollis supra modum frontis, fallitque plerumque quod probitas vocatur quæ est imbecillitas. Il faut, pour paraître en maître aux débats, une âme qui ne se laisse point abattre, un front qui ne se courbe pas trop vite, et la commune erreur vient de ce qu’on donne en cette matière le nom de probité à la pure faiblesse d’esprit. Cic. Dej. 10. Frugi hominem dici non multum laudis habet in rege. Ce n’est pas faire un grand éloge d’un roi que de l’appeler un homme rangé.

2. Honestus et sanctus désignent un degré supérieur de moralité qui s’inspire d’une raison plus haute, qui s’élève au-dessus du vulgaire et de la morale au jour le jour. Honestus, âme noble et héroïque qui conforme sa conduite aux principes d’un honneur exquis, par opposition à turpis. Sanctus, âme religieuse et sainte que gouverne le désir de plaire à Dieu.

Brevis. Curtus.

Brevis, court par nature ; curtus, raccourci.

C

Cadaver. Corpus.

Il y a entre cadaver et corpus à peu près la même différence qu’entre os et ossements. Le corps inanimé désigné par cadaver n’est qu’un objet matériel ; désigné par corpus, c’est la dépouille mortelle d’une personne, et on emploie toujours ce dernier mot quand on s’intéresse au mort.

Cæteri. Reliqui.

Cæteri, les autres, par opposition aux premiers nommés, comme οἱ ἄλλοι ; l’opposition est fortement marquée ; reliqui, le reste, comme simple complément du tout, οἱ λοιποί. Cic. Brut. 2, 6. Si viveret Hortensius, cætera fortasse desideraret una cum reliquis bonis civibus ; hunc aut præter cæteros aut cum paucis sustineret dolorem. Si Hortensius vivait, il partagerait sans doute les autres privations avec le reste des bons citoyens ; mais une douleur qu’il aurait de plus que les autres citoyens ou qu’on n’aurait guère avec lui serait...

Calere. Fervere. Æstuare. Calefacere. Fovere.

1. Calere et fervere, il fait chaud, il fait très-chaud, désignent la chaleur même : calidus, dont l’opposé est frigidus, un degré de chaleur modéré ; fervidus, dont l’opposé est gelidus, le degré du point d’ébullition. Æstuare, dont l’opposé est algere, désigne la sensation que la chaleur fait éprouver, comme avoir chaud.

2. Calefacere, chauffer, au sens purement physique, sans idée accessoire ; fovere, chauffer, avec allusion à la sensation agréable ou à l’effet bienfaisant de la chaleur.

Candela. Lucerna.

Candela, chandelle que l’on peut porter comme une torche, λαμπάς ; lucerna, lumière qui brûle sur une table et qu’on ne saurait se représenter autrement.

Canere. Cantare. Psallere. Canticum. Cantilena. Carmen. Poema. Poeta. Vates.

1. Canere, terme général, faire de la musique, canere voce, tibiis, fidibus, μέλπειν ; cantare se dit de la musique vocale, ἀείδειν ; psallere, de la musique instrumentale exécutée avec des instruments à cordes.

2. Cantica et cantilenæ, compositions exclusivement destinées à être chantées, dans lesquelles les paroles et la mélodie sont inséparables, comme dans les chants populaires, et qui servent d’expression à la joie et aux plaisirs de la vie, par opposition au discours, au langage parlé : canticum, chanson favorite qui égaye ; cantilena, chanson rebattue qui a perdu le charme de la nouveauté et n’est plus qu’une vieillerie. Carmina et poemata, poésies susceptibles d’être chantées, mais dont les paroles sont une œuvre d’art, ayant une valeur propre, et qui sont consacrées à la religion ou au dieu des vers, par opposition à la prose et à la vérité pratique. Carmina, dans sa signification primitive, désigne des chants religieux, ἐπῳδαὶ, et par extension d’autres poésies, surtout de petites pièces et des morceaux lyriques, comme ᾠδαί ; poemata, des productions d’un art avancé, de longs poèmes, la plupart du temps épiques ou tragiques, comme ποιήματα. Le carmen est le fruit d’une inspiration naïve ; le poema, d’une inspiration qui se connaît et se maîtrise.

3. Poeta, terme savant, technique, ne fait voir dans le poète que l’artiste ; vates, terme religieux qui appartient à la vieille langue latine, le présente comme une personne sainte.

Caper. Hircus. Hædus.

Caper, terme général, nom du bouc en histoire naturelle, τράγος ; hircus, vieux bouc qui a toute sa croissance ; hœdus, hædus, jeune bouc, ἔριφος.

Carere. Egere. Indigere.

1. Carere se rapporte à ce qu’on souhaite de posséder, c’est être privé de quelque chose, s’en passer, par opposition à habere ; egere et indigere se rapportent à ce qu’il nous faut absolument et dont nous ne pouvons pas nous passer, comme avoir besoin, par opposition à abundare. Sen. V. B. 7. Voluptate virtus sæpe caret, nunquam indiget. Le plaisir a beau fuir la vertu, elle n’en est jamais en peine. Ep. 9. Sapiens eget nulla re ; egere enim necessitatis est. Le sage n’a aucun besoin, car qui dit besoin dit nécessité. Cic. Ep. ad Qu. Fr. I, 3, 2. Nunc commisi ut me vivo careres, vivo me aliis indigeres. Je t’ai donc imposé de mon vivant des privations, réduit de mon vivant à dépendre des autres.

2. Egere marque le besoin même, par opposition à uti ; indigere, le sentiment pressant du besoin et le vif désir de le voir satisfait.

Caro. Pulpa. Viscera. Exta. Intestina. Ilia.

1. Caro, la chair en général, comme substance, par opposition à la graisse, aux nerfs, aux muscles ; pulpa, terme particulier pour la chair qui se mange et qui a du goût, par opposition aux os ; viscera, toutes les chairs et parties charnues comprises entre la peau et les os.

2. Viscera, au sens restreint, désigne toutes les parties internes du corps ; exta, les parties molles de la poitrine, comme le cœur, les poumons ; intestina, interanea et ilia, les parties molles du ventre, surtout les intestins : intestina, et après le siècle d’Auguste, interanea, les intestins considérés comme organes de la digestion ; ilia, tout ce qui se trouve dans l’abdomen, et particulièrement les parties mangeables.

Cassis. Galea. Cudo.

Cassis, cassida, casque de métal ; galea, casque de peau et à proprement parler de peau de belette ; cudo, casque de forme inconnue. Tac. G. 6. Paucis loricæ ; vix uni alterive cassis aut galea. Un petit nombre de cuirasses ; à peine un ou deux casques de métal ou de peau.

Castus. Pudicus. Pudens. Pudibundus.

1. Castus représente la chasteté comme une vertu innée, pur, innocent ; pudicus, comme une vertu morale, pudique, modeste.

2. Pudicus, pudicitia, la modestie naturelle, la peur de paraître nu aux yeux des autres, et l’esprit de chasteté qui en est la suite au point de vue exclusif des rapports des deux sexes, la pudicité ; pudens, pudor, la modestie en général, la peur de se faire voir sous un jour fâcheux et de s’exposer au mépris, le sens de l’honneur. Cic. Catil. II, 11, 25. Ex hac parte pudor pugnat, illinc petulantia ; hinc pudicitia, illinc stuprum. La modestie est aux prises avec l’effronterie, la pudeur avec la débauche.

3. Pudicus et pudens s’entendent de la modestie à l’état de qualité permanente ; pudibundus, d’un accès de modestie.

4. La modestie, pudor, procède de l’estime de soi-même, on ne veut point se compromettre aux yeux des autres ; la délicatesse, verecundia, procède de l’estime qu’on a pour les autres, on ne veut donner aucun sujet de scandale à ceux qu’on estime.

Casu. Forte. Fortuito. Fortasse. Forsitan. Haud scio an.

Casu, forte et fortuito, marquent les chances diverses : casu, la chance inattendue, par accident, par concours de circonstances, il est opposé à consulto, συμϐεϐηϰότως ; forte, la chance ordinaire, par hasard, τυχόν ; fortuito, fortuitu, qui sont emphatiques, la chance extraordinaire, par pur hasard, ἀπὸ τύχης ; ils ont pour opposé causa. Fortasse, forsitan et haud scio an marquent une éventualité : fortasse et fortassis, quand on reconnaît et qu’on affirme la possibilité : peut-être et même vraisemblablement : ils se construisent avec l’indicatif, ἴσως ; forsitan, forsan, quand on admet simplement la possibilité : après tout, il est possible : ils se joignent au subjonctif, τάχ᾽ ἄν ; haud scio an, quand on feint par modestie de ne pas être sûr de son fait, qu’on restreint l’affirmation par euphémisme. Fortasse verum est et forsitan verum sit veulent dire : la chose est vraie peut-être, peut-être aussi ne l’est-elle pas ; mais haud scio an verum sit : je la tiens pour vraie, mais sans vouloir la donner pour certaine.

Casus. Fors. Fortuna. Fors fortuna. Fatum.

1. Casus présente le hasard comme un fait brutal qui ne se rattache ni aux calculs de l’homme, ni à des causes connues, συμφορά ; fors, comme une sorte d’être fabuleux qui influe sur les choses humaines sans dessein et sans but, sans autre fin, pour ainsi dire, que de taquiner les mortels et de confondre leurs calculs, τύχη.

2. Fors, pris comme un vrai personnage mythologique, c’est le même hasard sous les traits d’un bonheur aveugle ; fortuna, c’est le bonheur qui n’est ni aveugle ni étourdi, qui intervient dans la marche des affaires humaines pour accorder ou refuser sa faveur ; enfin, fors fortuna est une chance heureuse, ἀγαθὴ τύχη.

3. Tous ces êtres sont en opposition avec les dii et le fatum qui amènent ou détournent un événement non par humeur et caprice, mais par des motifs plus élevés, les dii, selon les lois appréciables de la morale, selon le mérite et la dignité, selon le droit et l’équité ; le fatum, selon les lois mystérieuses de l’ordre éternel qui préside à l’univers, comme l’εἰμαρμένη, la μοῖρα. Tac. Hist. IV, 26. Quod in pace fors seu natura, tunc fatum et ira deorum vocabatur. En temps de paix, on aurait appliqué à ces faits les noms de hasard et d’accidents naturels ; on n’avait plus maintenant à la bouche que les mots de fatalité et de colère divine.

Caterva. Cohors. Agmen. Grex. Globus. Turba.

Caterva, cohors et agmen, multitude assemblée en bon ordre : caterva, en masse qui constitue un tout, comme par exemple un bataillon ; cohors, sous forme d’escorte et de cortége autour d’un chef ; agmen, en procession solennelle. Turba, grex et globus, multitude réunie sans ordre : grex, sans aucun arrangement ; turba, avec une idée accessoire de désordre et d’embarras ; globus, en foule qui se presse, se gêne et aboutit à former le cercle, chacun cherchant à gagner le centre.

Celare. Occulere. Occultare. Clam. Abdere. Condere. Abscondere. Recondere.

1. Celare, verbe abstrait, comme céler, tenir secret, ϰεύθειν, par opposition à fateri, il est synonyme de reticere ; occulere, occultare, verbes concrets, comme cacher, ϰρύπτειν, par opposition à aperire, ils sont synonymes d’obtegere. Les celanda restent inconnus hors le cas de trahison ; les occultanda seraient exposés à tous les regards si l’on manquait de prévoyance et de précaution.

2. Clam et clanculum signifient de même secrètement, par opposition à palam ; occulte, en cachette, par opposition à aperte.

3. Occulere se dit de toutes les manières de cacher, mais occultare, c’est cacher avec soin ou même avec sollicitude, et ce dernier verbe ne peut pas plus trouver place dans les propositions négatives que redolere et autres, aussi forts de sens.

4. Occultare couvrir d’un voile quelconque pour soustraire à la vue ; abdere, condere et abscondere, dérober les choses à la vue en les éloignant : abdere, en les mettant simplement de côté, hors du chemin, comme ἀποϰρύπτειν ; condere, en les rangeant à leur place et en les serrant, comme ϰαταϰρύπτειν ; recondere, en les gardant avec un soin extrême ; abscondere, en les gardant après les avoir mises à l’écart.

Celeber. Inclytus. Clarus. Illustris. Nobilis.

Celeber et inclytus, termes généraux pour signifier la célébrité, surtout en parlant des choses, et qui ne s’appliquent guère aux personnes que chez les poëtes ; clarus, illustris et nobilis ont particulièrement rapport à la politique : clarus, célèbre par des services éminents rendus à la patrie ; illustris, considéré à cause de son rang et de sa fortune ; nobilis, qui appartient à une famille dont les membres ont déjà occupé de hautes positions dans l’État.

Censere. Judicare. Arbitrari. Æstimare. Opinari. Putare. Reri. Autumare. Existimare. Credere.

1. Censere, judicare, arbitrari, æstimare, émettre un avis à titre d’autorité compétente et commise à cet effet : censere, comme censeur ou comme sénateur votant ; judicare, comme juge qui rend un arrêt ; arbitrari, comme arbitre ; æstimare, comme taxateur ou commissaire-priseur. Opinari, putare, reri et existimare, émettre une opinion comme simple particulier, en son propre et privé nom : opinari exprime un simple sentiment/ou un pressentiment, par opposition à la conviction claire et nette et à la certitude, comme croire ; putare, le résultat d’un calcul ; reri est une expression poétique ; autumare, un mot vieilli.

2. Æstimare présente l’avis à donner sous l’aspect d’un devoir de police rempli par un véritable taxateur, estimer quelque chose, au propre ou au figuré, d’après son prix et sa valeur en argent ; existimare, sous l’aspect d’un devoir de morale, estimer une chose par sa valeur intrinsèque ou par ce qu’elle a de vrai. Cicéron n’oppose comme opinion particulière au jugement de l’autorité compétente, judicio, que l’existimatio, jamais l’æstimatio.

3. Censere, etc., présentent l’opinion et la croyance comme basées sur des réflexions et sur une conviction personnelles ; credere, comme basées sur la confiance qu’on accorde au témoignage d’autrui. Sen. Tranq. 11. Non putavi hoc futurum, nunquam hoc eventurum credidissem, à savoir : si quis mihi prædixisset. Cela n’entrait pas dans mes prévisions ; je n’aurais jamais cru que cela pût arriver (même si on me l’avait prédit).

4. Opinor, employé sous forme de parenthèse est une formule de modestie, comme οἶμαι, à ce que je crois ; credo est une formule d’ironie, comme ὡς ἔοιϰεν. Ce dernier peut signifier : 1º je l’imagine bien, j’imagine, dans des affirmations qui vont d’elles-mêmes, et l’ironie tombe alors soit sur celui auquel il faut dire ou répéter les choses, soit sur celui qui paraîtrait tenté d’avoir quelque doute ; 2° oui, je le crois, ou : ne devrait-on pas croire ? à propos d’affirmations absurdes qu’on se juge autorisé à prêter aux autres et à placer dans leur bouche ; 3º je le crois, naturellement, cela se conçoit, à propos de propositions évidentes, quand on demande pour ainsi dire la permission de ne pas les commenter.

Chorda. Fides.

Chorda, la corde isolée ; fides exprime toujours au singulier comme au pluriel une idée collective, c’est la garniture entière ou l’instrument même.

Cicur. Mansuetus.

Cicur, apprivoisé au sens purement physique, terme de classification en histoire naturelle, par opposition à ferus ; mansuetus, apprivoisé au sens moral, lequel suppose un adoucissement de caractère, par opposition à sævus.

Citus. Celer. Velox. Pernix. Properus. Festinus.

1. Citus et celer s’entendent d’un mouvement rapide, par opposition à tardus, il s’agit simplement de vitesse ; velox et pernix, opposés à lentus, se disent de l’agilité due à la force du corps et développée par l’exercice, par l’art ; properus et festinus, de la hâte, de la volonté d’atteindre un but dans le moins de temps possible, par opposition à segnis.

2. Citus marque un mouvement prompt et vif, il se rapproche de vegetus ; celer, un mouvement violent et entraînant, il se rapproche de rapidus.

3. Pernicitas, c’est en général l’agilité et la prestesse dans tous les exercices du corps, saut, escalade, voltige ; velocitas, c’est par préférence la vitesse à la course, au vol, à la nage. Plaut. Mil. III, 1, 36. Clare oculis video, pernix sum manibus, pedibus mobilis. J’ai des yeux qui voient clair, des mains lestes, des pieds qui ne tiennent pas en place. Virg. Æn. IV, 180. Famam pedibus celerem et pernicibus alis. La Renommée dont la course est rapide et le vol agile. Curt. VII, 7, 53. Equorum velocitati par est hominum pernicitas. L’agilité des hommes égale la vitesse des chevaux.

4. Properus, properare marquent la hâte d’aller droit au but à force d’énergie, elle est opposée au laisser-aller, à cessare ; festinus, festinare, la hâte qui provient d’impatience et qui est voisine de la précipitation.

Clangere. Clamare. Vociferari.

Clangere se dit du cri des animaux et du son des instruments, comme ϰλάγγειν ; clamare et vociferari, du cri de l’homme : clamare est l’expression de la volonté ; vociferari, celle de la passion dans la colère, la douleur, l’ivresse. Rhet. ad Her. III, 12. Acuta exclamatio habet quiddam illiberale et ad muliebrem potius vociferationem, quam ad virilem dignitatem in dicendo accommodatum. Des éclats de voix aigus ont quelque chose de bas ; cela est bon pour des femmes qui criaillent, mais indigne d’un orateur. Virg. Æn. II, 310. Exoritur clamorque virûm clangorque tubarum. Les cris des hommes, le son des trompettes s’élèvent jusqu’à moi.

Coercere. Compescere.

Coercere se dit d’un acte de compression par force et abus de pouvoir ; compescere, d’un acte de répression par autorité et sagesse.

Cogere. Adigere.

Cogere, obliger à quelque chose par contrainte et par force ; adigere, déterminer à quelque chose par des motifs qui donnent à réfléchir. Tac. Ann. VI, 27. Se ea necessitate ad preces cogi, per quas consularium aliqui capessere provincias adigerentur. Dans cette extrémité il se voyait contraint de recourir aux prières pour engager des consulaires à se charger du gouvernement des provinces.

Cogitare. Meditari. Commentari.

1. Cogitare se dit de l’activité habituelle de l’esprit qui est toujours occupé d’une chose ou d’une autre ; meditari, de l’activité d’esprit surexcitée, de l’effort qui tend vers un résultat déterminé. Le premier équivaut à penser, le second à penser à quelque chose. Ter. Heaut. III, 3, 46. Quid nunc facere cogitas ? C’est-à-dire qu’as-tu en tête à présent ? Comparez avec Adelp. V, 6, 8. Meditor esse affabilis, c’est-à-dire : je songe aux moyens d’être aimable. Dans les Tusculanes (III, 6,) cogitatio ne désigne guère que la pensée qui a conscience d’elle-même ; meditatio désigne la réflexion, la spéculation.

2. Meditari s’emploie pour marquer l’intensité, c’est méditer sérieusement, avec effort, avec ardeur ; commentari (dans Cicéron seulement), pour marquer la durée, méditer à loisir, avec calme, à fond.

Cognitio. Notitia. Scientia. Ignarus. Inscius. Nescius.

1. Cognitio, acte par lequel l’esprit acquiert une connaissance ; notitia et scientia, état de l’esprit : notitia et nosse se disent d’un état dans lequel l’âme est passive et ne fait que recevoir des impressions, quand elle a conscience d’un phénomène extérieur et en conserve le souvenir ; scientia et scire impliquent, comme le savoir, une certaine spontanéité et la conviction de la réalité des choses. La notitia peut se borner à des notions de rencontre ; la scientia doit s’être rendu l’objet familier, l’avoir approfondi à force de travail. Cic. Sen. 4, 12. Quanta notitia antiquitatis ! quanta scientia juris romani ! Quelle pratique de l’antiquité ! quelle science du droit romain !

2. L’ignarus ne possède pas cette notitia, l’inscius cette scientia. Tac. Hist. I, 11. Ægyptum provinciam insciam legum, ignaram magistratuum. La province d’Égypte qui n’est ni initiée à nos lois, ni façonnée à nos habitudes de gouvernement. La législation exige une étude en règle, tandis qu’on peut apprendre l’administration par la pratique.

3. Inscius, celui qui n’a rien appris ou qui n’a pas appris quelque chose, il y a lieu de blâmer ; nescius, celui qui par hasard n’a pas entendu parler de quelque chose, n’en a pas fait l’expérience ; le mot se prend indifféremment en bonne ou en mauvaise part. Cic. Brut. 83. Inscium omnium rerum et rudem. Ignare et brut. Comparez avec Plin. EP. VIII, 23. Absens et impendentis mali nescius. J’étais absent, je ne me doutais pas du malheur suspendu sur ma tête.

Collis. Clivus. Tumulus. Grumus.

Collis et clivus, grande colline qui est une petite montagne : collis, ϰολωνὸς, hauteur, par opposition à la plaine qui est au-dessous, et, par suite colline assez raide ; clivus, ϰλιτὸς, plan incliné, par opposition à la plaine horizontale, et, par suite, colline en pente douce. Tumulus et grumus, petite colline qui n’est qu’un gros tertre : tumulus, comme ὄχθος, tertre naturel ou artificiel, par exemple un tumulus ; grumus, élévation exclusivement artificielle, faite de main d’homme, χῶμα. Colum. Arbor. vers la fin. Collem autem et clivum modum jugeri continentem repastinabis operis sexaginta. Vous emploierez soixante manœuvres à défricher sur une colline une pente de la contenance d’un arpent. Liv. XXI, 32. Erigentibus in primos agmen clivos apparuerunt imminentes tumulos insidentes montani. Quand les têtes de colonne de l’armée d’Annibal s’élevèrent sur les premières pentes des Alpes, elles découvrirent les montagnards établis sur les mamelons qui dominaient la route. Hirt. B. Hisp. Ex grumo excelsum tumulum capiebat. Il voulut quitter son tertre pour gagner une éminence qui commandait les environs.

Comere. Decorare. Ornare.

1. Comere et decorare, parer, pour embellir et pour flatter la vue ; ornare, orner en joignant l’utile à l’agréable.

2. Comere présente la parure comme une recherche minutieuse et efféminée, souvent avec une idée de blâme, comme nitere ; il s’oppose à la nature, à une simplicité noble, à une négligence gracieuse, parer, ϰομμοῦν ; decorare et ornare la présentent toujours sous un jour favorable, comme splendere, comme un signe d’aisance et de richesse : decorare, par opposition à ce qui est commun et n’a point d’apparence, embellir, ϰοσμεῖν ; ornare, par opposition à ce qui est pauvre et incomplet, orner, ἀσϰεῖν.

3. L’idée contenue dans comere ne va pas au delà d’une question d’arrangement : on ajuste, on polit pour donner bonne mine, par exemple en peignant et tressant les cheveux ; decorare et ornare supposent une addition matérielle ; on emprunte des ornements extérieurs, par exemple, un diadème. Quintil. XII, 10, 47. Comere caput in gradus et annulos. Parer une tête de boucles disposées par étages. Et Virg. Ecl. VI, 69. Apio crines ornatus amaro. Linus, qui orne ses cheveux de fleurs et d’ache amère. ТIB. II, 2, 6. Sertis decorare comas. Relever de guirlandes la beauté des cheveux.

Comitari. Deducere. Prosequi.

Comitari, accompagner, dans tous les sens, ἀϰολουθεῖν ; prosequi et deducere, avec l’idée accessoire d’un témoignage d’estime ou d’amitié : le prosequens reconduit les gens comme le προπέμπων, soit jusqu’au bout, soit pendant une partie du chemin ; le deducens les ramène chez eux ou les mène du moins au terme de leur voyage, comme le ϰατάγων, soit qu’il se mette à leur suite dès le départ ou seulement en route.

Commodare. Mutuum dare.

Commodare, prêter sans formalités ni stipulations, à charge de restituer l’objet tel quel, fût-il usé ; mutuum dare, faire un prêt avec ou sans intérêt, à charge de rendre au bout d’un certain temps l’équivalent du prêt. La commodatio est un service rendu par affection, la mutuum datio est une affaire.

Complementum. Supplementum.

Complementum, ce qui sert, comme une clef de voûte, à compléter, à parfaire ; supplementum, ce qui sert à remplacer après coup, à remplir des lacunes.

Concedere. Permittere. Indulgere. Connivere.

Concedere et permittere, accorder quelque chose dont on dispose en vertu d’un droit personnel illimité : concedere, à la suite d’une prière ou d’une insinuation, par opposition à refuser, concéder, συγχωρῆσαι ; permittere, par confiance et générosité, par opposition à défendre, permettre, ἐφεῖναι. Indulgere et connivere, souffrir une chose qui est officiellement défendue : l’indulgens, par longanimité patente, comme condescendre ; le connivens, en feignant de fermer les yeux.

Concessum est. Licet. Fas est.

Concessum est, ἔξεστι, ce qui est permis en général ; ce terme est dans le rapport du genre à l’espèce avec licet, licitum est, ce qui est permis aux yeux des hommes en vertu de maximes consacrées soit par des lois positives, soit par les mœurs et la coutume, comme θέμις ἐστὶ, et avec fas est, ce qui est permis aux yeux des dieux en vertu de maximes révélées soit par la religion, soit par le sentiment moral, comme ὅσιόν ἐστι.

Concilium. Concio. Comitia. Cœtus. Conventus.

1. Concilium, concio et comitia, assemblées convoquées pour affaires : concilium, assemblée de nobles et de notables, de l’aristocratie, du sénat, dont les membres sont invités individuellement au conseil, συνέδριον ; concio et comitia, réunion de la commune convoquée par publication pour prendre une résolution ou pour en entendre communiquer une : concio, contio, se dit de toute assemblée régulière de la commune, soit peuple, soit armée, dans le premier pays ou le premier camp venu, σύλλογος ; comitia est le terme historique réservé pour l’assemblée du peuple romain, comme ἐϰϰλησία pour l’assemblée d’Athènes, et ἁλία pour celle de Sparte.

2. Cœtus et conventus, assemblées volontaires qui se réunissent librement : cœtus, dans un but quelconque, par exemple, pour les plaisirs de la société, pour des conspirations, σύνοδος ; conventus, dans un but sérieux, par exemple, pour célébrer une fête, pour écouter une proposition, ὁμήγυρις, πανήγυρις.

Conclave. Cubiculum.

Conclave, terme général pour toute pièce qui ferme et par préférence pièce de parade ; cubiculum, terme particulier pour la pièce où l’on se tient d’habitude.

Conditio. Status.

Conditio, état réglé par la volonté ; status, état créé par les circonstances. Cic. Fam. XII, 23. Omnem conditionem imperii tui statumque provinciæ demonstravit mihi Tratorius. Tratorius m’a rendu compte des conditions auxquelles tu as pris le commandement et de l’état de ta province.

Confisus. Fretus.

Confisus, plein de confiance et d’abandon, comme securus et πεποιθώς ; fretus, protégé, comme tutus et ἐῤῥωμένος.

Conjugium. Matrimonium. Contubernium. Nuptiæ.

Conjugium et matrimonium, union durable de l’homme et de la femme en vue d’une communauté d’existence et de la reproduction : conjugium, terme général marquant une simple liaison naturelle qui existe même chez les animaux ; contubernium, union par mariage entre esclaves ; matrimonium, mariage véritable et légal entre personnes libres et citoyens, institution civile et politique ; nuptiæ ne désigne que le point de départ du matrimonii, les noces ou la fête qui accompagne l’union.

Considerare. Contemplari.

Considerare présente la contemplation comme un acte de l’intelligence qui cherche à former un jugement ; contemplari, comme un acte du sentiment qui s’abîme dans son objet, qui s’abandonne entièrement aux impressions agréables ou désagréables que l’objet éveille.

Constat. Apparet. Elucet. Liquet.

Constat veut dire : c’est une vérité démontrée et établie, par opposition à un songe creux, à un bruit incertain ; apparet, elucet et liquet signifient : c’est une chose claire et évidente. Apparet associe à cette idée l’image d’une apparition qui se détache sur un fond ; elucet, celle de la lumière qui jaillit de l’obscurité ; liquet, celle d’une eau qui dégèle et redevient limpide.

Consuetudo. Mos. Ritus. Cærimonia.

1. Les trois premiers marquent l’observation régulière d’une pratique. Consuetudo est l’habitude qui se forme d’elle-même, qui a sa raison d’être dans les penchants de l’individu ou du peuple, dans ce qui leur est commode, έθος ; mos, les mœurs procédant de la raison et de la volonté qui a conscience d’elle-même, ayant leur raison d’être dans les idées morales ou esthétiques du droit, de la vertu et de la décence, ἦθος ; ritus, enfin, usage sacré ou implanté par l’instinct de la nature ou introduit par les dieux à titre de cérémonie, n’ayant en aucun cas une origine purement humaine. Les consuetudines n’existent qu’à l’état de simples faits et n’ont point de valeur morale ; les mores ont reçu une sanction morale par un consentement tacite, de même que les jura legesque par une convention formelle ; les ritus existent naturellement et sont consacrés par leur haute antiquité. C’est ce dernier mot que les bons auteurs en prose emploient par préférence en parlant de l’instinct des animaux à cause de la force avec laquelle il marque que l’habitude est primitive, naturelle, inséparable de l’être même.

2. Ritus, usage sacré établi et enseigné par les dieux ou par la nature ; cærimonia, même usage considéré dans ses applications au culte.

Contaminare. Inquinare. Polluere.

Contaminare désigne la souillure par son côté nuisible comme venant gâter ce qui était sain et utile ; inquinare, par son côté dégoûtant, elle défigure la beauté ; polluere, par son côté moral, elle viole la sainteté et la pureté. Le second de ces trois verbes répond à μορύσσειν ; le troisième à μιαίνειν. Cic. Cæcil. 21, 70. Judiciis corruptis et contaminatis. Les arrêts de la justice brisés et flétris. Comparez avec Cœl. 6. Libidinibus inquinari. Porter les marques affreuses de la débauche. Et Rosc. Am. 26, 71. Noluerunt in mare deferri ne ipsum pollueret, quo cætera quæ violata sunt expiari putantur. On ne voulut pas souffrir qu’il fût jeté à la mer, de peur de profaner la mer même, qui passe pour purifier toutes les souillures.

Continuus. Perpetuus. Sempiternus. Æternus.

1. Continuum, ce qui tient ensemble sans interruption, sans lacune ; perpetuum, ce qui va jusqu’à la fin et ne cesse pas avant la fin. Suet. Cæs. 76. Continuos consulatus, perpetuam dictaturam. Des consulats qui se succèdent coup sur coup, une dictature perpétuelle.

2. Perpetuus, sempiternus et æternus marquent la continuité dans la durée : perpetuus, au sens relatif, par rapport à un terme arbitraire, par exemple à celui de la vie, ce qui dure autant que la vie ; sempiternus et æternus, au sens absolu, par rapport au terme du temps en général. Sempiternum veut dire, comme ἀΐδιον, ce qui dure toujours, ce qui a une existence égale à la durée du temps, ce qui marche de pair avec le temps ; æternum signifie, comme αἰώνιον, ce qui est éternel, ce qui est au-dessus du temps et ne se peut mesurer que par grandes périodes, car le temps n’est qu’une faible partie de l’éternité, tempus est pars quædam æternitatis. Cic. Inv. I, 27. L’idée sublime d’une durée qui ne commence ni ne finit, contenue dans æternus, ne l’est pas dans sempiternus, qui fait plutôt songer à la longueur de la durée comprise entre le commencement et la fin, sans indiquer que l’éternité n’a ni commencement ni fin. Sempiternus renferme l’expression mathématique ; æternus, l’expression métaphysique de l’éternité. Cic. Orat. II, 40, 69. Barbarorum est in diem vivere, nostra consilia sempiternum tempus spectare debent. C’est affaire aux barbares de vivre au jour le jour ; nos plans doivent embrasser un temps indéfini. Finn. I, 6, 17. Motum atomorum nullo a principio sed ex æterno tempore intelligi convenire. Il va sans dire qu’il faut concevoir le mouvement des atomes comme n’ayant jamais eu de commencement, comme existant depuis un temps infini.

Contumelia. Injuria. Offensio.

1. Contumelia, atteinte portée à l’honneur d’autrui, comme l’affront ; injuria, atteinte au droit d’autrui, comme l’injustice. Un coup est une injuria en tant que je porte la main sur quelqu’un, et une contumelia en tant que je lui attire par une pareille action la réputation fâcheuse d’être un lâche ou un valet. Sen. Clem. I, 10. Contumelias quæ acerbiores principibus solent esse quam injuriæ. Les affronts qui paraissent d’habitude plus amers aux princes que les injustices. Pacuv. dans NON. Patior facile injuriam si vacua est contumelia. Je supporte aisément une injustice pourvu qu’il n’y ait pas d’affront.

2. Contumelia et injuria sont des actions ; offensio et offensa marquent un état, à savoir : le chagrin de l’offensé, le ressentiment par opposition à gratia ou à delectatio. Cic. Att. III, 23. Mihi majori offensioni sunt quam delectationi possessiunculæ meæ. Mes pauvres petites propriétés me donnent plus de peine que de plaisir. Plin. Ep. II, 18. Oportet me non solum offensas, verum etiam simultates æquo animo subire. C’est un devoir pour moi de m’exposer sans me laisser émouvoir et aux mécontentements et aux rancunes jalouses.

Corrigere. Emendare.

Corrigere, corriger à la façon du pédagogue ou du censeur qui veut redresser ou rajuster ; emendare, à la façon du maître expérimenté et de l’ami bienveillant qui veut amender. Plin. Pan. 6, 2. Corrupta est disciplina castrorum, ut tu corrector emendatorque contingeres (le premier par sévérité, le second par sagesse). La discipline avait péri dans les camps, mais tu devais paraître pour la restaurer et la rétablir. Cic. Mur. 29. Verissime dixerim nulla in re te (Catonem) esse hujusmodi, ut corrigendus potius quam leviter inflectendus viderere. Je puis dire en toute vérité que tu n’as montré nulle part un caractère qui voulût être tout à fait redressé plutôt que légèrement dirigé. Comparez avec PLIN. Ep. I, 10. Non castigat errantes, sed emendat. Il ne réprimande pas ceux qui s’égarent, il les rend meilleurs.

Coxa. Latus. Femur.

Coxa et coxendix, la hanche ; latus, la partie comprise entre la hanche et l’aisselle ou le flanc ; femur et femen, la partie située immédiatement au-dessus de la hanche ou partie supérieure de la cuisse.

Creare. Gignere. Parere. Generare.

1. Creare, faire passer une chose du néant à l’existence par sa volonté et sa puissance créatrice ; gignere, donner le jour, c’est le terme générique par rapport à generare qui ne se dit que du père, et à parere qui ne se dit que de la mère.

2. Gignere appartient au langage usuel ; generare, au style élevé. Aussi dit-on pour l’ordinaire : homines et belluæ gignunt ; natura et dii generant, et corpora gignuntur ; poemata generantur. Dans Cic. N. D. III, 16, Herculem Jupiter genuit est un simple renseignement mythologique ; mais Legg. I, 9, Deus hominem generavit, c’est une haute vérité métaphysique.

Crinis. Capillus. Coma. Cæsaries. Pilus. Cirrus. Cincinnus.

1. Crinis et capillus, les poils naturels, au sens physique, θρίξ : crinis, toute espèce de poil par opposition aux places nues ; capillus, le poil de la tête par opposition à la barbe, etc. Coma et cæsaries ajoutent à cette idée celle d’une certaine beauté. Ce sont de beaux cheveux, c’est la chevelure prise comme un ornement naturel du corps ou comme susceptible d’être parée. Coma se dit par préférence des cheveux de femme, ϰόμη ; cæsaries, des cheveux d’homme, ἔθειρα. Crinitus marque simplement qu’on a des poils ou des cheveux ; capillatus est l’opposé d’une tête chauve, et on appelle les Gaulois Galli comati, parce qu’ils portaient de longs cheveux, ϰαρηϰομόωντες.

2. Crinis, capillus, coma, cæsaries, le poil au sens collectif, tout celui qui pousse ; pilus, le poil isolé, et par préférence le poil court et hérissé des animaux. Pilosus s’oppose à une belle peau bien lisse ; crinitus et capillatus à la nudité laide et à la calvitie.

3. Cirrus, cincinnus, cheveux bouclés ; mais cirrus se dit d’une boucle naturelle ; cincinnus, d’une boucle artificielle.

Cruciatus. Tormentum.

Cruciatus, cruciamenta, terme général pour toute espèce de tourments naturels et artificiels ; tormenta, terme spécial pour les tourments de la question, tortures. Cic. Phil. XI, 4. Nec vero graviora sunt carnificum tormenta quam interdum cruciamenta malorum. Les tortures de la question ne sont pas toujours plus pénibles que les souffrances qui viennent de nos maux.

Cubare. Jacere. Situm esse.

Cubare se dit d’êtres vivants ; situm esse, d’objets inanimés qui sont couchés ou étendus ; jacere, des deux. Cubare et jacere sont neutres ; situm esse se prend toujours au sens passif. De plus cubare rappelle toujours l’image d’une personne fatiguée qui cherche à reprendre des forces, par opposition à l’effort qu’il en coûte pour se tenir debout ; jacere, l’image de la faiblesse sans idée accessoire par opposition à la manifestation de force qui consiste à se tenir debout.

Cubile. Lectus.

Cubile, couche naturelle pour les hommes et les animaux, gîte, ϰοίτη, εὐνή ; lectus, couche artificielle, exclusivement à l’usage de l’homme, le lit, λέϰτρον.

Culcita. Pulvinus. Pulvinar.

Culcita, coussin dur ; pulvinus et pulvinar, coussins moelleux et élastiques : pulvinus, pour l’usage ordinaire ; pulvinar, pour un usage solennel et religieux.

Culmen. Fastigium.

Culmen, la ligne faîtière du toit ; fastigium, l’extrémité de cette ligne, le point où les solives du toit forment un angle par leur inclinaison et leur rencontre. Fastigium est une partie du culmen dans Virg. Æn. II, 458. Evado ad summi fastigia culminis. Je m’élance aux angles de la dernière terrasse. Au figuré culmen désigne simplement le sommet comme le point supérieur, le plus élevé, à peu près comme ϰολοφὸν, ce n’est qu’un rapport de lieu ; fastigium contient une idée de prééminence, c’est le plus haut degré, le degré suprême, à peu près comme ϰορυφή. Culmen tecti, la dernière partie de la construction ; fastigium, la couronne de l’édifice. Fastigium désignera le trône, tandis que culmina montium est bien plus usité que fastigia.

Culmus. Calamus. Stipula. Spica. Arista. Arundo. Canna.

1. Culmus, tige mince et élancée, en particulier celle du blé ; calamus, même tige considérée comme un tuyau, en particulier celle du roseau.

2. Culmus, la tige du blé qui supporte l’épi de même que le corps supporte la tête, partie intégrante du tout ; stipula, la tige considérée comme la partie inutile, sans valeur en comparaison de l’épi, le chaume.

3. Spica, l’épi plein, le fruit du blé, sans égard à la forme ; arista, l’épi barbu, la pointe ou partie supérieure de la tige, sans égard au contenu, parfois les barbes seules. Quintil. I, 3, 5. Imitatæ spicas herbulæ inanibus aristis ante messem flavescunt. Mauvaises herbes qui imitent l’épi plein, mais dont la tête barbue est vide et qui jaunissent avant la moisson.

4. Calamus, dans le sens de roseau, est le terme général ; arundo, roseau long et fort ; canna, roseau petit et mince. Colum. IV, 32. Ea est arundineti senectus, cum ita densatum est, ut gracilis et cannæ similis arundo prodeat. Une plantation de roseaux est vieille lorsqu’elle s’est épaissie au point de ne plus fournir que des roseaux grêles, semblables à ceux de la petite espèce.

Culpa. Noxia. Noxius. Nocens. Sons.

1. Culpa, cas de celui qui doit répondre d’un dommage (peccatum, delictum, maleficium, flagitium ou nefas) ; ce mot suppose une responsabilité, et par suite un être raisonnable, il est opposé à casus ou à necessitas ; noxia, cas de celui qui a causé un dommage, il peut être imputé à tout être capable d’agir, par opposition à innocentia. Liv. III, 42, 2. Illa modo in ducibus culpa, quod ut odio essent civibus fecerant ; alia omnis penes milites noxia erat. Les chefs n’avaient qu’un tort, qui était de s’être rendus odieux à leurs concitoyens ; tout le mal venait d’ailleurs des soldats. Cic. Marc. 13. Etsi aliqua culpa tenemur erroris humani, a scelere certe liberati sumus. Et s’il nous reste un tort, c’est d’être tombés dans une erreur familière à l’homme ; quant au crime, nous en sommes certainement débarrassés. Et Ovid. Trist. IV, 1, 23. Et culpam in facto, non scelus esse meo. Et s’il y a faute dans mon fait, il n’y a point de crime. Dans ces exemples le terme le plus général pour toute espèce de faute, culpa, se prend particulièrement pour la plus petite de toutes, pour le delictum.

2. Culpa et noxia supposent une action dommageable ; vitium, une action ou une qualité blâmable, et même un défaut naturel dont personne ne peut nous faire un crime.

3. Nocens, innocens désignent la culpabilité ou l’innocence dans un cas déterminé, à propos d’une action isolée ; mais noxius et innoxius ainsi que les adjectifs poétiques nocuus et innocuus se rapportent à l’être et au caractère en général. Plaut. Capt. III, 5, 7. Decet innocentem servum atque innoxium confidentem esse ; c’est-à-dire un esclave qui se sait innocent dans le cas particulier dont il s’agit, et qui en général ne fait rien de mal.

4. Noxius, le coupable au sens matériel, comme auteur et cause d’un dommage, ϐλαϐερός ; sons, au sens moral et judiciaire, comme condamné ou méritant d’être condamné, θῶος.

Cunæ. Cunabula.

Cunæ, le berceau même ; incunabula, la literie et les autres accessoires du berceau. Plaut. Truc. V, 13[1]. Fasciis opus est, pulvinis, cunis, incunabulis. Il faut des bandes, des coussins, un berceau, de la literie et du linge.

Cunctari. Hæsitare. Cessare.

Cunctari, hésiter par réflexion, μέλλειν ; hæsitare, par défaut de résolution ; cessare, par manque de force et d’énergie, ὀϰνεῖν. Le cunctans remet à commencer ; le cessans, à poursuivre.

Cupido. Cupiditas. Libido. Voluptas.

1. Cupido, le désir qui nous porte vers quelque chose conçu comme un principe d’activité par opposition à la répugnance ; cupiditas, la passion conçue comme un état par opposition au calme de l’âme. Il faut que cupido soit joint, et cupiditas peut être joint à un génitif exprimé ou sous-entendu ; cupido se rapporte alors par préférence aux biens ordinaires et à l’argent ; cupiditas, à des biens de toute sorte. Vell. P. II, 33. Pecuniæ cupidine, par un vif amour de l’argent. Et tout à la suite : interminatam imperii cupiditatem. Une passion démesurée d’autorité.

2. Cupido et cupiditas sont opposés au désir modéré ; mais libido, c’est la fantaisie et le caprice par opposition à la volonté raisonnable, ratio ou voluntas. Libidines, les caprices par rapport au défaut d’empire sur soi-même ; voluptates, les plaisirs par opposition aux goûts sérieux ou au chagrin. Tac. H. II, 31. Minus Vitellii ignaræ voluptates quam Othonis flagrantissimæ libidines timebantur. Les plaisirs paresseux de Vitellius paraissaient moins redoutables que les caprices ardents d’Othon.

Cur. Quare.

Cur sert aussi bien pour de véritables questions que pour des exclamations sous forme de questions ; quare ne s’emploie que pour des questions qui exigent une réponse.

Cura. Sollicitudo. Angor. Dolor. Ægritudo.

Cura, sollicitudo et angor, impression pénible causée par l’idée d’un mal, d’un danger à venir : cura, sous forme de pensée, le souci, la sollicitude, φροντὶς, par opposition à incuria ; sollicitudo, sous forme de sentiment, l’inquiétude, l’agitation, μέριμνα, par opposition à securitas ; angor, sous forme de passion, l’angoisse, l’anxiété, par opposition à solutus animus. Dolor et ægritudo se rapportent à un mal présent : dolor exprime un désagrément, la douleur, par opposition à gaudium, ἄλγος ; ægritudo, une maladie, la tristesse noire, ἀνία, par opposition à alacritas. Cic. Finn. I, 22. Nec præterea res ulla est, quæ sua natura aut sollicitare possit aut angere. Et il n’y a rien hors de là qui soit de nature à causer de l’inquiétude ou de l’anxiété. Accius dans Nonius. Ubi cura, ibi anxitudo. Les soucis ne vont point sans humeur. Plin. Ep. II, 11. Cæsar mihi tantum studium, tantam etiam curam (nimium est dicere sollicitudinem) præstitit ut... César s’est montré si zélé pour moi, si soucieux même (car, de dire inquiet, ce serait trop) que... Quintil. VIII, pr. 20. Curam ego verborum, rerum volo esse sollicitudinem. J’entends que les mots donnent du souci, les choses de l’inquiétude.

Curvus. Uncus. Pandus. Incurvus. Recurvus. Reduncus. Repandus. Aduncus.

1. Curvus ou en prose curvatus, terme général pour tout ce qui est courbé, depuis la courbe la plus faible jusqu’à la circonférence parfaite ; uncus suppose une forte courbure qui se rapproche du demi-cercle, comme un crochet ; pandus, une courbure faible qui s’éloigne peu de la ligne droite, comme une échancrure.

2. Les curva forment une courbe continue ; les incurva supposent une ligne droite dont l’extrémité seule dégénère et se termine en courbe, comme ἐπιϰαμπὴς, par exemple, le bâton augural ou le corps d’un homme qui se baisse, etc.

3. Recurvus, reduncus et repandus désignent des courbes tournées en dehors ; aduncus, une courbe tournée en dedans. Plin. H. N. XI, 37. Cornua aliis adunca, aliis redunca. Chez les uns les cornes sont tournées en dedans, chez les autres en dehors.

Custodia. Carcer. Ergastulum.

Custodia, lieu quel qu’il soit où sont retenus des prisonniers, fourrière ; carcer, prison bâtie exprès surtout pour les citoyens ; ergastulum, maison de correction pour des esclaves.

D

Damnum. Detrimentum. Jactura.

Damnum, perte qu’on fait par sa faute par opposition à lucrum ; detrimentum, perte qu’on éprouve par opposition à emolumentum ; enfin jactura, perte volontaire par laquelle on prétend échapper à une perte ou à un mal plus considérable. Damnum se dit seul d’une amende, tandis que dans la formule : Videant consules ne quid respublica detrimenti capiat, on ne rencontre jamais damnum.

Delibutus. Unctus. Oblitus.

Delibutus, mouillé avec un corps gras ; c’est le terme générique par rapport à unctus, oint d’une matière agréable, et à oblitus, enduit d’une matière malpropre.

Delictum. Peccatum. Malefactum. Maleficium. Facinus. Flagitium. Scelus. Nefas. Impietas.

1. Delictum et peccatum, transgression légère : delictum, des lois positives, par légèreté ; peccatum, des lois de la nature et de la raison, par sottise.

2. Malefactum est un synonyme et une sorte de périphrase des deux mots précédents. Maleficium et facinus engagent directement la morale dans la question. Maleficium, tout méfait qui mérite un châtiment, parce qu’il procède d’une mauvaise intention. Facinus, quand on le prend en mauvaise part, c’est, comme δεινόν τι, un forfait qui excite de l’étonnement ou de l’épouvante, à cause du degré extraordinaire d’audace qu’il exigeait.

3. Il y a autant de sortes de mauvaises actions que de sortes de devoirs, envers soi-même, envers les autres, envers les dieux. Flagitium est un manquement contre soi-même, contre son propre honneur, par débauche, inconduite, lâcheté, bref, par des actions qui proviennent de faiblesse morale plutôt que d’une force déréglée, par des manifestations de l’ignavia ; c’est une turpitude. Scelus est un manquement contre les autres, contre les droits des particuliers ou la paix de la société, par brigandage, meurtre et surtout par sédition, bref, par des manifestations de la malitia, un crime. Nefas est un manquement contre les dieux ou la nature, par blasphème, pillage d’un temple, meurtre de parents, trahison envers la patrie, bref, par des manifestations de l’impietas, un sacrilége.

Deligere. Eligere.

Deligere, faire son choix, ne pas laisser plus longtemps le choix en suspens ; eligere, choisir et ne pas prendre le premier venu.

Demere. Adimere. Eximere. Auferre. Eripere. Surripere. Furari.

1. Demere, adimere et eximere, enlever sans violence et sans ruse. Demere, séparer une partie d’un tout qui se trouve diminué par là ; il a pour opposé addere et adjicere ; adimere, prendre un bien à un propriétaire qui en devient plus pauvre ; il a pour opposés dare et reddere ; enfin, eximere, ôter un mal à une personne qui se sent alors comme allégée d’un fardeau.

2. Auferre, eripere, surripere et furari impliquent une idée d’arbitraire et d’injustice. Auferre est le terme général ; c’est à peu près prendre. Eripere, prendre par violence, comme arracher ; surripere et furari, secrètement et par ruse ; mais surripere, par un détournement qui peut avoir pour motif une nécessité de légitime défense et de prudence ; furari, en pratiquant le méprisable métier de voleur. Sen. Prov. 5. Quid opus fuit auferre ? accipere potuistis ; sed ne nunc quidem auferetis, quia nihil eripitur nisi retinenti. Où était la nécessité de prendre ? vous n’aviez qu’à ouvrir la main pour recevoir. Et il ne vous sera pas donné de prendre, même à présent, car on n’arrache rien qu’à celui qui veut garder. Cic. Verr. I, 4, 60. Si quis clam surripiat aut eripiat palam atque auferat. Qu’on dérobe secrètement ou qu’on arrache ouvertement et qu’on prenne. Et II, 1, 13. Non furem sed ereptorem. Ce n’est pas un voleur, mais un ravisseur.

Depravare. Corrumpere.

Depravare, terme relatif, gâter, mais de manière qu’on puisse encore réparer le mal ; il se dira de ce qui a pris un mauvais pli ; corrumpere, terme absolu, abîmer, mettre hors d’usage, en sorte qu’il n’y ait plus de remède ; il se dira de ce qui est brisé.

Desinere. Desistere.

Desinere marque un fait et se dit des personnes, des choses et des actions, comme cesser ; desistere marque un acte de volonté dont les personnes seules sont capables, comme renoncer.

Destinare. Obstinare. Decernere. Statuere. Constituere.

1. Destinare et obstinare présentent une résolution à laquelle on s’arrête, comme un acte psychologique ; decernere et statuere, comme un acte politique.

2. Destinare, prendre un parti décisif dont les conséquences sont prévues ; obstinare, prendre une résolution irrévocable dans laquelle on persiste avec opiniâtreté ou entêtement.

3. Decernere désigne comme conclure le résultat définitif d’une délibération en forme ou pour le moins d’un examen conduit avec la gravité qui préside à une discussion entre collègues ; statuere marque comme résoudre le terme d’une situation incertaine, et on emploie dans le même cas constituere, quand le sujet ou le régime de l’action est au pluriel. Cic. Fr. Tull.[1] Hoc judicium sic exspectatur, ut non unæ rei statui, sed omnibus constitui putetur. Ce qu’on attend de ce jugement, ce n’est pas tant une décision sur un intérêt particulier qu’un règlement sur un intérêt général.

Destruere. Demoliri.

Destruere, abattre une œuvre d’art ; demoliri, une construction solide.

Deterior. Pejor.

Deterior se dit, comme χείρων, de celui qui est inférieur aux autres, qui est moins estimable ; pejor, comme ϰαϰίων et pire, de celui qui est plus corrompu, plus dangereux. On trouve dans Sall. Or. Phil. 3. Æmilius omnium flagitiorum postremus, qui pejor an ignavior sit deliberari non potest. Æmilius, le dernier de tous les misérables. Est-il plus méchant que lâche ou plus lâche que méchant ? c’est ce qu’il est impossible de décider. Et dans ce passage deterior ne formerait pas un contraste avec ignavior. Catulle emploie, en badinant, le superlatif pessimi, qui contient l’idée d’une certaine énergie ; deterrimus, pitoyable ou chétif, ne se dit jamais par plaisanterie.

Deversorium. Hospitium. Caupona. Taberna. Popina. Ganeum.

Deversorium, tout quartier où l’on descend tant que dure un voyage, dans une propriété à soi, chez des amis, chez des hôteliers ; hospitium, l’asile qu’on trouve chez un ami avec lequel on est en relation d’hospitalité ; caupona, l’auberge ; tous ces lieux fournissent le logement comme des hôtelleries. Les tabernæ, popinæ, ganea ne fournissent que la pension, comme les restaurants : les tabernæ, pour les gens du commun, comme les cabarets ; les popinæ, pour les gens du grand monde et les gastronomes, comme certaines maisons de traiteurs ; les ganea, pour ces deux sortes de gens et en outre pour les voluptueux.

Dicere. Aio. Inquam. Asseverare. Affirmare. Contendere. Fari. Fabulari.

1. Dicere, parler pour instruire ; il se rapporte à celui qui écoute, par opposition à tacere, comme le neutre loqui et λέγειν ; aio, parler pour affirmer ; il se rapporte à celui qui parle, par opposition à nego, comme φημί.

2. Ait se joint au discours indirect et régit un infinitif ; inquit, au discours direct ; il amène un indicatif, un impératif ou un subjonctif.

3. Aio marque la simple affirmation d’une proposition qu’on se borne à énoncer ; asseverare, affirmare, contendere, marquent une affirmation énergique ; asseverare, c’est affirmer sérieusement, par opposition à une affirmation plaisante ou légère, à jocari ; affirmare, affirmer en garantissant la certitude, par opposition au doute et aux rumeurs, à dubitare ; contendere, affirmer en dépit des contradicteurs et soutenir son opinion envers et contre tous, par opposition à céder et à renoncer.

4. Dicere, dire, sans idée accessoire ; loqui, pris comme verbe actif, contient une idée accessoire de mépris : ce qu’on dit n’est que vains propos. Cic. Att. XIV, 4. Horribile est quæ loquantur, quæ minitentur. Leurs propos, leurs menaces font horreur.

5. Loqui, pris comme verbe intransitif, parler en général ; fabulari, parler sans façon ou du moins sans gêne, pour passer le temps, sans donner une grande attention au fond ou à la gravité du discours, causer, λαλεῖν ; enfin, dicere, pris comme verbe neutre, parler avec art, en s’étudiant, particulièrement à la tribune, λέγειν. Liv. XLV, 39. Tu, centurio, miles, quid de imperatore Paulo senatus decreverit potius quam quid Sergio Galba fabuletur, audi, et hoc dicere me potius quam illum audi ; ille nihil præterquam loqui, et id ipsum maledice et maligne didicit. Centurions et soldats, prêtez l’oreille au décret du sénat sur la victoire de votre général plutôt qu’aux déclamations mensongères de Galba. Prêtez l’oreille à mon langage plutôt qu’au sien. C’est un homme qui n’a rien étudié, hors l’art de parler, et encore pour insulter et pour nuire. Cic. Brut. 58. Scipio sane mihi bene et loqui videtur et dicere. Il me semble que Scipion brille également dans le langage ordinaire et dans le langage étudié. Orat. III, 10. Neque enim conamur docere eum dicere qui loqui nesciat. Nous n’entreprenons point d’enseigner l’art de la parole à celui qui ne sait pas ce que c’est que parler. Suet. Claud. 4. Qui tam ἀσαῶς loquatur, quî possit quum declamat σαφῶς dicere quæ dicenda sunt, non video. Comment, avec une parole aussi confuse, on pourrait, parlant en public, dire clairement ce qu’il faut dire, c’est ce que je ne vois pas.

6. Fari présente la parole comme le simple usage mécanique des organes de la voix pour former des sons et des mots articulés, par opposition à infantem esse ; loqui, comme le moyen d’exprimer ses pensées, par opposition à tacere. Et comme fari peut se réduire à prononcer des paroles isolées, on y rattache aisément l’idée d’un laconisme extraordinaire, imposant, digne d’un oracle, comme dans les arrêts du destin, fati, tandis que loqui fait songer aux discours ordinaires des hommes qui dégénèrent souvent en loquacité, loquacitas.

Dies. Tempus. Tempestas. Die. Interdiu.

1. Dies, le temps envisagé dans sa nature purement abstraite, comme simple extension et simple progression ; tempus et tempestas, le temps de la météorologie et de l’astronomie, la température, les rapports de la durée. Tempus marque plutôt un simple point, un moment, une époque ; tempestas, tout un espace, une période. Dies docebit a trait à un long espace de temps qui doit s’écouler avant que nous soyons instruits, comme χρόνος ; tempus docebit, au moment favorable qui nous instruira, comme ϰαιρός.

2. Die, par jour, chaque jour, par opposition à l’heure et à l’année ; interdiu et diu, de jour, par opposition à noctu ; mais interdiu se prend dans toute sorte de circonstances ; diu est toujours joint à noctuque. Cic. Att. XIII, 28. Credibile non est quantum scribam die. Vous auriez peine à croire combien j’écris chaque jour. Cels. Med. I, 3. Qui semel et qui bis die cibum... assumit. Celui qui mange une fois et celui qui mange deux fois par jour. Tac. H. II., 5. Noctu diuque. Nuit et jour.

Differre. Proferre. Procrastinare. Prorogare.

1. Differre marque le renvoi à un autre temps considéré par son côté négatif : loin de faire la chose présentement, on la laisse là ; proferre et procrastinare marquent le délai pris par le côté positif : la chose aura lieu dans un temps à venir ; une autre fois, sans dire quand, si l’on se sert de proferre ; dans un avenir très-rapproché, si l’on se sert de procrastinare.

2. Differre, etc., se disent d’une action qu’on tarde å commencer ; prorogare, d’un état auquel on tarde à mettre fin, comme prolonger.

Diligere. Amare. Deamare. Adamare. Caritas. Amor. pietas.

1. Diligere, c’est l’amour qui naît de l’estime, le résultat de nos réflexions sur le mérite de l’objet aimé, comme φιλεῖν ; amare, c’est l’amour par inclination, celui qui a son origine dans le sentiment, qui est involontaire ou même irrésistible, comme ἐρᾷν, ἔρασθαι. Diligere désigne l’amour pur, dégagé du joug des sens et de l’égoïsme, calme et paisible : amare, l’amour ardent qui confine à la passion, qu’il soit d’ailleurs sensuel ou platonique. Cic. Att. XIV, 17. Tantum accessit ut mihi nunc denique amare videar, ante dilexisse. Il me semble, tant mon amour a grandi, qu’il ne mérite ce nom que d’aujourd’hui et que je n’avais auparavant que de l’affection.

2. Amare, aimer en général ; deamare, verbe augmentatif, aimer à en mourir, comme amore deperire ; et adamare, verbe inchoatif, commencer à aimer.

3. Caritas, entendu de l’effet qu’on produit, c’est l’affection que les autres ont pour nous. C’est une sorte de substantif à sens neutre par rapport au substantif à sens actif, amor, le penchant que nous éprouvons pour un autre ; d’où viennent ces constructions : caritas apud aliquem ; mais amor erga aliquem.

4. Caritas, entendu de l’effet qu’on ressent, tout amour qui tourne à la tendresse, particulièrement celui des parents pour les enfants, sans aucun mélange de sensualité, il ne se dit que des personnes, comme ἀγάπη ou στοργή ; amor, l’amour ardent et passionné pour des personnes ou des choses, comme ἔρως ; enfin, pietas, c’est l’amour instinctif pour des personnes et des choses que les liens sacrés de la nature nous obligent à aimer, dieux, parents, patrie, bienfaiteurs. La caritas se complaît dans l’objet aimé, se réjouit de le posséder et se manifeste par des prévenances et des sacrifices ; l’amor vise à réduire toujours davantage le même objet en son pouvoir ; il est difficile à satisfaire ; la pietas se laisse aller à un penchant naturel et à un sentiment religieux.

Disceptatio. Litigatio. Controversia. Contentio. Altercatio. Jurgium. Rixa.

1. Disceptatio, litigatio et controversia, différends susceptibles d’être terminés à l’amiable et par des voies régulières ; contentio, altercatio et jurgium, différends entachés de passion et de violence, mais qui se passent néanmoins en paroles ; rixæ, différends qui se traduisent ou menacent de se traduire en voies de fait, comme les querelles et les batteries, et qui tiennent le milieu entre jurgium et pugna. Liv. XXXV, 17. Ex disceptatione altercationem fecerunt. La dispute dégénéra en altercation. Tac. H. I, 64. Jurgia primum, mox rixæ inter Batavos et legionarios. Il y eut d’abord de gros mots, puis des rixes entre les Bataves et les légionnaires. Dial. 26. Cassius Severus non pugnat, sed rixatur. Cassius Sévérus cherche des rixes, sinon des batailles.

2. Il y a lutte, controversia, entre deux partis dès qu’ils sont opposés l’un à l’autre ; débat, disceptatio, dès qu’ils s’engagent dans une dispute sous prétexte de rechercher la vérité ou de démêler le droit sans avoir dans le principe des intentions hostiles ; contestation, litigatio, dès qu’ils s’inspirent d’un esprit d’hostilité et d’intérêt personnel.

3. La contentio veut absolument avoir raison et atteindre son but en mettant toutes ses forces en jeu dans quelque intention que ce soit ; l’altercatio ou échange de paroles ne veut pas demeurer en reste de propos avec son adversaire, elle veut avoir le dernier mot ; le jurgium n’écoute rien et décharge sa mauvaise humeur par des paroles dures. La contentio offre une image sérieuse, celle d’un effort vigoureux ; l’altercatio, l’image comique de personnes qui s’échauffent à la manière des femmes ; le jurgium, l’image repoussante de la colère brutale.

Discernere. Distinguere.

Discernere, discerner, diviser conformément à des notions acquises ; distinguere, distinguer par des signes et des marques.

Disertus. Facundus. Eloquens.

Disertus et facundus désignent un talent oratoire donné par la nature ; eloquens un art de la parole acquis et perfectionné. Celui qui parle avec clarté et précision s’appelle disertus, celui qui parle avec élégance et agrément, facundus, celui qui réunit les deux, savoir la netteté et la beauté du discours, eloquens. Le disertus fera un bon maître, mais il se peut qu’il n’ait pas également cultivé toutes les facultés de son esprit ; le facundus brille en société, mais tout son savoir-faire peut n’être qu’une facilité superficielle dans le maniement de la parole, sans profondeur et sans solidité ; l’eloquens, avant de prendre la parole comme homme d’état ou comme écrivain, doit s’être rendu parfaitement maître de la langue et de l’art à force de talent et d’études variées. Cic. Orat. 5, 19. Antonius... disertos ait se vidisse multos, eloquentem omnino neminem. J’ai souvent rencontré une parole nette, dit Antoine ; je n’ai jamais entendu une voix parfaitement éloquente. Quintil, VIII, pr. 13. Diserto satis dicere quæ oporteat ; ornate autem dicere proprium est eloquentissimi. On est disert quand on sait dire ce qu’il faut ; mais de parer la parole, c’est le fait de la plus haute éloquence. Suet. Cal. 53. Eloquentiæ quam plurimum adtendit, quamvis facundus et promptus. Il s’applique fort à l’éloquence, quoiqu’il ait naturellement la parole agréable et facile.

Disserere. Disputare.

Disserere, soutenir son opinion en style didactique, en développant ses raisons ; disputare en style polémique en tenant compte des raisons contraires, en opposant à un adversaire imaginaire ou réel raison pour raison, afin de constater par une sorte de bilan de quel côté est la plus grosse somme de vérité. Le disserens vise simplement à exprimer ses vues personnelles ; le disputans veut faire prévaloir les siennes en qualité de vérités indépendantes de toute personnalité. En outre disserere marque une manière plus libre ; disputare, une manière plus méthodique de traiter le sujet.

Dividere. Partiri. Dirimere. Dispertire. Distribuere.

1. Dividere et dirimere, diviser sans autre but que de détruire l’unité de l’ensemble et de réduire en parties ; partiri, dans le but d’obtenir par voie de séparation des parties dont il soit possible de disposer. De là divide et impera et dividere sententias, mais partiri prædam.

2. Divisio marque dans les traités de rhétorique la décomposition de l’espèce en variétés ; partitio, celle du tout en ses parties.

3. Dividere ne se rapporte qu’à une réunion matérielle dans l’espace et ne détruit qu’une relation extérieure ; mais dirimere se rapporte à l’union organique d’un tout et supprime des rapports intimes. Liv. XXII, 15. Casilinum urbs... Volturno flumine diremta Falernum ac Campanum agrum dividit. C’est qu’aux yeux de l’auteur une rivière qui coupe une ville en deux constitue une séparation contre nature, tandis que la séparation de deux territoires contigus par une ville est toute naturelle.

4. Dividere signifie encore distribuer sans idée accessoire ; dispertire, c’est répartir entre futurs propriétaires ; distribuere, entre propriétaires légitimes, ou encore mettre chaque partie à une place convenable et appropriée.

Divinare. Præsagire. Præsentire. Prævidere. Vaticinari. Prædicere.

1. Divinare se dit d’un pressentiment qui provient d’une inspiration divine et d’un secours surnaturel, comme μαντεύεσθαι ; præsagire, d’un pressentiment par voie naturelle, par suite d’un tour d’esprit particulier qui confine au surnaturel ; præsentire et prævidere, par un développement extraordinaire des dons naturels de l’esprit, à savoir præsentire par une vision immédiate, prævidere, par de profondes et heureuses combinaisons, par prévoyance.

2. Divinare, etc., simples actes de l’entendement ; vaticinatio et prædictio, expression et communication de ce qu’on pressent : vaticinatio, par le fait du divinans et du præsagiens, c’est la prophétie, προφητεία ; prædictio, par le fait du præsentiens et du prævidens, c’est la prédiction.

Divitiæ. Opes. Gazæ. Locuples. Opulentus. Copiosus.

1. Divitiæ et gazæ, la richesse en général, comme propriété, comme moyen de satisfaire ses désirs de toute sorte ; opes, comme le moyen de réaliser un but élevé, de se faire valoir, d’acquérir ou de conserver de l’influence. Divitiæ, la richesse du simple particulier, πλοῦτος ; opes, la fortune mise au service de l’homme d’État ou de l’ambitieux politique ; gazæ, le trésor d’un roi ou d’un prince, θησαυροί.

2. Dives, riche par opposition à pauper, πλούσιος ; locuples, qui est dans l’aisance, par opposition à egens, egenus, ἀφνειός ; opulentus et copiosus, quia de grandes ressources par opposition à inops, comme εὔπορος.

Doctor. Præceptor. Magister.

Doctor, le maître qui expose la théorie considéré par rapport à la science ou à l’art qu’il enseigne, il s’oppose à l’auditeur ; præceptor, le maître qui initie à la pratique par rapport au pupille qu’il façonne, il s’oppose à l’écolier ; magister, le maître en général par rapport à sa supériorité et à son ascendant et par opposition aux profanes. Cic. Orat. III, 15. Vetus illa doctrina eadem videtur et recte faciendi et bene dicendi magistra, neque disjuncti doctores, sed iidem erant vivendi præceptores atque dicendi. On voit cette ancienne méthode gouverner à la fois la conduite et la parole ; point de maîtres distincts ; ceux qui forment à la parole forment en même temps à la vie.

Doctrina. Eruditio.

Doctrina, le savoir considéré comme un des moyens divers par lesquels l’esprit se développe ; eruditio, la science qui transforme l’esprit et l’amène à la dernière perfection. Le savoir, doctrina, ne donne qu’une supériorité de connaissances, il se rattache et s’oppose à l’idée qu’exprime le mot exercitatio, lequel implique une supériorité de savoir-faire ; réduit même à la théorie sèche et mis en regard de la pratique plus visiblement utile, il est exposé à être mal vu et ridiculisé. La science parfaite, eruditio, se rapproche beaucoup plus de la pratique, elle implique une certaine influence, des connaissances acquises et des études sur le perfectionnement de l’homme entier, elle représente la vraie humanité dans l’ordre intellectuel, comme humanitas dans l’ordre moral.

Dolor. Tristitia. Mœstitia. Luctus.

1. Dolor, le sentiment des douleurs, le déplaisir intérieur, par opposition à gaudium ; tristitia, mœror, luctus, l’expression de ce sentiment. Tristitia et mæstitia, manifestation naturelle qui perce involontairement dans l’attitude et dans la physionomie ; luctus, manifestation artificielle, faite à dessein, au grand jour, à l’aide de signes conventionnels, comme de se couper les cheveux, de mettre des habits de deuil, etc., πένθος. Mœror sert en même temps d’augmentatif à dolor, et luctus à mœror et tristitia, en ce sens que la manifestation extérieure vient se joindre au sentiment au lieu de lui être opposée. Cic. Att. XII, 28. Mœrorem, minui, dolorem, nec potui, nec si possem vellem. J’ai retranché quelque chose des marques de ma douleur ; mais pour ma douleur même je n’ai rien pris sur elle, et je le pourrais que je ne le voudrais pas. Phil. XI, 1. Magno in dolore sum, vel in mœrore potius, quem ex miserabili morte C. Trebonii accepimus. Je suis dans la grande douleur, ou plutôt dans les effusions de douleur où nous jette la mort déplorable de C. Trébonius. Plin. Ep. V, 9. Illud non triste solum, verum etiam luctuosum quod J. Avitus decessit. La perte de J. Avitus ne cause pas seulement un chagrin visible, c’est un deuil. Tac. Agr. 43. Finis vitæ ejus nobis luctuosus, amicis tristis. Sa fin nous plonge dans le deuil, et ses amis dans la tristesse (la parenté seule prend le deuil). Tac. Ann. II, 82. Quanquam nec insignibus lugentium abstinebant, altius animis mœrebant. Les marques de deuil ne faisaient pas défaut, mais c’étaient surtout les cœurs qui étaient contristés. Cic. Sext. 29, 39. Luctum nos hausimus majorem, dolorem ille animi non minorem. Ce fut pour nous la source d’une douleur plus expansive, pour lui celle d’une douleur concentrée tout aussi vive.

2. Tristitia présente la manifestation du chagrin par son côté repoussant, celui des idées noires, de l’ennui, de la mauvaise humeur, par opposition à hilaritas ; mœstitia, par son côté pitoyable, celui de la désolation, d’une douleur ordinairement justifiée qui nous plonge dans la mélancolie, par opposition à lætus. Tristitia est le fait de la réflexion, mæstitia, du sentiment. On reconnaît le tristis comme le truculentus à son regard farouche, à son front plissé, à ses sourcils contractés ; le mœstus comme l’afflictus à ses yeux mornes et à son regard baissé. Tac. Hist. I, 82. Rarus per vias populus, mœsta plebs ; dejecti in terram militum vultus ac plus tristitiæ quam pœnitentiæ. Très-peu de monde dans les rues, la population consternée ; des soldats qui baissaient les yeux, mais d’un air sombre plutôt que d’un air de regret. Cic. Mur. 24, 49. Tristem ipsum, mœstos amicos. Vous-même soucieux, vos amis désolés.

Donum. Munus. Largitio. Donarium. Donativum. Liberalitas.

1. Donum, cadeau désintéressé, le donateur n’ayant pas d’autre vue que de faire plaisir, δῶρον ; munus, présent qui engage la reconnaissance, qui est une marque d’amour ou de faveur de la part du donateur, γέρας ; enfin largitio, présent intéressé destiné à gagner et à corrompre les gens sous couleur de bienfaisance, la plupart du temps dans un but politique. Suet. Cæs. 28. Aliis captivorum millia dono afferens, c’est-à-dire en pur don et non point seulement par manière de prêt. Comparez avec Ner. 46. Auspicanti Sporus annulum muneri obtulit, c’est-à-dire par honnêteté. Tac. Hist. I, 52. Id comitatem bonitatemque faventes vocabant quod sine modo donaret sua, largiretur aliena. Les partisans de Vitellius vantaient son caractère facile et bienveillant lorsqu’ils lui voyaient dissiper ses propres biens en cadeaux, ceux des autres en largesses.

2. Donarium, terme particulier pour une offrande qu’on fait à un temple ; donativum, pour un don militaire que le nouvel empereur accordait aux soldats à son avénement ; liberalitas, pour une munificence de l’empereur destinée à soutenir un noble tombé dans la pauvreté.

Dorsum. Tergum.

Dorsum, le dos au sens horizontal, celui de l’animal, par opposition au ventre, νῶτον ; tergum, le dos au sens vertical, celui de l’homme par opposition à la poitrine, μετάφρενον. Dorsum montis, la crête ; tergum, le revers d’une montagne.

Dubius. Ambiguus. Anceps.

Dubius et ambiguus, douteux quand il ne s’agit que d’un bon ou d’un mauvais succès, d’un bonheur ou d’un malheur ; anceps, quand il y va de l’existence entière, d’être ou de ne pas être. Vell. P. II, 79. Ea patrando bello mora fuit, quod postea dubia et interdum ancipiti fortuna gestum est. Tels sont les retards que souffrit l’ouverture de cette guerre où la fortune intervint dans la suite avec des chances douteuses et quelquefois critiques.

Dumi. Sentes. Vepres.

Dumi, fourrés de broussailles qui offrent un aspect sauvage ; sentes, buissons épineux où l’on se blesse ; vepres réunit les deux idées : broussailles épineuses qui font du sol un lieu sauvage.

Duplex. Duplum. Geminus. Dupliciter. Bifariam.

1. Duplex, double en parlant de quantités déterminées qu’il suffit de compter ; duplum, en parlant de quantités indéterminées qu’il faut peser ou mesurer. Duplex s’emploie adjectivement, duplum substantivement. Quintil. VIII, 6, 42. In quo et numerus est duplex, nec duplum virium. Armée deux fois plus nombreuse, mais sans offrir le double de forces.

2. Étant donnés des objets semblables et pareils au nombre de deux, c’est l’idée du nombre deux qui domine dans duplex comme dans διπλοῦς ; c’est l’idée de ressemblance et de parité qui domine dans geminus comme dans δίδυμος. Dans ce passage de Cic. Part. 6. Verba geminata et duplicata, vel etiam sæpius iterata, geminata se rapporte à la répétition d’une idée par le moyen de termes synonymes, duplicata à la répétition d’un même mot.

3. Dupliciter est toujours adverbe de manière : de deux manières, à un double point de vue ; bifariam est adverbe de lieu : en deux endroits ou en deux parties. Cic. Fam. IX, 20. Dupliciter delectatus sum litteris tuis. Ta lettre me charme de deux manières. Comparez avec Tusc. III, 11. Bifariam quatuor perturbationes æqualiter distributæ sunt. Les quatre passions fondamentales ont été également réparties en deux catégories.

E

Ebrius. Vinolentus. Temulentus. Crapula. Ebriosus.

1. Ebrietas présente par leur beau côté les suites d’un excès de vin, c’est l’exaltation, l’animation, qui touchent à l’inspiration, μέθη ; vinolentia et le terme archaïque de temulentia les font envisager par leur vilain côté, celui d’un homme qui se soûle et tombe dans l’abrutissement, οἶνωσις ; enfin, crapula exprime la cause matérielle de cet état, les fumées du vin, comme ϰραιπάλη.

2. Ebrius et le mot d’origine étrangère madulsa désignent l’état passager d’un homme qui est ivre ; ebriosus l’habitude d’un homme qui s’enivre.

Eloqui. Enunciare. Proloqui. Pronunciare. Recitare.

1. Eloqui et enunciare marquent un acte de l’intelligence par lequel on exprime une idée qui était dans l’esprit : l’eloquens tient autant de compte de la forme que du fond ; il veut donner à la pensée le tour le plus parfait ; l’enuncians ne s’attache qu’au fond ; son but est rempli dès qu’il a fait passer ses idées dans le domaine public, qu’il les a communiquées. Le style, elocutio, appartient à la rhétorique ; la proposition et le jugement, enunciatio, appartiennent à la grammaire et à la logique.

2. Proloqui marque un acte moral par lequel on se résout à exprimer une pensée qu’on tenait secrète, par opposition à reticere, comme profiteri ; enfin, pronunciare marque un acte physique par lequel on exprime mécaniquement et intelligiblement ce qu’on a pensé ou écrit, comme recitare.

3. Pronunciare est un simple usage des organes de la parole et ne suppose pas d’autre but que de se faire pleinement entendre ; recitare est le fait de l’art : on vise à produire une impression agréable par une juste modulation de la voix conforme aux règles de la déclamation. La pronunciatio ne s’applique qu’aux lettres, aux syllabes et aux mots considérés comme les éléments et le corps du discours ; la recitatio se rapporte, en outre, aux termes et au sens considérés comme l’âme du discours.

Emere. Mercari. Redimere.

1. Emere, faire une emplette ; c’est l’acquisition de l’objet qui est le point capital, et le prix à payer n’est qu’une idée accessoire, πρέασθαι ; mercari, acheter, il s’agit de la conclusion d’un marché fait dans toutes les règles, généralement entre commerçants, ἐμπολᾷν.

2. Emere s’applique à des objets de commerce proprement dits ; redimere, à des objets qui ne constituent point aux yeux de la loi et de la morale de vrais articles de commerce, que l’acquéreur pourrait réclamer comme un dû ou qu’il devrait obtenir par faveur sans bourse délier, par exemple, la paix, la justice, l’affection. Cic. Sext. 30, 66. Quis autem rex qui illo anno non aut emendum sibi quod non habebat, aut redimendum quod habebat arbitrabatur ? Quel est le roi qui ne se soit cru réduit cette année ou à acheter ce qu’il n’avait point ou à racheter ce qu’il avait ?

Eminens. Excellens. Præclarus. Præstans. Insignis. Singularis. Unicus.

1. Eminens, excellens, præclarus et præstans servent à constater de sang-froid une supériorité ; egregius, à la proclamer avec enthousiasme ; eximius, avec admiration.

2. Eximius, etc., se rapportent tous à des qualités louables et ne peuvent se joindre que par ironie à des vices ou à des fautes ; insignis, singularis et unicus sont des termes indifférents qui expriment également la louange ou le blâme à un haut degré.

En. Ecce.

En, vois ici ce qui était resté jusqu’à présent caché à tes yeux, comme ἤν, ἠνί, ἠνίδε ; ecce, vois là ce que tu n’aurais jamais soupçonné, comme ἰδού.

Epulæ. Convivium. Dapes. Epulum. Comissatio.

Epulæ est le terme général, le repas, le manger, frugal ou recherché, en famille ou avec des convives, au logis ou en public ; convivium, repas de société, en compagnie ; dapes, banquet religieux à la suite d’un sacrifice ; epulum, banquet solennel, ordinairement politique, en l’honneur d’un personnage ou d’un succès ; comissatio, débauche de table, orgie.

Equus. Caballus. Mannus. Canterius.

Equus, terme général pour le cheval, c’est le nom de l’espèce ; caballus, cheval commun ; mannus, cheval de petite taille et de luxe, poney ; canterius, cheval coupé, hongre. Sen. Ep. 85. Cato censorius canterio vehebatur et hippoperis quidem impositis. Oh ! quantum decus sæculi, Catonem uno caballo esse contentum et ne toto quidem ! Ita non obesis omnibus mannis et asturconibus et tolutariis præferres unum illum equum ab ipso Catone defrictum ? Caton le censeur voyageait sur un hongre qui portait ses bagages. Oh ! quelle gloire pour un siècle que ce Caton qui se contentait d’un cheval commun ou plutôt d’une place sur ce cheval ! Est-ce que vous ne préférez pas à tous les poneys potelés, aux coursiers d’Asturie, aux trotteurs, cet unique cheval que Caton pansait lui-même ?

Errare. Vagari. Palari.

Errare, s’égarer, πλανᾶσθαι, aller çà et là malgré soi, faute de connaître le bon chemin ; vagari et palari, errer de propos délibéré : vagari, ἀλᾶσθαι, par ennui d’un séjour fixe ou du droit chemin, en changeant souvent de direction ; palari, en s’éloignant de la société dans laquelle on se trouve pour courir seul. Erramus ignari ; vagamur soluti ; palamur dispersi. On s’égare par ignorance ; on mène une vie errante lorsqu’on ne tient à rien ; on s’écarte pour se disperser. Tac. H. I, 68. Undique populatio et cædes ; ipsi in medio vagi ; abjectis armis magna pars, saucii aut palantes in montem Vocetium perfugiunt. Partout des ravages et des massacres ; errant entre les deux corps ennemis, jetant leurs armes, blessés ou dispersés pour la plupart, les Helvétiens cherchent un refuge sur le mont Vocétius.

Erudire. Formare. Instituere.

Erudire et formare présentent l’éducation par son côté idéal, comme un des éléments de la perfection humaine : erudire, en général, l’éducation délivre de l’ignorance ; formare, dans un sens particulier ; elle transporte l’homme dans une sphère spéciale ; elle le façonne pour un but déterminé vers lequel elle dirige l’âme ; instituere présente la même éducation par son côté positif ; elle rend propre à un métier.

Et. Que. Ac. Atque.

Et est la conjonction dont l’usage est le plus général ; que et et-et servent à unir des termes opposés : que, dès qu’il y a opposition, par exemple terra marique ; et-et, pour marquer expressément l’opposition, par exemple et terra et mari ; ac et atque unissent des synonymes : atque se place devant les voyelles et les consonnes gutturales ; ac, devant le reste des consonnes, par exemple, vir fortis ac strenuus.

Excubiæ. Stationes. Vigiliæ.

Excubiæ, sentinelles devant un palais, garde d’honneur et sauve-garde ; stationes, garde placée à une porte, poste avancé ; vigiliæ, garde de nuit, patrouille.

Exemplum. Exemplar.

Exemplum, exemple pris entre beaucoup d’autres à cause de sa convenance relative ; il s’applique à un cas déterminé ; exemplar, exemple choisi de préférence à d’autres à cause de sa perfection ou de sa convenance absolue ; il représente une idée générale, modèle. Vell. P. II, 100. Antonius singulare exemplum clementiæ Cæsaris. Antoine, exemple frappant de la clémence de César. Comparez avec Tac. Ann. XII, 37. Si incolumem servaveris, æternum exemplar clementiæ ero (clementiæ, et non pas clementiæ tuæ). Si tu me sauves, au lieu de me frapper, ta conduite envers moi restera éternellement un modèle de clémence.

Exercitus. Copiæ.

Exercitus, armée composée de plusieurs légions ; copiæ, troupes composées de plusieurs cohortes.

Exilis. Macer. Gracilis. Tenuis.

Exilis et macer se disent de l’exténuation considérée comme un vice interne et y rattachent directement une idée de blâme. C’est un rétrécissement causé par le défaut de sucs nourriciers. Exilis est un terme général qui se dit de toute espèce de corps et qui marque un appauvrissement et un manque de forces, par opposition à uber, misérable ; macer, maigre, se dit particulièrement du corps des animaux ; il désigne une certaine sécheresse, un certain épuisement, par opposition à pinguis. Gracilis et tenuis se rapportent à la forme, à l’apparence et sont des termes indifférents ou des termes d’éloge : tenuis, mince, délicat, se dit en général de toute sorte de corps, par opposition à crassus ; gracilis a un air de ressemblance avec procerus et se dit en particulier du corps des animaux, élancé, par opposition à opimus, à obesus.

Explorator. Speculator. Emissarius.

Exploratores, éclaireurs chargés ouvertement de reconnaître le terrain ou l’ennemi ; speculatores, espions envoyés secrètement pour découvrir par ruse la situation et les plans de l’ennemi ; emissarii, agents secrets chargés au besoin de mesures et de missions extraordinaires.

Exspes. Desperans.

Exspes marque en général l’état d’une personne qui a cessé d’espérer ; desperans présente le désespoir sous l’aspect d’un sentiment douloureux.

Exterus. Externus. Peregrinus. Alienigena. Extrarius. Extraneus. Advena. Hospes.

1. Exterus et externus, l’étranger dans son pays ; peregrinus, alienigena, advena et hospes, l’étranger qui réside temporairement dans notre pays.

2. Externus ne marque qu’un rapport de lieu et se dit également des choses et des personnes ; exterus marque un rapport interne et ne se dit que des personnes. Externæ nationes est une expression purement géographique ; ce sont les peuples du dehors ; exteræ nationes est un terme politique ; ce sont les peuples étrangers.

3. Extraneus se dit du monde extérieur, par opposition à la parenté, à la famille, à la patrie ; extrarius, par opposition au moi. Cic. ap. Colum. XII. Comparata est opera mulieris ad domesticam diligentiam ; viri autem ad exercitationem forensem et extraneam. La femme est destinée à donner ses soins aux travaux du ménage ; l’homme, aux affaires du Forum et aux occupations extérieures. Comparez avec Inv. II, 56. Utilitas aut in corpore posita est aut in extrariis rebus. L’utilité est en nous ou hors de nous.

4. Peregrinus, celui qui n’est pas citoyen, par opposition à civis ; alienigena, celui qui est né à l’étranger, par opposition à indigena ; advena, l’émigrant établi dans un pays, par opposition à αὐτόχθων, à aborigines ou encore à indigena ; hospes, le nouveau-venu, par opposition à popularis.

5. Peregrinus, l’étranger au titre politique, privé du droit de cité et de séjour, avec une idée de mépris ; hospes, l’étranger à titre d’homme et d’égal, en jouissance du droit d’hospitalité. Cic. Rull. II, 34. Nos autem qui hinc Roma veneramus, jam non hospites sed peregrini atque advenæ nominabamur. Mais nous qui n’arrivions que de Rome, on ne se bornait pas à nous traiter de nouveau-venus ; nous étions des étrangers sans droit de cité, des émigrants en quête d’un établissement.

Extremus. Ultimus. Postremus. Novissimus.

Extremus et ultimus, le dernier, quand il s’agit d’une quantité indivise, d’un espace continu : extremus se dit de la partie extrême d’un espace ou d’une surface, par opposition à intimus et medius, comme ἔσχατος ; ultimus, du point extrême d’une ligne, par opposition à citimus et proximus, comme λοῖσθος. Postremus et novissimus, le dernier quand il s’agit d’une quantité qui offre des subdivisions, d’une série numérique : postremus, ὕστατος, celui qui vient après les autres dans une série toute faite où il occupe la dernière place, par opposition à ceux qui tiennent la tête ; novissimus, le dernier dans une série en formation où il vient s’ajouter à tous les autres, le tout dernier, par opposition au néant qui vient ensuite, comme νέατος.

F

Faber. Opifex. Artifex.

Fabri, ouvriers dont le travail consiste en une dépense de forces physiques, charpentiers et forgerons, χειρώναϰτες ; opifices, artisans qui ne sauraient se passer d’adresse mécanique et d’application, ϐάναυσοι ; artifices, artistes qui font preuve d’esprit et d’invention même dans des travaux mécaniques.

Facies. Os. Vultus. Oculi.

Facies et oculi, le visage et les yeux, au sens physique, comme traits naturels et comme organe de la vue ; os et vultus expriment en outre un rapport moral : l’état temporaire et même habituel de l’âme se révèle par les airs et les yeux. Os se dit du regard et de l’expression correspondante de la bouche ; vultus se dit des mouvements de l’œil et de l’aspect simultané des traits qui l’avoisinent, du front serein ou sombre. Tac. Agr. 44. Nihil metus in vultu, gratia oris supererat. Son regard ne trahissait pas la moindre crainte et la grâce était le trait dominant de sa physionomie. Cic. Orat. 18, 60. Ut imago animi est vultus, sic indices oculi. Le front et les yeux sont le miroir de l’âme ; les yeux sont même des délateurs.

Fallere. Frustrari. Decipere. Circumvenire. Fraudare. Imponere.

Fallere, frustrari et imponere, induire en erreur et causer une confusion du vrai avec le faux, σφάλλειν : le fallens trompe parce qu’il voit les choses sous un jour faux ; le frustrans, parce qu’il a de fausses espérances ; l’imponens met à profit la crédulité d’autrui. Decipere et circumvenire, surprendre par ruse et gagner un avantage déshonnête, ἀπατᾷν : le decipiens, par une ruse instantanée ; le circumveniens, par une machination, comme circonvenir. Fraudare, duper, nuire, dépouiller quelqu’un par abus de confiance.

Fames. Esuries. Inedia.

Fames, la faim, comme conséquence du défaut de nourriture, λιμὸς, par opposition à satietas ; esuries, l’envie de manger, comme conséquence du vide et de l’irritation de l’estomac, par opposition à sitis ; enfin, inedia, l’abstinence en général, sans assignation de cause, mais de préférence, par acte volontaire, comme ἀσιτία. Fame et esurie perire signifient périr de faim ; inedia perire, se laisser mourir de faim.

Fateri. Profiteri. Confiteri.

Fateri, avouer, sans idée accessoire, par opposition à celare ; profiteri, reconnaître librement ou ouvertement, sans crainte et sans réticence, qu’on soit interrogé ou non ; confiteri, confesser par suite de questions, de menaces, de contrainte. La professio a sa raison d’être dans un noble effort sur soi-même ; c’est le fait d’une personne qui dédaigne les déguisements et n’a pas à rougir de ce qu’elle tenait caché ; mais la confessio a pour cause un effort honteux qui fait qu’on renonce au secret quoiqu’on ait à rougir de l’aveu. Cic. Cæc. IX, 24. Ita libenter confitetur, ut non solum fateri, sed etiam profiteri videatur. C’est une confession si franche qu’elle ressemble moins à un aveu qu’à une déclaration.

Fatigatus. Fessus. Lassus.

Fatigatus et fessus expriment l’état d’une personne qui soupire après le repos à la suite d’un effort dont elle se ressent désagréablement : fatigatus, au sens passif ; il se dit de celui que la fatigue a gagné ; fessus, au sens neutre ; il se dit de celui que la fatigue accable. Lassus et lassatus expriment, comme las et lassé, un état dans lequel on a besoin de repos, parce qu’on est affaibli par le travail ou le mouvement. Cels. I, 2, 15. Exercitationis finis esse debet sudor aut certe lassitudo, quæ citra fatigationem sit. Il faut suspendre l’exercice à la première sueur, ou du moins à l’arrivée de la lassitude qui précède le sentiment de la fatigue. Sall. Jug. 57[1]. Opere castrorum et præliorum fessi lassique erant. Les campements et les combats les avaient fatigués et lassés.

Faux. Glutus. Ingluvies. Guttur. Gurgulio. Gula.

Faux, glutus et ingluvies, l’intérieur du conduit alimentaire, le gosier : glutus, chez l’homme ; ingluvies, chez les animaux ; faux, la partie supérieure, l’entrée du conduit. Guttur, gurgulio et gula, la gorge ou partie du corps qui sert d’enveloppe au conduit : gurgulio, chez les animaux ; gula, chez l’homme ; guttur, chez les animaux et chez l’homme.

Fax. Tæda. Funale.

Fax, terme général pour toute espèce de flambeaux ; tæda, flambeau naturel en bois résineux ; funale, flambeau de cire qui est un produit de l’art.

Fel. Bilis.

Fel, le fiel des animaux, et au figuré le symbole de l’amertume dans le goût ; bilis, le fiel du corps humain, et au figuré le symbole de l’amertume dans les sentiments.

Felix. Prosper. Faustus. Fortunatus. Beatus.

Felix, fœlix, terme général en parlant du bonheur ; il a le sens actif et le sens neutre qui rend heureux et qui est heureux ; prosper et faustus n’ont que le sens actif : qui donne, qui apporte le bonheur ; prosperum se dit de ce qui vient remplir les espérances et les vœux de l’homme, de ce qui arrive comme à souhait ; faustum, de ce qui est un effet de la faveur, de la grâce des dieux, une sorte de bénédiction. Fortunatus et beatus ont, par préférence ou même exclusivement la signification intransitive ou passive, fortuné, comblé par le bonheur : le fortunatus est un favori de la fortune, comme εὐτυχής ; le beatus se sent heureux et content, comme les θεοὶ ῥεῖα ζάωντες, μαϰάριος.

Femina. Mulier. Uxor. Conjux. Marita.

1. Femina, la femme considérée dans sa nature physique, par opposition à mas ; mulier, la femme sous son aspect moral, comme un être faible et tendre, par opposition à vir. Femina seul sert à désigner la femelle de l’animal.

2. Mulier signifie encore la femme mariée, par opposition à virgo ; uxor et conjux, la femme, par opposition au mari : uxor, dans le simple rapport de la femme à l’homme auquel elle est confiée, par opposition à maritus ; conjux, dans ses rapports mutuels avec le mari, comme une des moitiés du couple et par opposition à liberi. Et en tant que l’uxor appartient à l’homme, tandis que la conjux est son égale, uxor se dit d’un mariage du commun, comme femme ; conjux, d’un mariage dans un rang élevé, comme épouse.

3. Uxor appartient à la langue courante ; marita est un mot poétique.

Ferocia. Ferocitas. Virtus. Fortitudo.

Ferocia et ferocitas, le courage naturel et sauvage que peuvent posséder le barbare et la bête ; ferocia dans l’application, ferocitas comme instinct. Virtus et fortitudo, le courage moral dont l’homme ne devient capable qu’à un haut degré de civilisation : virtus, lorsqu’il se manifeste par l’action et par l’offensive, comme l’industria ; fortitudo, lorsqu’il se manifeste par la résistance et la défensive, comme la constantia. Tac. Ann. XI, 19. Nos virtutem auximus, barbari ferociam infregere. Cela rehaussa le courage discipliné des Romains en rabaissant le courage brutal des barbares.

Ferre. Portare. Bajulare. Gerere.

1. Ferre, φέρειν, porter, en général ; portare et bajulare, ϐαστάζειν, transporter un fardeau : portare, pour soi ou pour les autres ; bajulare, en qualité de portefaix. Dans Cæs. B. G. I, 16. Ædui frumentum... conferri, comportari, adesse dicere, conferre se rapporte à la livraison que chaque sujet vient faire de sa contribution partielle entre les mains des autorités locales ; comportare, à la remise à César de toutes les réquisitions réunies.

2. Ferre, portare et bajulare n’expriment qu’un rapport éventuel, celui du porteur à son fardeau ; gerere, gestare expriment, comme φορεῖν, un rapport plus particulier, celui du propriétaire à son bien.

Bellum ferre ne signifie guère que inferre ou tolerare bellum. Bellum gerere se rapproche de bellum habere et ne s’applique qu’au peuple entier ou au souverain, à celui qui a pris la résolution de faire la guerre et qui est en état de guerre, mais nullement à l’armée qui combat, ni au général chargé de diriger les opérations. Gerit bellum populus Romanus, administrat consul, capessit miles. Le peuple romain a la charge de la guerre, le consul la conduit, le soldat la fait.

Ferre. Tolerare. Perferre. Perpeti. Sustinere. Sinere. Sustentare.

1. Ferre ne fait voir dans la souffrance qu’un fardeau à porter : c’est un terme impersonnel, comme φέρειν ; tolerare, perferre et pati, perpeti peignent la situation d’esprit de la personne qui porte et qui souffre : le tolerans et le perferens, τολμῶν, supportent la souffrance sans y succomber, avec force et fermeté ; ce sont des synonymes de sustinens ; le patiens et le perpetiens souffrent sans lutter, de bonne grâce ou avec résignation, avec patience ; ce sont des synonymes de sinens. Ferre et tolerare ne peuvent avoir pour régime qu’un nom ; pati peut avoir un nom ou un infinitif.

2. Perferre, et en vieux latin ecferre, est un augmentatif de tolerare, comme perpeti de pati, supporter et souffrir héroïquement. Poet. ap. Cic Tusc. IV, 29. Nec est malum, quod non natura humana patiendo ecferat. Et il n’y a point de mal dont la nature humaine ne triomphe à l’aide de la résignation. Comparez Sen. Thyest. 307. Leve est miserias ferre, perferre est grave. Il est aisé d’être malheureux, il est difficile de l’être avec constance. Plin. H. N. XXXVI, 21. Qui perpeti medicinam non toleraverant. Ceux qui n’avaient pas eu la force d’endurer le remède. Tac. Ann. III, 3. Magnitudinem mali perferre visu non toleravit. Elle n’eut point la force de braver la vue de ce grand malheur.

3. Tolerare, continuer à se tenir droit et ne pas succomber sous un fardeau ; sustinere, soutenir le fardeau même et ne point le laisser tomber.

4. Pati, laisser faire sans objection, se dit d’un assentiment d’esprit ; sinere, ne pas retenir, n’empêcher en aucune façon, d’un consentement en forme, comme permettre. Pati a régulièrement pour régime l’action même et se construit avec l’infinitif ; sinere, la personne, et il se construit avec ut.

5. Sustinere signifie en général soutenir ; sustentare, soutenir à force de mal et de peine. Cic. Muren. 2. Quis mihi in republica... debet esse conjunctior quam is cui respublica a me uno traditur sustinenda, magnis meis laboribus ac periculis sustentata ? Quel est l’homme d’État sur l’attachement duquel je dois compter ? N’est-ce pas celui que j’appelle moi-même, et moi seul, à devenir l’appui de l’État que j’ai péniblement étayé au prix de grandes fatigues et de grands dangers ? Curt. VIII, 4, 15. Forte Macedo gregarius miles seque et arma sustentans in castra venit. Le hasard amena enfin dans le camp un simple soldat macédonien qui se traînait avec ses armes. Comparez avec V, 1, 11. Tandem Laconum acies languescere, lubrica arma sudore vix sustinens. La ligne des Spartiates faiblit enfin, leurs armes leur échappaient de fatigue, ils en soutenaient à peine le poids.

Fidere. Confidere. Fidem habere. Credere. Committere. Permittere.

1. Fidere, se fier ; confidere, se confier à une force et à un secours ; fidem habere, croire sur parole à une bonne intention, et credere, y croire de soi-même. Liv. II, 45. Consules magis non confidere quam non credere suis militibus. Les consuls, sans se défier de leurs soldats, ne comptaient plus sur eux. Le premier verbe, confidere, se rapporte à leur courage ; le second, credere, à leur fidélité.

2. Fidere, etc., présente la confiance à l’état de sentiment ; committere, permittere, se disent de la confiance en action : le committens agit par pleine conviction de la capacité et de la bonne volonté de son mandataire, ce qui impose à celui-ci une responsabilité morale ; le permittens ne songe qu’à se débarrasser du fardeau d’une affaire, en sorte que le mandataire n’a qu’une responsabilité politique ou légale. Cic. Font. 14. Ita ut commissus sit fidei, permissus potestati. On le confie à votre honneur, on le remet en votre pouvoir.

Fides. Fidelitas. Fiducia. Confidentia. Audacia. Audentia.

1. Fides et fidelitas, la fidélité que l’on garde soi-même aux autres : fides, dans un sens général, comme πίστις, l’habitude de tenir parole, la réputation d’homme sûr qu’on doit à une honnêteté scrupuleuse, la confiance qu’on inspire par là aux autres, l’honneur ; fidelitas, dans un sens particulier, comme πιστότης, la fidélité dans l’attachement à des personnes auxquelles on s’est une fois donné. Fiducia et confidentia, la confiance qu’on a dans les autres : fiducia, la bonne et louable confiance en des choses auxquelles il est réellement permis de se fier, l’assurance qui est parente du courage, par opposition à timor, comme θάρσος ; confidentia, la confiance aveugle et blâmable, particulièrement en sa propre force, par opposition à la prévoyance et à la modestie, la suffisance, parente de l’orgueil, θράσος.

2. Fiducia et confidentia ont leur raison d’être dans la confiance du succès ; audacia et audentia, dans le mépris du danger : l’audacia est tantôt une hardiesse louable et comme un augmentatif de fiducia, tantôt une effronterie blâmable, et il se dit alors par euphémisme pour temeritas, comme τόλμα ; l’audentia est toujours un esprit d’entreprise louable. Juven. XIII, 108. Quum magna malæ superest audacia causæ, creditur a multis fiducia. Qu’on paye d’audace dans une méchante cause, la foule croit à une noble confiance. Sen. Ep. 87. Quæ bona sunt fiduciam faciunt, divitiæ audaciam. Les vrais biens inspirent une louable confiance, les richesses de l’audace.

Fidus. Fidelis. Infidus. Infidelis. Perfidus. Perfidiosus.

1. Fidus marque une qualité native ; c’est quelquefois un éloge ; fidelis marque une vertu morale, un trait de caractère ; c’est toujours un éloge. Liv. XXII, 22. Eo vinculo Hispaniam vir unus solerti magis quam fideli consilio exsolvit. Abellex erat Sagunti, nobilis Hispanus, fidus ante Pœnis. L’Espagne fut dégagée de ce lien par un seul homme à l’aide d’une combinaison qui marquait plus de génie que de fidélité. Il y avait à Sagonte un certain Abellex, noble Espagnol, auparavant attaché à la cause punique.

2. Infidus, qui n’est pas sûr ; infidelis, infidèle ; perfidus et perfidiosus, sans foi : perfidus, perfide à l’occasion ; perfidiosus, plein de perfidie, traître dans l’âme.

Figura. Forma. Species.

Figura, forme quelconque au sens mathématique, pourvu qu’elle ait des contours déterminés, comme σχῆμα, la figure ; forma, la forme au sens esthétique, comme expression visible et comme empreinte de l’être intérieur, en correspondance avec cet être, comme μορφή ; enfin, species, l’apparence physique opposée à l’être intérieur et invisible auquel elle sert simplement de couverture, comme εἶδος. Figurare, donner une forme arrêtée à une matière entièrement informe ; formare, façonner, c’est-à-dire donner à une masse grossière la forme qu’elle doit avoir ; et enfin, speciem addere, parer, c’est-à-dire donner à une matière déjà façonnée un caractère extérieur qui plaise à l’œil. Figura se rapporterait donc exclusivement aux contours ou linéaments, tandis que forma ou du moins species comprendrait la couleur, la grandeur et autres détails.

Findere. Scindere.

Findere, diviser un corps dans le sens de ses joints naturels, le décomposer pour ainsi dire en ses parties élémentaires, comme fendre et cliver ; scindere, le diviser par force sans aucun égard aux joints et le mettre en pièces, comme couper et déchirer. Findere lignum veut dire fendre une bûche de bois en s’aidant de la nature même du bois, dans le sens de la longueur ; mais scindere, casser par pure force, en largeur. Le findens æquor nave considère la mer comme un assemblage de parties liquides ; le scindens, comme n’ayant fait qu’un tout dès l’origine.

Finire. Terminare. Consummare. Absolvere. Perficere.

Finire et terminare marquent la fin d’une action sans égard au progrès qu’on a pu faire vers le but : finire, finir, par opposition à incipere ; mais terminare, mettre un terme, une limite, par opposition à continuare. Consummare, absolvere et perficere marquent l’achèvement d’un ouvrage : consummare (qui ne paraît qu’après le siècle d’Auguste), comme terme général ; il s’oppose à une demi-besogne ; absolvere, par allusion à un devoir accompli, à un travail pénible qui vient d’être terminé et qui rend l’ouvrier à la liberté ; il s’oppose à inchoare ; perficere, par allusion à un but qu’on a atteint, à une tâche qu’on s’était soi-même imposée, laquelle est terminée et parfaite ; il s’oppose à conari. Absolutus ne suppose d’ailleurs que l’exécution complète de l’ouvrage, comme ἐντελής, tandis que perfectus marque la perfection de l’œuvre, comme τέλειος.

Finis. Terminus. Limes.

Finis, limite considérée comme une ligne mathématique, τέλος ; terminus et limes, démarcation matérielle : terminus, borne qui indique un point extrême, τέρμα ; limes, bande qui trace une ligne de séparation, ὄρος. Cic. Læl. 16. Constituendi sunt qui sint in amicitia fines et quasi termini diligendi. Il faut établir quelles doivent être entre amis les limites et, pour ainsi dire, les bornes de l’affection. Hor. Carm. II, 18, 24. Revellis agri terminos et ultra limites clientium salis avarus. Tu arraches les bornes du champ et tu sautes dans ton avarice par-dessus les limites de tes clients.

Fluere. Manare. Liquere.

Fluere se dit d’une eau qui court, d’un liquide en mouvement ; manare, d’une eau qui jaillit et déborde, d’un liquide qui se répand ; liquere, d’une eau ou d’un liquide qui se disperse en vertu de sa nature physique. La cause de l’effet que marque fluere est dans l’absence de digue qui permet au corps liquide de couler en descendant par la loi de la pesanteur ; celle de l’effet que marque manare est dans le trop-plein de la source ; enfin, liquere, être à l’état liquide, marque l’absence de cohésion, la condition négative indispensable pour donner lieu aux effets que désignent fluere et manare. Fluere se rapproche de labi et a pour opposés hærere, stare ; manare, d’effundi, et il a pour opposés contineri, claudi ; enfin, liquere, de dissolvi, et il a pour opposés concrevisse, rigere. Gell. XVII, 11. Plato potum dixit defluere ad pulmonem, eoque satis humectato demanare per eum quia sit rimosior et confluere inde in vesicam. D’après une opinion attribuée à Platon, l’eau que nous buvons coule de haut en bas jusqu’au poumon, puis, quand elle l’a suffisamment humecté, elle en ressort par une multitude de pores et va se réunir dans la vessie.

Fluvius. Flumen. Amnis.

Fluvius, flumen, marquent, comme ῥόος, ῥεῦμα, un cours d’eau ordinaire, par opposition à un étang ou à un lac ; amnis, un grand fleuve, ποταμὸς, par opposition à la mer. Cic. Divin. I, 35, 78. Ut flumina in contrarias partes fluxerint atque in amnes mare influxerit. Les rivières remontèrent leur propre cours et la mer se jeta dans les fleuves. Sen. N. Q. III, 19. Habet ergo non tantum venas aquarum terra, ex quibus corrivatis flumina effici possunt, sed et amnes magnitudinis vastæ. La terre ne contient pas seulement des filets d’eau qui peuvent former des rivières en se réunissant, mais encore des fleuves d’un volume immense. Et un peu plus loin : Hanc magnis amnibus æternam esse materiam, cujus non tangantur extrema sicut fluminum et fontium. Tel est le réservoir qui alimente éternellement les grands fleuves, mais dont l’origine n’est pas accessible comme celle des rivières et des sources. Tac. Hist. V, 13. Quo Mosæ fluminis os amnem Rhenum Oceano affundit. Dans les parages où la Meuse, qui est une rivière, prête son embouchure à un fleuve, au Rhin, pour le verser dans l’Océan.

Fœcundus. Fertilis. Ferax. Uber. Frugifer. Fructuosus.

1. Fœcundus marque, comme εὔτοχος, la fécondité chez les êtres vivants qui font des petits ; il est opposé à effœtus ; fertilis et ferax marquent, comme εὔφορος, la fécondité de la nature et des éléments inanimés qui produisent ; ils ont pour opposé sterilis. Tac. Ann. XII, 63. Byzantium fertili solo fœcundoque mari quia vis piscium hos ad portus adfertur. Byzance possède un sol fertile et une mer féconde, car des circonstances locales poussent une multitude de poissons vers les ports de cette côte. Le trope employé ici par Tacite consiste à personnifier la mer, ce qui était bien plus aisé que de personnifier le sol. C’est la terre, non le sol, qui, après avoir d’abord paru comme élément, figure ensuite comme personne dans les passages suivants. Tac. Germ. 5. Terra satis ferax, frugiferarum arborum impatiens, pecorum fœcunda, sed plerumque improcera. La terre, qui paraît assez fertile, repousse les arbres fruitiers ; elle est féconde en bestiaux, mais la plupart de petite taille. Mela. I, 9, 1. Terra mire fertilis et animalium perfœcunda genetrix. C’est une terre d’une fertilité étonnante et d’une fécondité extrême à engendrer pour ainsi dire des animaux.

2. Fertilis marque la fertilité réelle subordonnée à la culture ; ferax, la fertilité possible fondée sur la nature du sol. Cicéron emploie fertilis dans le sens propre, ferax dans le sens figuré.

3. Fertilis et ferax associent à l’idée de la fécondité celle d’une force créatrice et productive, l’image du père et de la mère ; uber, une idée de nourriture et d’entretien, l’image de la nourrice, comme εὐθηνής ; frugifer, l’image de la campagne qui porte des moissons ; fructuosus, celle de l’arbre chargé de fruits, comme ἔγϰαρπος.

Fœdus. Societas.

Fœdus, association de sûreté mutuelle sur le pied d’un contrat consacré par la religion ; societas, association de simple convenance pour des entreprises communes. Liv. XXIV, 6. Hieronymus legatos Carthaginem mittit ad fœdus ex societate faciendum. Hiéronyme envoie des ambassadeurs à Carthage pour transformer l’engagement en alliance. Cic. Phil. II, 35. Neque ullam societatem... fœdere ullo confirmari posse credidi. Je crus que tous les traités du monde ne parviendraient pas à cimenter un engagement.

Fœnus. Usura.

Fœnus présente les intérêts comme le revenu du capital, τόϰος ; usura, comme le prix de louage payé par le débiteur qui utilise le capital, δάνος.

Formosus. Pulcher. Venustus.

1. Formosus se dit du beau qui contente, attire et fait plaisir par sa régularité ; pulchrum, de celui qui se fait admirer, qui impose et satisfait par sa perfection ; venustum, de celui qui charme, éveille et fait naître le désir d’une jouissance. La formositas agit sur le sentiment naturel du beau, la pulchritudo, sur le sens cultivé de l’art, la venustas, sur les ressorts les plus délicats de la sensualité. Suet. Ner. 51. Fuit vultu pulchro magis quam venusto, c’est-à-dire qu’il avait dans les traits plus de perfection et de beauté régulière que d’agrément, que c’était une beauté froide et impassible vers laquelle personne ne se sentait entraîné.

2. Venustas, le charme, est un augmentatif de gratia, la grâce ; celui-là entraîne, celle-ci attire.

Fragor. Strepitus. Crepitus. Sonitus.

Fragor, son creux, sourd, craquement, δοῦπος ; strepitus, son retentissant, bruyant, mugissement, bruissement, cri, ϰτύπος ; crepitus, son isolé ou souvent répété, claquement, cliquetis, ϰροῦσις, ϰρότος ; sonitus, son qui provient des vibrations de corps élastiques, tintement, résonnance, ἠχή. Cic. Top. 12. Quæruntur pedum crepitus, strepitus hominum. Il y a lieu de chercher si l’on n’a pas entendu quelque bruit de pas ou de cris.

Frangere. Rumpere. Divellere.

1. Frangere, briser un corps dur en morceaux ; rumpere, déchirer un corps flexible. Cato. ap. PRISC. Si quis membrum rupit aut os fregit, parce que dans le membre rompu ce n’est point l’os invisible, mais les chairs visibles qui paraissent séparées. Catenæ franguntur, vincula rumpuntur. On brise des chaînes, on déchire des liens. Quand rumpere s’applique à quelque corps dur, il implique l’idée d’un effort et d’un danger : le frangens met en pièces ce qui est entier, le rumpens ce qui le gêne.

2. Disrumpere et diffringere, mettre en pièces, en morceaux ce qui formait dans l’origine un tout ; divellere, séparer ce qui n’était qu’assemblé.

Frenum. Habena. Oreæ.

1. Frenum, le frein à l’aide duquel le cavalier maîtrise le cheval sauvage, χαλινός ; habena, la bride avec laquelle il dirige le cheval docile, ἠνίον. Hor. Ep. I, 15, 13. Læva stomachosus habena dicet eques ; sed equi frenato est auris in ore, c’est-à-dire il n’obéit pas à la bride et il faut qu’il sente le frein. Cic. Orat. I, 53. Senatum servire populo, cui populus ipse moderandi et regendi sui quasi quasdam habenas tradidisset. Le sénat devenir l’esclave du peuple, quand le peuple même lui avait donné tout pouvoir de le conduire et de le gouverner et mis pour ainsi dire les rênes en main ! Comparez avec Tac. Dial. 38. Pompeius adstrinxit imposuitque quasi frenos eloquentiæ. Pompée rétrécit la carrière et mit pour ainsi dire un frein à l’éloquence.

2. Oreæ, aureæ, qui n’est plus usité que dans le composé auriga, était peut-être le terme générique de frenum et d’habena à peu près comme harnais.

Frigere. Algere. Algidus. Alsus. Gelidus. Frigus. Gelu. Glacies.

1. Frigere, être froid par opposition à calere ; algere, avoir froid par opposition à æstuare.

2. Algidus se dit du froid qui fait une impression désagréable ; alsus, de la fraîcheur qui apporte du soulagement.

3. Frigidus se dit d’un degré de froid modéré par opposition à calidus ; gelidus, du degré de froid qui amène la congélation par opposition à fervidus.

4. Frigus, le froid en lui-même, celui qui arrive et s’en va ; frigedo, l’état d’un homme saisi par le froid, état qui commence et qui cesse ; c’est une forme archaïque tombée en désuétude par l’emploi général de frigus.

5. Gelu, gelus, gelum marquent, comme ϰρύος, le froid capable de produire la glace ; gelicidium, une manifestation isolée de ce froid, une nuit où il gèle, comme ϰρυμός ; et glacies, comme ϰρύσταλλος, l’effet de ce froid, la glace.

Frustra. Nequidquam. Incassum. Irritus.

1. Frustra, en vain, par rapport au sujet qui se voit trompé dans son attente et ses calculs ; nequidquam, inutilement, pour rien, pour moins que rien, par rapport à la chose qui ne s’est point faite.

2. Même différence entre frustra employé adjectivement qui se rapporte à la personne, et le véritable adjectif irritus, qui se rapporte à la chose.

3. Frustra et nequidquam marquent simplement le manque de succès, comme μάτην, sans allusion à une faute ; incassum renferme l’idée accessoire d’un défaut de réflexion, de cette réflexion qui aurait pu calculer et prévoir l’échec, comme dans bâtir en l’air, bâtir des châteaux en Espagne, εἰς ϰενόν.

Fulciri. Niti.

Fulciri, fultus, se soutenir, soutenu pour se garantir d’une chute, en s’appuyant par exemple contre un pilier ; niti, nisus, pour s’élancer en l’air ou avancer en prenant un point d’appui sur une base.

Fulgur. Fulguratio. Fulmen.

Fulgur, fulgetrum et fulguratio désignent, comme ἀστραπή, les apparitions de l’éclair à l’horizon : fulgur présente le phénomène comme momentané et isolé ; fulguratio, comme durable et répété. Fulmen, c’est, comme ϰεραυνός, l’effet de l’éclair qui tombe à terre, la foudre. Liv. XL, 59. Fulguribus præstringentibus aciem oculorum, sed fulmina etiam sic undique micabant ut peti viderentur corpora. Au milieu des éclairs qui éblouissaient les yeux, la foudre même étincelait de toute part au point de faire craindre pour les hommes. Plin. H. N. II, 43. Si in nube erumpat ardens, fulmina ; si longiore tractu nitatur, fulgetra ; his findi nubem, illis perrumpi. Quand le feu du ciel éclate dans un nuage, c’est la foudre ; quand l’effet se produit en longueur, c’est l’éclair : l’éclair sillonne la nue que la foudre déchire.

Funus. Exsequiæ. Pompa.

Funus, le transport du cadavre comme ἐϰφορά ; exsequiæ et pompa, le cortége solennel qui accompagne le corps : exsequiæ, le cortége vivant composé de parents et d’amis ; pompa, la pompe inanimée composée des statues des ancêtres et autres ornements. Cic. Quint. 15. Funus quo amici conveniunt ad exsequias cohonestandas. Le convoi où les amis se pressent pour embellir le cortége. Nep. Att. 22. Elatus est in lecticula, sine ulla funeris pompa, comitantibus omnibus bonis, maxima vulgi frequentia. On l’emporta dans une petite litière ; nulle pompe au convoi, mais un cortége de tous les gens de bien et un très-grand concours de peuple.

Fustis. Ferula. Sudes. Trudis. Rudis. Scipio. Baculus.

1. Fustis et ferula, bâton qui sert à frapper ; sudes, trudis et rudis, à porter un coup de pointe ; scipio et baculus, à marcher.

2. Fustis, gourdin, bâton noueux assez gros pour donner la mort ; ferula, baguette ou verge pour corriger la jeunesse des écoles ; sudes et trudis, armes de guerre ; rudis, bâton servant de fleuret dans les salles d’armes ; scipio, bâton d’apparat et de dignité, symbole du pouvoir ou d’un âge vénérable ; baculus, bacillum, bâton utile et commode sur lequel on s’appuie, mais qui sert d’arme au besoin.

G

Garrire. Fabulari. Blatire. Blaterare. Loquax. Verbosus.

1. Garrire se dit du bavardage par allusion à la démangeaison de parler ; fabulari par allusion à la nullité, blatire et l’augmentatif blaterare à la folie de ce qu’on dit.

2. Le garrulus assomme par la nature, le loquax par le nombre de ses propos. En effet, garrulitas exprime le bavardage enfantin ou frivole né du plaisir de parler ou de s’entendre parler, sans égard à la valeur et au sens des paroles, ayant sa source dans un excès de vivacité juvénile ou même dans l’abus d’un talent distingué, λαλία ; loquacitas est le flux de paroles propre aux vieilles gens qui se croient sages, venant d’une incapacité d’être bref, qui a pour cause l’affaiblissement de l’âge, ἀδολεσχία. Le garrulus lasse et agace aisément par envie de plaire et de distraire ; le loquax ennuie souvent par envie d’instruire et d’être clair.

3. Garrulus et loquax se disent des personnes, des orateurs ; verbosus, des choses, des discours, des écrits.

Gaudere. Lætari. Hilaris. Alacer. Gestire. Exsultare.

1. Gaudere présente la joie comme un état de l’âme, par opposition à dolor, ἥδεσθαι ; lætari et hilarem esse, comme une manifestation de cet état. Tac. H. II, 29. Ut Valens processit, gaudium, miseratio, favor ; versi in lætitiam... laudantes gratantesque. L’apparition de Valens dispose les soldats à la joie, à l’attendrissement, à l’amour ; leur joie se montre, ils le louent, le félicitent.

2. Le lætus manifeste sa joie par une sérénité qui révèle un parfait contentement des circonstances présentes, par opposition à mœstus ; l’hilaris, par une surexcitation et une gaieté qui porte à la plaisanterie et au rire, par opposition à tristis ; l’alacer enfin par une vivacité qui dénote un excès de courage et d’ardeur, par opposition à territus. Le gaudens, lætus, hilaris a de la joie à propos d’un bonheur, l’alacer a en outre du plaisir à ce qu’il fait. Cic. Divin. I, 33, 73. Equum alacrem lætus adspexit. Il regarda avec une joie visible ce généreux coursier. La lætitia s’annonce de préférence par un front déridé et par une bouche qui sourit ; l’hilaritas par le mouvement des yeux qui brillent et rayonnent de joie ; l’alacritas, par des regards animés, pleins de feu et de courage. Sen. Ep. 116. Quantam serenitatem lætitia dat ! Quel air de sérénité donne l’expression de la joie ! Tac. Agr. 39. Fronte latus, pectore anxius. Le front riant, le cœur troublé. Cic. Pis. 5. Te hilarioribus oculis quam solitus es intuente. Tu avais dans les yeux et les regards plus de gaieté que de coutume.

3. Gaudere et lætari marquent une joie modérée ; exsultare, gestire et peut-être encore le verbe archaïque vitulari, une joie passionnée, excessive, comme jubiler ou triompher : le gestiens trahit la sienne par une surexcitation involontaire de tout son être, par des yeux étincelants, par l’impossibilité de se tenir tranquille ; l’exsultans, en s’abandonnant de plein gré et sans réserve à la joie, et sinon par des sauts et des bonds, au moins par des explosions de joie que rien n’arrête et qui frisent l’extravagance.

4. Jucundus marque comme juvat me un mouvement de joie, lætus un état plus durable ; aussi lætus sert-il à Pline, Ep. V, 12, à exprimer l’idée avec plus de force. Quam mihi a quocumque excoli jucundum, a te vero lætissimum est. Venant de quelqu’un d’autre, les embellissements de notre ville natale me procurent une émotion de plaisir, venant de toi un plaisir infini.

Gens. Natio. Populus. Civitas.

1. Gens et natio, peuple au sens physique et ethnographique, comme une société fondée sur une origine et une parenté commune qui peut exister en dehors de tout progrès dans la civilisation ; populus et civitas, peuple au sens politique, comme société perfectionnée, civilisée et dotée d’une constitution. Sall. Cat. 10, 1. Nationes feræ et populi ingentes subacti. Des tribus sauvages et de grands peuples soumis par la force.

2. Gens, race entière qui peut contenir plusieurs peuples ou peuplades, φύλον ; natio, tribu, peuplade, peuple issu et détaché de cette race, ἔθνος. Vell. Pat. II, 98. Omnibus ejus gentis nationibus in arma accensis. Ayant allumé le feu de la guerre chez toutes les tribus de cette race. Mais de même que gens dans ce sens physique d’un ensemble de peuplades est un terme plus étendu que natio, de même dans son sens politique et accessoire d’un groupe de familles qui se rattachent à une souche commune, γένος, c’est un terme moins étendu que populus ; d’où vient qu’on voit tantôt le populus former en qualité de peuple civilisé une branche, natio, de la race ou gentis naturelle. Liv. IV, 49. Bolanis suæ gentis populo. Les Èques refusèrent leur appui aux Bolans, quoique peuple de leur race : tantôt la gens former en qualité de société politique une partie du populi. Just. VII, 1. Adunatis gentibus variorum populorum. Par la fusion des grandes familles de plusieurs peuples.

3. Civitas, la cité, πόλις, envisagée dans ses rapports intérieurs, la réunion des habitants qui jouissent de la plénitude des droits de cité et qui sont les vrais maîtres du pays ; populus, le peuple, δῆμος, dans une acception plus générale, au point de vue des relations sociales tant au dedans qu’au dehors ; il comprend tous ceux qui appartiennent à l’État. Un peuple peut se décider à la guerre en qualité de civitas, mais il ne peut la faire que comme populus. La civitas est de toute nécessité sédentaire, le populus peut être une population nomade.

Gladius. Ensis. Pugio. Sica.

1. Gladius, terme ordinaire ; ensis, terme noble et poétique pour désigner l’épée.

2. Pugio, le poignard comme arme licite et apparente du soldat outre l’épée ; sica, comme arme déshonnête et cachée du bandit, venant en aide au poison.

Globus. Sphæra.

Globus, terme populaire pour toute espèce de corps sphérique ; sphæra, terme scientifique emprunté au grec pour la sphère mathématique.

Gloria. Claritas.

Gloria, la gloire qui fait parler des gens, ϰλέος ; claritas, la gloire éclatante qui attire les regards, δόξα.

Gradus. Gressus. Passus.

1. Gressus, le pas rapporté à la personne qui marche ; gradus, le pas même. Le gressus a lieu par le fait et l’action de la personne, le gradus est une distance à franchir.

2. Gressus ne se dit que de la marche ; passus se dit en outre de la station, pourvu que les pieds soient écartés comme pour marcher. Gressus désigne toute espèce d’allure trop courte ou trop longue, trop lente ou trop rapide pour mériter de s’appeler un pas ; passus ne désigne qu’un pas régulier et réglé qui pourrait servir au besoin de mesure de longueur. Virg. En. I, 414410. Tendere gressus ad mœnia. Diriger sa marche vers les murs. Comparez avec II, 723. Julus... sequitur patrem non passibus æquis, Jule suit son père d’un pas inégal.

Græci. Graii. Græculi. Græcanicus.

1. Græci, nom ethnographique et historique des Grecs, sans idée accessoire ; Graii, terme d’éloge pour désigner le peuple classique et héroïque de l’antiquité ; Græculi, terme de blâme pour le peuple dégénéré sans foi ni loi du temps des écrivains romains.

2. Græcum, ce qui est authentiquement grec, ce qui existe en Grèce ou qui en vient ; græcanicum, ce qui n’est grec que par imitation et plagiat.

Gratias agere, Habere, Referre. Grates. Gratari. Gratulari.

1. Gratiam ou gratias habere, savoir gré du fond du cœur, χάριν εἰδέναι ; gratias agere, remercier en paroles, εὐχαριστεῖν ; enfin, gratiam referre, prouver sa reconnaissance par des actes, χάριν φέρειν, ἀντιχαρίζεσθαι. Cic. Магс. 11, 33. Maximas tibi omnes gratias agimus, majores etiam habemus. Nous t’offrons tous les plus vives actions de grâces, et notre reconnaissance va encore au delà. Off. II, 20. Inops etiamsi referre gratiam non potest, habere tamen potest. L’indigence, impuissante à payer de retour, peut néanmoins être reconnaissante.

2. Gratias agere est la formule du langage ordinaire ; grates agere, celle du style noble et choisi. Cic. Somn. Grates tibi ago, summe sol, vobisque, reliqui cœlites. Souverain soleil, dieux du ciel, ma voix vous rend grâces.

3. De même gratulari désigne des remercîments faits par occasion, sans accompagnement de sacrifice et des félicitations familières ; gratari, des prières de remercîment ou des félicitations solennelles. Liv. VII, 3. Jovis templum gratantes ovantesque adire. Porter en triomphe au temple de Jupiter des remercîments solennels. Comparez avec Ter. Heaut. V, 1, 6. Desine deos gratulando obtundere. Cesse d’assourdir les dieux de tes remercîments.

Gratus. Jucundus. Acceptus. Gratiosus.

1. Gratum, ce qui nous agrée, parce que nous y attachons du prix, ce qui nous paraît précieux, intéressant, ce qui vaut des remercîments ; jucundum, ce qui nous agrée, parce que nous y prenons du plaisir. Gratus peut se dire d’une nouvelle fâcheuse qui nous met à même de prendre nos mesures en temps utile ; la nouvelle n’en sera pas moins injucunda. Cic. Att. III, 24. Ista veritas etiamsi jucunda non est, mihi tamen grata est. Quoique cette vérité ne me fasse point plaisir, elle ne laisse pas de m’être précieuse. Famm. V, 18. Cujus officia jucundiora scilicet sæpe mihi fuerunt, nunquam gratiora. Ses bons offices m’ont souvent paru plus agréables, ils ne m’ont jamais été plus chers.

2. Gratus s’entend d’un sentiment ; il s’agit de ce qu’on souhaite ; acceptus, de l’expression de ce sentiment, lorsqu’on avoue que les choses viennent à propos.

3. Le gratus alicui ne rencontre point de défaveur, on l’aime ; le gratiosus apud aliquem est l’objet d’une faveur marquée et d’un attachement passionné, c’est le favori.

Gremium. Sinus.

Gremium, le giron, entre la ceinture et les genoux d’une personne assise, et au figuré le symbole de la sollicitude maternelle ; sinus, le sein, et au figuré le symbole de l’obscurité qui abrite et protége. Cic. Pis. 37. Ætolia procul a barbaris disjuncta gentibus in sinu pacis posita medio fere Græciæ gremio continetur. Séparée des races barbares par son éloignement, située au sein de la paix, l’Étolie ne s’étend pas hors du giron de la Grèce.

Gutta. Stilla. Stiria.

Gutta, goutte naturelle ; stilla, goutte mesurée artificiellement. C’est d’ailleurs l’idée de petitesse qui domine dans gutta, d’où guttatim, goutte à goutte ; dans stilla, c’est l’idée d’humidité, d’où stillatim, en dégouttant. Stilla, goutte liquide ; stiria, goutte gelée.

H

Hærere. Pendere.

Hærere, rester empêché sans qu’on puisse se détacher ou avancer ; pendere, être suspendu et ne pouvoir tomber à terre. Cic. Acadd. II, 39. Ut videamus terra penitusne defixa sit et radicibus suis hæreat, an media pendeat. Pour voir si la terre est fixée par sa base et retenue par ses racines ou suspendue dans l’espace.

Hariolari. Vaticinari.

Hariolari, prédire, avec une idée accessoire de charlatanisme, χρησμολογεῖν ; vaticinari, avec une idée accessoire d’inspiration, prophétiser, μαντεύεσθαι. Dans ce passage de Cicéron, Divin. I, 2. Hariolorum et vatum furibundæ prædictiones ; harioli, ce sont ceux qui passent d’avance aux yeux du public pour des charlatans de profession ; vates, ceux que Cicéron, du haut de sa philosophie, regarde comme autant d’autres charlatans.

Homicida. Interfector. Peremptor. Interemptor. Percussor. Sicarius. Carnifex.

1. Homicida, meurtrier, en général, coupable du crime de meurtre, ἀνδροφόνος ; interfector, peremptor et interemptor, celui qui porte le coup mortel à une personne donnée, que cette action soit un crime ou non, φονεύς ; percussor et sicarius, instruments d’autrui et simples exécuteurs d’une volonté étrangère : le percussor exécute une condamnation officielle ; le sicaire ou sicarius loue et prête son bras pour un assassinat. Cic. Rosc. Am. 33, 93. Erat tum multitudo sicariorum... et homines impune occidebantur... Si eos putas... quos qui leviore nomine appellant, percussores vocant, quæro in cujus fide sint et tutela. Il y avait alors de nombreux sicaires et on tuait avec impunité. Si vous entendez parler des assassins que les gens qui leur veulent donner le nom le plus léger appellent exécuteurs, cherchez quel est leur protecteur et leur appui.

2. Le percussor est aux ordres de la puissance politique ; il frappe des citoyens, des proscrits ; le carnifex, aux ordres de la justice ; il sévit contre des coupables.

Homo. Mas. Vir. Homunculus. Homuncio. Homullus.

1. Homo, l’être humain, homme ou femme, par opposition à deus et bellua, ἄνθρωπος ; mas et vir, l’homme seul : mas, au sens physique, par opposition à femina, comme ἄρσην ; vir, au sens moral, par opposition à mulier, comme ἀνήρ. Sen. Polyb. 36. Non sentire mala sua non est hominis, at non ferre non est viri. Il faut n’avoir rien d’humain pour ne pas sentir ses maux, rien de viril pour ne pas les supporter.

2. Homunculus sert à marquer la faiblesse et l’impuissance de l’homme comme étant le lot de l’espèce entière, du genre humain, par opposition à la toute-puissance de la Divinité, à la grandeur de la nature et de l’univers ; homuncio et homullus désignent l’homme faible et sans conséquence en sa qualité d’individu, par opposition à d’autres hommes : homuncio, avec un sentiment de compassion ; homullus, avec un sentiment de mépris.

Honorare. Honestare.

Honorare, honorer quelqu’un par une distinction qu’on lui accorde en passant, lui faire honneur ; honestare, couvrir quelqu’un d’honneur en attachant à sa personne un éclat durable.

Hornus. Hornotinus.

Hornus, terme poétique ; hornotinus, forme prosaïque du même mot pour désigner ce qui a lieu pendant l’année.

Horridus. Hirtus. Hirsutus. Hispidus. Asper.

Horridus, terme général pour tout ce qui est grossier et rude par défaut de culture ; hirtus et hirsutus ont un rapport particulier à la rudesse du poil ou autre couverture, par opposition à moelleux ; hispidus et asper se rapportent à de fortes inégalités de surface, par opposition à lisse : hispidus marque que ces aspérités nuisent à la beauté ; c’est une question de coup d’œil ; asper, qu’elles blessent ; c’est une question de toucher. Vell. P. II, 4, caractérise d’abord par l’emploi d’hirtus, l’extérieur négligé de Marius, puis la rudesse de sa nature par l’emploi d’horridus.

Hortari. Monere.

L’exhortation, hortatio, s’adresse directement à la volonté pour l’obliger à prendre un parti, tandis que l’avertissement, monitio, s’adresse à la conscience et au jugement. L’hortatio a pour but l’action même ; la monitio, une représentation qui sert de voie pour conduire à l’action. Sall. Jug. 60. Monere alii, alii hortari. Ils avertissaient, exhortaient. Cat. 60[1]. Sed ego vos quo pauca monerem, convocavi. Je vous ai réunis pour vous donner quelques avertissements. Sen. Ep. 13. Nimium diu te cohortor quum tibi admonitione magis quam exhortatione opus sit. Je perds mon temps à vous exhorter ; vous avez plus besoin d’avis que de conseils. Cic. Fam. X, 40. Si aut aliter sentirem, certe admonitio tua me reprimere, aut si dubitarem, hortatio impellere posset. Si j’étais d’un autre sentiment, un avis de vous m’arrêterait ; si j’hésitais, un conseil de vous m’entraînerait.

Hospes. Adventor.

Hospes, celui qui va loger chez un ami ; adventor, chez un aubergiste. Sen. Benef. I, 14. Nemo se stabularii aut cauponis hospitem judicat. Personne ne se croit en relation d’hospitalité avec un logeur ou un aubergiste.

Humanitas. Comitas. Facilitas. Civilitas.

Humanitas, vertu qui tient à l’éducation, qui part de l’intelligence pour ennoblir l’homme entier, esprit et cœur, qui change son être en douceur et en philanthropie, par opposition à feritas ; comitas, vertu morale, comme l’affabilité, qui traite le premier venu en homme sans s’arrêter au rang ; facilitas, vertu de société, comme l’obligeance indulgente et prévenante, qui rend aisé et agréable le commerce de la vie ; civilitas, vertu politique, comme l’humeur républicaine d’un prince qui ne fait point sentir la différence relative du maître au peuple et qui traite ses sujets en concitoyens. Nep. Milt. 8. In Miltiade erat quum summa humanitas, tum mira comitas, ut nemo tam humilis esset cui non ad eum aditus pateret. Miltiade joignait à une humanité exquise une affabilité étonnante ; les plus humbles avaient un libre accès auprès de lui.

Humanitus. Humane. Humaniter.

Humanitus fait allusion aux rapports extérieurs de l’homme avec les dieux ou la nature, et particulièrement à sa faiblesse et à sa fragilité, comme ἀνθρωπείως et ἀνθρωπίνως ; humane et humaniter s’entendent de l’homme pris en lui-même, des facultés et de la vocation qui en font un être perfectible, et alors humane facere est l’expression du développement moral, de la noblesse dans les sentiments, comme φιλανθρώπως ; humaniter facere, celle du progrès dans l’usage du monde, de la politesse, de l’aménité, comme ἐπιειϰῶς. Cic. Phil. I, 4. Si quid mihi humanitus accidisset. S’il m’arrivait un de ces accidents auxquels la pauvre humanité est sujette. Comparez avec Tusc. II, 27, 65. Græci morbos tolerantes et humane ferunt. Contre des maladies à supporter les Grecs sont forts, ils sont hommes, et Qu. Fr. II, 1. Fecit humaniter Licinius, quod ad me misso senatu vesperi venit. C’est un aimable homme que Licinius ; il est venu chez moi le soir après la clôture du sénat.

I-J

Jactatio. Gloriatio. Ostentatio. Venditatio.

Jactatio et gloriatio, défauts qui ont leur origine dans la vanité et la suffisance : jactatio, défaut du fat qui se donne de grands airs, qui fait étalage de ses avantages et de ses mérites, qui les fait ressortir par ses paroles et ses gestes, avec une idée accessoire d’étourderie ; gloriatio, défaut du fanfaron qui publie hautement ses avantages ou ses mérites, avec une idée accessoire d’impertinence. L’ostentatio et la venditatio ont leur origine dans un calcul habile de l’effet qu’on peut tirer d’une fausseté : l’ostentation, ostentatio, cherche à déguiser sous des apparences brillantes une pauvreté réelle ; la représentation, venditatio, veut paraître en faisant valoir outre mesure certains avantages.

Idoneus. Aptus.

Idoneus, qui a ce qu’il faut pour être employé à quelque chose, aptus, pour le faire, F. A. Wolf. En d’autres termes, l’idoneus est propre à un emploi par des qualités quelconques et par le concours des circonstances, ἐπιτήδειος ; l’aptus, par sa valeur personnelle, par sa capacité, ἱϰανός. L’idoneus est inactif par lui-même ; on se sert de lui pour atteindre un but, parce qu’il est un instrument commode ; l’aptus entre de lui-même dans une affaire, parce qu’il a les dispositions nécessaires pour réussir.

Ignavia. Inertia. Segnitia. Desidia. Socordia. Pigritia.

1. Ignavia, opposé à industria, l’amour du désœuvrement considéré comme une dérogation à la loi du devoir, en ce sens qu’on n’est homme, qu’on ne se distingue du vulgaire, qu’on ne vaut par soi-même que si on est doué du goût de l’action ; inertia, le même amour envisagé comme une infraction à la loi du travail, en ce sens que l’homme ne devient un membre utile, plus ou moins estimable de la société, que par son activité pratique. L’oisiveté, ignavia, est entée sur le naturel ; l’action lui répugne ; la fainéantise, inertia, est affaire d’habitude et de caractère ; elle ne se soucie point de travailler. Un méchant esclave est un fainéant, iners ; un noble qui vit sans rien faire est un oisif, ignavus.

2. Segnitia, desidia, socordia et pigritia, défauts divers d’un tempérament trop tranquille. La nonchalance, segnitia, attend qu’on l’excite, qu’on la contraigne, qu’on la prenne corps à corps avant de renoncer au repos ; elle a pour opposé promptus. L’indifférence, desidia, se croise les bras et attend que les choses se fassent d’elles-mêmes. L’apathie, socordia, est incapable de prendre à quoi que ce soit un vif intérêt et néglige ses devoirs faute d’y songer. La paresse, pigritia, a une horreur naturelle de toute espèce de mouvement et n’est heureuse que dans les bras du repos.

Ignominia. Infamia. Dedecus. Probrum. Opprobrium.

1. L’ignominia ôte l’honneur légal dont la perte ne dépend point des propos du public, mais d’une juste réprimande infligée par un magistrat, un censeur, par exemple, ἀτιμία ; l’infamia ôte l’honneur moral, la bonne réputation ; elle tient au mépris public, elle est la suite d’une conduite honteuse et déshonorante, δυσφημία.

2. Ignominia et infamia sont des termes abstraits qui marquent l’état d’une personne déshonorée ; dedecus et probrum, des termes concrets qui marquent la cause de cet état, l’acte déshonorant. Le dedecus s’écarte des façons d’un homme d’honneur, de la noblesse qu’on s’attendait à retrouver dans toutes ses actions ; le probrum entache la moralité d’un homme qu’on croyait du moins capable de se conduire honnêtement. La bassesse expose au dedecus dans les fonctions publiques ; l’inconduite, au probrum dans les relations privées.

3. Probrum, reproche qu’on serait en droit de nous adresser ; opprobrium, reproche formulé. Probrum appelle l’attention sur la honte qui a été encourue ; opprobrium, sur le blâme qui s’exprime hautement.

Ignoscere. Veniam dare.

Ignoscere est un acte moral : c’est pardonner de tout cœur, remettre et oublier, par opposition à garder rancune, comme συγγιγνώσϰειν ; veniam dare est un acte politique ; c’est substituer la clémence à la justice, par opposition à châtier, comme μεθιέναι. L’ami, l’égal pardonne, ignoscit ; le supérieur, le puissant fait grâce, veniam dat. Cic. Man. 3. Illis imperatoribus laus est tribuenda quod egerunt ; venia danda quod reliquerunt. Il faut louer ces généraux de ce qu’ils ont fait ; il faut leur faire grâce pour ce qu’ils ont laissé inachevé. Comparez avec Att. XVI, 16. Ignosce mihi quod eadem de re sæpius scribam. Pardonne-moi de revenir si souvent sur le même sujet.

Imago. Simulacrum. Statua. Signum.

1. Imago et simulacrum, termes généraux, représentation d’un objet par la première œuvre venue de sculpture ou de peinture : l’imago se rattache à l’original, comme la copie au modèle, par une ressemblance frappante, εἰϰών ; le simulacrum s’oppose à l’original, à l’être véritable, c’est une imitation qui fait illusion, εἴδωλον. Statua, signum et effigies sont exclusivement des ouvrages de sculpture ; tabula et pictura, exclusivement des tableaux.

2. Simulacrum et statua s’entendent de la reproduction complète d’une forme donnée, comme les statues en pied de la sculpture ; effigies et imago marquent par préférence la reproduction des parties caractéristiques, nommément des traits du visage ; effigies, dans la sculpture ; ce sont des bustes ; imago, dans la peinture ; ce sont des têtes. Tac. Ann. I, 74. Alia in statua amputato capite Augusti effigiem Tiberii inditam. Il avait coupé la tête à une autre statue qui représentait Auguste et remplacé cette tête par un buste de Tibère. XIV, 61. Effigies Poppææ proruunt, Octaviæ imagines gestant humeris. Le peuple renverse les bustes de Poppée et promène sur ses épaules les portraits d’Octavie. H. II, 3. Simulacrum deæ non effigie humana. La déesse est représentée avec des traits qui s’écartent de la nature humaine. Cic. Tusc. III, 2, 3. Optimus quisque consectatur nullam eminentem effigiem (virtutis) sed adumbratam imaginem gloriæ. Ce n’est point la vertu avec ses traits frappants et sculptés, c’est un portrait indécis de la gloire qui entraîne à sa suite les meilleurs d’entre nous.

3. Signum, toute espèce de sculpture, par opposition à tabulæ et picturæ ; simulacrum, statue sacrée, celle d’un dieu, ἄγαλμα ; statua, statue profane, celle d’un homme, ἀνδριάς. Cic. Cat. III, 8. Simulacra deorum immortalium depulsa sunt et statuæ veterum hominum dejectæ. Les statues sacrées des dieux immortels furent expulsées, les statues profanes des anciens héros abattues. Verr. I, 22. Legati deorum simulacra venerabantur, itemque cætera signa et ornamenta lacrimantes intuebantur. Les députés adoraient les statues sacrées des dieux, et la vue des autres œuvres de sculpture et de décoration leur arrachait des larmes.

Imitatio. Æmulatio. Certatio. Rivalitas. Simulatio.

1. Imitari marque simplement, sans idée morale accessoire, un effort pour produire quelque chose qui ressemble à un objet donné ; æmulari marque, outre l’effort d’imitation, le désir d’égaler ou de surpasser celui qu’on imite en considération, en honneur, en succès. L’imitatio n’a en vue que l’objet donné ; c’est une tendance généralement modérée et louable ; l’æmulatio n’a d’yeux que pour la personne ornée de la qualité qui vaut la peine d’être imitée ; elle se montre toujours sous les traits d’une passion plus ou moins vive, louable ou blâmable, suivant qu’elle tire son origine d’un amour honnête ou d’un amour désordonné des honneurs. Plin. Ep. VII, 30. Demosthenis orationem habui in manibus non ut æmularer (improbum enim ac pæne furiosum), at tamen imitarer ac sequerer tantum. J’ai étudié ce discours de Démosthène. Je n’ai point la prétention téméraire et presque folle d’être son émule, mais je veux être du moins son imitateur et son élève.

2. L’æmulus est au-dessous de son adversaire, il vise à l’atteindre et à l’égaler un jour ; le certator et le concertator lui sont égaux, ils visent à le battre et à le vaincre.

3. L’æmulatio dispute une supériorité quelconque ; la rivalitas soutient une lutte pour emporter la première place dans le cœur d’une personne. Cic. Tusc. IV, 26, 56. Illa vitiosa æmulatione quæ rivalitati similis est, æmulari quid habet utilitatis ? A quoi bon poursuivre une personne de cette émulation fâcheuse qui ressemble à de la jalousie ?

4. L’imitatio est un effort pour devenir ce qu’on n’est pas encore, mais ce qu’on deviendrait volontiers et ce qu’on peut devenir en effet ; la simulatio, un effort pour paraître ou devenir ce qu’on n’est point, ne peut ni ne doit être, parce que la nature s’y oppose. L’imitatio est le chemin qui conduit à un idéal réel ou imaginaire ; la simulatio reste toujours un plagiat.

Impertire. Tribuere. Participare. Communicare.

Impertire et tribuere signifient partager, distribuer, sans donner à entendre que le donateur réserve une part pour lui : impertire présente ce partage comme un acte libre, volontaire, de pure bonté ; tribuere, comme un acte de justice et de prudence. Participare et communicare, admettre les autres à un partage dont on profite soi-même : participare, faire participer, se rapporte généralement à la personne qui reçoit, qui est appelée à prendre part, communicare, mettre en commun, à la chose dont on fait part et à l’usage de laquelle cette personne doit participer.

Imus. Infimus.

Imum, la partie la plus basse dans un tout indivisible ; infimum, la base ou le dessous dans un tout divisible. L’imum est en bas ; l’infimum, en dessous. Cic. Rosc. com. 7. Ab imis unguibus usque ad summum verticem. De la plante des pieds au sommet de la tête. Comparez avec Divin. I, 33. Ut ab infima ara subito anguis emergeret. Un serpent sortit tout à coup de dessous l’autel. Et avec N. D. II, 20. Luna infima est quinque errantium. Des cinq planètes, c’est la lune qui est en dessous. Imus n’exprime d’ailleurs qu’un rapport de lieu ; infimus contient une idée accessoire, celle du dernier rang.

Inanis. Vacuus.

Inanis, ce qui est vide au lieu d’être rempli, ce qui ne contient rien, par opposition à plenus ; vacuus, ce qui est vacant et peut encore se remplir, ce qui n’a point de maître, par opposition à occupatus ou à obsessus. Tac. Ann. VI, 34. Jason post avectam Medeam genitosque ex ea liberos inanem mox regiam vacuosque Colchos repetivit, c’est-à-dire le palais désert, mort, et le peuple sans maître. Au figuré : inane, c’est ce qui n’existe point, vacuum ce qui est libre.

Incipere. Ordiri. Inchoare. Coepisse.

1. Incipere, marque le commencement par opposition à l’inaction qui précède et qui suit, c’est-à-dire, à cessare et à desinere, desistere, finire ; ordiri, par opposition à la continuation de l’action, c’est-à-dire à continuare, et à son correspondant intransitif pergere ; enfin, inchoare, incohare, par opposition à l’achèvement ou à l’accomplissement de l’action, c’est-à-dire à perficere, consummare, peragere, absolvere, etc. Cic. Off. I, 37. Ut incipiendi ratio fuerit, ita sit desinendi modus. Sachez entrer en matière, sachez aussi vous arrêter. Varron. R. R. III, 16. Apes cum evolaturæ sunt, aut etiam inceperunt, consonant vehementer. Lorsque les abeilles vont s’envoler ou qu’elles viennent de partir, elles font entendre un fort bourdonnement. Cic. Finn. IV, 6. Hoc inchoati cujusdam officii est, non perfecti. Ceci n’est encore qu’une ébauche et non point une œuvre achevée. Cic. Fr. ap. Non. Perge, quæso, nec enim imperite exorsus es. Continuez, je vous prie, votre début n’est point maladroit.

2. Cœpi a le même opposé qu’incipere. Sen. Cons. Polyb. 20. Quicquid cœpit et desinit ; mais cœpi appelle plus fortement l’attention sur l’action qui commence, et incepi sur le commencement que prend l’action. Cœpi est une sorte de verbe auxiliaire, incepi est emphatique ; cœpi se rapporte d’habitude à un infinitif et incipere à un substantif. Cic. Verr. V, 10. Quum ver esse cœperat (sed quum rosam viderat, tum ver incipere arbitrabatur), dabat se labori. Quand le printemps revenait, mais le printemps ne datait pour lui que des roses, il affrontait la fatigue.

Incitare. Instigare. Irritare. Instinctus.

1. Incitare, synonyme d’hortari, porter un paresseux par de bonnes paroles, par des encouragements, des apostrophes à une action presque toujours louable ; instigare, synonyme de stimulare, pousser bon gré, mal gré une personne à une action hardie par des moyens énergiques comparables à des coups d’aiguillon, par reproches, promesses, menaces ; irritare, synonyme d’exacerbare, exciter à un acte de violence un personnage paisible en remuant ses passions, son ambition, ses désirs de vengeance. Ter. Andr. IV, 2, 9. Age si hic non insanit satis sua sponte, instiga. Va, s’il ne s’emporte pas assez tout seul, pousse à la roue. Lucr. IV, 1075. Et stimuli subsunt qui instigant lædere id ipsum. Et des aiguillons secrets les poussent à blesser ce qu’ils aiment.

2. Instigatus, aiguillonné par une cause extérieure et profane, par des paroles, des ordres ; instinctus, poussé par une cause intérieure d’un ordre élevé, inspiration, amour, voix de Dieu.

Incolere. Habitare. Incola. Inquilinus. Colonus.

1. Incolere est transitif comme habiter ; habitare, neutre comme demeurer. En outre, incolere rappelle l’idée du pays auquel on appartient en qualité de citoyen ou de sujet ; habitare, celle de la maison où l’on est établi à demeure en qualité de propriétaire ou de locataire.

2. Incola, au sens restreint, le sujet par opposition au citoyen, μέτοιϰος ; inquilinus, le locataire par opposition au propriétaire de la maison ou dominus, σύνοιϰος ; colonus, le fermier par opposition au propriétaire foncier, à peu près comme θής.

Inficetus. Infacetus. Incestus. Incastus.

1. Inficetus exprime un blâme positif et se dit d’un homme lourd et sans goût ; infacetus n’exprime qu’un blâme négatif, c’est un homme qui n’a point d’esprit à revendre.

2. Et de même incestus celui qui a souillé son propre sang ; incestus, celui qui n’est point chaste.

Infortunium. Calamitas. Infelicitas. Miseria.

Infortunium et calamitas désignent un accident isolé : infortunium un accident fâcheux, un petit malheur, par exemple la perte d’une bourse, des coups qu’on a reçus ; calamitas un accident tragique comme la perte d’une personne qu’on aime, de la fortune. Infelicitas et miseria expriment une position malheureuse et durable : infelicitas comme une simple privation de bonheur ; miseria comme une misère réelle et accablante.

Ingenium. Natura. Indoles.

Ingenium et natura, le naturel considéré comme la base inébranlable de l’individualité humaine et comme rebelle à toute altération : ingenium se rapporte de préférence aux dons de l’esprit, natura à ceux du cœur. Indoles, le naturel considéré comme le germe de l’individualité et comme susceptible de culture.

Inire. Intrare. Introire. Ingredi.

1. Inire ne s’emploie guère qu’au figuré, c’est se mettre à quelque chose, par exemple, inire pugnam, numerum, engager le combat, chercher un nombre ; intrare, introire, ingredi expriment l’action d’entrer au sens propre ; mais intrare est d’ordinaire transitif, il a l’accent sur sa racine verbale, introire est neutre, il a l’accent sur sa racine adverbiale. Dans intrare curiam on songe surtout au seuil qu’on franchit, dans introire, aux quatre murs entre lesquels on va s’enfermer.

2. Intrare et introire supposent un espace fermé à dessein par des murailles, des barrières, des bornes ; ingredi ne suppose qu’un espace étranglé, une route, viam, un pont, pontem.

Initium. Principium. Primordium.

1. Initium, commencement au sens abstrait, comme simple point de départ, par opposition à exitus ; principium, au sens concret, comme la partie qui se présente avant les autres lorsqu’il s’agit de choses, qui précède lorsqu’il s’agit d’actions, par opposition à extremum. Initium n’est qu’un commencement dans le temps, principium est en outre une base posée dans l’espace. L’initium disparaît dans ce qui suit, le principium sert de fondement aux progrès ultérieurs. Les initia philosophiæ sont les rudiments au-dessus desquels le disciple s’élève dans le cours de ses études, les principia sont les principes auxquels il faut toujours revenir. Initio signifie ordinairement d’abord comme ceci et ensuite autrement ; principio, dès l’abord et toujours de même.

2. Primordium est un augmentatif emphatique de principium, et suppose un vaste système dont l’origine est assez reculée pour qu’on puisse distinguer entre un commencement apparent et un commencement réel, primordial, élémentaire.

Innumerus. Innumerabilis.

Innumerus, terme poétique et choisi, comme sans nombre, ἀνήριθμος ; innumerabilis, terme prosaïque et usuel, comme innombrable, ἀναρίθμητος.

Instituere. Instaurare. Restituere. Restaurare.

Instituere, prendre un arrangement profane ; instaurare, organiser une cérémonie sainte, vénérable ou du moins une entreprise importante, par exemple un sacrifice, des jeux sacrés ou des fêtes, la guerre ou une bataille. Instituere est un terme usuel, instaurare un terme pompeux et choisi. Même différence entre restituere et restaurare.

Intelligere. Sentire. Cognoscere.

Intelligere se dit des notions rationnelles dues à la réflexion qui combine des idées ; sentire, des notions naturelles qui s’acquièrent par voie de sentiment, par des perceptions ou des impressions instantanées des sens ou de l’esprit ; enfin, cognoscere, des notions historiques fondées sur le témoignage des sens et de la tradition, Sen. Ir. III, 13. Quidni gauderet, quod iram suam multi intelligerent, nemo sentiret ? Je conçois que Socrate ait ressenti un mouvement de joie quand sa colère que tous ses familiers discernaient ne frappait les yeux de personne. Cic. N. D. III, 24. Quare autem in his vis deorum insit tum intelligam quum cognovero. Quant à leur divinité, je la comprendrai quand j’aurai appris à la connaître.

Intercapedo. Interruptio. Interpellatio. Interlocutio.

Intercapedo et interruptio, interruption d’une action, d’une affaire : l’intercapedo est polie, souvent même bienveillante ; l’interruptio est violente, elle trouble. Interpellatio et interlocutio, interruption d’un discours par un autre discours qui vient à la traverse : l’interpellator n’a d’autre but que d’empêcher l’orateur de continuer ; l’interlocutor veut se faire entendre lui-même au beau milieu du discours d’un autre.

Interea. Interim.

Interea se rapporte à une action durable qui tombe dans une période, comme cependant ; interim à une action momentanée, comme là-dessus. Il y a entre eux la même corrélation qu’entre un temps passé et l’aoriste, entre un instant et une période. Cic. Quint. 6. Hæc dum Romæ geruntur... Quintius interea de agro detruditur. Voilà ce qui se passait à Rome ; cependant Quintius est évincé de son champ : c’est-à-dire que la chose se fait peu à peu. Comparez avec Famm. X, 12. Interim ad me venit Manutius noster. Là-dessus je vois venir chez moi notre cher Manutius. Tac. Ann. XI, 32. Non rumor interea sed undique nuntii incedunt... Atque interim Ostiensem viam intrat. Cependant ce ne sont plus des bruits, ce sont des messagers qui arrivent de tous les côtés... Et là-dessus elle prend la route d’Ostie.

Interficere. Perimere. Interimere. Negare. Occidere. Jugulare. Obtruncare. Trucidare. Percutere.

1. Interficere et perimere, termes généraux, mettre à mort, faire mourir, tuer pour quelque motif et par quelque moyen que ce soit, faim, poison, corde, fer, supplice, ϰτείνειν : mais interficere est un terme ordinaire, perimere un terme archaïque, choisi, poétique. Interimere suppose accessoirement que la chose passe inaperçue, comme se défaire de quelqu’un, ἀναιρεῖν ; necare implique une idée d’injustice ou du moins de cruauté, comme assassiner, φονεύειν. Cic. Tusc. V, 20. Dionysius alterum jussit interfici, quia viam demonstravisset interimendi sui. Denys le fit mettre à mort pour avoir montré comment on pouvait se défaire de lui. Fr. Arat. 11. Quem neque tempestas perimet, nec longa vetustas interimet. Il ne périra point sous l’effort d’une saison, il ne succombera point à la lente action des siècles. Curt. IX, 7, 8. Boxum protinus placuit interfici ; Biconem etiam per cruciatus necari. Il voulut qu’on mit sur-le-champ Boxus à mort, mais qu’on fît périr Bicon dans les tourments.

2. Occidere, jugulare, trucidare, obtruncare, percutere, expriment une mort sanglante : occidere, porter par terre, c’est le fait du soldat dans un combat franc et loyal ; jugulare, couper la gorge ou le cou, ou plutôt tuer d’un coup savant sous la clavicule, c’est le fait du bandit qui veut imiter le gladiateur, σφάξαι ; obtruncare, tailler en pièces, massacrer, couper en morceaux comme un meurtrier maladroit ; trucidare, tuer à loisir comme un boucher, en homme avide de sang qui met à mort sans rencontrer de résistance et triomphe d’une victime sans défense ; percutere, exécuter, simple action mécanique, office du bourreau ou de tout autre exécuteur d’une condamnation ou d’un ordre. Senec. Contr. III, 21. Nec dominum occidit, nec domino venenum dedit. Il n’a ni poignardé ni empoisonné son maître. Hor. Ep. 1, 2, 32. Ut jugulent homines surgunt de nocte latrones. Les brigands sortent de l’ombre pour égorger le monde. Sall. Fr. Cæteri vice pecorum obtruncantur : en sorte qu’on voyait à terre comme sur un étal des membres détachés. Tac. Hist.... Juberet interfici ; offerre se corpora iræ ; trucidaret. Il n’avait qu’à les faire mourir ; ils étaient prêts à servir de victimes à sa colère : il pouvait les tuer à son aise. Cic. Rosc. Am. 34. Cujus consilio occisus sit invenio ; cujus manu percussus sit non invenio. Je discerne l’auteur, je ne découvre pas l’instrument de cette mort sanglante.

Intermittere. Omittere.

Intermittere, suspendre, remettre une affaire à un autre temps dans l’espérance et dans le dessein de la reprendre : in tempus mittere cum spe consilioque resumendi ; omittere, abandonner. Varron. Fr. Studia tantum intermittantur, ne omittantur. Interrompez vos études, ne les abandonnez jamais.

Invenire. Reperire. Deprehendere. Nancisci. Adipisci. Consequi. Assequi.

1. Invenire, terme général, trouver dans toutes les conjonctures ; reperire et deprehendere supposent un objet caché qu’on songe et qu’on s’applique à trouver : mais le reperiens se borne à découvrir ce qu’il ne voyait point d’abord et qui s’offre ensuite à ses yeux, ἀνευρεῖν ; le deprehendens découvre ce qui voulait se cacher ou échapper et qui tombe en son pouvoir. Tac. Ann. I, 74. Perniciem aliis ac postremo sibi invenere. De bourreaux qu’ils étaient, ils finirent par se trouver victimes. Comparez avec XIV, 3. Cædes quonam modo occultaretur nemo reperit. Personne ne vit jour à cacher le meurtre.

2. Invenire, reperire, deprehendere ont pour terme un objet caché qu’on découvre ; nancisci, adipisci, assequi et consequi, un objet éloigné qu’on atteint : le nanciscens arrive au terme avec ou sans peine, parfois même sans le souhaiter ; c’est une rencontre ; l’adipiscens a une lutte à soutenir ; c’est une victoire ; le consequens voit ses désirs comblés, qu’il y ait ou non mis du sien ; c’est un bonheur ; l’assequens voit sa constance et ses efforts couronnés ; c’est un succès. Suet. Tib. 10. Titus ad primam statim mansionem febrim nactus. Titus prit la fièvre à la première halte. Comparez avec Dom. 15. Nero in adipiscenda morte manu Epaphroditi adjutus est. Néron ne parvint à se donner la mort qu’en se faisant aider par la main d’Epaphroditus. Cic. Att. X, 12. Nactus Curionem omnia me consecutum putavi. J’avais eu la chance de trouver Curion, je crus avoir tout gagné. Rosc. Com. 4. Ut neque nihil neque tantum quantum postulavimus consequamur. Il ne s’agit plus de recevoir tout ce que nous avons demandé, il s’agit de ne pas être réduits à rien. Dans Cicéron, Mil. 11 : Nihil dico quid respublica consecuta sit, nihil quod vos, nihil quod omnes boni. Je ne tiens aucun compte de ce que gagne la république, de ce que vous gagnez vous-mêmes, de ce que gagnent tous les gens de bien (à la mort de Clodius à laquelle Milon a seul contribué) ; assecuta sit ne serait pas à sa place, et réciproquement consequuntur serait faible dans ce passage de Sen. Brev. 17. Operose assequuntur quæ volunt, anxie tenent quæ assecuti sunt. Ce qu’ils désirent est pénible à acquérir, ce qu’ils ont acquis est inquiétant à garder. Cic. Fam. I, 7, 10. Omnia quæ ne per populum quidem sine seditione se assequi arbitrabantur, per senatum consecuti sunt. Ils ont reçu des mains du sénat tous les avantages qu’ils désespéraient d’acquérir par l’appui du peuple à moins de le soulever.

Invidia. Livor. Invidentia. Malignitas. Obtrectatio. Detrectatio.

1. Invidia, envie qui fait qu’on regarde les gens de travers et qu’on leur en veut pour des motifs tantôt avouables, tantôt immoraux, le plus souvent, mais non point toujours par égoïsme, ὑποψία ; livor, envie dévorante qui infecte l’âme entière et qui ôte au corps même les fraîches couleurs de la vie.

2. Invidia, terme usuel qui se prend au sens actif pour l’envie qu’on porte aux autres, et au sens passif pour l’envie dont on est l’objet de leur part ; invidentia, néologisme de Cicéron pour l’envie qu’on porte.

3. Invidia et livor présentent l’envie comme un accès passager ; malignitas, comme un défaut d’habitude et de nature, par opposition à la bonté d’âme ou de cœur. L’invidus et le lividus envient certains biens à certaines personnes dans certaines circonstances ; le malignus est incapable de rien souhaiter d’heureux à tout autre qu’à lui-même.

4. Invidia, livor, malignitas, ne marquent qu’un sentiment ou un tour d’esprit ; obtrectatio marque une action ou une façon d’agir qui procède de ce sentiment et qui tend à nuire à celui qu’on envie par des moyens honteux, comme le dénigrement, par exemple. On ne conçoit point l’obtrectatio sans invidia, mais on peut concevoir l’invidia sans obtrectatio quand l’envie est trop lâche pour s’engager dans une lutte.

5. L’obtrectatio suppose un rival et tire son origine de la jalousie ; la detrectatio ne suppose qu’un adversaire et provient de l’aversion.

Ire. Meare. Gradiri. Ingredi. Incedere. Vadere.

1. Ire et meare expriment la marche, en général, comme mouvement d’un lieu vers un autre, ire, ἰέναι, se disant particulièrement des hommes, c’est la suite d’un acte de volonté ; meare, φοιτᾷν, se dit particulièrement des bêtes, des vaisseaux, des cours d’eau, des astres : c’est un mouvement mécanique auquel la volonté n’a point de part. Gradiri et ingredi, incedere et vadere ajoutent à l’idée générale des idées accessoires et précises sur la manière de marcher : gradiri et ingredi, une idée de calme et de régularité, par opposition à serpere, currere, stare, comme ϐαδίζειν ; incedere, une idée de fierté, de mesure et de convenance à propos d’une cérémonie, d’une revue, par opposition à ambulare, comme ἐμϐαίνειν ; vadere, une idée de bonne volonté et de vivacité, en voyage, dans une attaque de vive force, par opposition à repere ? comme χωρεῖν.

2. Ingressus, la marche en général ; incessus, la démarche qui tient à l’individu et à laquelle on le reconnaît comme à une seconde physionomie. Ingressus est un terme purement physique ; incessus, un terme moral et esthétique.

Irruere. Irrumpere. Ingruere. Invadere.

Irruere, entrer en courant, à la hâte et à l’étourdie ; irrumpere, pénétrer par force et violence ; ingruere, avec menaces et importunité ; invadere, tomber quelque part avec audace et brusquerie.

Iter. Meatus. Via. Trames. Semita. Callis.

1. Iter et meatus expriment, au sens abstrait, le chemin qu’on fait, la marche, le voyage : iter, le chemin que fait un être raisonnable ; meatus, celui que fait un être sans raison et sans volonté ; mais via, c’est le chemin sur lequel on marche, c’est un terme concret. Hor. Od. III, 2, 22. Virtus negata tentat iter via. La vertu se fraye des routes nouvelles. Cic. Att. V, 14. Iter conficiebamus æstuosa et pulverulenta via. Nous cheminions sur une route brûlante et poudreuse.

2. Iter, pris comme terme concret, chemin, direction qui mène au but, comme ϰέλευθος ; il n’est pas nécessaire que ce soit une voie frayée et fréquentée. Via, voie sinon construite, du moins régulière et battue, comme ὁδός. César entend, par viarum atque itinerum duces, des guides tenus de montrer les routes et les sentiers praticables et d’indiquer la direction à suivre quand les voies frayées venaient à manquer.

3. Via et iter peuvent être étroits ou larges ; trames, callis et semita ne désignent qu’un chemin ou un sentier étroit : trames, un chemin ou une rue de traverse, à la campagne ou à la ville, propre à conduire au but plus promptement ou plus secrètement que la grand’route ; semita, un sentier pour les piétons, souvent un trottoir qui court à côté de la route carrossable, οἶμος ; callis, un chemin de montagne ou de forêt qui n’est guère praticable que pour le bétail, ἀτραπός. Plaut. Cas. III, 5, 42. De via in semitam degredi. Quitter la route pour un sentier. Cic. Phil. XIII, 9, 19. Egressus est non viis sed tramitibus paludatus. Il n’osa suivre les rues et prit les ruelles pour sortir de Rome en tenue de général. Virg. Æn. IX, 383. Rara per occultos lucebat semita calles, c’est-à-dire qu’Euryale et Nisus cherchent à s’échapper par des sentiers, semita, mais qu’ils ont de la peine à en découvrir faute de clarté, d’autant que les ombres de la nuit et de la forêt leur cachent même les chemins, calles.

Iterum. Rursus. Denuo. De integro. Repetere. Integrare.

1. Iterum veut dire, comme δεύτερον, pour la seconde fois ; rursum ou rursus, αὖθις et πάλιν, une fois de plus, encore une fois ; denuo, νέοθεν, de nouveau : il semble qu’on n’ait encore rien fait ; de integro, αὖθις ἐξ ὑπαρχῆς, derechef, sur de nouveaux frais : c’est l’idée précédente exprimée avec plus de force. Justin, XXI, 4, 6. Нос consilio præventus iterum servitia concitat statutaque rursus cædium die, quum denuo se proditum videret. Prévenu dans ce dessein, il soulève une seconde fois les esclaves, fixe encore une fois le jour du massacre, et, se voyant de nouveau trahi...

2. De même, pugnam iterare signifie livrer une seconde bataille ; pugnam repetere, reprendre le combat ; pugnam renovare, le renouveler, et pugnam integrare, recommencer la bataille sur de nouveaux frais. Auct. Herenn. II, 3, 47. Enumeratio est per quam colligimus et commonemus quibus de rebus verba fecerimus, breviter, ut renovetur, non redintegretur oratio. L’énumération résume et rappelle les points sur lesquels on a parlé ; elle est courte, il s’agit de reprendre, non de recommencer le discours.

Jubere. Imperare. Præcipere. Mandare.

Jubere, ordonner une chose parce qu’on souhaite et qu’on veut qu’elle soit faite, par opposition à vetare, comme ϰελεύειν ; imperare, commander militairement en vertu de la supériorité de grade, ἄρχειν ; præcipere, prescrire en vertu de l’autorité de précepteur, de gouverneur, à peu près comme ἐντέλλεσθαι ; mandare, charger d’une affaire une personne qui a toute notre confiance, ἐφίεσθαι.

Jusjurandum. Juramentum. Sacramentum.

Jusjurandum et juramentum, qui est d’une époque postérieure, serment civil par lequel on confirme ou promet quelque chose ; sacramentum, serment militaire par lequel le soldat s’engage et se lie au drapeau. Liv. XXII, 38. Milites tunc quod nunquam antea factum erat jurejurando a tribunis militum adacti jussu consulum conventuros neque injussu abituros ; nam ad eam diem nihil præter sacramentum fuerat. Les tribuns militaires firent jurer aux soldats qu’ils se réuniraient sur l’ordre des consuls et ne se retireraient point sans leur ordre. Cela ne s’était pas encore vu ; il n’y avait jamais eu jusqu’à ce jour que le serment aux aigles.

Juventa. Juventus. Juventas. Juvenalis. Juvenilis.

1. Juventa, la jeunesse considérée comme une période de la vie ; juventus, comme la classe des jeunes gens ; juventas, comme une déesse.

2. Juvenalis, terme indifférent pour tout ce qui se rapporte aux jeunes gens ou élogieux, par opposition à la faiblesse de l’âge ; juvenilis contient une idée morale accessoire, celle des goûts que comporte le caractère des jeunes gens, la plupart du temps avec une teinte de blâme, par opposition à la maturité de l’âge.

L

Labare. Titubare. Vacillare. Nutare.

Labare caractérise le chancellement par rapport au corps entier qui ne pose point sur une base solide ; titubare, par rapport aux jambes qui refusent le service et se dérobent ; vacillare, par rapport au haut du corps qui n’a point une attitude droite, tranquille, sûre ; enfin, nutare, par rapport à la tête qui ne se soutient plus. Le titubans menace de s’affaisser sur lui-même ; le vacillans, de tomber à la renverse. La titubatio est l’indice de la faiblesse corporelle ; la vacillatio, d’un manque de dignité extérieure, de calme et de décence.

Labi. Cadere.

Labi, tomber, par rapport au point de départ et à l’espace que le corps traverse dans sa chute, tendre vers la terre, ὀλισθεῖν ; cadere, tomber, par rapport au point que le corps atteint au bout de sa chute, arriver à terre, πεσεῖν. Virg. Æn. VI, 310. Lapsa cadunt folia. Les feuilles se détachent, glissent et tombent. Cic. Brut. 49. Quibus vitiis labatur aut cadat orator. Les défauts qui égarent ou renversent l’orateur.

Labor. Molestia. Ærumna.

1. Labor, le travail qui met les forces en jeu et fatigue, πόνος ; molestia, la peine qui fait naître la mauvaise humeur parce qu’elle est trop grande ou qu’elle vient mal à propos, χαλεπότης ; ærumna, l’accablement qui surpasse presque les forces humaines et terrasse le héros même, ταλαιπωρία ; c’est un terme archaïque et à demi poétique. Cic. Finn. V, 32. Ut ubi virtus sit resque magnæ et summe laudabiles virtute res gestæ, ibi esse miseria et ærumna non possit, tamen labor possit, possit molestia. Soyez vertueux, accomplissez par vertu de grandes choses dignes du plus haut éloge, vous ne succomberez jamais sous le poids du malheur, mais vous serez toujours sensible à la fatigue et à la peine.

2. Laborare, verbe intransitif, être au fort de la peine et du travail ; elaborare, verbe transitif, produire quelque chose par sa peine et son travail.

Lacerare. Laniare.

Lacerare, déchirer de vive force avec les mains, les griffes, les serres, les dents ; laniare, découper à l’aide d’un instrument tranchant, les dents, griffes et serres pouvant d’ailleurs être considérées comme des instruments de ce genre. Appul. Metam. IV, p. 84. Morsibus laceratus ferroque laniatus. Déchiré par les morsures, tailladé par le fer.

Lacessere. Irritare. Sollicitare.

1. Lacessere, pousser à la contradiction, à la résistance la raison et la volonté ; irritare, exciter jusqu’à la colère les sentiments ou les passions. Cic. Mil. 31. Ut vi irritare ferroque lacessere fortissimum virum auderet. Il osa irriter par la violence, provoquer par la vue des armes le plus courageux des hommes.

2. Lacessere, exciter en troublant la paix d’une façon grossière ; sollicitare, en troublant par finesse le repos des gens.

Lacrimare. Plorare. Flere. Lamentari. Ejulare. Deflere. Deplorare.

1. Lacrimare exprime la conséquence physique d’un mouvement de l’âme joyeux ou triste, comme δαϰρύειν, répandre des larmes ; plorare est l’expression passionnée de la douleur, comme θρηνεῖν, hurler et crier. Entre les deux se trouve flere, qui a pour opposé ridere ; il a de commun avec lacrimare l’absence de passion, et avec plorare le ressentiment de la douleur, c’est le grec ϰλαίειν, pleurer. Sen. Ep. 63. Nec sicci sint oculi amisso amico, nec fluant ; lacrimandum est, non plorandum. Vous perdez un ami je n’exige pas que vos yeux soient secs, mais ne fondez pas en pleurs ; versez des larmes, ne criez pas.

2. Lamentari et ejulare sont encore des augmentatifs de ploratus : lamentari marque, comme ϰωχύειν, un hurlement prolongé ; ejulare, un hurlement interrompu par des cris et des sanglots, comme ὀλολύζειν.

3. Plorare et flere sont intransitifs ; deplorare et deflere, transitifs.

Lacuna. Lacus. Stagnum. Palus. Uligo. Lama. Lustrum.

Lacuna signifie en langage poétique toute espèce d’eau dormante depuis la mer jusqu’à la mare ; lacus et stagnum, eaux dormantes, mais salubres, entretenues et rafraîchies par des sources ou par un cours d’eau qui s’y jette et qui en sort : lacus, lac de taille à rappeler l’image de la mer et opposé à la mer, λίμνη ; stagnum, étang assez grand pour ne point ressembler à une simple mare, par opposition à une rivière, τέναγος. Palus et uligo, eaux dormantes altérées et corrompues : palus, marais, contrée recouverte d’une eau corrompue, ἔλος ; uligo, fondrière, terrain pénétré par une eau corrompue. Le marais, palus, offre l’aspect d’une masse d’eau troublée par la vase et le limon, où on peut se noyer ; la fondrière, uligo, celui d’un sol amolli par l’eau, où on peut enfoncer. Enfin lamæ et lustra signifient des eaux dormantes de peu de circuit : lamæ, de simples flaques, humides et boueuses, sur des routes ; lustra, des mares croupissantes qui blessent l’odorat et la vue, dans des forêts et ailleurs.

Lædere. Violare. Offendere.

Lædere, endommager, blesser, exprime une atteinte physique ; violare, faire violence, une atteinte au droit ; offendere, choquer, offenser, une atteinte au sentiment. Lædere se rapporte à un objet auquel il y a quelque chose à gâter ; violare, à un objet pour lequel on a le droit de prétendre à des ménagements ; offendere, à un être doué de raison et de sentiment. Cic. Off. I, 28, 99. Justitiæ partes sunt non violare homines, verecundiæ non offendere. Ne pas entreprendre sur les autres, c’est justice ; ne les choquer en rien, c’est délicatesse. Sen. Ir. III, 18. Pleraque eorum propter quæ irascimur offendunt nos magis quam lædunt. Nos colères viennent très-souvent de ce qui nous choque plutôt que de ce qui nous nuit. Const. 4. Contumelia tantum delicatis gravis est, qua non læduntur, sed offenduntur. Une offense ne pèse qu’aux gens chatouilleux on ne leur a pas nui, mais on les a choqués. Ovid. Am. III, 3, 31. Formosas superi metuunt offendere læsi. Les dieux craignent d’offenser la beauté qui les a blessés.

Lævis. Glaber. Fricare. Terere.

1. Lævis, levis, lisse par opposition à ce qui est rude et raboteux, cela est joli et cause une impression agréable ; glaber, nu et uni, par opposition à ce qui est garni de poils ou de cheveux, couvert d’une végétation ; cela constitue un défaut et cause une impression désagréable.

2. Fricare, polir pour rendre lisse, ψήχειν ; terere, frotter pour diminuer le volume, τρίϐειν.

Lambere. Lingere.

Lambere, lécher lorsque la langue sert d’instrument comme la main pour saisir ou toucher un objet, que ce soit ou non un aliment, qu’il ait du goût ou qu’il n’en ait pas ; lingere, lécher lorsqu’on emploie la langue comme organe du goût pour apprécier une saveur. Plin. H. N. XXXV, 7. Canem ex ære vulnus suum lambentem. Un chien de bronze qui passe la langue sur sa blessure. Comparez avec XXI, 4. Pecoribus sal datur lingendus. On donne au bétail du sel à lécher.

Laniena. Macellum.

Laniena, étal sur lequel le boucher, lanius, expose en vente des bêtes tuées et dépecées ; macellum, marché où le macellarius débite toute sorte de viandes, menue viande, charcuterie, gibier, volaille, poisson.

Laqueus. Funis. Restis.

1. Laqueus, nœud coulant fait à une corde ; funis et restis, la corde même : funis, grosse corde destinée à tirer, à haler, et qui doit pour cette raison avoir une certaine longueur, σχοῖνος ; restis, corde mince qui servait plutôt à lier et à suspendre et qui pouvait être courte, σπάρτη. Le trait qui attache le cheval de volée, equus funalis, la corde sur laquelle danse le funambule, le câble qui remorque la chaloupe d’un vaisseau, ne s’appellent jamais restis en prose ; par contre une corde bonne pour se pendre, pour fouetter un esclave, pour servir de ceinture, ne prendra guère le nom de funis, à moins qu’un poète ne s’avise de préférer ce dernier terme comme le plus noble.

2. Rudentes, les écoutes ; retinacula et oræ, les câbles des ancres : retinacula, comme terme usuel et populaire ; oræ, dans oras solvere, comme terme technique.

Largus. Benignus. Liberalis. Munificus.

Largus se dit de toute personne qui donne beaucoup, n’importe à qui, n’importe dans quelle vue, par opposition à parcus ; benignus, liberalis et munificus n’expriment que des vertus. Le benignus obéit à un penchant de pure humanité, à l’amour du prochain ; le liberalis, à un noble orgueil, à une juste estime de soi-même ; le munificus, à une vanité bien placée qui ferait honneur à un prince. La benignitas donne abondamment parce qu’elle ne veut ni posséder ni jouir seule, c’est de la bonté d’âme ; la liberalitas fait bien les choses, elle consiste à donner en proportion du rang qu’on tient et du mérite d’autrui, c’est le fait du galant homme chez lequel on ne retrouve aucune trace des calculs méticuleux du marchand ; la munificentia donne plutôt trop que trop peu par plaisir de rendre heureux et de surprendre, comme la générosité.

Larva. Persona.

Larva, masque grotesque et effrayant ; persona, masque bien fait qui représente un personnage connu.

Latebra. Latibulum.

Latebra, lieu écarté ou obscur où l’on peut se cacher décemment ; latibulum, réduit où il faut se glisser en rampant, comme une bête.

Latrare. Gannire. Baubari.

Latrare se dit de l’aboiement hostile d’un gros chien, et au figuré d’une querelle, ὑλαϰτεῖν ; gannire, des jappements inoffensifs d’un petit chien, et au figuré du clabaudage, ϰνυζᾶσθαι ; enfin, baubari, des hurlements et gémissements du chien, ϐαΰζειν.

Lepidus. Facetus. Festivus. Salsus. Dicax. Cavillator.

Lepos, facetiæ et festivitas expriment un genre d’esprit inoffensif, la bonne humeur opposée à la gravité et propre à une âme bienveillante : lepos, l’esprit dispos et léger par opposition à la pesanteur ; festivitas, la gaieté d’esprit par opposition à une gravité sombre ; facetiæ, l’enjouement par opposition à un tour d’esprit grave et sérieux. Sales, dicacitas, cavillatio, expriment un genre d’esprit vif, caustique et pénétrant : sales, c’est le piquant opposé au fade et au trivial, voué à la recherche du trait, causant au hasard du plaisir ou de la peine ; dicacitas, l’esprit satirique qui s’exerce aux dépens d’autrui, mais en sorte que la plaisanterie reste le but principal et que la moquerie ne soit qu’un accessoire ; cavillatio, l’esprit moqueur pour lequel la blessure à faire est le point important, la plaisanterie un simple instrument et une forme comme une autre. Cic. Orat. 30. Demosthenes non tam dicax fuit quam facetus. Est autem illud acrioris ingenii, hoc majoris artis. Démosthène est plutôt un esprit enjoué qu’un esprit satirique. La satire exige plus de vivacité naturelle, l’enjouement plus de savoir-faire.

Libertus. Libertinus.

Libertus, l’affranchi par rapport à son maître et par opposition à servus ; libertinus, par rapport à sa condition et par opposition à civis et ingenuus. Sen. Contr. III, 21. Quærendus mihi gener erat libertinus ; quid ergo ? alieno potius liberto ? J’étais réduit à chercher un gendre dans la classe des affranchis. Eh bien, pourquoi pas le mien, plutôt que celui d’un autre ? Cic. Verr. I, 47. Trebonius fecit heredem libertum suum... Equiti Romano libertinus homo fit heres. Trébonius prit son affranchi pour héritier. Un homme de la classe des affranchis devient héritier d’un chevalier romain. Tac. Ann. XIII, 27. Si separarentur libertini, manifestam fore penuriam ingenuorum. On n’avait qu’à compter tout ce qui appartenait à la classe des affranchis ; on ne verrait que trop clairement combien on manquait d’hommes libres.

Libra. Pondo.

L’expression complète est libra pondo, mot à mot une balance, un plateau de balance chargé de manière à faire équilibre à l’unité de poids, une livre pesant ; libra est la formule la plus vague : l’ellipse de pondo ouvre la porte à une équivoque, on pourrait croire qu’il s’agit de la balance même ; pondo est une expression elliptique, en ce sens que l’idée accessoire, celle du poids, représente en même temps l’idée principale, celle de l’unité de poids. Il y a la même différence entre operæ pretium est d’une part, et operæ est, pretium est, de l’autre.

Librare. Vibrare.

Librare hastam, balancer une pique horizontalement afin de la lancer avec plus de force et de justesse ; vibrare, la brandir d’avant en arrière, ou de haut en bas pour témoigner de l’envie qu’on a de combattre.

Ligare. Viere. Vincire. Nectere. Obligare. Obstringere. Devincire.

1. Ligare et viere, synonymes de copulare, lier pour empêcher que les parties ne se séparent, δέειν ; vincire et nectere, synonymes de coercere, enchaîner pour prévenir la liberté des mouvements, δεσμεύειν.

2. Ligare est le terme général ; viere, le terme technique à l’usage du tonnelier, du vannier, etc.

3. Obligare, attacher par des prévenances ; obstringere, lier par des bienfaits ; devincire, enchaîner à soi par des relations intimes et durables. L’obligatus se sent engagé par les devoirs conventionnels de la vie du monde ; l’obstrictus, par des devoirs de morale ou de religion ; le devinctus, par des devoirs de piété.

Lima. Scobina.

Lima, outil pour polir ; scobina, pour dégrossir.

Lingua. Sermo.

Lingua, langage du premier peuple venu, même le plus grossier, gentis ou nationis, pourvu qu’il ait un vocabulaire particulier pour rendre ses idées ; sermo, langue d’un peuple civilisé, populi, servant d’expression à des pensées suivies. Notre idiome, lingua, nous est donné quand nous venons au monde comme la langue que nous avons dans la bouche, et ce terme se rapporte par préférence au matériel des mots ; le sermo suppose comme le discours une certaine initiative personnelle, il comprend les règles de la grammaire et du style. Cic. Finn. 3, 10. Sæpe disserui latinam linguam non modo non inopem, sed locupletiorem etiam esse quam græcam. J’ai souvent essayé de démontrer que le latin, qui est notre idiome, n’est rien moins que pauvre, qu’il offre même plus de ressources que le grec. Comparez avec Off. I, 31. Sermone debemus uti eo qui notus est nobis. Employons la langue que nous savons.

Littera. Elementum.

Littera, la lettre comme élément indivisible de l’écriture, γράμμα ; elementum, comme élément indivisible de la langue parlée, comme un des sons simples que la science grammaticale étudie, στοιχεῖον.

Litteræ. Epistola. Codicilli.

Litteræ, terme général, lettre ; epistola, lettre adressée à un ami éloigné et envoyée par un messager, missive ; codicilli, billet adressé dans l’enceinte d’une ville. Sen. Ep. 55. Adeo tecum sum ut dubitem an incipiam non epistolas, sed codicillos tibi scribere. Je vis si parfaitement avec toi en imagination, qu’il me prend des envies de t’écrire au lieu de longues missives de simples billets. Cic. Fam. VI, 18. Simul accepi a Seleuco tuo litteras ; statim quæsivi e Balbo per codicillos quid esset in lege. Aussitôt ta lettre reçue des mains de Séleucus, j’écrivis un billet à Balbus pour savoir de lui la teneur de la loi.

Litteræ. Artes. Doctrinæ. Disciplinæ.

Litteræ et artes, les lettres et les sciences considérées en général comme le but des études : litteræ, au sens restreint, la littérature d’imagination ou de raisonnement consignée dans les livres, comme moyen direct d’enrichir la mémoire, et moyen indirect d’aiguiser l’intelligence et de former le goût ; artes, les lettres et les sciences dans l’acception la plus haute quand les connaissances qu’on acquiert servent immédiatement à développer l’esprit et le talent. Doctrinæ et disciplinæ, les diverses branches du domaine général de la science réduites en systèmes : doctrinæ, se disant par préférence des sciences spéculatives, abstraites, des études philosophiques et savantes ; disciplinæ, des sciences pratiques appliquées aux usages de la vie.

Locus. Tractus. Regio. Plaga.

Locus, espace pris comme un point isolé, endroit, τόπος ; tractus, espace considéré comme une ligne, bande, zone qui s’étend au loin, c’est à peu près le grec ϰλίμα ; regio, espace pris comme un cercle, comprenant les environs d’un centre, contrée, χῶρος ; plaga, espace pris comme une surface en général.

Lucere. Fulgere. Splendere. Nitere. Renidere. Coruscare. Micare. Radiare.

1. Lucere, fulgere, splendere, nitere, désignent une clarté fixe et permanente : fulgere, celle d’une lumière intense ou d’une couleur de feu qui éblouit, comme φλέγω ; lucere, celle d’une lumière bienfaisante et d’une couleur de feu plus douce, comme φαίνω, φέγγω ; splendere, l’éclat d’une surface polie et nette, par opposition à sordere, comme λάμπω ; nitere en prose et en vers renidere, le lustre d’un corps humide, huilé, graissé, verni ou lavé, par opposition à squalere, comme στίλϐω.

2. Coruscare, micare, radiare, désignent une clarté intermittente et mobile comme étinceler et scintiller : coruscare, briller comme l’éclair qui sort brusquement de la nue ; micare, étinceler comme le métal qu’on agite au soleil ; radiare, lancer des jets de lumière comme le soleil qui darde ses rayons. Cic. Cat. II, 3. Qui nitent unguentis, qui fulgent purpura. Ceux qui empruntent le lustre des parfums, l’éclat de la pourpre. Auct. ad Herenn. IV, 33. Tantus erat in armis splendor ut solis fulgor obscurior videretur. Ses armes resplendissantes semblaient obscurcir les feux ardents du soleil. Plin. H. N. XXXVII, 2. Splendor murrhinis sine viribus, nitorque verius quam splendor. Il n’y a rien qui frappe dans l’éclat de ces vases, et ils ont même, à vrai dire, plus de lustre que d’éclat. Splendor présente en effet l’éclat sous son aspect majestueux, nitor sous son aspect aimable, comme dans Auct. ad Herenn. IV, 50. Gemmæ nitore et auri splendore. Par le lustre des pierreries et par l’éclat de l’or. Au figuré splendor marque la magnificence, nitor l’élégance.

Lucrum. Emolumentum. Quæstus. Compendium.

Lucrum et emolumentum, gain dans toutes les circonstances de la vie : lucrum, gain qu’on doit à ses propres efforts, par opposition à damnum, ϰέρδος ; emolumentum, avantage qui échoit à quelqu’un, par opposition à detrimentum, ὠφέλημα. Quæstus et compendium, bénéfice dans le domaine du commerce : quæstus, bénéfice soutenu, permanent, par opposition à sumptus, χρηματισμός ; compendium, profit accidentel et considérable, par opposition à dispendium.

Luculentus. Illustris.

Luculentus, synonyme de probabilis, ce qui supporte les regards et n’a point de raison de fuir la lumière, ce qui est comme il faut ; illustris, synonyme d’excellens, ce qui attire les regards, ce qui saute aux yeux et brille au soleil. Luculentus ne contient jamais un éloge emphatique. Cic. Off. III, 14, 60. Нос quidem satis luculente, c’est-à-dire cela s’entend. Et Finn. I, 5, 15 : Cum græce, ut videor, luculenter sciam. Je crois savoir convenablement le grec, ce qui n’est nullement prétentieux. C’est comme si on disait : sic satis.

Ludus. Schola.

Ludus, école élémentaire pour les enfants qui ont besoin d’apprendre et qu’on y oblige ; schola, école d’enseignement supérieur pour les jeunes gens et les hommes qui veulent s’instruire. Le ludus suppose des écoliers, discipulos, un maître, ludi magistrum, et une discipline classique ; la schola suppose des auditeurs, auditores, un professeur, doctorem, et un genre d’exposition académique.

Ludus. Lusus. Ludicrum. Jocus.

1. Ludus, le jeu qui offre à l’homme un moyen de divertissement ; lusus, le jeu auquel l’homme se livre, qu’il met en train, qu’il imagine. Ludus présente le jeu comme une récréation, par opposition à la peine ; lusus, comme une action puérile et vaine, par opposition aux occupations sérieuses. Plin. Ep. IX, 33, 3. Pueri quos otium ludusque sollicitat. Les enfants que dérangent le désœuvrement et le jeu. Comparez avec IX, 25 : Lusus et ineptias nostras legis. Tu lis les bagatelles et les sottises auxquelles nous nous sommes amusés. Cic. Flacc. 5, 12. Græci quibus jusjurandum jocus est, testimonium ludus, c’est-à-dire les Grecs pour lesquels c’est fort peu de chose que de porter un faux témoignage. Comparez avec Sen. Contr. I, 2. Piratas... quibus omne fas nefasque lusus est, c’est-à-dire les pirates aux yeux desquels la différence entre le juste et l’injuste n’est qu’un amusement, un jeu de mots sans conséquence.

2. Le pluriel ludi prend la signification particulière de spectacles publics, et, dans cette acception, il a pour singulier ludicrum.

3. Ludus et lusus ont un tour négatif ; ce sont de simples passe-temps, des distractions, comme moyen préservatif contre l’ennui ; jocus est un terme positif, amusements, plaisanteries, comme manifestation de la bonne humeur et de la vivacité d’esprit. Le ludens ne demande qu’à n’être point astreint, à ne rien faire de sérieux et à se délasser ; le jocans dépense en frivolités autant d’ardeur qu’on en peut mettre aux affaires.

Lues. Contagium. Pestilentia. Pestis. Pernicies. Exitium. Interitus. Exitus.

1. Lues, terme général, miasme, principe impur et délétère ; contagium, mal contagieux ; pestilentia, maladie contagieuse, et de plus régnante, ou au sens restreint, la peste proprement dite. Sall. Cat. 10. Post ubi contagio quasi pestilentia invasit. Puis, quand ce mal contagieux eut fait, comme la peste, d’irrésistibles progrès. Plin. H. N. XXIII, 28. Laurus folia pestilentiæ contagia prohibent. Les feuilles du laurier de Delphes préservent des atteintes contagieuses de la peste. Lucan. VI, 89. Fluidæ contagia pestis. L’air se charge d’exhalaisons pestilentielles[1].

2. La poésie seule emploie pestis pour la peste même ; hors de là, pestis exprime, comme exitium et pernicies, un fléau en général, sans qu’il soit question de maladie ; mais pestis s’emploie régulièrement comme terme concret, exitium et pernicies comme termes abstraits. Sen. N. Q. III, pr. Philippi aut Alexandri... qui exitio gentium clari non minores fuere pestes mortalium quam inundatio. Les Philippe et les Alexandre, fameux par la destruction de tant de peuples, fléaux de l’humanité aussi désastreux qu’un déluge.

3. Pernicies a la signification active ; il exprime qu’on fait périr par meurtre des êtres vivants ; exitium a la signification passive et s’entend même de la destruction d’objets inanimés ; enfin, interitus a, comme exitus, la signification neutre et se dit d’êtres animés ou inanimés qui tombent en décadence. Tac. Ann. XVI, 63. Poppæa non nisi in perniciem uxoris nupta ; postremo crimen omni exitio gravius. Poppée, qui ne s’était fait épouser que pour perdre la femme légitime ; une accusation enfin plus pénible que mille morts. Cic. Cat. IV, 3. Cum de pernicie populi Romani, exitio hujus urbis cogitarit. L’extermination du peuple romain, la destruction de la ville à laquelle il songeait sans cesse. Rull. II, 4, 10. Extremi exitiorum exitus.

4. Exitium, fin violente ; exitus, fin naturelle. Cic. Rull. II, 4, 10. Qui civitatum afflictarum perditis jam rebus extremi exitiorum solent esse exitus. Cela exprime pour ainsi dire le dernier soupir d’un État qui périt dans les convulsions. Verr. V, 6, 12. Exitus exitiales.

Lumen. Lux.

Lumen, le corps lumineux qui éclaire, φέγγος ; lux, la lumière émise, φάος. Cic. Finn. III, 14, 45. Ut obscuratur et offunditur luce solis lumen lucernæ. De même que la simple lumière du soleil fait pâlir et presque évanouir la flamme d’une lampe. Curt. VIII, 2, 21. Sed aditus specus accipit lucem ; interiora nisi allato lumine obscura sunt. L’entrée de la caverne est accessible à la lumière ; l’intérieur est plongé dans les ténèbres tant qu’on n’y porte point de flambeaux. Cic. Acadd. pr. II, 8, 26. Si ista vera sunt, ratio omnis tollitur, quasi quædam lux lumenque vitæ, c’est-à-dire que la raison, qui est seule claire et lumineuse en elle-même et par elle-même, répand sur la vie sa clarté et sa lumière. Et au sens figuré, lumen se rapporte au principe, lux, au simple fait de la célébrité. Cicéron, Man. 5, appelle Corinthe : Græciæ totius lumen, mais Rome, Cat. IV, 6 : lucem orbis terrarum. C’est comparer Corinthe à un foyer de lumières ; c’est dire de Rome que toutes les autres villes ne sont en comparaison que des cités obscures. Lucida oratio, discours plein de clarté, aisé à entendre ; luminosa, discours lumineux, plein de beautés éclatantes.

Luteus. Gilvus. Helvus. Flavus. Luridus.

Luteus, jaune par excellence, par exemple, jaune d’œuf ; gilvus et helvus, jaune obscur qui tire sur le rouge, celui du miel ; flavus et luridus, jaune clair qui tire sur le blanc ; flavus, jaune agréable et brillant, celui des cheveux blonds ; luridus, jaune pâle, désagréable, le jaune livide de la mort.

Lutum. Limus. Cœnum. Sordes. Squalor. Pædor. Situs. Stercus. Fimus. Oletum. Merda.

1. Lutum, limus, cœnum, matière malpropre et humide lutum, boue des rues et des routes, πηλός ; limus, limon des fleuves, ἴλυς ; cœnum, vase des marais, ϐόρϐορος. Tac. Ann. I, 63. Cætera limosa, tenacia gravi cœno aut rivis incerta erant. Hors de là des terrains limoneux où l’on reste fortement engagé dans la vase ou des terrains coupés par des ruisseaux. Sordes, squalor, pædor, situs, matière malpropre et sèche : sordes, opposé à splendor, crasse des pauvres, de la populace, des avares qui porteront, par exemple, des vêtements hors d’usage, ῥύπος ; squalor, opposé à nitor, malpropreté des gens qui manquent de savoir-vivre et de goût, qui oublieront, par exemple, de se peigner les cheveux, αὐχμός ; pædor, opposé à munditiæ, saleté des gens qui ne prennent aucun soin de leur personne, vermine, gale, πίνος ; situs, opposé à usus, moisissure, rouille, qui proviennent d’un abandon prolongé, ἄζη. De là viennent les formes différentes des adjectifs : lutosus, limosus, cœnosus, c’est-à-dire plein de boue, de limon, de vase ; mais sordidus, squalidus, pædidus, c’est-à-dire qui se sent des sordibus, etc. ; et dans les périphrases : oblitus luto, limo, cœno, mais obsitus sordibus, squalore, pædore.

2. Stercus, le femier considéré par son vilain côté, comme amas d’immondices, ϰόπρος ; fimus, par son côté utile, comme engrais.

3. Cœnum, terme général pour les excréments qui inspirent du dégoût ; oletum, excréments de l’homme ; merda, des animaux.

Luxus. Luxuria.

Luxus, usage ou étalage du luxe, parfois même objet de luxe ; luxuria met toujours l’homme en jeu ; c’est une disposition, une inclination, un penchant au luxe. Sen. Ir. I, 11. Animis delicias, luxum, opes ignorantibus. Ces âmes auxquelles les jouissances, le luxe, les richesses sont inconnues. Et un peu plus loin : Opinionem luxuriæ segnitiæque. Les lenteurs de Scipion le firent soupçonner d’aimer le luxe et le repos. Sall. Cat. 13. Romani famem aut sitim... luxu ante capere, c’est-à-dire par un raffinement que le luxe avait introduit. Comparez avec Jug. 90 (ou 85[1], vers la fin du discours de Marius). Luxuria atque ignavia, pessimæ artes, luxuria, c’est-à-dire la manie du plaisir.

M

Magnus. Grandis. Amplus. Ingens. Immanis. Vastus.

1. Magnus, grandis et amplus expriment une grandeur convenable ; ingens, immanis et vastus, une grandeur excessive. Sen. Ir. I, 16, 26. Nec enim magnitudo ista est, sed immanitas. Ce n’est pas le langage d’un grand homme, c’est celui d’un monstre.

2. Magnus exprime la grandeur sans idée accessoire, par opposition à parvus, comme μέγας ; grandis, avec une idée accessoire de force et de majesté naturelle, grandiose, par opposition à exilis, subtilis, tumidus, minutus, exiguus ; enfin, amplus, avec l’idée accessoire d’une dignité extérieure qui impose et fait impression.

3. Ingens, ἄπλετος, fait ressortir ce qu’il y a d’extraordinaire ; immanis, πελώριος, ce qu’il y a d’effrayant ; vastus, ἀχανὴς, ce qu’il y a de disgracieux dans une grandeur excessive.

Mala. Maxilla. Gena.

1. Mala, la mâchoire supérieure ; maxilla, la mâchoire inférieure.

2. Mala, terme usuel, la joue au sens physiologique ; gena, terme archaïque et choisi, la joue, avec une idée accessoire de beauté.

Maledictum. Probrum. Convicium.

Maledictum, tout ce qu’on dit pour nuire à autrui, soit en forme de malédiction pour lui porter malheur, soit en forme de paroles injurieuses pour le couvrir de honte, ϰαϰηγορία. Probrum et convicium, ce qu’on dit pour couvrir quelqu’un de honte : probrum, ὄνειδος, l’invective composée de phrases et de propos déshonorants ; convicium, λοιδορία, l’insulte composée de mots détachés et de surnoms déshonorants. Fur ! est un convicium ; fur es ! un probrum ; l’un et l’autre sont des maledicta.

Malitia. Malignitas. Malevolentia. Malus. Nequam. Pravus.

1. Malitia, la méchanceté qui aime à mentir et à tromper parce qu’elle est devenue insensible aux avertissements de la conscience ; malignitas, la malignité qui est une forme de l’amour de soi, qui ne souhaite de bien qu’à soi, jamais aux autres et provient d’un égoïsme qui court les rues ; malevolentia, la malveillance qui souhaite plutôt du mal que du bien à quelqu’un par aversion personnelle. La malitia est une façon de penser et d’agir punissable parce qu’elle compromet la sécurité publique ; la malignitas, un sentiment méprisable qui annonce un fond de misanthropie ; la malevolentia enfin est un défaut haïssable parce qu’elle est portée à se réjouir du mal qui arrive aux autres. La malice ne s’appelle jamais en latin malitia, mais plutôt malevolentia, et mieux encore studium nocendi.

2. Malus homo, homme immoral ; nequam, homme qui n’est bon à rien, dont le travers est de fuir les travaux utiles et de se plaire aux mauvais tours, vaurien, par opposition à frugi ; enfin, pravus, homme qui a pris une mauvaise direction au sens physique, intellectuel ou moral, par opposition à rectus. Quintil. VIII, 3, 48. Nec parricidam nequam dixeris hominem, nec meretrici forte deditum nefarium, quod alterum parum, alterum nimium est. Vous ne traiterez ni un parricide de vaurien ni un amoureux de monstre ; le premier dit trop peu, le second dit trop.

Mane. Crepusculo. Diluculo.

Mane, le matin, ὄρθρῳ ; il s’entend des premiers pas que le jour fait dans sa carrière, par opposition, d’une part, à la nuit, de l’autre, aux heures de la journée qui précèdent midi ; crepusculo, ἦρι, le matin, au crépuscule, par opposition au grand jour ; diluculo, enfin, le matin, à l’aube, par opposition aux ténèbres de la nuit, λυϰόφως.

Manere. Morari. Tardare. Detinere.

1. Manere, rester, par opposition à partir ; morari, s’arrêter en route, interrompre un mouvement au lieu d’aller de l’avant. Cic. Sen. 23. Commorandi natura deversorium nobis, non habitandi dedit. C’est un asile passager, ce n’est point une demeure fixe que nous a donné la nature. Dans Tac. H. II, 48. Irent propere neu remanendo iram victoris asperarent. Il fallait se hâter d’y aller et éviter tous les retards qui pourraient irriter le courroux du vainqueur : la variante remorando mérite la préférence.

2. Morari aliquem, décider quelqu’un à s’arrêter de son plein gré, διατρίϐειν ; tardare, lui susciter des difficultés qui l’empêchent de parcourir rapidement son chemin, ϐραδύνειν ; detinere, l’empêcher par force d’avancer, ϰατέχειν. Tardare se rapporte par préférence à l’action ; detinere, à la personne ; morari, aux deux.

Manere. Exspectare. Præstolari. Opperiri.

1. Manere n’exprime qu’une action physique, comme d’attendre et de rester en un lieu jusqu’à ce qu’une chose arrive ; exspectare, præstolari et opperiri expriment une action de l’âme, comme d’attendre quelque chose ou quelqu’un avec une certaine tension d’esprit.

2. Exspectare présente l’attente comme un acte simple de l’esprit, sans idée accessoire d’application pratique ; præstolari et opperiri expriment en outre cette idée accessoire que celui qui attend compte agir quand la chose ou la personne attendue sera arrivée.

3. Le præstolans attend une personne au service et à la disposition de laquelle il veut se mettre ; l’opperiens, un événement par lequel il ne veut point se laisser surprendre. Le præstolans est un inférieur ; l’opperiens, un égal, soit ami, soit ennemi, par rapport à la personne attendue. Enfin, præstolari est un terme prosaïque, opperiri, un terme poétique ou du moins choisi. Les Latins n’ont point de synonymes qui correspondent à la distinction qu’on fait en allemand entre warten et harren, entre l’attente paisible, calme, et l’attente impatiente qui tend tous les ressorts de l’âme.

Mansuetudo. Clementia.

Mansuetudo, la douceur et la magnanimité de l’homme et du particulier qui ne tire point vengeance d’une injure, par opposition à iracundia ; clementia, l’indulgence et l’humanité du souverain ou du juge qui ne fait point subir au coupable un châtiment mérité, par opposition à crudelitas.

Mare. Æquor. Pontus. Pelagus.

1. Mare, la mer prise comme un amas d’eau, par opposition à terra et aer, ἄλς, θάλασσα ; æquor, pelagus et pontus, la mer au point de vue de ses dimensions : æquor et pelagus, de sa dimension horizontale, la surface de la mer, comme πέλαγος, d’où vient πελαγίζειν, inonder ; pontus, de sa dimension verticale, la profondeur de la mer, comme πόντος, d’où ποντίζειν, submerger. Colum. VIII, 17. Ut in solo piscinæ posita libella septem pedibus sublimius esset maris æquor. En sorte qu’un niveau placé sur le fond du vivier marque sept pieds au-dessous du niveau de la mer. Ovid. Met. II, 872. Mediique per æquora ponti fert prædam. Il traverse les plaines de la haute mer avec la proie qu’il emporte.

2. Æquor, la surface de la mer au simple sens physique ; pelagus, avec l’idée accessoire de sa vaste étendue, de son immensité.

Margo. Ora.

Margo, le bord, la limite naturelle d’une surface conçue comme une ligne mathématique, et ne comprenant que par extension la partie extrême de la surface ou bordure ; ora, la frange, la bordure artificielle de la surface, ajoutée le plus souvent dans un but d’ornement et occupant elle-même une certaine largeur. Aussi dit-on ora togæ et non margo, et vice versa margo fluminis et ripæ, quand il s’agit de désigner la ligne de bord à l’exclusion de la rive.

Mederi. Medicari. Sanare. Medicamen. Medicina. Remedium.

1. Mederi et en vers medicari, synonymes de curare, ἰᾶσθαι, présentent la guérison comme le résultat obtenu par le médecin et dû à ses soins, à sa prudence, à son art ; sanare, synonyme de restituere, ἀϰεῖσθαι, comme l’effet du remède qui rend la santé au malade par une action physique.

2. Medicamentum, médecine considérée dans sa substance matérielle, telle qu’elle sort des mains du pharmacien, φάρμαϰον ; medicina, médecine considérée au point de vue de sa vertu curative, telle qu’elle est prescrite par le médecin : c’est d’une maladie qu’il s’agit dans les deux cas. Remedium, toute espèce de secours contre un mal donné, ἄϰος. CIC, N. D. II, 53, Medicamentorum salutarium plenissimæ terræ. Terres qui abondent en simples salutaires. Comparez avec Divin. II, 51. A medico petere medicinam. Demander une ordonnance au médecin.

Medius. Modicus. Mediocris.

Medius est toujours adjectif de lieu, au milieu, entre deux, par opposition aux points extrêmes ; modicus est un adjectif de quantité qui se rapporte au nombre et à la grandeur, comme modéré, par opposition à toute sorte d’excès ; mediocris est un adjectif de qualité qui se rapporte à la valeur d’un objet, comme médiocre, par opposition à l’excellence. Il y a identité entre modicæ facultates, une certaine dose de moyens, et mediocre ingenium, un génie médiocre. Cic. Rep. II, 31. Haud mediocris vir fuit, qui modica libertate populo data facilius tenuit auctoritatem principum. Je ne saurais voir un génie médiocre dans l’homme qui ne donna au peuple une liberté modérée que pour mieux conserver l’autorité des grands.

Membrum. Artus.

Membrum, le membre même constituant une partie du corps, comme μέλος et χῶλον ; artus, l’articulation du membre, comme ἄρθρον et ἅψος. Sen. Contr. II, 13. Differebatur distortis manibus, emotis articulis ; nondum in sua membra artus redierant[1]. On la tiraillait encore quoique les mains fussent disloquées, les articulations luxées ; les jointures ne s’étaient pas encore rapprochées des membres. Virg. Æn. V, 422. Magnos artus membrorum. Les muscles puissants qui servaient d’attache aux membres. Quintil. Decl. Ult. Ut per singulos artus membra laxaret[2]. Afin de déboîter les membres à chaque jointure. D’autre part, membra se dit de toutes les parties du corps, même de la tête et du tronc ; artus ne désigne que les extrémités qui se rattachent par des jointures, commissuræ, au corps proprement dit, composé de la tête et du tronc.

Meminisse. Reminisci. Recordari.

Meminisse présente le souvenir comme un état de l’esprit, μεμνῆσθαι, on a conservé un fait dans sa mémoire, on sait encore sans avoir jamais oublié, c’est le sens de memorem esse ; reminisci et recordari présentent le souvenir comme un acte de l’esprit, ἀναμιμνήσϰεσθαι, on retrouve une idée qu’on avait perdue de vue. Mais reminisci exprime, comme in memoriam revocare, un acte momentané ; recordari un acte durable, comme revocata in memoriam contemplari. Cic. Lig. 12, 35. Equidem, cum tuis omnibus negotiis interessem, memoria teneo, qualis T. Ligarius, quæstor urbanus, fuerit erga te et dignitatem tuam ; sed parum est, me hoc meminisse ; spero etiam te, qui oblivisci nihil soles, nisi injurias, quoniam hoc est animi, quoniam etiam ingenii tui, te aliquid de hujus illo quæstorio officio cogitantem, etiam de aliis quibusdam quæstoribus reminiscentem recordari. Témoin de tous tes embarras, j’ai la mémoire encore pleine de ce que T. Ligarius a fait pour toi, pour ménager ta dignité, dans sa questure civile. Mais c’est peu que je me souvienne moi. Tu nous as habitués à ne te voir jamais oublier que les injustices, c’est là que va la pente de ton âme et de ton caractère ; j’espère donc qu’en songeant à la manière dont il a rempli cette charge, tu t’arrêteras aussi sur les souvenirs qui se rapportent à quelques autres questeurs. Ce passage fait voir 1º que memoria tenere n’est qu’une périphrase de meminisse ; 2° que recordari peut être une conséquence de reminisci, sans que la réciproque soit vraie, car il y a entre les deux le même rapport qu’entre intueri et conspicere. Cic. Sen. 21. Pueri... ita. celeriter res innumerabiles arripiunt, ut eas non tum primum accipere videantur, sed reminisci et recordari. Les enfants saisissent si promptement une foule d’idées qu’ils ont l’air de les retrouver et de s’y arrêter par souvenir plutôt que de les recevoir pour la première fois. Cicéron aurait pu ajouter : quæ non satis meminerint, sed in aliquantum temporis obliti sint : idées qui ne s’étaient point assez gravées dans leur mémoire, qu’ils avaient oubliées pour un temps. Tusc. I, 24, 58. Animus, quum se collegit atque recreavit, tum agnoscit illa reminiscendo ; ita nihil aliud est discere, quam recordari. L’esprit se recueille et reprend des forces, après quoi il retrouve ces idées par un effort de mémoire ; apprendre, c’est donc s’arrêter sur des souvenirs. Sen. Ep. 100. Magis reminiscor quam teneo. C’est un souvenir que je retrouve plutôt qu’un souvenir qui m’est resté.

Mercenarii. Operarii. Operæ.

Mercenarii, journaliers qui ne travaillent point à leur compte, mais pour un salaire, par opposition au propriétaire qui a le profit ; operarii et operæ, manœuvres qui entreprennent pour un autre un travail mécanique par opposition au maître qui fournit l’idée. Les mercenarii sont relégués à un rang inférieur par leurs mœurs ; les operarii, par la grossièreté de leur travail,

Merere. Dignum esse. Mereri.

1. Merere et mereri, mériter par une action ; dignum esse, être digne par une qualité.

2. Merere est habituellement transitif, il se joint à un accusatif ou à une proposition explicative ; mereri est intransitif, et se joint à une expression adverbiale. Cic. Rosc. Com. 15. Fructum quem meruerunt retribuam. Je leur payerai le tribut d’éloges qu’ils ont mérité. Comparez avec Catil. II, 2, 4. Si illum ut erat (sous-entendu : de me) meritus morte mulctassem. Si je lui avais infligé la peine de mort comme je le lui devais.

3. Merere, employé comme verbe intransitif ou sans complément, signifie servir en qualité de soldat, par ellipse de stipendia ; mereri, employé comme verbe transitif ou avec un complément signifie gagner, acquérir quelque chose, sans idée de mérite.

Meridies. Medius dies.

Meridies, le coup de midi considéré comme un point qui sépare la matinée de l’après-midi ; medius dies, le milieu de la journée considéré comme un espace qui est compris entre le matin et le soir.

Merx. Mercimonium.

Merx, la marchandise qui est par le fait un article de commerce ; mercimonium, celle qui peut le devenir, la matière première. Tac. A. XI, 5. Nec quidquam publicæ mercis tam venale fuit. De toutes les marchandises qui sont dans le commerce, aucune ne se vendait mieux. Comparez avec XV, 38. Mercimonium quo flamma alitur. Les matières les plus propres à servir d’aliment à la flamme.

Metiri. Metari. Dimetiri. Dimetari.

1. Metiri, mesurer un espace pour en connaître la grandeur ; metari, jalonner l’espace mesuré pour en indiquer les limites.

2. On emploie dimetiri et dimetari pour indiquer en outre qu’on mesure et qu’on jalonne les subdivisions ; metari castra se rapporte simplement à l’enceinte des retranchements, mais quand Tite-Live dit par préférence VIII, 38, Locum castris dimetari, c’est qu’il marque expressément, ce qui d’ailleurs va de soi, qu’on a aussi jalonné les places d’armes, principia, l’emplacement de la tente du général, prætorium, etc., dans l’intérieur du camp.

Misereri. Miserari. Miseret me.

1. Misereri, avoir le cœur plein de pitié, comme compatir et ἐλεεῖν ; miserari, montrer de la pitié en paroles, comme plaindre et οἰϰτείρειν. Les Latins n’ont point de terme spécial pour la pitié en action ou erbarmen de l’allemand.

2. Misereor tui présente la pitié comme un acte de libre arbitre, il peint la générosité de la personne qui compatit, comme si on disait en allemand : ich erbarme mich dein, j’ai pitié de toi. Miseret me tui présente la pitié comme une impression irrésistible, tout mérite moral disparaît, et la grandeur du malheur d’autrui en ressort d’autant, comme si on disait en allemand es erbarmt mich dein, tu me fais pitié. Car miserere est un verbe causatif, comme οἰϰτίζειν.

Missile. Hasta. Lancea. Jaculum. Verutum. Tragulum. Pilum.

Missile, terme général pour toute espèce d’arme qui sert à combattre de loin, trait ou flèche ; hasta et lancea, armes de main et de jet, la pique : hasta, l’arme nationale des Romains, δόρυ ; lancea, arme étrangère attribuée aux Suèves, λόγχη. Pilum, jaculum, verutum, sont plutôt des armes de jet, le javelot : jaculum, terme général comprenant l’arme de ce genre usitée à la chasse ou épieu, ϐέλος ; verutum et tragulum, termes techniques pour les javelots militaires, ἄϰων ; pilum, terme spécial pour le javelot du légionnaire romain. Liv. IX, 19. Romano pilum haud paulo quam hasta vehementius ictu missuque telum. Le légionnaire romain a son javelot qui n’a guère moins de pénétration que la pique comme arme de main et de jet.

Mitis. Lenis. Placidus.

Mitis, doux par caractère, par opposition à acerbus, comme μείλιχος ; lenis, doux dans ses actions, par opposition à vehemens, comme πρᾶος ; placidus, dans ses façons, par opposition à turbidus, comme ἤπιος.

Mittere. Legare. Amittere. Dimittere. Omittere.

1. Mittere, exprime l’idée générique, comme envoyer ; legare, a un sens spécial et politique, comme déléguer. Le missus est un serviteur ou un messager ; le legatus, un représentant.

2. Amittere et dimittere, laisser échapper de ses mains ce qu’on tenait en son pouvoir amittere, contre sa volonté, comme perdre ; dimittere, après en avoir usé, comme congédier. Omittere, laisser passer quelque chose devant soi sans en prendre possession. Et, pour préciser : amittimus inviti et casu, omittimus volentes et sponte. Amittere occasionem, c’est perdre une occasion et se mettre hors d’état de l’utiliser par indolence, tandis qu’omittere, c’est renoncer à en tirer parti et ne pas vouloir l’utiliser pour en faire peu de cas. Et vitam amittere, c’est perdre la vie, mais omittere, c’est la sacrifier.

Modo—modo. Nunc—nunc.

Modo—modo ne devrait s’appliquer à la rigueur qu’à des actions passées ou futures ; nunc—nunc à des actions présentes. Cette distinction est tombée en désuétude, mais nunc—nunc a du moins un tour plus vif et appartient à la poésie et à la prose élevée, comme tantôt... tantôt ; modo—modo est, comme une fois... une autre fois, le terme propre de la prose dont Cicéron se sert constamment.

Modus. Modestia. Moderatio. Temperatio. Continentia. Abstinentia.

1. Modus, l’idée de la mesure et de la règle prise comme un précepte moral indépendant de toute personnalité, ce que les Grecs entendent par μέτριον, μηδὲν ἄγαν ; modestia et moderatio, la même idée par rapport au sujet qui la possède ou la pratique : modestia, sous forme de sentiment, et moderatio sous la forme d’une conduite que dirige ce sentiment de la mesure et de la règle.

2. Moderatio, la modération qui est fille de l’intelligence, du calcul et de la réflexion, elle est parente de la prudentia ; temperatio et temperantia, qualité qui pénètre l’homme entier et ennoblit tout son être, elle est parente de la sapientia. La moderatio suppose, comme l’empire sur soi-même, une lutte des passions avec la raison dans laquelle la raison a le dessus ; la temperatio suppose, comme la tranquillité d’esprit, une raison qui a déjà pris le dessus, soit par un effet de la nature, soit par progrès moral.

3. Temperatus, temperatio, expriment simplement une qualité louable qui peut appartenir aux choses ; temperans, temperantia, une vertu dont les êtres raisonnables sont seuls susceptibles.

4. Moderatio, la modération dans l’action par opposition à cupiditas ; continentia, dans la jouissance par opposition à libido.

5. Continentia, l’empire qu’on exerce sur les désirs sensuels, la continence ; abstinentia, sur la convoitise de la propriété d’autrui, l’honnêteté stricte. Il est moins exact de traduire abstinentia par désintéressement, cette dernière vertu n’étant imposée que par la morale, tandis que l’abstinentia est commandée par la loi.

6. La modestia craint de dépasser la juste mesure ou modus par égard pour la morale qui la prescrit ; la verecundia et la reverentia, par égard pour des personnes auxquelles le verecundus craint de déplaire et auxquelles le reverens croit devoir du respect ; enfin, la pudor, par égard pour elle-même afin de ne pas s’exposer au mépris. Varron, dans Non. Non te tui saltem pudet, si nihil mei revereare ? N’as-tu point de honte pour toi-même, si tu n’as plus aucun respect pour moi ? Terent. Phorm. I, 5, 3, ou II, 1, 3. Non simultatem meam revereri ? Saltem pudere ? Ne pas reculer par respect devant mon inimitié ? Ne pas rougir pour lui-même ?

Moles. Onus. Pondus. Gravitas.

Moles et onus, la pesanteur envisagée par son côté désavantageux : moles, au sens absolu, comme un obstacle, en parlant d’un objet difficile à remuer à cause de sa grandeur, ὄγϰος ; onus, au sens relatif, comme une charge ou un fardeau qui accable le porteur, φόρτος. Pondus, la pesanteur envisagée par son côté avantageux, comme puissance et comme force, le poids, ἄχθος. Enfin, gravitas réunit ces deux rapports et exprime tantôt la pesanteur qui est à charge, tantôt le poids qui devient une force active, ϐάρος.

Mons. Jugum.

Mons, la montagne, par rapport à sa dimension en hauteur, ὄρος ; jugum, par rapport à ses dimensions en largeur et en longueur. Jugum a deux sens. Il se dit de la courbe supérieure de la montagne, courbe qui prend encore les noms plus précis de dorsum et de cacumen, selon qu’elle est aplatie ou pointue, par opposition à radices montis. Il se dit aussi des contre-forts d’une montagne et particulièrement des hauteurs par lesquelles différentes montagnes sont réunies de manière à former une chaîne. Par opposition à mons. Liv. XXII, 18. Sub jugo montis prælium fuit. Le combat eut lieu au-dessous de la crête de la montagne. Comparez avec XLI, 18. Petilius adversus Balistæ et Leti jugum, quod eos montes perpetuo dorso conjungit, castra habuit. Pétilius campa en face des contre-forts du Baliste et du Létus qui réunissent ces montagnes par une crête continue.

Mors. Letum. Nex. Obitus. Interitus. Perire. Oppetere. Demori. Intermori. Emori.

1. Mors et letum, la mort naturelle : mors, qui est le terme ordinaire, se prend simplement au sens physique ; c’est le chemin qui mène à la dissolution, θάνατος ; letum est le terme choisi, solennel, la mort imposée par le destin, οἶτος ; nex, la mort violente, terme passif, par opposition au terme actif de cædes.

2. Mors, letum, nex, sont des termes propres ; obitus et interitus, des euphémismes. Obitus désigne, comme exitus, une mort naturelle ; interitus et perire désignent habituellement, comme exitium, une mort violente. Plin. Ep. III, 7. Silius ultimus ex Neronianis consularibus obiit, quo consule Nero periit. De tous les consulaires du règne de Néron, Silius fut le dernier à partir ; la mort violente de Néron date de son consulat. Plaut. Epid. III, 4, 56. Malo cruciatu pereas atque obeas cito. Va-t’en périr dans les tourments, pars au plus vite.

3. Perire présente la mort comme une destruction et une corruption ; interire, comme une disparition, en sorte qu’à la rigueur celui-là regarde plutôt le corps, celui-ci plutôt l’âme. Plaut. Capt. III, 5, 32. Qui per virtutem periit, at non interiit, c’est-à-dire celui qui meurt par un noble trépas, de celui-là le corps seul périt, l’essence de son être (il ne s’agit pas ici de l’âme, mais de la renommée et de la gloire) ne passe point. En outre, perire désigne une mort prompte et tragique, particulièrement par suicide ; interire, une mort lente et douloureuse ou encore une mort paisible. Tac. Ann. XV, 44. Et pereuntibus Christianis addita ludibria, ut ferarum tergis contecti laniatu canum interirent. Et pour se faire un jeu de la mort violente des chrétiens, on les couvrait de peaux de bêtes sauvages, et ils mouraient lentement déchirés par les chiens. Serv. ap. Cic Famm. IV, 5. Si quis nostrum interiit aut occisus est. Si l’un de nous est mort tranquillement ou s’il a été tué.

4. Obire mortem présente la mort comme un accident physique ; on reste tout à fait passif ; oppetere, comme un acte moral : si l’on ne va pas chercher la mort, on l’attend du moins avec une fermeté méprisante.

5. Demori, sortir par la mort d’une société dans laquelle on laisse un vide ; intermori, être frappé pour un temps de mort apparente, ἐϰθανεῖν ; emori, mourir tout à fait, par opposition à un semblant de vie passée dans le malheur, l’esclavage et la honte, πανδίϰως θανεῖν. Cic. Pis. 7. Ut emori potius quam servire præstaret. Plutôt mille morts que l’esclavage.

Mulcere. Palpare.

Mulcere, passer légèrement la main sur un corps rude, par exemple, sur des cheveux pour les lisser ; au figuré, adoucir un homme en colère, comme ϰαταψῆν ; palpare, toucher légèrement un corps lisse, par exemple, la peau nue, pour causer par l’attouchement une sensation agréable ; au figuré, se mettre en frais d’amabilité, cajoler, comme ψηλαφᾷν.

Murus. Paries. Mœnia. Maceria. Parietinæ. Munimenta.

1. Murus, toute espèce de bâtisse en forme de mur, au point de vue exclusif de la forme, sans égard à la destination, τεῖχος ; paries, mur latéral, mur mitoyen ou cloison servant à établir des séparations, τοῖχος ; mœnia, murs d’une ville pour servir de défense contre l’ennemi, περίϐολος ; maceria, le mur qui entoure une pièce de terre pour en marquer les limites et pour la protéger contre les voleurs, la clôture d’un jardin, d’un vignoble, θριγϰός. Virg. Æn. VI, 549. Mœnia lata videt triplici circumdata muro. Il voit une vaste enceinte entourée d’un triple mur. Tac. Ann. XV, 43. Nero instituit, ut urbis domus non communione parietum sed propriis quæque muris ambirentur. Néron décida que les maisons de Rome n’auraient plus de murs mitoyens, que chacune aurait les siens.

2. Muri, mœnia, etc., murs en bon état d’entretien ; parietinæ, murs en ruine.

3. Mœnia, remparts d’une ville propres à résister à un coup de main ; munimenta, fortifications régulières d’une place forte ou d’un camp retranché, capables de braver un assaut.

Mutilare. Truncare.

Mutilare se dit de mutilations légères, comme de briser les cornes, de couper le nez, les doigts, etc. ; truncare, de mutilations graves, comme de trancher les bras, les pieds, les mains. On peut comparer les mutilata membra à des rameaux et à des scions rompus ; les truncata, à de grosses branches abattues.

N

Nasus. Nares.

Nasus, le nez, partie saillante du visage, ῥίν ; nares, les fosses nasales ou narines, organe actif du sens de l’odorat, μυϰτῆρες.

Necessarius. Propinquus. Cognatus. Consanguineus. Affinis.

1. Necessarius, toute personne à laquelle on est lié par un rapport durable, par des relations d’affaires en qualité de collega, de patronus, de cliens, ou par des relations privées en qualité de familiaris, d’amicus, comme προσήϰοντες ; propinquus, toute personne à laquelle on tient par des rapports de famille, parent quelconque, comme ἀγχιστεῖς et ἔται : c’est le terme générique qui comprend, outre le cognatus et le consanguineus ou parents par le sang, l’affinis ou parent par mariage ou alliance, comme ϰηδεστής.

2. Cognatio, la parenté par le sang entre membres de la famille, comme σύναιμος ; consanguinitas, celle de nations qui appartiennent à la même race, comme συγγενής. Cæs. B. G. VII, 32. Hominem summæ potentiæ et magnæ cognationis. Personnage très-puissant et de grande famille. Comparez avec I, 11. Ambarii necessarii et consanguinei Æduorum. Les Ambarriens attachés aux Éduens et de même race qu’eux.

Necesse est. Oportet. Opus est. Debere.

1. Necesse est exprime une exigence de la nature et de la nécessité, comme ἀνάγϰη ἐστίν ; oportet, une exigence de la morale et de l’honneur, comme χρή ; opus est, de la prudence, comme δεῖ. Cic. Orat. II, 25. Jure omnia defenduntur quæ sunt ejus generis, ut aut oportuerit, aut licuerit, aut necesse fuerit. On excuse tous les faits de ce genre en se rejetant sur une obligation morale, sur une liberté consacrée par l’usage ou sur la nécessité. Att. IV, 6. Si loquor de republica quod oportet, insanus, si quod opus est, servus existimor. Si je parle honneur à propos des affaires publiques, je passe pour un insensé ; si je parle prudence, je passe pour un esclave. Sen. Ep. 94. Emo non quod opus est, sed quod necesse est ; quod non opus est, asse carum est. Je ne fais point tous les achats qu’exigerait la prudence, mais seulement ceux qu’exige la nécessité ; pour une acquisition que la prudence ne commande pas, c’est trop d’une pièce de cuivre. Sall. Jug. 31. Nihil vi, nihil secessione opus est ; necesse est suomet ipsi more præcipites eant. La prudence n’exige de vous ni violence ni retraite sur le mont sacré ; il faut de toute nécessité que leur propre conduite les entraîne à leur perte.

2. Oportet exprime le droit que les autres exercent sur nous au nom de la morale ; debere, l’obligation morale à laquelle nous nous sentons soumis, comme ὀφείλειν. Tac. H. IV, 7. Accusatores etiamsi puniri non oporteat, ostentari non debere. Si on n’était point obligé en droit à punir les accusateurs, du moins ne devait-on pas les montrer au public.

Negare. Infitiari. Infitias ire. Denegare. Pernegare. Recusare. Abnuere. Renuere. Repudiare.

1. Negare, nier au nom de la vérité qu’on voit ou qu’on prétend voir, comme ἀποφάναι, οὐ φάναι ; infiteri, infitiari et infitias ire, renier, désavouer pour quelque raison d’intérêt personnel, comme ἀρνεῖσθαι. Cic. Fr. Tog. cand. p. 525. Or. Denique illi negare potuerunt et negarunt ; tu tibi ne infitiandæ quidem impudentiæ locum reliquisti. Pour eux, ils pouvaient nier et ils ont nié le fait ; pour toi, tu ne t’es même pas réservé le moyen de désavouer ton effronterie.

2. Infiteri, terme vieilli ; infitiari, terme usuel et général. Infitias ire ne se construit en prose qu’avec une négation et répond alors à ne pas disconvenir.

3. Negatio, négation qui a pour but ou pour effet d’instruire l’auditeur ; pernegatio ou negitatio, de le convaincre quand il se montre incrédule ; denegatio, de le chagriner, particulièrement à propos d’une prière qu’on n’exauce pas. Mart. Ep. IV, 82. Negare jussi, pernegare non jussi. J’ai voulu un non tout court, je n’ai pas voulu de non répétés. Cic. Phil. XI, 8, 19. In quo maximum nobis onus imposuit ; assensero : ambitionem induxero in curiam ; negaro : videbor suffragio meo tanquam comitiis honorem homini amicissimo denegasse. L. César nous a mis là sur les épaules un pesant fardeau. Dire oui, c’est introduire des cabales dans le palais du sénat ; dire non, c’est paraître dénier par mon vote, comme par une décision des comices, cet honneur à mon meilleur ami.

4. Negare ne suppose qu’une demande, ou faite ou faisable, à laquelle on répond non ; recusare suppose une insinuation qu’on repousse, d’où il résulte que negare est une manière de parler plus répandue et plus douce que recusare ; car le negans, qu’on questionne ou qu’on prie, nie simplement la possibilité de la chose ; le recusans se retranche sur-le-champ dans son droit, il proteste contre l’insinuation en homme qu’on menace ou sur lequel on empiète. Aussi negare, denegare, sont-ils plus usités à propos d’affaires particulières ; recusare, à propos d’affaires publiques.

5. Negare et recusare exigent des paroles ou des discours ; abnuere et renuere n’exigent guère que des signes ou des gestes : abnuere, un geste de la main pour congédier, comme ἀπονεύω ; renuere, un signe qui consiste à retirer la tête en arrière, comme ἀνανεύω.

6. Abnuere est une manière amicale ; renuere, une manière hautaine de dire non.

7. Recusare se rapporte à un objet qui s’annonce comme un fardeau et qui entreprend sur la résignation des gens, par opposition à suscipere ; repudiare, à un objet qui s’annonce comme un bien et qui promet du profit ou du plaisir, par opposition à assumere. Cic. Finn. I, 10,33. Sæpe eveniet ut et voluptates repudiandæ sint et molestia non recusanda. Il y aura souvent lieu et de congédier les plaisirs et de ne pas repousser la peine.

Neutiquam. Nequaquam. Minime.

Neutiquam, en aucun cas, par opposition à utique ; nequaquam, en aucune façon ; minime, pas le moins du monde.

Nihil est. Nihili est. Nullus est.

Nihil est exprime le comble de l’impuissance et de l’incapacité, comme être autant que rien ; nihili est, le défaut absolu de valeur, l’inutilité complète, comme ne compter pour rien ; enfin, nullus est, la négation de l’existence : n’être plus.

Nominare. Nuncupare. Vocare. Appellare.

Nominare et nuncupare, désigner une personne par son nom : nominare, par un nom qui lui appartient de vieille date ; nuncupare, donner un nom à un objet qui n’en a pas encore, dénommer, surnommer. Appellare et vocare, désigner une personne ou un objet par un nom, un titre ou un attribut quelconque.

Nonnunquam. Interdum. Aliquando.

Nonnunquam, de temps à autre, opposé à nunquam et semper, se rapproche de l’idée exprimée par sæpius, comme ἔσθ’ ὅτε ; interdum, parfois, opposé à crebro, se rapproche de l’idée exprimée par rarius, comme ἐνίοτε ; enfin, aliquando, quelquefois, une ou deux fois, opposé à semel, se rapproche de l’idée exprimée par propenunquam, comme ποτέ. Les interdum facta sont des faits isolés ; les nonnunquam facta, des faits qui se répètent ; les aliquando facta, des faits rares. Cic. Sext. 54. Comitiorum et concionum significationes interdum veræ sunt, nonnunquam vitiatæ et corruptæ. Les manifestations de comices et des autres assemblées sont parfois vraies ; ne sont-elles pas, de temps à autre, entachées de fraude et de violence ?

Novus. Recens. Novicius.

1. Novus, nouveau, se dit de ce qui n’existait pas précédemment, par opposition à antiquus, comme νέος ; recens, récent, de ce qui n’existe pas depuis longtemps, comme ϰαινός.

2. Novus se prend généralement pour tout ce qui est nouveau ; il y a, de plus, dans novicius, l’idée accessoire du novice qui a de nouvelles habitudes à prendre ou du nouveau venu auquel il faut que les autres s’habituent.

Numen. Deus. Divus. Semo. Heros.

Numen, pris dans son acception générale, tout être divin, δαίμων. C’est le terme générique, par rapport à deus, anciennement divus, le dieu, θεός, et à semideus, le demi-dieu, ἡμίθεος, ou semo, moitié homme, moitié dieu. L’usage a donné pour équivalent à ces deux mots, outre heros, qui est d’origine étrangère, numen, pris dans son acception restreinte. Plin. Pan. 2, 3. Nusquam ut deo, nusquam ut numini blandimur. Nous ne cherchons aucune occasion de lui complaire comme à un dieu, ni même comme à un demi-dieu.

Nuper. Modo.

Nuper, il y a quelques jours, quelques mois, même quelques années, dernièrement, νεωστί ; modo, il y a quelques instants, à l’instant même, ἄ ρτι. Cic. Verr. IV, 3, 6. Nuper homines nobiles ejusmodi ; sed quid dico nuper ? imo vero modo ac plane paulo ante vidimus. De ces hommes illustres nous en avons vu dernièrement. Et que signifie ce dernièrement ? Ne les voyions-nous pas encore tout à l’heure, à l’instant ? Tusc. I, 24. Quanta memoria fuit nuper Charmadas ! quanta qui modo fuit Scepsius Metrodorus ! Et, dans ces derniers temps, quelle mémoire chez Charmadas ! quelle encore chez Scepsius Métrodorus, qui vient à peine de s’éteindre !

O

Objicere. Exprobrare.

Objicere, adresser à quelqu’un un reproche dont il peut se justifier comme d’une accusation ; exprobrare, un blâme qu’il est obligé de laisser peser sur lui. L’objiciens entend qu’on s’explique ; l’exprobrans ne cherche qu’à couvrir de honte. Cic. Verr. V, 50, 132. Num casus bellicos tibi exprobrare aut objicere videor ? Est-ce que j’ai l’air de tirer contre toi des hasards de la guerre un sujet de blâme ou de reproche ?

Oblectatio. Delectatio.

Oblectatio, occupation agréable, passe-temps, amusement qui préserve de l’ennui et procure quelque plaisir ; delectatio, véritable divertissement qui procure une jouissance positive et un plaisir solide. Cic. Orat. I, 26. In iis artibus, in quibus non utilitas quæritur necessaria, sed animi libera quædam oblectatio. Dans les études qui n’ont point un but d’utilité et de nécessité, qui amusent l’esprit sans l’assujettir. Et Ep. Qu. Fr. II, 14. Satis commode me oblectabam. J’étais assez agréablement occupé. Comparez avec Famm. IX, 24. Magna te delectatione et voluptate privavisti. Tu as perdu par ta faute un plaisir vif et charmant.

Obscurum. Tenebræ. Caligo. Tenebricosus. Opacus. Umbrosus.

1. Obscurum, sombre, s’entend d’une simple privation d’éclairage, comme σϰότος, par opposition à illustre ; tenebræ, d’une privation de lumière, c’est l’obscurité, ζόφος, ϰνέφας, par opposition à lux ; enfin, caligo signifie quelque chose de réel et d’opposé à la lumière et à la clarté, les ténèbres, ἄχλυς. Caligo renchérit sur tenebræ, qui renchérit sur obscuritas, qui renchérit sur opacum et umbrosum. Cic. Acadd. IV, 23, 72. Sensus quidem non obscuros facit sed tenebricosos. Les sens, loin de nous éclairer, nous retiennent dans l’obscurité. Plin. Ep. VII, 21. Cubicula obductis velis opaca, nec tamen obscura facio. Mes tentures donnent de l’ombre à mes pièces sans les rendre sombres. Tac. H. II, 32. Senatum et populum nunquam obscurari nomina, etsi aliquando obumbrentur. Rien ne ternira jamais les noms du sénat et du peuple, quoiqu’une ombre puisse passer dessus. Au figuré, obscurus désigne ce qui n’a point de prix, ce que personne ne remarque ; tenebricosum marque quelque chose de positivement mauvais qui recherche l’obscurité pour passer inaperçu.

2. Opacus, ombragé, avec l’idée d’une fraîcheur agréable et bienfaisante, par opposition à apertus et apricus, comme εὔσϰιος ; umbrosus, plein d’ombre, presque sombre, σϰιόεις.

Occasio. Opportunitas. Potestas. Copia. Facultas.

Occasio et opportunitas, l’occasion offerte par la fortune et le hasard : occasio, en général, celle d’entreprendre quelque chose, ϰαιρός ; opportunitas, celle d’entreprendre une chose avec facilité et avec des probabilités de succès, comme εὐϰαιρία. Potestas et copia, l’occasion offerte par les hommes et par leur complaisance : potestas, la possibilité de faire quelque chose légitimement ; copia, celle de le faire commodément ; enfin, facultas, qui est le terme le plus général, la simple possibilité.

Odium. Invidia. Inimicitia. Simultas.

1. Odium et invidia expriment le sentiment de l’aversion ; inimicitia et simultas, les rapports extérieurs qui dérivent de ce sentiment.

2. L’invidia a un caractère négatif, comme la malveillance, δύσνοια, c’est un sentiment temporaire qui s’oppose à gratia ou favor ; l’odium a un caractère positif, comme la haine, μῖσος, c’est un sentiment profondément enraciné qui s’oppose à amor. L’invidia est le commencement de l’odii. L’invidia ne s’attache qu’aux personnes ; l’odium s’attache aux personnes et aux choses. Tac. Ann. II, 56. Armenii... sæpius discordes sunt, adversus Romanos odio et in Parthum invidia. Les Arméniens sont très-souvent partagés entre leur haine pour les Romains et leur malveillance pour les Parthes. XIII, 15. Nero intellecta invidia odium intendit. Ces symptômes de malveillance que Néron discerna portèrent sa haine au comble. Plin. Pan. 84, 2. Exardescit invidia cujus finis est odium. Elle s’enflamme au contact de la malveillance qui aboutit à la haine.

3. Inimicitia, toute espèce d’inimitié fondée sur l’antipathie ou sur de mauvais rapports, δυσμένεια, ἔχθρα ; simultas, inimitié politique entre rivaux de pouvoir, φιλονειϰία. Suet. Vesp. 6. Simultas quam ex æmulatione non obscure gerebat. Licinius Mucianus, qui ne se cachait point d’être par esprit de rivalité l’ennemi politique de Vespasien.

Officium. Munus.

Officium, tâche considérée comme une obligation morale qu’on remplit par conscience ; munus, comme une obligation politique imposée par délégation. Cic. Mur. 35. Hæc sunt officia necessariorum, commoda tenuiorum, munia candidatorum. C’est un devoir d’affection pour les parents, un profit pour les petites gens, une charge imposée aux candidats.

Olere. Olfacere. Fragrare. Odorari. Olidus. Odorus. Redolere. Perolere.

1. Odor et olere expriment l’odeur qu’un corps répand, par opposition à sapor, etc., comme ὀσμή ; olfactus et olfacere, la sensation de cette odeur ou le sens de l’odorat, par opposition à gustus, etc., comme ὄσφρησις.

2. Olere, sentir, par opposition à n’avoir point d’odeur, et par préférence sentir fort et mauvais, empester ; fragrare, sentir bon, embaumer. Redolere et perolere jouent le rôle de fréquentatifs ; mais redolere marque une odeur forte, bonne ou mauvaise, indifféremment ; perolere se prend en mauvaise part pour une odeur pénétrante.

3. Olfactus, l’odeur perçue par un effet involontaire du sens de l’odorat ; odoratus, odeur saisie par un effort du même sens.

4. Olfacere, sentir et flairer, est passif, comme audire, l’odeur monte au nez d’elle-même ; odorari, aspirer, renifler, ῥινηλατεῖν est actif, comme auscultare, on attire soi-même l’odeur au nez. Olfaciens sentit odorem, odorans captat.

5. Olidus, qui sent, et par préférence qui sent mauvais ; odorus, qui parfume. Par rapport à puer, bene olidus n’est qu’un opposé négatif, comme qui ne sent pas mauvais ; odorus est l’opposé positif, comme : qui sent bon. Et de même, le vieux mot olor désignait la puanteur, comme oletum ; odor ne marque que l’odeur.

Opera. Labor. Industria. Gnavitas. Assiduitas. Diligentia.

1. Opera, activité qui est loin d’astreindre, simple action, simple occupation matérielle, par opposition aux moments d’inaction ou encore à la pensée, au discours, au conseil, comme ἐργασία ; labor, activité pleine d’efforts et suivie de fatigue, le travail, par opposition au plaisir, comme πόνος. Plaut. Aul. II, 3, 7. Opera huc est conducta vestra, non oratio. On a loué vos bras, non votre langue. Cic. Rep. I, 9. Otiosiorem opera quam animo. Plutôt désœuvré que libre d’esprit. Liv. XXII, 22. Ut opera quoque impensa consilium adjuvem meum. Pour mettre la main à l’exécution de mon dessein. Mais V, 4. Labor voluptasque dissimillima natura, societate quadam naturali inter se sunt conjuncta. Le travail et le plaisir dont la nature a fait deux extrêmes et qu’elle n’a pas laissé d’unir entre eux par une sorte d’association.

2. Industria, gnavitas et sedulitas présentent l’activité comme une qualité habituelle, par opposition à la paresse : industria, activité qui se déploie dans de grandes entreprises, celle qui anime le héros et l’homme d’État, par opposition à ignavia ; gnavitas, activité utile, application de l’homme rangé et de l’industriel ; enfin, sedulitas, l’activité dans les petites choses qui risque souvent de paraître comique, l’agitation perpétuelle d’une ménagère diligente, d’une nourrice dévouée, de l’homme qui fait sa cour. Colum. XII, præf. 8. Ut cum forensibus negotiis matronalis sedulitas industriæ rationem parem faceret. La femme attentive au détail d’une maison vaut l’homme qui consacre ses forces aux affaires publiques.

3. Assiduitas et diligentia, l’application : mais assiduitus marque plutôt, comme συνέχεια, la continuité : on arrive au but par des efforts longs et soutenus ; diligentia marque plutôt l’intensité, comme ἀϰρίϐεια : on arrive par un travail soigneux et exact.

4. Studium, le zèle, marque exclusivement le goût et l’amour de la chose, le penchant intérieur.

Orbis. Circulus. Gyrus.

Orbis, mouvement circulaire, périphérie décrite dans le cours de ce mouvement ; circulus, surface circulaire ; gyrus, ligne courbe et particulièrement ligne serpentine. L’expression in orbem consistere (serrer les rangs sur la circonférence d’un cercle) ne pourrait pas être échangée contre in circulum (se masser dans l’intérieur d’un cercle), et le cercle formé par une société close, circulus, ne pourrait point s’appeler orbis. Tac. G. 6. Equi nec variare gyros nostrum in modum docentur ; in rectum aut uno flexu dextros agunt, ita conjuncto orbe ut nemo posterior sit. Les Germains ne dressent point, comme nous, les chevaux à suivre différentes courbes ; ils les poussent droit devant eux ; quand ils les font tourner, c’est toujours par la droite, et ils se suivent alors de si près sur une ligne circulaire, qu’on ne distingue pas le premier cavalier du dernier.

Osculum. Suavium.

Osculum, baiser d’amitié ; suavium, de tendresse.

Ostendere. Monstrare. Declarare.

Ostendere, montrer en ce sens qu’on fait remarquer une chose, qu’on la fait voir, qu’on ne la tient pas cachée, comme φῆναι, ἐμφανίσαι ; monstrare, indiquer en ce sens qu’on communique un renseignement, comme δεῖξαι ; enfin, declarare, mettre en évidence en ce sens qu’on tire quelque chose au clair et qu’on dissipe des doutes, comme δηλῶσαι.

Ostium. Janua. Fores. Valvæ.

Ostium et janua, porte, ouverture qui sert à entrer et à sortir : ostium, terme général pour toute espèce de porte, θύρα ; janua, terme spécial, porte de maison. Fores et valvæ, battants destinés à fermer l’ouverture : fores, à des portes ordinaires, comme θυρίδες ; valvæ, à des édifices et à des temples qui ont des portes doubles, à deux battants. Tac. Ann. XIV, 8. Anicetus refracta janua obvios servorum adripit ; donec ad fores cubiculi veniret. Anicétus enfonce la porte de la maison et se fait suivre par les esclaves qu’il rencontre jusqu’à la porte de la chambre d’Agrippine.

Otium. Pax. Concordia.

Otium, la tranquillité en général, tandis que pax se rapporte aux relations extérieures et concordia à la situation intérieure.

P

Pæne. Prope. Fere. Ferme.

Pæne et prope servent à adoucir une expression trop forte et à faire passer une hyperbole : pæne, qui est opposé à plane, se traduit par presque ; prope, par peu s’en faut que. Fere et ferme ne servent qu’à se précautionner contre la lettre de l’assertion, comme à peu près, environ.

Parere. Obedire. Dicto audientem esse. Obsequi. Obsecundare. Morigerari. Obtemperare.

Parere, obedire et dicto audientem esse présentent l’obéissance comme une obligation, un devoir, une sujétion : parere, avec une idée d’humilité, l’obéissance du serviteur à son maître, du sujet à son prince, par opposition à imperare ; obedire, obedire, avec un certain air de liberté, celle de l’inférieur au supérieur, du citoyen à la loi et à l’autorité ; dicto audientem esse, avec l’idée de la subordination stricte, l’obéissance passive du soldat à son général. Obsequi, obsecundare, obtemperare et morigerari expriment une obéissance volontaire et libre, comme être docile. L’obsequens et l’obsecundans sont dociles par amour et complaisance ; ils se montrent pleins de bonne volonté ; le morigerans et l’obtemperans le sont par conviction, estime ou crainte ; ils font preuve de déférence. Hirt. B. Afr. 57. Jubæ barbaro potius obedientem fuisse quam nuntio Scipionis obtemperasse. Obéir à un barbare, à Juba, plutôt que d’écouter le messager de Scipion. Tac. H. II, 14. Parata non arma modo, sed obsequium et parendi amor, c’est-à-dire de la docilité inspirée par l’estime et l’amour qu’ils portaient au général et du plaisir à obéir, parce qu’ils sentaient que leur cause ne pouvait pas se soutenir sans subordination et sans ordre. Cic. Orat. 71. Dum tibi roganti voluerim obsequi. Voulant aller au-devant de ta prière. Comparez avec Famm. IX, 25. Obtemperare cogito præceptis tuis. Je pense me conformer à tes prescriptions.

Pars. Portio.

Pars, la partie, par rapport au tout ; portio, la portion ou la part, par rapport à celui qui en a la jouissance. Plin. H. N. XI, 15. Æstiva mellatione decimam partem apibus relinqui placet, si plenæ fuerint alvi ; sin minus, pro rata portione. Cassius Dionysius veut qu’on laisse aux abeilles le dixième de la récolte d’été, lorsque les ruches sont pleines, et une part proportionnée lorsqu’elles ne sont pas entièrement remplies. (Traduction de Guéroult.)

Partes. Factio.

Partes, parti qui se forme de lui-même en vertu de la différence des principes et des intérêts ; factio, faction qui se forme par une association étroite entre ses membres, et qui agit de concert avec une ardeur aveugle jusqu’à recourir à la violence pour assurer la suprématie de sa cause. Sall. Jug. 31. Inter bonos amicitia, inter malos factio est. Cette union, qui serait amitié entre des gens de bien, n’est qu’une faction entre des scélérats.

Parumper. Paulisper.

Parumper, pour un peu de temps ; paulisper, pendant un peu de temps. Il suit de là que parumper se dit par préférence des actes de l’esprit, paulisper, des faits matériels, parce que l’idée de futur contenue dans parumper s’associe presque nécessairement à ces actes de l’esprit, tandis que paulisper marque un état et une simple durée, par exemple paulisper morari, s’arrêter quelque temps, mais parumper dubitare, hésiter pour un temps.

Parvus. Minutus. Exiguus. Pusillus.

Parvus et minutus expriment la petitesse dans un sens indifférent et purement mathématique, sans idée accessoire : parvus, une petitesse naturelle et inhérente, par opposition à magnus, comme μιϰρός ; minutus, une petitesse factice, artificielle. Exiguus et pusillus expriment en outre une idée accessoire de mépris : exiguus, avec une nuance de pitié, comme misérable, insignifiant, par opposition à amplus ou à grandis ; pusillus, avec une nuance de ridicule, comme tout petit, nain, par opposition à ingens, comme τυτθός.

Passi. Prolixi. Sparsi.

Passi capilli, cheveux dénoués par opposition à ceux qui sont retenus par un nœud, cohibiti nodo ; prolixi, cheveux flottants par opposition à ceux qui sont relevés sur le haut de la tête, religati in verticem ; enfin sparsi, cheveux épars et en désordre par opposition à des cheveux bien peignés, pexi.

Paternus. Patrius.

Paternus, πατρῷος, ce qui appartient au père et ce qui vient de lui, comme paternel ; patrius, πάτριος, ce qui appartient aux ancêtres ou à la patrie et ce qui vient d’eux.

Paulatim. Sensim. Gradatim. Pedetentim.

Paulatim et sensim présentent la gradation sous l’image d’un progrès qui passe inaperçu : paulatim, comme peu à peu, par opposition à semel d’une seule fois ; mais sensim comme insensiblement, par opposition à repente, tout à coup ; gradatim et pedetentim, sous l’image d’un progrès visible : gradatim, comme pas à pas et ϐάδην, par opposition à cursim, saltuatim, etc. ; pedetentim, en avançant avec peine et pied à pied par opposition à cursu, equo, volatu, velis.

Paupertas. Inopia. Egestas. Mendicitas.

Paupertas, modicité de ressources qui oblige à se restreindre, par opposition à dives, comme πενία ; inopia et egestas, pauvreté accablante qui impose des souffrances et des privations : mais inopia exprime comme ἀπορία le dénûment en lui-même, le défaut de ressources qui empêche de se tirer d’affaire, par opposition à copia ou opulentia ; et egestas comme ἔνδεια la pauvreté besoigneuse et nécessiteuse, par opposition à abundantia ; enfin mendicitas, l’indigence qui réduit les gens à mendier, πτωχεία. Le pauper n’a pas grand’chose, l’inops et l’egenus ont trop peu de chose, le mendicus n’a rien du tout. Dans la classification des rangs par échelle de richesse les pauperes forment la classe moyenne qui est obligée de vivre bourgeoisement et parcimonieusement ; les inopes et les egeni, quand ces deux mots ne s’appliquent point à une gêne passagère, forment la classe des pauvres qui vivent au jour le jour de leur travail et sont même exposés à souffrir la faim ; les mendici, la classe des mendiants qui ne vivent que d’aumônes, également dépourvus de toute propriété et de toute industrie. Cic. Parad. 6. Istam paupertatem vel potius egestatem et mendicitatem tuam nunquam obscure tulisti. Médiocrité de fortune, pauvreté besoigneuse, indigence, tu as constamment porté ton sort au grand jour. Suet. Gr. 14. Vixit in summa pauperie et pæne inopia. Il vécut dans une extrême médiocrité qui était presque du dénûment. Plin. Ep. IV, 18. Inopia vel potius, ut Lucretius ait, egestas patrii sermonis. La stérilité ou plutôt, comme parle Lucrèce, l’impuissance de la langue maternelle. Cic. Inv. I, 47. Propter inopiam in egestate esse. Tomber du dénûment dans la gêne.

Pecunia. Nummus. Moneta.

Pecunia, terme collectif, somme d’argent ; nummus, la pièce d’argent par rapport à sa valeur et à son usage ; moneta, la monnaie par rapport à son empreinte et à son aspect.

Pecus. Jumentum. Armentum. Grex.

1. Pecus, pecoris, terme général pour tous les animaux domestiques ; jumenta et armenta, gros bétail, bœufs, ânes, chevaux ; pecus, pecudis, petit bétail, cochons, chèvres, et par préférence les moutons.

2. Jumenta, bêtes de trait, bœufs, ânes, chevaux ; armenta, bêtes de labour, bœufs et chevaux, à l’exclusion des vaches, des ânes de bât, des chevaux de selle qui ne vont ni à la voiture ni à la charrue.

3. Pris au singulier et comme nom collectif, armentum signifie un troupeau de gros bétail, ἀγέλη ; grex est un troupeau de petit bétail, comme ποίμνη, πῶϋ. Plin. Ep. II, 16. Multi greges ovium, multa ibi equorum boumque armenta. De nombreux troupeaux de petit et de gros bétail, moutons, chevaux, bœufs.

Perdere. Pessundare. Pervertere. Evertere.

Perdere et pessundare, anéantir : perdere, en brisant l’objet, par destruction ; pessundare, par submersion ou par quelque autre manière de faire disparaître l’objet. Evertere, pervertere et subvertere, renverser : evertere, en déterrant ou en arrachant ce qui est assujetti par le pied, il est opposé à fundare ; pervertere, en jetant à bas ce qui se tient debout ; subvertere, par une voie secrète et souterraine, en sapant la base. Cic. Pis. 24. Provincia tibi ista manupretium fuerit non eversæ per te sed perditæ civitatis. Ce sera ton salaire pour avoir causé la chute et même la ruine de l’État.

Perfuga. Transfuga. Profugus. Fugitivus. Extorris. Exul. Perfugium. Suffugium. Refugium.

1. Perfuga et transfuga, le déserteur qui fuit d’un parti vers l’autre, αὐτόμολος : mais le transfuge, perfuga, passe à l’ennemi en criminel qui trahit son parti ; le transfuga n’est qu’un homme irrésolu qui abandonne les siens pour aller ailleurs. Profugus et fugitivus, le fugitif qui abandonne sa demeure : le profugus est un infortuné qui cède à la force en fuyant sa patrie et qui court le monde comme un banni, φυγάς ; le fugitivus est un coupable qui se dérobe à son devoir, à son poste, à sa prison, à son maître, δραπέτης. On entend généralement par perfuga et transfuga un soldat, par profugus un citoyen, par fugitivus un esclave. Liv. XXX, 43. De perfugis gravius quam de fugitivis consultum. Les transfuges furent plus sévèrement traités que les esclaves fugitifs.

2. Perfugium, asile public et sûr dans des dangers sérieux ; suffugium, asile sinon secret, du moins fortuit et temporaire contre des contrariétés ; refugium, asile préparé ou du moins choisi d’avance en cas de retraite.

3. Profugus marque un état de fait, celui d’un homme qui fuit hors de son pays ; extorris, un état politique, comme proscrit ; exul, un état légal comme exilé. L’extorris subit un malheur, il ne peut plus rester dans sa patrie ; l’exul subit un châtiment, il n’a plus le droit d’y rester. Appul. Met. V, p. 101. Extorres et... velut exulantes. Proscrits et comme exilés.

Perlucidus. Pellucidus. Perlegere. Pellegere. Perlicere. Pellicere. Perjurare. Pejerare.

Examinant ces mots par couples, le premier des deux, qui est la forme primitive, a chaque fois l’accent sur l’adverbe per ; le second, qui est une forme adoucie par l’assimilation de l’r en l ou par l’élimination de l’r, a l’accent sur le nom ou sur le verbe, et la racine accentuée prédomine dans la signification du composé.

1. Perlucidus, très-lumineux ; pellucidus, transparent.

2. Perlegere, lire d’un bout à l’autre ; pellegere, parcourir, feuilleter.

3. Perlicere, attirer avec une force irrésistible ; pellicere, séduire.

4. Perjurare, prêter un faux serment ; pejerare, violer un serment.

Perperam. Falso. False. Fallaciter.

1. Perperam s’entend de la fausseté du fait, comme inexactement ; falso, de la personne qui se trompe, comme par erreur, par méprise...

2. Falso agere ne se dit que d’une erreur où l’on est ou d’une illusion qu’on se fait ; false et fallaciter agere supposent qu’on va contre ce qu’on sait et contre sa conscience : false, comme faussement, par crainte et faiblesse de caractère ; fallaciter, comme fallacieusement, avec la mauvaise intention de duper et de trahir. Comparez Tacite, Ann. I, 1. Tiberii res... ob metum false compositæ sunt (d’après le texte de Wolf). La peur a dicté des faussetés aux historiens de Tibère ; avec Germ. 36. Inter impotentes et validos falso quiescas. Entre des voisins puissants et forts un peuple ne goûte qu’un repos trompeur.

3. Les idées exprimées par falso et false sont réunies dans l’adjectif falsus, qui ne se distingue que de fallax. Cic. Phil. XII, 2. Spes falsa et fallax. Fausse et perfide espérance. Tac. Ann. XVI, 32. Specie bonorum falsos et amicitiæ fallaces. La fausseté sous un semblant de vertu, la perfidie sous un semblant d’amitié.

Perquam. Valde. Admodum. Magnopere.

Perquam, extraordinairement, avec une nuance de surprise chez la personne qui parle ; valde, très, admodum, assez, et multum, servent simplement à renforcer le sens de l’attribut ou du verbe, magnopere, du verbe seul.

Pervicacia. Perseverantia. Pertinacia. Contumacia. Destinatio. Obstinatio.

1. Pervicacia et perseverantia présentent comme une vertu l’attachement à un sentiment dans lequel on est entré : la pervicacia est fondée sur une énergie naturelle, c’est l’ardeur opposée à la lassitude ; la perseverantia, sur le développement des qualités sérieuses, c’est la persistance opposée à la versatilité. Pertinacia et contumacia expriment un défaut : la pertinacia provient d’un attachement opiniâtre à une résolution prise comme l’entêtement et la présomption, par opposition à la condescendance ; la contumacia, de l’orgueil qu’on met à défendre son libre arbitre, même contre une autorité compétente et légitime, comme l’arrogance et l’esprit de résistance par opposition à la docilité ou obsequium. Accius dans Non. Tu pertinaciam esse, Antiloche, hanc prædicas, ego pervicaciam esse aio et a me uti volo. Tu soutiens que c’est de l’entêtement ; je dis que c’est une fermeté généreuse que je tiens à montrer. Cic. Inv. II, 54. Unicuique virtuti finitimum vitium reperietur, ut pertinacia quæ finitima perseverantiæ est. On rencontrera un défaut dans le voisinage de toutes les vertus ; c’est ainsi que l’entêtement est voisin de la persévérance.

2. Pervicacia, etc., marquent la stabilité dans une résolution prise ; destinatio et obstinatio ont plus de rapport à l’acte qui consiste à la prendre : destinatio, lorsqu’elle est irrévocable, c’est de la décision ; obstinatio, lorsqu’on s’y attache en dépit de tous les obstacles, même insurmontables, et de toutes les représentations raisonnables, c’est de l’endurcissement.

Petere. Rogare. Postulare. Exigere. Poscere. Flagitare.

1. Petere et rogare, termes généraux pour toute espèce de demande, soit qu’on prie, soit qu’on exige ; ils tiennent le milieu entre poscere et orare, sauf à se rapprocher quelque peu du dernier : petere se rapporte à l’objet qu’on souhaite ; rogare, à la personne à laquelle on s’adresse, d’où petere aliquid ab aliquo, mais rogare aliquem aliquid. Cic. Verr. IV, 28, 64. Iste petit a rege et eum pluribus verbis rogat, ut id ad se mittat. Il tâche d’obtenir cela du roi et l’en sollicite longuement. Famm. II, 6. Ne id quod petat, exigere magis quam rogare videatur. Pour tâcher d’en venir à ses fins sans se donner des airs de créancier plutôt que de solliciteur.

2. Postulare et exigere se disent d’une demande pure et simple par laquelle on fait tranquillement connaître sa volonté : postulare s’entend plutôt de ce qu’on veut et souhaite ; exigere, de ce qu’on prétend. Poscere et flagitare se disent d’une demande pressante : poscere, d’une demande faite d’un ton décidé, avec le sentiment de son droit ou de sa puissance ; flagitare, d’une demande faite avec impétuosité dans la passion et dans l’impatience du désir. Tac. H. II, 39. Othone per literas flagitante ut maturarent, militibus ut imperator pugnæ adesset poscentibus ; plerique copias trans Padum agentes acciri postulabant. La lettre d’Othon exprimait une vive impatience d’en finir ; les soldats exigeaient que l’empereur payât de sa personne au jour de la bataille ; un très-grand nombre souhaitaient qu’on fît venir les troupes établies au delà du Pô. Cic. Verr. III, 34. Incipiunt postulare, poscere, minari. Viennent les demandes, les exigences, les menaces. Planc. 19. Poscere atque etiam flagitare crimen. Exiger, vouloir emporter une accusation. Legg. I, 5. Postulatur a te jam diu vel flagitatur potius historia. Voilà longtemps qu’on te demande ou plutôt qu’on brûle de t’arracher cette histoire.

Petulans. Procax. Protervus. Lascivus.

Le petulans blesse le sentiment des convenances, modestia, par caprice, par des agaceries et des provocations inutiles ; le procax, par indiscrétion, impertinence et importunité ; le protervus, par impétuosité, par un laisser-aller qui ne respecte rien ; le lascivus, par une joie bruyante et folâtre. Il faut chercher l’origine de la petulantia dans l’aversion pour le repos et la paix ou même dans la méchanceté ; celle de la procacitas dans la hardiesse ou l’impudence ; celle de la protervitas dans le sentiment exagéré de sa force ou dans l’orgueil ; celle de la lascivia dans la gaieté du caractère ou dans le défaut de gravité. Liv. XXXVIII, 24. Flagitatum quoque stipendium, procacius quam ex more et modestia militari erat. On réclama vivement la solde avec une impudence contraire à tous les usages et à la subordination.

Piget. Tædet. Pœnitet.

Piget se dit en général de ce qu’on ne se soucie ni de faire ni de souffrir ; tædet, de ce qu’on ne se soucie point de faire ni de souffrir plus longtemps ; pænitet, de ce qu’on aimerait mieux n’avoir jamais fait ni souffert.

Pinguis. Opimus. Obesus. Corpulentus.

1. Pinguis, gras dans un sens indifférent ou défavorable, la graisse étant de toutes les parties constituantes du corps la plus insensible et la moins élastique, d’où au figuré mou ; opimus, gras dans le bon sens, quand c’est un signe que les chairs sont pleines et qu’on est bien nourri, d’où au figuré abondant.

2. Obesus se dit de l’embonpoint, mais en associant à l’idée principale une idée accessoire de pesanteur par opposition à gracilis ; corpulentus se dit de l’embonpoint pris par son beau côté, par rapport à la prestance qui l’accompagne.

Plane. Omnino. Prorsus. Penitus. Utique.

Plane, nettement, netto par opposition à pæne ou à vix ; omnino, entièrement, et en général par opposition aux subdivisions, aux cas isolés, aux exceptions, à magna ex parte ou à separatim, comme ὅλως ; prorsus, précisément, par opposition à en quelque sorte ou à pour ainsi dire ; penitus, de fond en comble, jusqu’au fond, par opposition à dans une certaine mesure ou à superficiellement, πάντως ; utique, dans tous les cas, il a pour opposés à tout hasard, peut-être, ὁπωσδήποτε.

Plerique. Plurimi.

Plerique, superlatif absolu, un très-grand nombre ; plurimi, superlatif relatif, la plupart. Tac. Ann. XIII, 27. Plurimis equitum, plerisque senatorum non aliunde originem trahi. La plupart des chevaliers, un très-grand nombre de sénateurs n’avaient pas d’autre origine.

Pluvia. Imber. Nimbus.

Pluvia, phénomène bienfaisant, pluie générale qui abreuve le sol altéré, ὑετός ; imber et nimbus, phénomène désagréable, pluie locale qui vient gâter une belle journée : imber, lorsqu’elle est accompagnée d’un temps froid et orageux ; nimbus, d’un temps couvert.

Poculum. Calix. Scyphus. Simpuvium. Cyathus. Crater.

1. Poculum et calix, qui appartiennent à la vieille langue latine, se disent de tout vase à boire, sans autre idée que celle de l’usage auquel il sert : poculum, vase ordinaire pour les repas ; calix, vase, coupe plus riche pour les festins. Scyphus, cantharus, cymbium, culigna, mots étrangers empruntés au grec, se disent de certaines espèces de vases par rapport à leur forme.

2. Poculum, etc. servent tous de vases à boire ; le vieux mot romain simpuvium et cyathus qui est venu plus tard, vases à puiser pour remplir les pocula en prenant au crater, comme on remplit les verres à punch en puisant avec la cuiller dans le bol.

Polliceri. Promittere. Spondere. Recipere.

Polliceri, promettre de plein gré, par un acte de complaisance et de prévenance, ἐπαγγέλλεσθαι ; promittere, à la suite d’une demande, par un acte de consentement, avec l’intention de tenir, ὑπισχνεῖσθαι ; spondere et despondere, promettre formellement, à la suite d’une stipulatio par un engagement qui lie en justice, ἐγγυᾶν ; recipere, prendre sur soi et s’engager d’honneur pour tranquilliser une personne qui est dans la peine, ἀναδέχεσθαι. Le pollicens fait des offres agréables ; le promittens ouvre une perspective satisfaisante ; le spondens donne une garantie judiciaire ; le recipiens nous ôte nos soucis. Cic. Att. XIII, 1. Quoniam de æstate polliceris vel potius recipis. Puisque tu t’avances sur ce sujet ou plutôt puisque tu te fais fort ; car le pollicens n’engage que sa bonne volonté, le recipiens répond du succès. Sen. Ep. 19. Jam non promittunt de te sed spondent. Ils ne se bornent plus à promettre, ils s’engagent pour toi. Cic. Famm. VII, 5. Neque minus ei prolixe de tua voluntate promisi quam eram solitus de mea polliceri. Et je lui ai promis ta bienveillance avec autant d’assurance que si je n’avais eu qu’à m’avancer pour mon compte : car Cicéron ne pouvait donner au nom de Trébatius que des espérances, mais il pouvait faire de son chef des promesses positives.

Porca. Sulcus. Lira.

Porca, billon, terre relevée entre deux sillons ; sulcus, creux du sillon, trace faite dans la terre par la charrue ; lira, tantôt l’un, tantôt l’autre.

Posse. Quire. Valere. Pollere.

1. Posse et quire sont originairement transitifs : posse, être apte par vigueur et par force, δύνασθαι ; quire, par le concours de toutes les qualités qu’on possède, comme οἷόν τ’ εἶναι. Cic. Tusc. II, 27. Barbari ferro decertare acerrime possunt, viriliter ægrotare non queunt. Les barbares peuvent bien se battre à outrance le fer à la main ; aux prises avec la maladie, ils sont incapables d’être hommes. Valere et pollere sont neutres, d’où possum ou queo vincere, mais valeo ou polleo ad vincendum.

2. Valere, posséder une juste mesure de forces, valoir un autre homme, par opposition à des forces insuffisantes, comme σθένειν ; pollere, avoir un excès de forces et de ressources et se distinguer par là de la foule, par opposition à des forces ordinaires, comme ἰσχύειν.

Potentia. Potentatus. Potestas. Vis. Robur.

Potentia, potentatus et potestas, puissance qui vient du dehors, qui a des hommes pour instruments et pour sujets ; vis et robur, puissance, force intérieure, indépendante du concours et de la bonne volonté d’autrui. Potentia, pouvoir de fait qui se fait sentir à volonté, δύναμις ; potentatus, rang du souverain reconnu par le peuple, δυναστεία ; potestas, autorité légitime et légalement déférée, ἐξουσία. Tac. Ann. XIII, 19. Nihil tam fluxum est quam fama potentiæ non sua vi nixæ. Rien de si fragile que le crédit d’un pouvoir qui n’a point en lui-même les éléments de sa force. Vis, la force active et agressive, comme faculté de contraindre les autres, ϰράτος ; robur, la force au repos, comme faculté de résister et de durer, ῥώμη.

Præbere. Exhibere. Præstare. Repræsentare.

Præbere et exhibere, aller spontanément au-devant d’un besoin ou d’un désir : le præbens cède son bien à quelqu’un ; l’exhibens se dessaisit du sien en faveur du public. Præstare et repræsentare, s’exécuter pour remplir un devoir : le præstans se libère, pour ainsi dire, d’une dette en se rangeant à son devoir ; le repræsentans accomplit une promesse, au lieu de tarder encore à la tenir.

Præda. Manubiæ. Spolia. Exuviæ. Rapina. Prædo. Latro. Pirata.

1. Præda et manubiæ, le butin considéré comme un bien de conquête et comme un profit ; spolia et exuviæ, considéré en outre comme une marque de victoire et d’honneur.

2. Præda, toute espèce de butin ; manubiæ, le butin légitime du soldat, fait à la guerre ; rapina, le butin illégitime du prædo, qui trouble la paix publique, le fruit du vol.

3. Prædo, brigand en général, celui qui exerce le brigandage comme un métier, ληστής. C’est le terme générique, par rapport à latro, le voleur de grands chemins, σίνις, et à pirata, le pirate. Raptor, le ravisseur d’une personne ou d’un objet déterminé, ἁρπαϰτήρ.

Præditus. Instructus. Exstructus. Ornatus.

1. Præditus s’entend d’une qualité éminente qui est un titre d’honneur ; instructus et exstructus, d’une qualité solide qui rend propre à certains usages. Les deux idées sont réunies dans ornatus. L’instrumentum sert, le decus donne de l’éclat, l’ornamentum semble tirer son lustre d’une utilité éminente. Instructus suggérera, par exemple, l’image d’un armement complet qui est un gage de protection et de sécurité ; ornatus, celle d’un armement parfait et imposant. Il faut se placer à un point de vue élevé et viser à l’idéal pour juger l’ornatus indispensable ; c’est du luxe, par rapport aux besoins ordinaires de la vie. Cic. Phil. X, 4. Græcia copiis non instructa solum, sed etiam ornata. La Grèce, qui abonde en ressources solides et même apparentes. Sen. Tranq. 9. Sicut plerisque libri non studiorum instrumenta, sed cœnationum ornamenta sunt. Pour beaucoup de gens, une bibliothèque n’est point un instrument d’étude, c’est un décor indispensable dans une salle à manger.

2. Instructus se rapporte à des personnes et à des objets destinés à jouer un rôle offensif ou défensif ; exstructus, à des objets dont la destination est passive, par exemple, instructæ naves, mais exstructæ mensæ. Les exstructa ne laissent plus rien à faire ; les instructa ont reçu un premier achèvement, une préparation complète et n’ont plus qu’à remplir leur destination.

3. Instructus se rapporte à la simple possession des moyens ; paratus, au propriétaire de ces moyens, prêt lui-même à en tirer parti.

Præmium. Pretium. Merces.

Præmium, récompense honorable destinée à distinguer celui qui la reçoit, par opposition à pœna, ἆθλον, γέρας ; pretium et merces, payement destiné à acquitter une dette : pretium, prix d’achat pour une marchandise qu’on nous cède, par opposition à gratia, ὦνος ; merces, ce qu’on paye pour tout ce qu’on prend ou tient à louage, hommes et choses, μισθός.

Præterea. Insuper. Ultro.

Præterea, de plus, marque simplement qu’on ajoute ce qu’il faut pour compléter un compte, comme πρὸς τούτοις ; insuper, en sus, par-dessus le marché, qu’on fait mesure comble, comme προσέτι ; enfin, ultro, en outre, que ce qu’on ajoute va fort au delà de ce qu’on avait déjà fait, en sorte que tout ce qui a précédé n’a plus aucune valeur.

Pridem. Diu. Dudum. Diuturnus. Diutinus.

1. Pridem marque un point dans le temps, une époque, comme il y a longtemps ; diu et dudum marquent un espace, une période, comme depuis longtemps : diu, depuis bien des jours, des mois, des années ; dudum, depuis plusieurs minutes ou plusieurs heures. Jam pridem mortuus est veut dire : il est mort il y a très-longtemps, c’est un aoriste ; mais jam diu mortuus est : il est depuis longtemps dans la tombe, c’est un parfait. Cic. Cat. I, 1. Ad mortem te duci jam pridem oportebat ; in te conferri pestem illam quam tu in nos omnes jam diu machinaris. Il y a longtemps que j’aurais dû te faire conduire au supplice et amasser sur ta tête tous les maux que tu nous prépares depuis longtemps. Tac. Ann. XV, 64. Seneca Statium Annæum diu sibi amicitiæ fide et arte medicinæ probatum orat, provisum pridem venenum promeret. Sénèque prie Statius Annæus, qui avait depuis longtemps sa confiance comme ami et comme médecin, de lui apporter le poison dont ils étaient autrefois convenus.

2. Diuturnus se dit d’une longue durée, soit indifféremment, comme de quelque chose de long, en général, soit par éloge, comme de quelque chose de durable et de solide, par opposition à ce qui passe vite, χρόνιος ; diutinus exprime un blâme et se dit de ce qui pèse ou ennuie, comme αἰανός. Cic. Senect. 19. Nihil mihi diuturnum videtur, in quo est aliquid extremum. Une durée dont je vois le terme ne me paraît jamais longue. Comparez avec Famm. XI, 8. Libertatis desiderio et odio diutinæ servitutis. Par regret de la liberté et par haine d’un esclavage prolongé.

Primores. Principes. Proceres. Optimates.

Primores et principes, les personnages qui jouent un rôle dans l’État, la classe des citoyens influents et notables, par opposition à la foule : primores, ceux qui sont tout portés à cette hauteur par le privilége de la naissance, de la fortune et du rang ; principes, ceux qui, par leur esprit, leurs talents politiques, leur activité, deviennent orateurs, chefs de parti, et s’élèvent aux premières places parmi les primores même et dans tout l’État. Proceres, les grands envisagés dans leur condition naturelle, comme noblesse, par opposition au commun du peuple ; optimates, les mêmes grands considérés comme parti politique, comme aristocrates, par opposition aux démocrates. Accius dans Non. Primores procerum provocaret nomine. Nommer, en les défiant, les premiers personnages de la noblesse.

Primus. Princeps. Imperator. Cæsar.

1. Primus, le premier à paraître dans l’espace ou dans le temps, en sorte que les autres lui succèdent ; princeps, le premier à faire une chose, celui dont les autres suivent l’exemple.

2. Princeps, l’empereur investi en matière civile de l’autorité suprême qui lui avait été insensiblement dévolue en sa qualité de prince du sénat, princeps senatus ; imperator, l’empereur investi de la plus haute autorité militaire, personne, hors lui et les membres de sa famille, ne pouvant plus être proclamé imperator ; enfin, Cæsar, l’empereur, comme membre, et à partir de Galba, comme simple successeur de la famille et de la dynastie de César.

Privus. Proprius. Peculiaris.

Privus se dit de la propriété de fait, par opposition à ce que les autres possèdent, à alienus, comme οἰϰεῖος ; proprius, de la propriété exclusive, par opposition aux biens de droit commun, à communis, comme ἴδιος ; enfin peculiaris, des biens qu’on a en propre, par opposition à ceux qu’on partage avec tout le monde, à universalis.

Procul. Longe. Eminus. E longinquo.

1. Procul, à une certaine distance qui permet encore de voir les objets, par opposition à juxta, comme ἄποθεν ; longe, à une grande distance, hors de la portée de la vue, par opposition à prope, comme τῆλε.

2. Eminus, de loin, d’une distance dont la mesure est donnée par la portée des traits ; il est opposé à cominus, comme πόῤῥωθεν ; e longinquo, de très-loin, d’une forte distance, par opposition à e propinquo, comme τηλόθεν.

Prodigus. Profusus. Helluo. Nepos.

Prodigus et profusus présentent la dissipation comme un trait de caractère : prodigus, en ce sens qu’on ne connaît pas la valeur de l’argent et du bien, qu’on n’est ni désireux ni capable de les faire valoir parcimonieusement, comme le prodigue ; profusus, en ce sens que rien ne paraît trop cher pour satisfaire des fantaisies, par frivolité, comme le dissipateur. Helluo et nepos s’entendent d’un caractère qui se résume tout entier en une seule manie, celle de la dissipation : helluo, le viveur et le libertin émérite ; nepos, le fils de famille qui mange son avoir et celui de ses parents.

Proficisci. Iter facere. Peregrinari.

1. Proficisci désigne le commencement du voyage, comme partir, πορεύεσθαι ; iter facere et peregrinari en comprennent toute la durée, comme voyager, ὁδοιπορεῖν.

2. Iter facere se dit également d’un voyage dans le pays ou à l’étranger ; mais peregrinari, ἐϰδημεῖν, suppose toujours qu’on passe la frontière ; dans ce dernier cas, la peregrinatio continue même quand on est arrivé à destination et que l’iter est fini.

Pronus. Proclivis. Propensus.

Pronus, au sens moral, marque un penchant en général ; proclivis marque le plus souvent un penchant au bien ; propensus, au mal.

Puer. Infans. Adolescens. Juvenis. Vir. Vetus. Senex.

Puer, dans son acception générale, l’homme dans ses années de dépendance, tant qu’il n’est ni ne peut être père de famille, en trois périodes : 1º comme infans, enfant, νήπιος, παιδίον, à partir de la première année ; 2º comme puer, au sens restreint, jeune garçon, παῖς, à partir de la septième ; 3º comme adolescens, à l’ouverture de l’adolescence, jeune homme, μειράϰιον, νεανίας, à partir de la seizième. Juvenis, dans son acception générale, l’homme tant que durent les années pendant lesquelles il possède et retient la plénitude de ses forces, à peu près depuis l’époque de la majorité jusqu’aux premières atteintes de l’âge, l’homme jeune, νέος, en trois périodes : 1º comme adolescens, au déclin de l’adolescence, à partir de la dix-huitième année ; 2º comme juvenis, au sens restreint, νεανίας, à partir de la vingt-quatrième ; 3º comme vir, homme fait, ἀνὴρ, à l’ouverture de la virilité, à partir de la trentième. Maturus se dit des années de maturité avancée quand le feu de la jeunesse s’est évaporé, en trois périodes : 1º de l’homme fait, vir, ἀνὴρ, au déclin de la virilité, à partir de la quarantième année ; 2º de l’homme âgé, vetus, γέρων, à partir de la cinquantaine ; 3º du vieillard, senex, πρεσϐύτης, à partir de la soixantaine.

Pugna. Acies. Prœlium.

Pugna, terme général pour toute espèce de combat, depuis le duel jusqu’à la bataille rangée la plus sanglante, μάχη ; acies, action décisive, conduite selon les règles de la tactique entre les parties belligérantes, bataille rangée ; prælium, combat d’occasion entre des détachements, rencontre, engagement, escarmouche, comme συμϐολή.

Pugnare. Confligere. Dimicare. Digladiari.

1. Pugnare et confligere, vider un différend de vive force ; ils s’appliquent presque toujours à l’emploi des masses, à une bataille ; dimicare et digladiari, le vider par la voie des armes et presque toujours en combat singulier.

2. Pugnare marque de préférence une bataille en règle, livrée à dessein et envisagée par son beau côté, comme exigeant à la fois de l’art et du courage ; confligere, un combat de rencontre, pris du vilain côté, comme occasion de meurtre et de carnage. Cic. Balb. 9. Qui cum hoste nostro cominus sæpe in acie pugnavit. Il s’est souvent mesuré de près avec notre ennemi en bataille rangée. Comparez avec Off. I, 23. Temere in acie versari et manu cum hoste confligere immane quiddam et belluarum simile est. Se jeter follement dans la mêlée d’une bataille et se prendre corps à corps avec l’ennemi, c’est un excès de courage qui tient de la brute.

3. Dimicare présente l’image d’une lutte soutenue à l’aide de la première arme venue, épée, lance, pique, massue, par un homme qui défend sa vie ; il se prend indifféremment en bonne et en mauvaise part ; digladiari se dit d’un combat à l’épée ou au poignard et présente l’image odieuse d’un gladiateur consommé dont la vocation et l’art consistent dans l’escrime et dans le meurtre. Cic. Tusc. IV, 19. Convenit dimicare pro legibus, pro libertate, pro patria. Il faut savoir se battre pour les lois, la liberté, la patrie. Comparez avec Legg. III, 9. Iis sicis, quas ipse se projecisse dicit in forum, quibus inter se digladientur cives. Ces poignards qu’il se vante d’avoir jetés dans le Forum pour forcer ses concitoyens à s’entr’égorger.

Pungere. Stimulare.

Pungere, piquer pour blesser, pour faire mal ; stimulare, aiguillonner pour réveiller et stimuler par la douleur.

Purgatio. Excusatio. Satisfactio.

La purgatio consiste, comme la justification, à se laver par des raisons péremptoires d’un soupçon ou d’une accusation ; l’excusatio ou excuse à reconnaître qu’il y a eu une faute de commise, mais en donnant des assurances ou des preuves de l’innocence de ses intentions ; la satisfactio ou satisfaction, à apaiser la partie offensée ou lésée, en cas d’innocence, par la purgatio ou l’excusatio, en cas de culpabilité, par la veniæ petitio ou par la pœna.

Purus. Mundus. Merus. Putus. Meracus.

1. Purus, synonyme d’integer et opposé de contaminatus, pur et sans tache, ϰαθαρός ; mundus, synonyme de nitidus et opposé de spurcus et de sordidus, pur et net, ϰομψός ; enfin, merus, synonyme de simplex et opposé de mixtus, pur et sans mélange, comme ἀϰήρατος, ἀϰέραιος.

2. Purus, terme général et populaire ; putus ou ordinairement purus putus, purus ac putus, terme technique pour exprimer la pureté de l’or et de l’argent massifs.

3. Merus se dit de tout ce qui est pur, soit indifféremment, soit avec éloge, comme si tout mélange était une falsification ; meracus se dit particulièrement de la pureté du vin qui n’est point trempé et, transporté au figuré à d’autres objets, il exprime une idée de blâme, comme si la matière pure et sans addition n’était pas comme elle doit être, par opposition à temperatus. C’est le sens de l’ancien allemand eitel.

Q

Quærere. Scrutari. Rimari. Investigare. Indagare.

1. Quærere, chercher, en général, on éprouve le désir ou le besoin de trouver ; scrutari, rimari, investigare et indagare ajoutent à ce sens une idée accessoire de peine et de difficulté.

2. Scrutari et rimari, se mettre à la recherche d’un objet caché : scrutari, en fouillant de tous les côtés, on s’intéresse à la découverte, on se passionne ; rimari, en creusant pour déterrer, la découverte exige des efforts et de la sagacité. Investigare et indagare, se mettre à la recherche d’un objet éloigné : investigare, à la façon du chasseur qui suit en connaissance de cause la piste ou la trace visible du gibier ; indagare, à la façon du limier qui suit l’odeur guidé par son instinct. Curt. IX, 10, 11. Famem sentire cœperunt, radices palmarum ubique rimantes. Ils éprouvèrent les atteintes de la faim et ils cherchaient partout, pour les déterrer, des racines de palmiste. Comparez avec IX, 9, 5. Scrutati omnia tuguria tandem latentes reperere. A force de fouiller toutes les cabanes, ils finirent par les trouver dans leur cachette. Tac. Ann. VI, 3. Rimans secreta omnium. Déterrant les secrets de tout le monde. Et XII, 52. Quasi finem principis per Chaldæos scrutaretur. Furius Scribonianus est exilé sous prétexte qu’il avait eu la curiosité de s’adresser aux Chaldéens pour découvrir quand et comment l’empereur mourrait. Il n’y avait pas d’obstacles à surmonter.

Questus. Quiritatio. Querimonia. Querela.

Questus et quiritatio, expression de la douleur : questus, par des gémissements rares ; quiritatio, par des gémissements suivis. Querimonia et querela, expressions du chagrin : la querimonia part d’un sentiment estimable, celui d’une personne lésée qui ne veut pas souffrir une injustice ; la querela, d’un sentiment presque toujours blâmable, celui du mécontent qui ne sait supporter aucune contrariété. La querimonia est une affaire de raisonnement, elle vise à obtenir assistance ou satisfaction, comme la plainte ; la querela est une affaire de sentiment ; elle ne tend guère qu’à soulager le cœur, comme les lamentations. Cic. Cæcil. 3. In populi Romani quotidiana querimonia. La plainte journalière du peuple romain. Comparez avec Famm. V, 14. Tu non intelliges te querelis quotidianis nihil proficere ? Ne veux-tu point comprendre que tu ne gagnes rien à tes lamentations journalières ?

Quies. Tranquillitas. Requies.

1. Quies, le repos, l’inaction absolue, par opposition à toute espèce d’activité, ἡσυχία ; tranquillitas, le calme dans le mouvement opposé à l’agitation et à la passion, comme ἑϰηλία. Sen. Ep. 3. Et quiescenti agendum et agenti quiescendum est. Il faut que l’action succède au repos et le repos à l’action. Comparez avec Cic. Top. 3. Ut aut perturbentur animi aut tranquillentur. Pour remuer ou calmer les esprits. Quietus offre une analogie de signification avec otiosus, segnis, languidus, et tranquillus avec lenis, placidus, moderatus.

2. Quies, le repos en lui-même, indépendamment de toute relation ; requies, le repos par lequel on se délasse au sortir de l’action ou de la fatigue. Curt. IX, 6, § 2. Ne quies corpori invalido adhuc necessaria pulsu remorum impediretur. Pour ne point déranger par le bruit des rames le repos dont la faiblesse du malade avait toujours besoin. Comparez avec § 3. Placuit hic locus ad suam et militum requiem. Il trouva le lieu à son gré pour se livrer au repos avec son armée.

Quisque. Quivis. Quilibet. Unusquisque. Omnes. Universi. Cuncti. Totus.

1. Quisque, quivis et quilibet désignent la totalité des individus qui constituent l’espèce ; omnes, universi et cuncti, la totalité de l’espèce qui comprend et réunit les individus.

2. Quisque, tout individu pris à part ; quivis, tout individu choisi par préférence entre tous les autres, sans exclure personne de ce choix, qui n’en est que plus marqué, comme πᾶς τις ; quilibet, le premier venu, sans choix, avec une nuance de mépris, comme ὁστισοῦν ; il est synonyme de primus quisque, ὁ τυχών. Cic. Famm. VIII, 10. Quidvis quamlibet, tenue munusculum. Ce que vous voudrez, le moindre petit présent.

3. Quisque est enclitique ; on ne le trouve jamais en prose à la tête de la proposition ; unusquisque est accentué et se place partout.

4. Unusquisque, chacun en particulier, par opposition à quelques individus ; singuli, les individus, par opposition à un tout indivisible, comme ἕϰαστος.

5. Omnes, tout le monde, sans exception ; ce n’est qu’une totalité physique, par opposition à nemo, unus, aliquot, comme πάντες ; universi, l’universalité des êtres que l’espèce peut embrasser et contenir ; c’est une totalité morale, par opposition à singuli et unusquisque, comme σύμπαντες ; enfin, cuncti, tous ceux qui sont rassemblés et réunis ; c’est une totalité de rencontre et de fait, par opposition à dispersi, comme ἅπαντες. Liv. VII, 35. Admiratione paventibus cunctis, quum omnium in se convertisset oculos Decius. Toute l’assistance était étonnée et émue, tous les regards tournés vers Décius. Nep. Dat. 5. Qui illum unum pluris quam se omnes fieri videbant. Quo facto cuncti ad eum opprimendum consenserunt. Les courtisans voyaient qu’à lui seul il les effaçait tous auprès du roi. Ils entrèrent tous tant qu’ils étaient dans une conspiration qui devait l’accabler.

6. Totus, solidus et integer s’appliquent à un tout primitif qui ne vient que par extraordinaire à se diviser en parties, comme ὅλος ; omnis, universus et cunctus, à des individus primitivement isolés qui ne forment un tout que par leur réunion, πᾶς, σύμπας, ἅπας.

Quotidie. In singulos dies.

Quotidie s’entend de ce qui revient tous les jours ; in singulos dies, de ce qui va tous les jours en augmentant. Cic. Att. V, 7. Quotidie vel potius in singulos dies breviores litteras ad te mitto. Les lettres que je t’envoie deviennent plus courtes tous les jours ou plutôt de jour en jour.

R

Rami. Ramalia. Virga. Termes. Turio. Surculus. Sarmentum. Stolo. Virgultum. Fruticetum.

1. Rami et ramalia, les branches de l’arbre : rami, les branches vivantes et vertes, θαλλοί ; ramalia, les branches mortes et sèches. Virga, termes, turio, surculus, talea, sarmentum et stolo ne se disent que des rameaux : virga et les termes rares de termes olivæ et turio lauri, simples rameaux sans idée accessoire, ϰλάδος, ϰλὼν, ϰλῆμα ; surculus et talea, rameaux considérés comme des membres et des rejetons de l’arbre qui servent à la propagation en qualité de greffes et de boutures, les pousses, ὀρσός ; sarmentum et stolo, rameaux considérés comme des excroissances dont il faut débarrasser l’arbre et qui ne sont bonnes qu’à jeter : sarmentum, rameau inutile, sauvage ; stolo, branche folle, gourmande, parasite.

2. Virgultum, lieu couvert de buissons, qui n’est point nu ; fruticetum, lieu embarrassé de halliers, impraticable.

Refutare. Confutare. Refellere.

1. Refutare et confutare, réfuter par toute sorte de moyens ; refellere, par des raisons solides et par une discussion lumineuse. Cic. Orat. II, 50, 203. Neque hæc solum in defensione, sed etiam in Scauro cæterisque meis testibus, quorum testimonia non refellendo, sed ad eumdem impetum populi confugiendo refutasti. C’est toujours le même artifice et dans ta défense et à propos de Scaurus et de mes autres témoins ; ce n’est point par une vraie réfutation, mais par un nouveau recours aux passions populaires que tu réponds à leurs témoignages.

2. Le refutans se tient sur la défensive et rétorque les arguments qu’on lui oppose ; le confutans prend l’offensive ; il en fait voir la nullité et les réduit en poussière. Cic. Font. 1. Plus laboris consumo in poscendis testibus quam defensores in refutandis. Je me donne plus de peine pour interroger les témoins que les défenseurs pour leur répondre. Comparez avec N. D. II, 17. Cujus opinionis levitas confutata a Cotta non desiderat orationem meam. Ce sentiment n’a aucun poids, et Cotta l’a pulvérisé de manière à me dispenser de parler. Top. 25. Refutatio accusationis in qua est depulsio criminis. Répondre à un acte d’accusation en repoussant les charges. Comparez avec Rhet. ad Her. I, 13. Confutatio est contrariorum locorum dissolutio. La réfutation consiste à réduire à néant les arguments contraires.

Regius. Regalis.

Regius, ce qui appartient à un roi, ce qui vient d’une suite de rois ; regalis, ce qui convient à un roi, ce qui est digne de lui.

Religio. Fides.

Religio, probité scrupuleuse fondée sur une obligation intérieure, toute de conscience ; fides, même qualité fondée sur une obligation extérieure, sur une promesse.

Relinquere. Deserere. Omittere. Destituere. Desolatus.

1. Relinquere, quitter, s’applique à un objet auquel on ne tient que par un rapport de lieu et de voisinage ; deserere et omittere, à un objet auquel on tient par une obligation morale en qualité de possesseur ou d’ami. Il y a au fond de la desertio, de l’abandon, une lâcheté, un oubli de quelque devoir, par opposition à defensio, tutatio ; au fond de l’omissio une conviction que l’on a d’être autorisé à s’abstenir, comme dans renoncer, par opposition à obtinere. Tac. Dial. 16. Partes quas intellexerimus te non tam omisisse quam nobis reliquisse, ce qui ne veut pas dire qu’on renonce à voir le sujet traité, mais qu’on le quitte pour le laisser traiter par un autre. Et 9. Relinquenda conversatio amicorum et jucunditas urbis, deserenda cætera officia. Il faut quitter le commerce de ses amis, les plaisirs de la ville ; il faut abandonner ses devoirs. Cic. Verr. I, 4, 11. Desertum exercitum, relictam provinciam. Abandonner l’armée, quitter la province.

2. Deserere, quitter et trahir dans un danger possible et éloigné ; destituere, dans un danger réel et prochain. Curt. IV, 2, 32. Desertus, destitutus, hostibus deditus. Abandonné, délaissé, livré aux ennemis. Liv. VI, 2. Quod defensores suos in ipso discrimine periculi destituat. Il délaisse ses défenseurs dans la crise même du péril.

3. Desertus et destitutus marquent particulièrement l’oubli du devoir ; desolatus, la dureté impitoyable de cet oubli. Suet. Cal. 12. Deserta desolataque reliquis subsidiis aula. La cour abandonnée et anéantie par l’abandon de ses derniers appuis.

Repente. Subito. Extemplo. E vestigio. Illico. Statim. Protinus. Confestim. Continuo.

Repente et subito, tout à coup : repens, par opposition à l’attente, à exspectatus, à sensim, comme ἐξαπίνης ; subitus, par opposition à des préparatifs, à ante provisus, meditatus, paratus, comme παραχρῆμα. Extemplo et e vestigio se disent par opposition à un délai : extemplo marque un rapport de temps, comme dans l’instant ; e vestigio, un rapport de lieu, comme sur-le-champ. Illico, ilicet, à la hâte, se prennent par opposition à la lenteur : illico, en prose, comme παραυτίϰα ; ilicet, chez les comiques et les poëtes. Statim et protinus s’opposent au temps qui suit : statim, aussitôt, à deinde, postea, comme εὐθύς ; protinus, de suite, comme πρόϰα. Enfin, confestim et continuo s’opposent à ex intervallo.

Repere. Serpere. Serpens. Anguis. Coluber.

1. Repere, avancer à l’aide de pieds très-courts, à petits pas, lentement, se traîner ; serpere, sans pieds, par une ondulation du corps entier, et sans bruit, ramper.

2. Serpens, nom général pour tout ce qui rampe, à la façon des serpents, ἑρπετόν ; anguis, serpent redoutable par la grandeur de sa taille, ὄφις ; coluber, serpent dangereux, quoique de petite taille, ἔχις, ἔχιδνα.

Reprehensio. Vituperatio.

Reprehensio, blâme destiné à corriger, à ramener dans la bonne voie, remontrance, μέμψις ; vituperatio, blâme destiné à servir de châtiment, à reprocher une faute à celui qui l’a commise, réprimande, ψόγος. La reprehensio a son opposé dans la probatio, la vituperatio dans la laudatio.

Repudium. Divortium.

Repudium, renvoi de la fiancée ou de l’épouse du chef du mari futur ou actuel ; divortium, dissolution du mariage ou divorce en forme fondé sur un consentement réciproque, à la suite duquel chacune des deux parties tire de son côté. La formule du repudii était : Conditione tua non utor ; celle du divortii : Res tuas tibi habeto. On dit repudium mittere, remittere, renunciare, dicere alicui, mais divortium facere cum aliqua.

Requirere. Desiderare.

Requirere, réclamer, par un mouvement de l’esprit qui voit le côté utile des choses ; desiderare, regretter, par un mouvement du cœur qui s’attache avec amour et sympathie. Le requirens a des prétentions, il espère qu’on fera droit à sa réclamation ; le desiderans choie un désir et en attend l’accomplissement du cours des choses, de la fortune. Cic. Famm. VII, 26. Magis tuum officium desiderari, quam abs te requiri putavi meum. On est plus porté selon moi à regretter ton intervention que tu ne l’es à réclamer la mienne.

Respectum. Rationem habere.

Respectum habere, tenir compte de quelque chose par la pensée et par la réflexion, juger digne d’attention ; rationem habere, en tenir compte dans sa conduite et dans ses mesures, comme d’un moyen qui peut concourir à conduire au but.

Restare. Superesse.

Restare modifie l’idée exprimée par rester en y associant celle d’une tâche qui n’est point achevée ; superesse, en y associant celle d’une réserve qui n’est point épuisée. Cic. Cat. III, 10. Cum hostes vestri tantum civium superfuturum putassent, quantum infinitæ cædi restitisset. Quand vos ennemis avaient réduit dans leur calcul le surplus des citoyens à ce qui échapperait au massacre général. Hor. Sat. I, 9, 28. Nunc ego resto, confice. C’est moi qui vais te servir à présent de victime, achève.

Rete. Cassis. Plaga.

Retia, rets, terme général pour les filets de pêche et de chasse ; casses et plagæ, engins réservés à la chasse : casses, filets destinés à s’emparer du petit gibier qui y entre comme dans un sac ; plagæ, à s’emparer du gros gibier qui s’y empêtre. Hor. Ep. 2, 32. Aut trudit acres... apros in obstantes plagas, aut amite levi rara tendit retia. Il pousse l’impétueux sanglier vers les rets qui lui barrent le passage, il tend au bout d’une perche légère des filets déliés.

Reverti. Revenire. Redire.

Reverti et revenire, pris au propre, marquent des actions qui ne durent qu’un moment : reverti, opposé à proficisci, celle qui consiste à se retourner pour revenir sur ses pas ; revenire, opposé à advenire, celle qui consiste à rattraper le point d’où on était parti. Redire, opposé à porro ire, s’entend de toute la durée de l’action comprise entre ces deux extrêmes, comme revenir. Cic. Att. XVI, 7. p. m. Quam valde ille reditu vel potius reversione mea lætatus effudit ille omnia quæ tacuerat. Dans le transport qu’il éprouvait à me voir revenir ou plutôt faire le premier pas pour revenir, il épancha tout ce qu’il n’avait jamais voulu dire.

Ridere. Cachinnare. Renidere. Subridere. Irridere. Deridere.

1. Ridere et cachinnare se disent d’un rire qu’on entend : ridere, d’un rire gai et modéré, comme γελᾷν ; cachinnare, d’éclats de rire immodérés et discordants, comme ϰαγχάζειν. Subridere et renidere désignent un sourire qu’on peut bien voir, mais non pas entendre : subridere, un sourire espiègle ou satirique ; renidere, amical ou mielleux, μειδιᾷν. Cic. Tusc. IV, 31. Si ridere concessum sit, vituperatur tamen cachinnatio. On nous permet de rire, mais on nous reprocherait de rire aux éclats.

2. Deridere s’entend, comme ϰαταγελᾷν, d’un rire moqueur considéré comme un trait d’orgueil et de mépris ; on rit du haut de sa grandeur ; irridere, comme un trait d’insolence ou de malignité ; on rit à la barbe des gens, ἐγγελᾷν. Cic. Orat. III, 14. Istos omnes deridete atque contemnite. Riez dédaigneusement de tous ces gens-là et méprisez-les. N. D. II, 3. Claudius etiam per jocum deos irridens. Claudius, qui osait plaisanter et rire à la barbe des dieux.

Ripa. Littus. Ora. Acta.

1. Ripa, bord d’une rivière, ὄχθη ; littus, ora, acta, bord de la mer. Mela. III, 9. Oras ad Eurum sequentibus nihil memorabile occurrit ; vasta omnia vastis præcisa montibus ripæ potius sunt quam littora. Le rivage suivi dans la direction de l’est n’a rien de remarquable ; des espaces arides coupés par des montagnes nues font songer aux bords d’un torrent et ne rappellent guère les bords de la mer. Vitruv. II, 9, 14. Circa ripam fluminis Padi et littora maris Adriatici. Au bord du Pô et sur les côtes de l’Adriatique.

2. Littus, bord conçu comme une ligne qui sépare la terre de la mer, ἠιὼν et ῥηγμὶν, la côte ; ora et acta, comme un espace et une zone qui s’étend le long de la mer, le rivage, ἀϰτὴ et αἰγιαλός : ora, au sens géographique, comme terre riveraine, par opposition à l’intérieur des terres ; mais acta, au sens esthétique, celui d’un rivage qui offre des paysages charmants et un séjour agréable. Liv. XXIV, 8. Classem paravimus ut Africæ oram popularemur, ut tuta nobis Italiæ littora essent. Nous avons équipé une flotte : c’est pour dévaster le rivage de l’Afrique et pour mettre à l’abri de toute insulte les côtes de l’Italie, Plin. Ep. V, 6, 2. Gravis et pestilens ora Tuscorum, quæ per littus extenditur. Il y a en Toscane, le long de la côte, une zone malsaine et empestée. On trouve littoris ora, c’est-à-dire ora per littus extensa. Prudent. contr. Symm. IV, 136. Invenit expositum secreti in littoris acta. Il le trouve exposé dans un enfoncement sur une côte retirée. Cic. Famm. IX, 6. Ea tractes quorum et usus et delectatio est omnibus illis actis et voluptatibus anteponenda. Faites-vous des occupations utiles et attrayantes, préférables à tous les paysages, à tous les plaisirs qu’on demande aux bords de la mer. C’est un mot emprunté au grec que Tacite préfère remplacer, H. III, 76, par la périphrase amœna littorum.

Rogare. Orare. Obsecrare. Obtestari. Precari. Supplicare.

1. Rogare et orare se disent d’une demande, d’une requête ; on exprime tranquillement un désir : le rogans se sent l’égal de celui auquel il s’adresse et ne veut qu’une complaisance, comme l’αἰτῶν ; l’orans reconnaît la supériorité de l’autre et demande un bienfait, comme le δεόμενος. Obsecrare et obtestari expriment une requête passionnée, comme conjurer : l’obsecrans est vif, comme le λιπαρῶν ; l’obtestans est pressant. Cic. Att. XVI, 16. Igitur, mi Plance, rogo te atque etiam oro. Oui, mon cher Plancus, c’est une demande et même une requête. Pseudocic. Red. 16. Pro mea vos salute non rogavit solum, verum etiam obsecravit. Il ne vous a pas demandé, il vous a adjurés de me sauver.

2. Precari se dit d’une prière faite avec calme en levant les mains au ciel, comme εὔχεσθαι ; supplicare, d’une invocation passionnée, comme ἱϰετεύειν ; on se jette à genoux ou par terre, on se tord les mains. Mais precor se dit aussi par hyperbole de toute sollicitation, et supplicare, de toute humble requête adressée à des hommes. Cic. Parad. V, 3. Noctu venire domum ad eum, precari, denique supplicare. Aller le trouver la nuit dans sa maison, prier, supplier.

Rogare. Interrogare. Percontari. Sciscitari.

Rogare, interrogare et quærere, faire des questions : rogare, en comptant sur une réponse, on veut savoir ; interrogare, en espérant une réponse, on souhaite de savoir. Percontari et sciscitari, presser de questions : percontari, par envie de s’instruire, d’un ton sérieux et posé, il s’agit de s’éclairer ; sciscitari, avec un air de curiosité, d’indiscrétion, de précipitation, de finesse ; il s’agit de se renseigner.

Ruina. Strages.

Ruina, écroulement de matériaux superposés avec ordre, dont la base vient à céder ; strages, chute d’un corps qui se tenait debout et qu’un choc renverse. Liv. IV, 33. Strages ruinæ similis. Un abatis qui ressemble à un écroulement.

Rumor. Fama.

Rumor, bruit ou nouvelle qui se propage par des voies incertaines, obscures, clandestines, par opposition à la certitude ; fama, tradition que répand la voix publique, par opposition à ce qu’on sait pour l’avoir vu de ses propres yeux. Le bruit, rumor, intéresse par sa nouveauté ; c’est un sujet de curiosité, il passe avec la génération au milieu de laquelle il est né ; la tradition, fama, intéresse par son importance ; elle entre dans le domaine de la science et se transmet comme un héritage à la postérité.

Rus. Ager. Rusticus. Agrestis. Rusticanus.

1. Rus, la campagne, par opposition à la ville, le village avec sa banlieue ; ager, la campagne, par opposition à une localité quelconque, les champs. Cels. Med. 1. Sanum oportet... modo ruri esse, modo in urbe, sæpiusque in agro. Il faut, pour se porter bien, vivre tantôt à la campagne, tantôt à la ville, surtout aux champs.

2. Rusticus, ἀγροῖϰος, celui qui habite le village ; agrestis, ἄγριος, celui qui a grandi aux champs, en sauvage, comme ferus : le terme est cependant plus doux, car ferus exprime directement la sauvagerie comme faisant le fond du caractère, et agrestis en rappelle seulement l’idée par la désignation du séjour ou de l’origine.

3. Transportant ces termes aux qualités de l’esprit, rusticus désigne plutôt la grossièreté intellectuelle ; agrestis, la grossièreté morale. Rusticus s’entend, comme champêtre, de la timidité et de la simplicité ; il se rapproche dans le bon sens de l’innocence et dans le mauvais de la gaucherie ; agrestis marque, comme rustique, l’effronterie et la bassesse ; il ne se prend jamais en bonne part, il confine à la feritas. Le rusticus (opposé urbanus) ne blesse que les conventions du savoir-vivre ; l’agrestis (opposé humanus) blesse les lois naturelles de la décence.

4. Quand Cicéron veut adoucir encore l’idée exprimée par rusticus et prévenir toute équivoque, il emploie de préférence rusticanus. Rusticus désigne alors le paysan qui naît, vit et meurt au village ; rusticanus, le citadin que les circonstances y relèguent. On peut ranger parmi ces derniers les provinciaux, municipes, en qualité de rusticorum similes.

S

Sabulo. Harena. Sabura.

Sabulo, et dans Pline sabulum, le sable considéré comme une espèce de terre légère ; harena, arena, comme une terre sèche, pierreuse, comme des parcelles ou de la poussière de pierre, par opposition à un sol fertile ; enfin, sabura, saburra se rapporte particulièrement à l’usage qu’on fait du sable pour lester les vaisseaux.

Sacer. Sanctus.

Sacer, sacré, s’entend, comme ἱερὸς, de ce qui est la propriété des dieux, par opposition à profanus ; sanctus, saint, de ce qui est sous leur protection, à l’abri de toute souillure, pur et sans tache, par opposition à pollutus, comme ὅσιος. Sanctus homo, âme pure, agréable aux dieux ; sacer, mortel maudit, dévoué aux dieux à titre de victime expiatoire. Et de même sancire signifie mettre sous la protection immédiate des dieux, en parlant, par exemple, de lois et de traités d’alliance ; sacrare, dédier aux dieux, en parlant, par exemple, de temples et d’autels.

Sacrare. Consecrare. Dicare. Dedicare.

Sacrare, consecrare, mettre au nombre des choses saintes, on tient à marquer que tout usage profane de ces choses est et demeure retiré et interdit aux hommes ; dicare et dedicare, consacrer, on tient à marquer qu’on attribue aux dieux la propriété de la chose. Consecrare peut s’employer absolument, mais dedicare exige qu’on nomme le nouveau propriétaire.

Sæpe. Crebro. Frequenter. Frequentare. Celebrare.

1. Sæpe, souvent, par opposition à semel, à nonnunquam, à semper, comme πολλάϰις ; il s’agit de la répétition des mêmes actes en des temps différents ; crebro et frequenter, fréquemment, par opposition à raro ; il s’agit de la pluralité des objets ou des événements : crebro, coup sur coup et plutôt trop que trop peu, comme θαμά ; frequenter, bien des fois. Creber se dit en général d’une multitude pressée et entassée ; frequens, d’une foule nombreuse. Frequens contient un éloge, comme largus ; creber, un blâme, comme spissus. Et on dit du sénat frequentes senatores, lorsqu’il s’agit de marquer qu’il est au complet ; on emploierait crebri, si la place manquait à cause de la presse et si les sénateurs étaient à l’étroit sur leurs siéges.

2. Frequentare, visiter souvent un lieu, ne le point négliger ; celebrare, le visiter souvent et le rendre par là animé et bruyant.

Sævitia. Crudelitas.

Sævitia, cruauté sanguinaire du tyran qui a, comme la bête féroce, du plaisir à tuer et à faire souffrir, par opposition à mansuetudo ; crudelitas, cruauté froide du juge ou du souverain qui applique la loi dans toute sa sévérité, par opposition à clementia.

Salus. Sanitas. Valens. Saluber. Sanus. Salutaris.

1. Salus marque en général la prolongation de l’existence, par opposition à interitus ; sanitas, un état de bonne santé, par opposition à ægritudo ; il s’entend du corps dans son acception primitive, de l’âme dans son acception usuelle.

2. Sanus et valens, qui approchent du sens d’integer, marquent un état sain, mais temporaire ; saluber et validus, qui approchent du sens de robustus, un état sain et constant. Salubris oratio, langue saine par excellence, pleine d’une vigueur naturelle ; sana oratio, langage sobre et réfléchi.

3. Sanus et saluber présentent la santé comme un état de bien-être ; valens et validus, comme une faculté qui rend propre à l’action.

4. Au sens transitif, saluber, salubre, se dit de ce qui procure et conserve la santé, sanitatem, par opposition à pestilens, comme ὑγιεινός ; salutaris, salutaire, de ce qui sauve et conserve la vie, salutem, par opposition à pestiferus, comme σωτήριος. Caton, dans Plin., H. N. XVIII, 6. Nihil salutare est nisi quod toto anno salubre. Le seul régime salutaire, c’est un régime salubre d’un bout de l’année à l’autre.

Salvus. Sospes. Incolumis. Integer.

Salvus et sospes, σῶς, conservé et sauvé, par opposition à perdu : salvus, en langage ordinaire ; sospes, dans le style élevé. Incolumis et integer, ἀσϰηθὴς, sain et sauf, entier, intact : incolumis, par opposition à une blessure, etc. ; integer, par opposition à une insulte. Tac. H. I, 84. Mea cum vestra salus incolumitate senatus firmatur, c’est-à-dire notre salut dépend de ce qu’on ne touche pas à un seul cheveu du sénat. Et I, 66. Verba Fabii salutem incolumitatemque Viennensium commendantis : salus se rapporte au danger de mort, incolumitas, au danger du pillage. Cic. Dejot. 15. Sunt tuæ clementiæ monumenta... eorum incolumitates quibus salutem dedisti. La preuve la plus solide de ta clémence, c’est que les personnes qui te doivent leur salut n’ont pas souffert le moindre dommage.

Sanguis. Cruor. Sanguineus. Sanguinolentus. Cruentus.

1. Sanguis, le sang qui circule dans le corps et qui entretient la vie, αἷμα ; cruor, le sang qui coule ou qui a coulé du corps, ϐρότος. Cic. N. D. II, 55. Sanguis per venas in omne corpus diffunditur. Des vaisseaux distribuent le sang dans tout le corps. Comparez avec Rosc. Am. VII, 19. Ut cruorem inimici quam recentissimum ostenderet. Pour faire parade du sang encore tout frais versé de son ennemi. Tac. Ann. XII, 47. Mox ubi sanguis artus extremos suffuderit, levi ictu cruorem eliciunt atque invicem lambunt. Dès que le sang s’est porté aux extrémités, un coup léger le fait jaillir et chacun des deux lèche celui de l’autre. Sanguis est le principe de la vie physique, cruor le symbole du meurtre.

2. Sanguineus, qui se compose de sang ; sanguinolentus, qui a l’odeur ou l’aspect du sang ; cruentus, taché de sang.

Sanies. Pus.

Sanies, pus liquide et dégoûtant ; pus, rongeur et pernicieux.

Sapiens. Prudens. Callidus. Scitus. Solers. Cordatus. Catus.

1. Sapiens, celui qui, n’ayant que des intentions pures, choisit les bonnes routes et s’attache imperturbablement à les suivre ; prudens et callidus, celui qui sait choisir les meilleurs moyens et s’en servir avec circonspection : prudentia, sagacité ou prudence naturelle qui fait le fond du caractère ; calliditas, connaissance du monde et des hommes acquise et gagnée par l’expérience et la pratique. Cic. Fr. Scaur. 5. Hominis prudentis natura, callidi usu, doctrina eruditi. Un homme que la nature a doué de finesse, que l’expérience a mûri, à qui la science a tout appris.

2. Prudens, celui qui possède un coup d’œil juste et pratique, par opposition à stultus, comme perspicace ; scitus, celui qui a du tact, de l’esprit naturel et du savoir-faire, comme avisé ; solers, sollers, celui qui possède un génie pratique et inventif, comme ingénieux, par opposition à iners ; cordatus, celui qui a un sens droit, par opposition à excors ; catus, celui qui découvre et connaît des voies et des moyens secrets, comme délié.

Sapor. Gustus. Gustare. Libare.

1. Sapor, la saveur propre et particulière à un corps, par opposition à odor, etc. ; gustus ou gustatus, la perception de cette saveur ou le sens du goût, par opposition à olfactus, etc. Sen. Ep. 109. Debet esse aptatus ad hujus modi gustum, ut ille tali sapore capiatur. Il faut être accoutumé au goût du miel pour en apprécier la saveur.

2. Le libans ne fait que porter les choses aux lèvres ou à la bouche ; le gustans en perçoit la saveur et en distingue le goût. Ovid. Am. I, 4, 34. Si tibi forte dabit, quæ prægustaverit ipse, rejice libatas illius ore dapes. S’il arrive qu’il commence par goûter au morceau qu’il t’offre, rejette le mets qui a effleuré ses lèvres.

Satelles. Stipator.

Satelles, garde du corps considéré comme un mercenaire ; stipator, comme un défenseur. Cic. Rull. II, 13. Ex equestri loco ducentos in singulos annos stipatores corporis constituit, eosdem ministros et satellites potestatis. Il tire tous les ans de l’ordre des chevaliers une compagnie de deux cents gardes qui deviennent les serviteurs et les satellites du pouvoir.

Satis. Affatim. Abunde.

1. Satis désigne, comme suffisamment et ἱϰανῶς, la juste mesure sans idée accessoire ; affatim et abunde y ajoutent cette idée qu’il y a plutôt trop que trop peu ; mais abunde, copieusement, ἅλις, se prend au sens absolu par rapport à la chose, il y a assez ; affatim, ἀφθόνως, jusqu’à pleine satisfaction, se prend au sens relatif, par rapport à la personne, on en a assez. On peut avoir à son avis assez travaillé, affatim, sans que la quantité de travail soit suffisante et que ce soit satis. Cic. Att. II, 16. Puto enim me Dicæarcho affatim satis fecisse. Je me suis donné suffisamment de mal pour Dicéarque, et je trouve que c’est assez. Et XVI, 1. Satis est et affatim prorsus. Cela suffit très-amplement. Liv. IV, 22. Frumentum non necessitati satis, sed copiæ quoque abunde ex ante confecto sufficiebat. Les anciens magasins fournissaient du blé en suffisance, et même fort au-delà, en abondance.

2. Satiare, satisfaire, apaiser un besoin en général, la faim, un désir vif ; saturare, apaiser une envie contre nature, manie, faim canine, haine, soif du sang.

Satis habere. Contentum esse. Boni consulere. Contentus. Æquus animus.

1. Satis habere, estimer suffisant, exprime un jugement : il n’y a point de passion qui soit en jeu et qui empêche d’apprécier la juste mesure ; contentum esse, se contenter, exprime un sentiment : c’est une marque de modestie et d’empire sur soi-même ; enfin, boni consulere, se déclarer satisfait, exprime un acte de volonté : on renonce à voir un vœu se réaliser, on s’accommode résolument de ce qui ne peut être évité. Satis habere se construit avec l’infinitif ; contentum esse, avec l’ablatif ou avec quod.

2. Contentus animus marque un contentement relatif : on prend son parti d’une chose, on ne murmure point de ce que le bonheur reste incomplet ; æquus animus exprime le contentement absolu : on se sent complétement satisfait et on n’aspire point à un état plus heureux.

Saxum. Rupes. Cautes. Petræ. Scopuli. Lapis. Calculus. Scrupulus.

1. Saxum, rupes et cautes, grandes masses ; lapis, calx et scrupus, petites masses de pierre. Plin. H. N. XXXVI, 22. Silex viridis ubi invenitur, lapis, non saxum est. Le jade vert est une pierre qu’on ne trouve qu’en morceaux, ce n’est point une roche.

2. Saxa, grandes masses de pierre de toute forme, πέτραι ; rupes et petræ, masses de pierre escarpées et hautes, rochers qui peuvent être un obstacle ; cautes et scopuli, masses de pierre pleines d’aspérités et de pointes, dangereuses, écueils : cautes, roches basses, invisibles sous l’eau, perfides ; scopuli, écueils qui se dressent au-dessus des eaux, qui menacent, qui annoncent le danger, σϰόπελοι.

3. Lapis, terme général, la pierre comme matière, sans égard à sa forme, λίθος ; calculus, pierre polie et ronde, galet ; scrupus, scrupulus, pierre raboteuse et anguleuse, caillou ; mais ce sens de scrupus n’a pour lui que l’autorité des grammairiens, et il ne se rencontre guère dans les auteurs qu’au sens figuré de scrupule.

Scandere. Adscendere. Escendere. Conscendere. Inscendere.

Scandere, gravir une hauteur escarpée, grimper avec effort, en s’aidant des pieds et des mains. Adscendere, escendere, conscendere et inscendere, monter en général : adscendere, sans idée accessoire, simplement par opposition à descendere ; escendere, escalader une hauteur qui sert de défense, comme un rempart, des murailles, ou encore monter en quelque lieu où l’on doit être en vue, comme une tribune aux harangues ; conscendere, monter à plusieurs, par exemple, sur un vaisseau ; inscendere, monter dans un lieu fermé, par exemple, dans une voiture.

Scelestus. Sceleratus. Nefarius. Nefandus. Impius.

Scelestus se rapporte aux intentions, comme ad scelera pronus et promptus ; sceleratus, aux actions, comme sceleribus pollutus atque opertus. C’est toujours l’adjectif sceleratus qui accompagne des termes physiques, comme porta, campus, vicus, porte, champ, quartier de ville où un crime a été commis, et en général des objets ne peuvent pas s’appeler scelesta, à moins d’être personnifiés. Et de même nefarius et impius ont trait à l’impiété de la personne, avec cette seule différence que la perversité : de l’impius éclate dans ses sentiments, celle du nefarius dans ses sentiments et ses actions ; mais nefandus se rapporte exclusivement au caractère exécrable de l’action.

Scutum. Clypeus. Parma.

Scutum, grand bouclier qui couvre l’homme entier, σάϰος ; clypeus et parma, bouclier de grandeur moyenne et de forme ronde, ἀσπίς : clypeus, pour l’infanterie ; parma, pour l’infanterie et la cavalerie ; enfin, pelta, petit bouclier en forme de demi-lune ; cetra, petit bouclier de cuir. Liv. IX, 19. Macedonibus clupeus... Romano scutum, majus corpori tegumentum. Les Macédoniens ont le bouclier rond, les Romains le grand bouclier droit, qui couvre bien mieux le corps. XXXI, 36. Cetratos, quos peltastas vocant, in insidiis abdiderat. Il avait mis en embuscade une troupe de ces soldats qui portent de petits boucliers de cuir et qu’on appelle ordinairement peltastes.

Sedes. Sedile. Sella.

Sedes, siége offert par la nature, ἕδος ; sedile et sella, meuble fait pour s’asseoir : sedile, quelle que soit la forme, chaise ou banc, mobile ou à demeure, ἕδρα ; sella, de forme déterminée, chaise ou fauteuil, θρόνος.

Semper. Usque.

Semper, toujours et éternellement, sans restriction ni limite, au sens absolu ; usque, toujours, mais dans des limites déterminées, au sens relatif, usque dum, donec, etc. ; on le rencontre sans complément dans les poëtes, par exemple : Hor. Sat. I, 9, 19. Usque sequar te. Je te suivrai jusqu’au bout.

Sententia. Opinio. Suffragium.

1. Sententia, manière de voir fondée sur ce qu’on sait clairement, conviction acquise, γνώμη ; opinio, opinion fondée sur un simple sentiment, δόξα.

2. Sententia, vote motivé du sénateur, etc., γνώμη ; suffragium, simple suffrage qui se réduit à un oui, à un non ou à un nom propre, ψῆφος.

Seorsum. Separatim.

Seorsum, à part, pour empêcher de tomber dans le domaine commun, avec une idée accessoire de secret ; separatim, séparément, pour prévenir la confusion, avec une idée accessoire d’ordre.

Sepelire. Condere.

Sepelire et condere s’entendent de la cérémonie funèbre prise dans toute son étendue ; c’est conduire un mort à sa dernière demeure, avec plus ou moins de pompe, qu’on ait ou non commencé par brûler les restes : sepelire est le terme propre et technique ; condere, le terme général et euphémique. Humare, mettre en terre ; c’est le dernier acte des funérailles, par opposition à cremare.

Sera. Claustrum. Pessulus. Repagulum. Obex.

Seræ et claustra, serrures : sera, serrure mobile, cadenas ; claustrum, serrure fixe. Pessuli, repagula et obices, verrous qui tiennent lieu de serrures : pessulus, petit verrou pour les fores ; repagulum, grand verrou pour les valvas, et obex pour les portas.

Series. Ordo.

Series, série, succession mécanique, accidentelle d’objets de même nature et de même espèce ; ordo, suite, enchaînement nécessaire, conçu comme tel, de choses qui vont ensemble par destination. Series exprime une notion mathématique ; ordo, une idée morale.

Serius. Severus.

Severus se prend au sens actif, on ne plaisante pas ; serius a le sens neutre et s’entend de ce qui ne saurait être un sujet de plaisanterie. Severe veut dire gravement ; serio, sérieusement. Severus se joint, comme épithète, à des noms de personnes ; serius, à des noms de choses. Hor. A. P. 107. Decent vultum severum seria dictu. Un rôle grave ne souffre que des propos sérieux. Sen. Tranq. 15. Nihil magnum, nihil severum nec serium quidem ex tanto apparatu putat. Tout compte fait, il ne reste à ses yeux rien de grand, rien de grave ni même de sérieux sur ce vaste théâtre du monde. Severus s’oppose à hilaris, à remissus, à luxuriosus ; serius, à jucundus, jocosus, et serio, à joco, per jocum. Tout cela n’empêche pas qu’on ne rencontre à la place de serius le positif severus et surtout le comparatif severior, le superlatif severissimus, le substantif severitas, parce que la langue latine n’a point tiré de serius des formes correspondantes.

Sermo. Colloquium. Oratio.

Sermo, conversation qui a lieu par hasard ou du moins sans but déterminé et sérieux ; colloquium, entretien prémédité qui roule sur un point convenu.

2. Sermo, discours familier ; oratio, discours travaillé et conforme aux règles de l’art. Qu’une personne prenne et conserve un certain temps la parole dans une compagnie, c’est un sermo ; on ne doit guère qu’au hasard de ne pas être interrompu ; mais l’oratio a une étendue déterminée, un commencement, un milieu et une fin ; on compte qu’on ne sera pas interrompu. Le langage de la vie commune est celui qui règne dans le sermo, soit en prose, soit en vers, comme chez les comiques et dans les Sermonibus d’Horace ; dans l’oratio, c’est une langue choisie et savante. Cic. Orat. 19. Mollis est oratio philosophorum et umbratilis... Itaque sermo potius quam oratio dicitur. Les discours des philosophes ont un fond de douceur et un goût de retraite. Ils méritent plutôt le nom de causeries que celui de discours. Tac. H. I, 19. Apud senatum non comptior Galbæ, non longior... sermo ; Pisonis comis oratio. Qu’il fût au sénat ou à l’armée, Galba ne mettait ni plus de façon ni plus de temps à ses discours ; Pison soignait fort les siens.

Servus. Famulus. Mancipium. Minister. Ancilla. Servitus. Servitium.

1. Servus, ancilla, famulus et mancipium, personne qui n’est point libre, esclave ; minister, serviteur libre, subalterne. Plin. Ep. X, 97. Ancillæ quæ ministræ dicebantur. Des femmes esclaves qu’on appelait des servantes. Il s’agit des réunions des chrétiens.

2. Servus, l’esclave au sens politique et légal, comme soumis au joug, par opposition à dominus, δοῦλος et δμώς ; famulus, au sens patriarcal, comme membre et partie de la famille, par opposition à herus, οἰϰέτης ; enfin, mancipium, au sens économique, comme propriété et marchandise, ἀνδράποδον.

3. Serva, la femme esclave, quand il s’agit de faire ressortir l’état légal ; ancilla, la femme esclave dans la vie ordinaire, comme féminin usuel de servus.

4. Servitus, l’esclavage, au sens indifférent, comme une condition régulière, naturelle, légale ; servitium, comme un état extraordinaire, violent, honteux, avec une idée de mépris ou de compassion. Mais la plupart des prosateurs n’emploient, comme terme abstrait, que servitus, et ils se servent de servitium, particulièrement de servitia, comme d’un terme concret en lieu et place de servi.

Severitas. Gravitas. Strenuitas.

Severitas, la gravité qui tient à la manière de penser et de juger ; gravitas, celle qui impose aux gens ; strenuitas, celle qui paraît dans les actions.

Silere. Tacere. Reticere. Obticere.

1. Silere, ne faire aucun bruit, σιωπᾷν, par opposition à strepere ; tacere, ne dire mot, se taire, σιγᾷν, par opposition à loqui, dicere. Le composé reticere signifie se taire quand on a quelque chose à dire et qu’on le garde pour soi, par opposition à eloqui, proloqui ; le composé obticere, obticescere, rester muet en face d’une personne qui adresse une question ou qui attend une explication, par opposition à respondere. Cic. Harusp. 28. Sed tamen facile tacentibus cæteris reticuissem. Il m’eût été facile d’être discret, si les autres avaient su se taire.

2. Tacens et tacitus présentent le silence comme un état temporaire : tacens se dit de toute personne qui ne parle point ; tacitus, de celle qui, ayant sujet de parler, à dessein ne parle point et observe un silence significatif ; taciturnus marque une qualité habituelle, comme silencieux et taciturne.

Silva. Saltus. Nemus. Lucus.

Silva, forêt en général, abondante en arbres qui fournissent du bois, ὕλη ; saltus, forêt considérée comme un lieu sauvage, bois de montagnes, νάπη ; nemus, comme un lieu agréable, bocage, parc ; lucus, comme un lieu saint, bois consacré aux dieux, ἄλσος, ἄλτις.

Sinister. Lævus.

Ils s’entendent tous les deux du côté gauche. Sinister est le terme usuel et prosaïque, comme ἀριστερός ; lævus, le terme choisi et poétique, comme σϰαιός. Au figuré sinister est le symbole de la défaveur et de la mauvaise chance ; lævus, celui de la perversité et de la maladresse.

Sistere. Inhibere. Statuere.

Sistere et inhibere, rendre immobile, arrêter : sistere, en parlant d’un être qui vit et qui court ; inhibere, d’un objet inanimé qui a été mis en mouvement. Statuere, fixer à demeure, établir sur un pied solide.

Socius. Sodalis. Sociennus. Amicus. Familiaris. Particeps. Consors.

1. Socii, gens unis pour agir en commun par des intérêts mutuels, compagnons, etc. ; sodales et socienni, ἑταῖροι, pour jouir en commun de la vie, parce qu’ils se plaisent mutuellement, camarades : sodalis, terme noble ; sociennus, terme comique. Socius se joint à un génitif qui marque le but de l’association ou sociatio ; sodalis, à un génitif ou à un adjectif possessif qui désigne l’autre sodalis : socius periculi, culpæ, mais sodalis meus.

2. Sodalis, camarade avec lequel on a des rapports de société et surtout des rapports agréables ; amicus, ami avec lequel on fait échange des sentiments sacrés de l’amour et de l’estime ; familiaris, ami intime avec lequel on n’a qu’un cœur et qu’une âme, étant lié pour les affaires frivoles comme pour les affaires sérieuses.

3. Le socius rei travaille ou souffre avec un autre ; le particeps et le consors partagent une jouissance ou une possession : le particeps, par une intervention volontaire, par opposition à expers, comme μέτοχος ; le consors, parce qu’il lui échoit une part, par opposition à exsors. Cic. Balb. 28. Fuit hic multorum illi laborum socius aliquando ; est fortasse nunc nonnullorum particeps commodorum. Il a été à plusieurs reprises le compagnon de ses nombreux travaux ; peut-être veut-il bien partager à présent quelques avantages avec lui. L’associé à l’empire est un socius imperii, en ce sens qu’il aide à expédier les affaires du gouvernement ; c’est un consors, en ce sens qu’il a dû être appelé à cette dignité.

Solemnia. Feriæ. Dies festi. Festa.

Solemnia, les fêtes considérées comme des institutions solennelles et périodiques ; feriæ, comme des jours de repos et de délassement ; festa, ou en prose dies festi, comme des jours de joie.

Solere. Consuevisse. Adsolere.

1. Solere s’emploie à propos d’événements et de toute sorte d’actions, comme avoir coutume, φιλεῖν ; consuevisse ne se dit que d’une action personnelle, comme être habitué, εἰωθέναι. Dans Liv. XXXVIII, 17. Hæc quibus insolita atque insueta sunt Græci timeant. Les Grecs ne sont ni accoutumés ni habitués aux maux qui les menacent : insolitus ne fait allusion qu’à la fréquence du fait ; insuetus marque qu’il faut que le sujet soit actif, soit passif, se familiarise avec lui.

2. Solet se prend en bonne ou en mauvaise part ; assolet contient un éloge et revient à recte ou rite solet.

Solitudo. Vasta. Deserta. Tesca.

Solitudo exprime la solitude d’un lieu dans un sens indifférent ou avec éloge ; vasta, deserta, tesca loca se prennent en mauvaise part : vasta loca, lieux sans culture, par opposition à culta ; deserta, espaces inhabités, par opposition à habitata ; et tesca, tesqua, désert où règne un silence effrayant, par opposition à celebria loca.

Solum. Fundus. Vadum. Fundamentum.

Solum, fundus et vadum, base et fond naturel : solum, le sol sur lequel on a le pied ferme, par opposition aux éléments mobiles, à l’air, à l’eau ; fundus, fond d’un vase, par opposition au reste de l’espace que le vase enferme ; vadum, fond d’un cours d’eau, d’un lac, de la mer, par opposition à l’eau qui coule ou porte dessus. Fundamentum, fondement, base artificielle sur laquelle repose un édifice, etc., et qui n’est pas moins nécessaire que le sol même, solum, lorsqu’il s’agit d’élever une construction. On dit proverbialement : Omnis res jam in vado est, couler une affaire, à fond, par une métaphore empruntée d’un nageur qui atteint le fond de l’eau ; mais : Largitio fundum non habet : Profusion n’a pas de fond, par une métaphore empruntée au tonneau des Danaïdes. Cic. Brut. 74. Solum et quasi fundamentum oratoris vides. Tu as sous les yeux le sol et même le fondement sur lequel bâtit l’orateur.

Somnus. Sopor. Somnium. Insomnium.

1. Somnus, terme usuel, prosaïque ; sopor, terme choisi, poétique, pour désigner le sommeil. Sopor n’a en prose que la signification causative : c’est une drogue ou une influence soporifique ; ce n’est point un profond sommeil.

2. Somnium, le rêve, en prose, ὄναρ ; insomnium, en poésie, ἐνύπνιον.

Spectrum. Mostellum. Manes. Lemures.

Ces quatre termes se disent également d’un esprit qui revient après la mort. Ils diffèrent en ce que spectrum renferme l’idée d’une apparition surnaturelle ; mostellum, celle d’une apparition effrayante ; manes, celle d’un esprit bienfaisant ; lemures, d’un esprit taquin.

Specus. Caverna. Antrum. Spelunca. Spelæum. Fovea. Scrobs.

1. Specus et caverna, cavités soit souterraines, soit au niveau du sol, sorte de termes génériques, par rapport à antrum, spelunca et spelæum, cavités à ouverture verticale qui pénètrent dans une montagne, et à scrobs, fovea et favissa, fosses à ouverture horizontale qui s’enfoncent sous terre.

2. Specus, crevasse à ouverture longitudinale ; caverna, trou à ouverture ronde.

3. Spelunca, caverne, au sens physique, avec allusion à son obscurité et à son aspect effrayant ; antrum, grotte, au sens esthétique, avec allusion à son aspect pittoresque et à sa fraîcheur ; enfin, spelæum, mot d’origine étrangère qui ne se trouve que chez les poëtes, tanière et repaire des bêtes.

4. Fovea, fosse qu’on laisse ouverte ou qu’on recouvre pour servir de magasin et surtout de piége pour prendre une bête sauvage ; scrobs, fosse que l’on comble sur-le-champ et qu’on ne creuse que pour mettre quelque chose en terre, comme un plant d’arbre ou un cadavre.

Spernere. Contemnere. Despicere. Aspernari. Recusare. Fastidire. Negligere.

1. Spernimus rejicienda, fugienda, ut libidines. Nous dédaignons ce qu’il convient de rejeter ou d’éviter, comme les caprices. Contemnimus magna, metuenda, ut pericula, mortem. Nous méprisons les maux qui effrayent par leur grandeur, comme les dangers et la mort. Despicimus infra nos posita, ut vulgi opiniones. Nous regardons de haut en bas ce qui est au-dessous de nous, comme les opinions du vulgaire (Lambin). En d’autres termes, spernere, spernari, aspernari, ne pas se soucier, par opposition à appetere, concupiscere, à peu près comme ἀποϐάλλειν ; contemnere, et chez les poētes temnere, ne pas craindre, par opposition à timere, metuere, comme ϰαταφρονεῖν ; enfin, despicere, despectare, ne faire aucun cas, par opposition à suspicere, revereri, admirari, comme ὀλιγωρεῖν.

2. Spernere présente le dédain sous l’aspect d’un sentiment qui se contient ; il est synonyme de parvi putare, negligere, comme mépriser et dédaigner ; spernari et aspernari, qui est plus usité, se disent de l’expression du dédain ; ils sont synonymes de recusare, abnuere, rejicere, comme repousser. L’idée saillante est dans spernere celle du peu d’estime ; dans aspernari, celle de l’aversion. Spernere se rapporte à un objet qu’il ne tiendrait qu’à nous de posséder ; aspernari, à un objet qui nous est offert ou imposé.

3. Aspernari, avouer son aversion sans pousser les choses plus loin ; recusare, protester et refuser irrévocablement. Curt. VI, 6, 7. Principes aspernantes quidem, sed recusare non ausos Persicis ornaverat vestibus. Les chefs, qui ne cachaient point leur aversion, mais qui n’osaient aller jusqu’à un refus, se virent parés par ses mains du costume persan.

4. Le spernens obéit à une antipathie qu’autorisent la morale et la raison ; il a plus ou moins conscience des motifs qui lui font dédaigner quelque chose ; le fastidiens obéit à une antipathie physique et instinctive, innée ou accidentelle, qui provient d’un accès de satiété ou de quelque cause analogue ; enfin, le negligens n’obéit ni aux suggestions de la raison ni à celles de l’instinct et du sentiment : il agit sans penser ni vouloir.

Sponte. Ultro. Sua sponte. Voluntate. Libenter.

1. Sponte, de soi-même ; ultro, soudainement. Sponte se rapporte à l’impulsion qui fait agir ; ultro, à l’effet. Liv. X, 19. Orare ne collegæ auxilium, quod acciendum ultro fuerit, sua sponte oblatum sperneretur. On le prie de ne point dédaigner le secours de son collègue, qu’il aurait dû demander par une résolution soudaine et qu’on lui offrait de bon cœur. Sponte accusare veut dire être porté de soi-même à intenter une accusation ; ultro accusare, aller jusqu’à prendre le rôle d’accusateur lorsqu’on devrait s’estimer heureux de n’être pas accusé soi-même. Cette expression elliptique ultro accusavit s’explique donc par la phrase complète : Haud contentus non accusari ab altero ultro etiam progressus est, ut ipse accusaret alterum, ou ultro progressus accusavit alterum.

2. Sponte, de propos délibéré, s’oppose à casu, à necessitate ; sua sponte, par sa propre impulsion et par cette impulsion seule, αὐτομάτως, à rogatus, provocatus ou invitatus.

3. Sponte et spontaneus, ἑϰὼν et ἑϰούσιος, présentent une action volontaire et libre comme une affaire d’intelligence ; voluntate et voluntarius, ἐθελοντὴς, comme une affaire de volonté, par opposition à invite ; enfin, libenter et libens, ἄσμενος, comme une affaire de sentiment, par opposition à tædio.

Stella. Astrum. Sidus.

Stella, toute étoile prise à part dans le nombre immense des globes que contient l’univers, ἀστήρ ; astrum, chacun des grands corps lumineux qui sont au ciel, le soleil, la lune et les principales étoiles distinguées par un nom propre, ἄστρον ; enfin, sidus, assemblage d’étoiles, constellation et même, à cause de la parenté qu’il y a entre les idées de foule et de grandeur, étoile de première grandeur, astre, τέρας, τείρεα. Astrum et stella, étoiles, au sens physique, comme des corps célestes lumineux ; sidus, au sens astronomique et astrologique, comme des météores dont l’apparition possède un sens et exerce de l’influence sur les affaires de ce monde. Sen. Helv. 9. Dum ortus siderum, occasus intervallaque et causas investigare velocius meandi vel tardius, spectare tot per noctem stellas micantes liceat. Pourvu qu’on me permette d’observer le lever des constellations, leur coucher, leurs distances, les causes qui accélèrent ou retardent leur marche, d’arrêter mes regards sur cette foule d’étoiles qui brillent dans le cours de la nuit.

Stipes. Vallus. Palus. Sudes.

Stipes et vallus, gros pieu, poutre ou pilotis qui ne peut être enfoncé qu’à l’aide d’un mouton : stipes, bon à différents usages, à la guerre et ailleurs ; vallus, façonné tout exprès pour servir de palissade. Palus et sudes, menu pieu, perche ou branche, facile à enfoncer : le palus s’emploie à toute sorte d’usages, comme pieu de haie, surtout comme piquet, échalas ou tuteur ; le sudes sert spécialement par la pointe, comme palis, pique ou javelot.

Stirps. Genus. Gens. Prosapia. Posteritas. Progenies. Proles. Suboles.

1. Stirps, genus et gens, qui sont des termes abstraits et collectifs par rapport à majores, désignent ordinairement la race ou la ligne ascendante ; prosapia, progenies, propago, proles, suboles, la lignée ou la ligne descendante, ce sont des termes abstraits et collectifs par rapport à posteri.

2. Prosapia, terme archaïque et pompeux qui n’est d’usage qu’en parlant de familles d’une antique noblesse ; posteritas, terme usuel, prosaïque ; progenies, terme choisi, noble ; proles et suboles, termes poétiques : proles présente les enfants comme des fruits nouveaux, comme une jeune génération destinée à vivre à côté de l’ancienne ; suboles, comme des rejetons destinés à remplacer la génération qui s’en va.

3. Gens, famille politique ; genus, famille naturelle. La gens se compose de familles que le fondateur de l’État a réunies en communauté ou en association ; le genus, d’espèces et d’individus qui, en vertu de leurs caractères communs, appartiennent à une seule et même classe.

Stirps. Truncus.

Stirps, la tige ou partie essentielle par laquelle l’arbre vit et se conserve, par opposition aux branches et aux feuilles considérées comme des excroissances et des dépendances ; truncus, le tronc, partie nue et sèche, par opposition aux branches, aux feuilles, à la couronne qui servent de parure à l’arbre. Il correspond au tronc du corps humain.

Strabo. Pætus.

Strabo, celui qui louche par nature, infirmité ou mauvaise habitude ; pætus, celui qui fait des yeux louches à dessein et par espièglerie.

Studium. Benevolentia. Favor. Amor. Gratia.

1. Studium désigne ordinairement l’amour et l’attachement de l’inférieur pour le supérieur, du soldat pour son général, du sujet pour son souverain, du disciple pour son maître, du partisan pour son chef et son parti ; favor, l’amour et la faveur du supérieur pour l’inférieur, du public pour un comédien, du peuple pour un candidat, du juge pour une des parties ; enfin, benevolentia, l’amour et la bienveillance pour un égal. Dans Cic. Rosc. Com. 10. Quod studium et quem favorem secum in scenam attulit Panurgus ? Quel zèle et quelle faveur quand Panurge entre en scène ! il faut se représenter le public d’abord comme auditeur, puis comme juge de l’acteur. Orat. I, 21. Ego qui incensus essem studio utriusque vestrum, Crassi vero etiam amore. Moi qui étais tout feu dans mon zèle pour vous deux, dans mon amour pour Crassus.

2. Studium, favor et benevolentia expriment une inclination passagère occasionnée et limitée par les circonstances, calme ou même tiède ; amor, un amour enraciné au fond de l’âme et voisin de la passion. Cic. Fam. I, 9. Nihil est quod studio et benevolentia vel potius amore effici non possit. Je ne sais rien que le zèle et la bienveillance ou plutôt l’amour ne soit capable d’accomplir. Att. V, 10. Amores hominum in te et in nos quædam benevolentia. L’amour qu’on te porte et une certaine bienveillance qu’on a pour nous.

3. Favor, faveur qu’on accorde, par opposition à invidentia ; gratia, faveur dont on jouit, par opposition à invidia.

Stupidus. Brutus. Bardus. Stultus. Fatuus. Stolidus.

Stupidus, brutus et bardus sont des termes exclusivement négatifs qui marquent un défaut d’intelligence : stupidus, celui de l’homme qui comprend difficilement, qui est épais, ἀναίσθητος ; brutus, celui de la brute et de l’homme qu’un vice d’organisation ravale au niveau de la brute, qui n’entend rien, qui est dépourvu de raison, ϐλὰξ, idiot ; bardus, celui de l’homme qui ne comprend qu’avec lenteur, qui n’a aucun talent, ϐραδὺς, lourd. Stultus, fatuus et stolidus expriment une qualité positive de l’esprit qui a des idées fausses et qui juge de travers : stultus, un défaut de sagesse pratique qui est de la déraison, μωρὸς, sot, par opposition à prudens ; fatuus, un défaut de bon sens qui est de la puérilité, comme nigaud ; stolidus, un défaut de convenance et de modération qui est de la grossièreté, comme impertinent. Liv. XXV, 19. Id non promissum magis stolide quam stulte creditum. Promesse impertinente, sotte crédulité.

Suavis. Dulcis.

Suavis s’entend, comme ἡδὺς, d’une odeur agréable, et au figuré d’un attrait qui se fait suivre ; dulcis s’entend, comme γλυϰὺς, d’une saveur agréable, et au figuré d’un charme qui entraîne ; il sert à renchérir sur suavis dans Plin. Ep. V, 8, 10. Hæc vel maxima vi, amaritudine, instantia ; illa tractu et suavitate atque etiam dulcedine placet. L’historien ne plaît guère que par la force, l’austérité, la chaleur ; l’orateur plaît par l’abondance, l’agrément et la grâce. Plin. H. N. XV, 2732. Dulce et pingue et suave. Le lait, qui n’est point précisément un corps gras, ne flatte que médiocrement l’odorat et la langue.

Succensere. Irasci. Indignari. Stomachari.

Succensere, garder rancune, et ægre, graviter, moleste, difficiliter ferre, prendre en mal, expriment un mécontentement contenu ; irasci, indignari et stomachari, un mécontentement qui éclate. La colère, ira, porte l’empreinte de la passion ; elle a soif de vengeance ; l’indignation, indignatio, offre l’image du sentiment moral qui se soulève ou se révolte ; elle proclame sa désapprobation ou son mépris ; l’emportement, stomachatio, est la marque d’un tempérament irritable, la bile déborde, la mauvaise humeur se fait jour, on est bruyant et querelleur. L’iratus se présente sous les traits d’un ennemi, il inspire de la crainte ; l’indignabundus, sous ceux d’un juge, il impose ; le stomachans, sous ceux d’un maniaque, il est ridicule.

Sumere. Capere. Prehendere. Accipere. Excipere. Recipere. Suscipere. Recuperare.

1. Sumere, se munir d’un objet pour s’en servir, comme αἱρεῖν ; capere, s’en saisir pour le posséder, comme λαϐεῖν ; enfin, prehendere, mettre la main dessus pour en être physiquement maître. Cic. Phil. XII, 7. Saga sumpsimus, arma cepimus. Nous avons pris des habits de guerre, nous avons saisi nos armes.

2. Accipere, recevoir ce qu’on nous offre, δέχεσθαι, on y met de l’empressement ; excipere, accueillir ce qui vient à nous, ce que nous attendions, ὑποδέχεσθαι ; recipere, prendre sous sa protection, par générosité ; suscipere, prendre un fardeau sur soi, entreprendre par dévouement. L’accipiens prend dans la main, l’excipiens dans les bras, le recipiens sur son cœur, le suscipiens sur les bras ou sur le dos.

3. Recipere, recouvrer sans qu’il en coûte de la peine ; recuperare, regagner par ses efforts. Liv. XLII, 53. Urbem recipit, par une simple occupation. Comparez XXVI, 39. Urbe recuperata, par conquête.

Summus. Supremus.

Summus, marque le plus haut degré d’élévation dans un sens indifférent, ce n’est qu’une question de lieu, ἄϰρος, par opposition à imus ; supremus, terme poétique et pompeux, contient une idée accessoire de sublimité, comme ὕπατος, par opposition à infimus.

Sumptus. Impensæ.

Sumptus, dépense qui ébrèche la fortune et le capital, voisine de la prodigalité ; impensæ, dépenses qui servent à atteindre un but et qui tiennent du sacrifice.

Superbia. Arrogantia. Fastus. Insolentia.

La superbia met les autres au-dessous d’elle par contentement de soi-même, elle ne voit dans leurs qualités que des reflets de ses propres mérites, c’est l’orgueil par opposition à l’humilité ; l’arrogantia veut se prévaloir aux dépens des autres d’avantages ou de priviléges qui ne lui appartiennent point, c’est l’arrogance opposée à la modestie ; le fastus repousse les hommes, comme s’ils n’étaient pas dignes d’entrer en relation avec lui, c’est l’air superbe par opposition à la simplicité ; l’insolentia abuse grossièrement de sa supériorité pour humilier le faible, c’est la hauteur par opposition à l’humanité et à la générosité. Le superbus veut éclipser les autres ; l’arrogans, empiéter sur eux ; le fastosus les méprise ; l’insolens les bafoue.

Sus. Verres. Scrofa. Porcus.

Sus, terme général, nom du cochon en histoire naturelle, ὗς ; verres, scrofa, porcus, termes d’économie rurale : verres, verrat ; scrofa, truie ; porcus, jeune porc ou goret. Le mot sus contient une idée accessoire de malpropreté ; le mot porcus, de graisse et d’embonpoint.

Suspirare. Gemere.

Suspirare, soupirer, s’entend d’une aspiration profonde et d’une forte expiration, à la suite d’un serrement de cœur ; gemere, gémir, tient plus de la volonté, on donne de l’air à une poitrine oppressée. Un soupir, suspirium exprime la gêne ; un gémissement, gemitus, la douleur. Cic. Att. II, 21. Cum diu occulte suspirassent, postea jam gemere, ad extremum vero loqui omnes et clamare cœperunt. A des soupirs longtemps étouffés succèdent les gémissements, puis enfin, un concert de plaintes et de cris.

T

Tardus. Lentus.

Tardus, marque la lenteur qui perd du temps par opposition à citus ; lentus, celle qui prend ses aises et marche à pas comptés, par opposition à acer.

Tellus. Terra. Solum. Humus.

Tellus, la terre considérée comme un tout, comme le centre du monde, comme une déesse, par opposition à d’autres corps célestes ou à d’autres divinités, γαῖα, γῆ ; terra, comme matière et élément par opposition aux autres éléments, γαῖα, γῆ ; solum, comme l’élément solide opposé particulièrement à l’eau, πέδον ; enfin humus, comme la partie la plus basse du monde visible par opposition à la région de l’air. Les désinences des dérivés terrenus opposé à igneus, solidus à fluidus, humilis à sublimis, correspondent à ces différentes significations.

Templum. Fanum. Delubrum. Ædes. Sacellum.

1. Templum, fanum et delubrum, le temple avec le terrain consacré qui l’entoure, ἱερόν ; ædes, l’édifice même, ναός ; enfin, sacellum, emplacement consacré, sans édifice, avec un simple autel.

2. Au sens restreint templum, temple monumental d’une grande divinité ; fanum et delubrum, temple modeste d’un dieu inférieur ou d’un héros.

Tenere. Habere. Possidere.

Tenere, tenir dans sa main, c’est la possession physique ; habere, avoir en son pouvoir, c’est la possession de fait ; possidere, avoir en propriété, c’est la possession de droit. Plin. Ep. I, 16. Tenet, habet, possidet. Saturninus m’attache, me domine, me possède.

Tentare. Periclitari. Experiri. Periculum. Discrimen.

1. Tentare et periclitari, faire une tentative pour s’éclairer : tentare, avec le désir de s’instruire, en prenant de la peine, c’est un essai ; periclitari, avec courage, en méprisant le danger qu’il peut y avoir, c’est une épreuve ; experiri, acquérir des lumières par cette tentative, c’est une expérience.

2. Periculum, le danger considéré dans sa durée ; discrimen, comme un simple point dans le temps, comme le moment critique et le point culminant du periculi. Liv. VI, 17. In ipso discrimine periculi destituat. Abandonner au plus fort de la crise.

Tergus. Cutis. Pellis. Vellus.

Tergus et cutis, couverture extérieure des chairs à l’état de membrane nue et lisse : tergus, peau grossière des animaux recouvrant une chair tendre et bonne à manger, le cuir δέρμα ; cutis, peau fine de l’homme protégeant la chair vive et sensible, χρώς. Pellis et vellus, peau avec sa garniture : pellis, peau garnie de poils ou pili, fourrure, δορά ; vellus, peau laineuse, garnie de flocons ou villi, toison, μαλλός. On dit en parlant des hommes, cutem ; des éléphants, serpents, etc., tergora ; des lions, chèvres, chiens, etc., pelles ; des brebis, vellera. Juven. X, 192. Deformem pro cute pellem. Une peau fine autrefois, pleine à présent de rides et de poils.

Teter. Fœdus. Turpis. Deformis.

Teter, tæter, ce qui nous paraît odieux parce qu’il trouble notre sécurité en nous inspirant de la crainte ou en nous donnant des frissons, à peu près comme effroyable, épouvantable, ϐλοσυρός ; fœdus, parce qu’il offense la nature, parce qu’il excite en nous du dégoût ou de l’horreur, comme affreux, μιαρός ; turpis, parce qu’il offense le sens moral ou les convenances en provoquant notre désapprobation ou notre mépris, par opposition à honestus, gloriosus, comme laid, honteux, αἰσχρός ; deformis, parce qu’il blesse le goût et déplaît, par opposition à formosus, comme mal fait, δυσειδής. Cic. Off. I, 34. Luxuria cum omni ætate turpis, tum senectuti fœdissima est. La débauche honteuse à tout âge est affreuse dans la vieillesse. Rep. II, 26. Tyrannus quo neque tetrius neque fœdius... animal ullum cogitari potest. Un tyran, l’être le plus effroyable, le plus affreux que l’imagination puisse concevoir. Vatin. 3. Quanquam sis omni diritate teterrimus. Quoique ta dureté fasse de toi un effroyable personnage. Vell. P. II, 69. In Vatinio deformitas corporis cum turpitudine certabat ingenii. Chez Vatinius la difformité allait de pair avec la turpitude.

Toxicum. Venenum. Virus.

Toxicum, terme d’histoire naturelle, poison, sans idée accessoire ; venenum, liqueur ou potion empoisonnée qui peut être douce et séduisante ; virus, liqueur ou breuvage malfaisant et repoussant. Liv. II, 52. Tribuni plebem agitare suo veneno, agraria lege. Le peuple que travaille le poison préparé par les tribuns, la loi agraire. Comparez Cic. Læl. 23. Evomat virus acerbitatis suæ. Qu’il vomisse le venin de sa misanthropie.

Trabes. Tignum.

Trabes, trabs, poutrelle longue et mince qui se rapproche de la perche ; tignum, poutre courte et épaisse qui se rapproche de la bille. Un radeau se compose de trabibus et non point de tignis ; au contraire, les pièces de charpente destinées à servir de supports dans une construction se composent de tignis et non point de trabibus, car ce dernier terme désigne de préférence les traverses supportées. Cæs. B. C. II, 9. Supra eum locum duo tigna transversa injecerunt, quibus suspenderent eam contignationem, supraque ea tigna directo transversas trabes injecerunt, easque axibus religaverunt. Ils jetèrent par-dessus deux poutres[1] qui se croisaient à angle droit et qui devaient supporter la plate-forme, sur les poutres un grillage de poutrelles[2] reliées par des ais[3].

Trans. Uls. Ultra.

Trans et uls, de l’autre côté, πέραν, par opposition à cis ; ce sont des prépositions qu’on n’accentue pas et qui servent simplement à distinguer un côté de l’autre, elles appartiennent à la même classe que super : trans, est le terme usuel ; uls a vieilli, il est tombé en désuétude. Ultra, au delà, πέρα, par opposition à citra ; on appuie sur le mot pour donner une haute idée de l’éloignement de cet autre côté au delà duquel il faut chercher l’objet, c’est une particule de la même classe que supra. La séparation exprimée par ultra fait songer à une frontière, la séparation exprimée par trans à un obstacle. Tac. Germ. 29. Protulit magnitudo populi Romani ultra Rhenum ultraque veteres terminos imperii reverentiam... Non numeraverim inter Germaniæ populos, quamquam trans Rhenum Danubiumque consederint, eos qui decumates agros exercent. La grandeur du peuple romain a porté au delà du Rhin et au delà des vieilles bornes le respect de son autorité... Je ne compte point parmi les peuples de la Germanie, quoiqu’établis de l’autre côté du Rhin et du Danube, ceux qui cultivent les champs soumis à la dîme.

Transversus. Obliquus.

Transversum, perpendiculaire, ce qui se dirige à angles droits à partir d’un point donné sur une droite ; obliquum, oblique, ce qui s’éloigne du même point en faisant un angle aigu ou obtus.

Tueri. Defendere.

Tueri ne suppose qu’un danger possible, comme protéger, par opposition à negligere ; defendere, suppose une attaque, comme défendre, par opposition à deserere. Les mineurs ont des protecteurs ou tuteurs, tutores, les accusés des défenseurs, defensores. Le tuens fait preuve de sollicitude et d’amour en cherchant à prévenir le danger ; le defendens, de courage et de force en faisant face au danger. Sen. Tranq. 11. Neque ille solum militat qui in acie stat et dextrum lævumque cornu defendit ; sed et qui portas tuetur. Le nom de soldat n’est pas exclusivement réservé à celui qui tient ferme à son rang de bataille et qui défend l’aile droite ou l’aile gauche ; il convient également à celui qui garde les portes.

Tum. Tunc.

Tum, adverbe qui correspond à is, comme en ce temps-ci ; tunc, adverbe qui correspond à ille, comme en ce temps-là.

Turbæ. Tumultus. Seditio. Secessio. Deficere. Desciscere.

1. Turbæ et tumultus, désordres de police : turbæ, attentatoires au bon ordre ; tumultus, à la tranquillité publique. Seditio et secessio, mouvements politiques par suite d’une différence d’opinions nette et tranchée, de principes contradictoires : seditio, quand l’union vient seulement d’être troublée et que la lutte des partis se passe encore en paroles ; secessio, quand on a renoncé à tout espoir de conciliation et que les partis sont en présence prêts à se battre ou qu’ils ont du moins rompu tout commerce.

2. Les seditiosi et les secedentes sont citoyens et membres d’une communauté libre dont ils troublent seulement l’union ; les deficientes et desciscentes violent un contrat en qualité de sujets qui se soulèvent ou d’alliés qui font défaut : deficere, terme général, présente la défection par son côté moral, comme une désertion qui provient d’infidélité, d’hésitation et de lâcheté ; desciscere, par son côté politique, comme un changement de principes et de système.

Turgere. Tumere.

Turgere, exprime une augmentation de volume qui tient à un excès de force et d’abondance, comme σπαργᾷν, σφριγᾷν ; tumere, contient l’idée du néant et du vide déguisés sous l’enflure, comme οἰδᾷν. On appelle les voiles turgida lorsque le vent qui les gonfle est considéré comme un corps réel, capable en effet de les remplir, et tumida, lorsqu’on ne veut voir dans le même vent que de l’air, un air qui n’est rien et qui paraît seulement remplir les voiles.

Tutus. Securus. Incuriosus.

1. Tutus se rapporte à la réalité de la chose et s’entend de celui qui est en sûreté, comme ἀσφαλής ; securus se rapporte à la persuasion de l’esprit et s’entend de celui qui se croit en sûreté. Au sens réfléchi, tutus arrive à exprimer l’idée de prévoyance, et securus celle d’imprévoyance par euphémisme. Sen. Ep. 97. Tuta scelera esse possunt, secura non possunt. Le crime peut être en sûreté, mais il ne possède jamais la sécurité. Cependant, comme il n’existe point de substantif tiré de tutus, securitas se prend aussi par catachrèse dans le sens de sûreté.

2. Securus, securitas expriment l’absence d’inquiétude et de soucis comme un état de l’âme, c’est la sécurité, ἀμέριμνος, par opposition à sollicitus ; incuriosus, incuria, expriment le manque de soin et d’attention, au point de vue pratique, comme insouciant, ὀλίγωρος, par opposition à cura. Sen. Ep. 100. Fabianus non erat negligens in oratione, sed securus. Il y avait dans les discours de Fabianus un air je ne dis pas de négligence, mais d’assurance.

U

Udus. Uvidus. Humidus. Aquosus. Madidus.

1. Uvidum et udum, ὑγρὸν, humide, dans tout le sens du mot, ce qui est entièrement composé d’eau ou d’un autre liquide, en réalité, en apparence, ou encore par hyperbole, humore constans ; humidum et humectum, humide au sens restreint, ce qui est seulement imprégné de parties aqueuses, humore mixtum. Sen. N. Q. II, 25. Dicis nubes attritas edere ignem cum sint humidæ, imo udæ. Tu dis qu’il sort du feu des nuages qui sont chargés ou plutôt composés d’eau. Udus, qui a pour opposés sudus et solidus, est synonyme d’aquanus dans Tertullien ; mais humidus, qui a pour opposé aridus, est synonyme d’aquosus, à cette différence près qu’en employant aquosus, on se représente encore le sec et l’humide comme distincts ; ils existent l’un à côté de l’autre, tandis qu’en employant humidus, on se les représente comme mélangés et confondus. Pratum aquosum signifierait une prairie où il y a des mares et des étangs ; mais pratum humidum, une prairie arrosée.

2. Udus n’est qu’une contraction d’uvidus ; humectus n’est que le participe d’humidus. Pacuv. ap. Varr. Terra exhalabat auroram humidam, humectam. La terre exhalait une vapeur humide, chargée d’eau.

3. Humidus, humens se rapporte, comme humide. à la constitution intérieure du corps ; madidus, madens, μυδαλέος, ruisselant, ne se rapporte qu’à l’extérieur et à la surface du corps, par opposition à siccus. Cic. Phil. XIV, 3. Imbuti sanguine gladii legionum exercituumque nostrorum, vel madefacti potius duobus consulum, tertio Cæsaris prælio. L’épée de nos légions et de nos armées est trempée dans le sang ; elle a ruisselé de sang dans les deux combats livrés par les consuls, dans le troisième combat livré par César. Imbuere, causatif d’imbibere, se rapporte, en effet, à l’humidité qui pénètre à l’intérieur ; madefieri, à celle qui s’amasse au dehors et qui peut provenir indifféremment de deux causes, savoir d’un trop-plein au dedans ou de la nature imperméable d’une surface.

Ulna. Lacertus. Brachium. Cubitus.

Ulna, le bras entier, depuis l’épaule jusqu’à la main, servant à mesurer l’aune ; lacertus, le haut du bras, depuis l’épaule jusqu’au coude ; brachium, l’avant-bras ; cubitus, le pli entre deux, le coude.

Una. Simul.

Una, ensemble, dans le même lieu, ὁμοῦ ; simul, à la fois, dans le même temps ou le même instant, ἅμα.

Uncus. Hamus.

Uncus, grand crochet comparable à une ancre ; hamus, petit crochet comparable à un hameçon.

Uterque. Ambo. Utervis. Uterlibet.

1. Uterque, chacun des deux, s’applique à un tout dans lequel on distingue deux unités, comme ἑϰάτερος ; ambo, tous les deux, à un tout dans lequel on distingue deux moitiés, comme ἄμφω. Cic. Finn. II, 7. Hic, qui utramque probat, ambobus debuit uti. Puisqu’on admet les deux points de fait, on devrait les représenter tous les deux par un terme spécial. Ter. Ad. I, 2, 50. Curemus æquam uterque partem ; tu alterum, ego item alterum ; nam ambos curare proреmоdum reposcere illum est quem dedisti. Prenons chacun une part égale de la tâche ; garde Ctésiphon, moi Eschine. T’occuper ainsi de tous les deux, c’est presque me redemander celui que tu m’as donné. La différence de construction est visible dans Cic. Muren. 18, 37. Duæ res in prætura desideratæ sunt, quæ ambæ in consulatu Murenæ profuerunt... Horum utrumque ei fortuna ad consulatus petitionem reservavit. Deux choses manquèrent à Muréna dans la demande de la préture ; et toutes deux l’ont merveilleusement servi quand il a sollicité le consulat... La fortune lui réservait chacun de ces deux avantages dans ses démarches pour le consulat. Et Orat. III, 26. A quibus utrisque submittitur aliquid. Le poëte et le compositeur sacrifient chacun à la simplicité.

2. Uterque et ambo sont copulatifs et se décomposent en unus et alter ; l’attribut est nécessairement commun ; utervis, celui des deux que vous voudrez, et uterlibet, celui des deux qu’il vous plaira, sont disjonctifs et se décomposent en unus vel alter ; l’attribut est commun par accident. Ter. Andr. Prol. 10. Qui utramvis recte norit, ambas noverit. Il suffit de posséder une de ces deux pièces de Ménandre, celle que vous voudrez, pour les posséder toutes les deux.

Uti. Usurpare. Frui. Frunisci.

Uti et usurpare expriment l’action de faire usage d’une chose, d’en disposer à son avantage ; mais uti se dit d’un usage permanent ; usurpare, d’un acte isolé. Frui et la vieille forme frunisci expriment le sentiment agréable qui accompagne cet usage, comme jouir : frui est le verbe primitif, frunisci, le verbe inchoatif. Sen. Vit. B. 10. Tu voluptate frueris, ego utor. Tu ne cherches dans le plaisir que la jouissance, j’y cherche le profit. Flor. II, 6. Hannibal quum victoria posset uti, frui maluit. Annibal pouvait user de sa victoire, il aima mieux en jouir. Cic. Rosc. Am. 45, 131. Commoda, quibus utimur, lucem, qua fruimur, spiritumque, quem ducimus, a Deo nobis dari. Les avantages dont nous profitons tous les jours, la lumière dont nous jouissons, l’air que nous respirons sont des dons de Dieu. Cic. Cat. III, 2, 5. Quorum opera... assidue utor. Je profite constamment de leur activité. Comparez avec Finn. II, 35, 118. In ea, quam sæpe usurpabas, tranquillitate degere omnem vitam. Laisser couler sa vie entière dans la tranquillité que tu as su trouver en mainte occasion. Cic. Orat. 51, 169. Post inventa conclusio est, qua credo usuros veteres illos fuisse, si jam nota et usurpata res esset. La période oratoire fut inventée plus tard ; je crois que les anciens en auraient fait usage s’ils l’avaient connue et vu employer.

V

Vacare. Otiari. Feriari. Cessare. Nihil agere.

Vacare, avoir son temps libre, par opposition à l’occupatio, qui oblige au travail ; otiari, n’avoir point d’affaires, par opposition aux negotia, qui font du travail un devoir ; feriari, jouir du repos des jours de fête, par opposition à la besogne journalière ; cessare, cesser son travail et se reposer, par opposition à la peine qu’on vient de prendre ; nihil agere, ne rien faire, par opposition à l’activité en général.

Validus. Firmus. Robustus.

1. Validus, fort, au sens actif, pour l’attaque et l’exécution, vigoureux, par opposition à imbecillis, comme σθεναρός ; firmus et robustus, fort, au sens passif, pour la défense, pour supporter quelque chose : le firmum tire sa force d’une assiette inébranlable, on y met sa confiance, il s’oppose à labans, vacillans et même à imbecillus, en grec ϐέϐαιος, ferme ; le robustum tire la sienne de sa nature compacte, de l’impénétrabilité de sa matière, il dure, par opposition à tenerum, comme ῥωμαλέος et ἰσχυρὸς, solide.

2. Imbecillitas convient à la faiblesse d’esprit ; infirmitas, à la faiblesse corporelle. Cic. Finn. V, 45. In infirma ætate imbecillaque mente : un âge qui n’est point fait, une intelligence qui n’a point de ressort. Et quand ils ne se disent tous deux de l’esprit, imbecillitas signifie une faiblesse naturelle de tête ou de cœur, par exemple, un défaut de talent ou de courage ; infirmitas, une faiblesse morale, par exemple, la versatilité qui empêche qu’on ne se fie à nous. Cæs. B. G. VII, 77. Nolite stultitia ac temeritate vestra aut imbecillitate animi omnem Galliam prosternere. Ne cédez ni à une folle hardiesse ni à une faiblesse d’esprit qui causerait la chute de toute la Gaule. Comparez avec IV, 5. Cæsar infirmitatem Gallorum veritus quod sunt in consiliis capiendis mobiles et rebus plerumque novis student. César avait peur de la versatilité des Gaulois, qui sont inconstants dans leurs desseins et amoureux de changements.

Varius. Diversus. Contrarius. Versicolor. Variegare.

1. Varium exprime les différences qu’on remarque dans un seul et même objet ; diversum, celles qui distinguent un objet d’un autre. Catull. 47, 10. Quos longe simul a domo profectos diverse variæ viæ reportant, c’est-à-dire que toutes sortes de voies ramènent chez eux dans des directions tout à fait différentes. Tac. H. I, 25. Otho postquam vario sermone callidos et audaces cognovit, pretio et promissis onerat... Suspensos cæterorum animos diversis artibus (i. e. spe et metu) stimulant. Othon cause avec eux, varie l’entretien, s’assure qu’ils sont rusés et hardis, les achète à prix d’or et les comble de promesses... Pour les autres, on aiguillonne par divers moyens ces esprits incertains.

2. Les diversa n’ont rien de commun entre eux et s’en vont dans des directions divergentes ou même opposées ; les contraria se font face et sont diamétralement opposés. D’où la gradation Cic. Divin. II, 55. Diversas aut etiam contrarias. Tout ce qui est du domaine de la conjecture... est sujet de la part des hommes aux interprétations les plus diverses et souvent les plus opposées[1]. Vell. P. II, 75. Diversa præsentibus et contraria exspectatis sperare. Avoir des espérances qui s’écartent des conjonctures et qui sont contraires aux probabilités.

3. Varium, bigarré, qui offre plusieurs couleurs à la fois, ποιϰίλον ; versicolor, chatoyant, qui change autant de fois de couleur qu’il y a de manières de l’exposer à la lumière, αἴολον. Propert. III, 13, 32. Aut variam plumæ versicoloris avem. Un oiseau bigarré dont le plumage chatoie. Pline (XXXVII, 10) exprime les deux idées par des périphrases lorsqu’il appelle à la fois la pierre mithrax multicolor et contra solem varie refulgens.

4. Variare signifie en général donner un aspect varié ; variegare signifie en particulier donner un aspect dont la variété est dans les couleurs, barioler.

Vastare. Populari. Diripere. Agere ferre. Expilare. Spoliare. Peculari.

1. Vastare, ravager, détruire par fureur ou par politique la propriété de l’ennemi, πέρθειν, πορθεῖν ; populari, diripere et agere ferre, piller par intérêt personnel : populari, en grand, par exemple, enlever la moisson entière, emmener les troupeaux ; diripere, en petit, entrer dans les maisons, rompre les armoires ; agere ferre, des deux manières, comme ἄγειν ϰαὶ φέρειν.

2. Spoliare et populari, s’approprier des dépouilles en temps de guerre ; expilare et peculari, depeculari, en temps de paix : expilare, par violence ; peculari, par escroquerie et détournement de la propriété de l’État. Cic. Parad. VI, 1. Si socios spolias, ærarium expilas. Si tu dépouilles les alliés, si tu portes la main sur le trésor.

Velle. Optare. Expetere. Cupere. Avere. Gestire.

1. Velle, optare et expetere expriment des actes de la raison qui se possède et se gouverne ; cupere, avere et gestire, des actes du sentiment surexcité et de la passion. Sen. Ep. 116. Cum tibi cupere interdixero, velle permittam. Après t’avoir interdit les désirs, je te permettrai d’avoir des volontés.

2. Velle, vouloir et coopérer à la réalisation de sa propre volonté, θέλειν et ϐούλεσθαι ; optare, souhaiter et s’en remettre à d’autres ou au destin pour la réalisation du souhait, ποθεῖν ; expetere, exiger et mettre les autres en demeure de remplir cette exigence, ὀρέγεσθαι. Sen. Ep. 95. Sæpe aliud volumus, aliud optamus. Nos volontés sont souvent en désaccord avec nos souhaits. Cic. Off. I, 20. Nihil nisi quod honestum sit homines aut admirari, aut optare, aut expetere oportet. Il convient que les hommes n’admirent, ne souhaitent, n’exigent rien qui ne soit honorable.

3. Cupere exprime un désir violent, passionné ; gestire, un désir vif qui se manifeste par des gestes ; avere, havere, un désir impatient, pressant. Cupidus, désireux, ἐπιθυμῶν ; gestiens, qui se réjouit à l’idée d’avoir une chose, χρῄζων ; avidus, avide. Cic. Sen. 8. Græcas litteras sic avide arripui, quasi diuturnam sitim explere cupiens. Je me suis jeté sur la littérature grecque avec avidité, avec la passion d’apaiser une soif qui durait depuis longtemps. Comparez avec Att. II, 18. Intellexi quam suspenso animo et sollicito scire averes, quid esset novi. J’ai compris tes incertitudes et tes soucis, ton impatience de connaître les nouvelles. Et IV, 11. Perge reliqua ; gestio scire ista omnia. Continue, je me fais une fête de savoir tous ces détails.

Vendere. Venundare. Mancipare.

Vendere et venundare présentent la vente comme une transaction commerciale : dans vendere, l’idée principale est, comme dans vendre, la livraison de l’objet, et le prix d’achat n’est qu’un accessoire ; il est opposé à emere ; c’est le grec ἀποδόσθαι ; venundare fait ressortir, comme étaler, la mise en vente, l’offre de la marchandise, πιπράσϰειν, πωλεῖν, ἀπεμπολᾷν. Mancipare, aliéner, présente la vente comme un acte juridique par lequel on cède et transporte à un autre la propriété d’une chose avec toutes les prétentions qu’on y avait jusque-là, en due forme.

Ventus. Procella. Tempestas. Vortex. Turbo.

Ventus, le vent, comme terme générique ; procella et tempestas, vent violent : procella, bourrasque, coup de vent ; tempestas, tempête, orage complet, accompagné d’éclairs, de tonnerre, de pluie ou de grêle. Vortex et turbo, tourbillon : vortex, tourbillon faible qui ne soulève que la poussière ; turbo, tourbillon impétueux qui cause des dégâts.

Verberare. Icere. Ferire. Cedere. Pulsare. Mulcare. Pavire. Cudere.

1. Verberare, ferire et icere, frapper en général, de loin, de près, de toute manière. Le verberans porte un coup qui rebondit ; l’iciens et le feriens, un coup qui pénètre, blesse ou brise : l’iciens lance son coup, par exemple, fulmine ictus ; le feriens pousse et heurte, par exemple, murum ariete ferire. Cædere, pulsare et mulcare sont des termes plus particuliers et signifient battre avec un instrument fait exprès : cædere, avec un instrument tranchant qui fait une blessure, hache, sabre, fouet, verges, étrivières ; pulsare et mulcare, avec un instrument contondant, un bâton ou le poing. Pulsare prend, comme battre, un complément quelconque ; mulcare, comme bâtonner, ne peut avoir pour complément que le nom d’un être sensible à la douleur, surtout l’homme.

2. Au sens restreint, verberare exprime un châtiment administré de sang-froid et qui consiste en coups de bâton, c’est une punition en forme infligée par l’autorité compétente ; pulsare et mulcare signifient un mauvais traitement par coups ou bourrades, exercé par des personnes qui n’y sont point autorisées, c’est une vengeance. Pulsare s’entend d’un traitement grossier ; on frappe avec la main ou avec une canne, on n’en veut guère qu’à l’honneur et à la dignité des gens ; mulcare marque un traitement brutal ; on se sert pour frapper des poings ou d’un gourdin ; on a surtout en vue de causer des douleurs physiques, on rosse.

3. Pavire, battre, pour solidifier à force de coups une masse molle ; cudere, pour aplatir et élargir une masse dure. Fulgere, battuere et cajare sont des termes vieillis ou communs pour battre.

Verbum. Vocabulum. Vox. Dictum. Dicterium.

1. Verbum, le mot considéré comme une partie de la phrase ; vocabulum, comme un élément de la langue. Les mots, verba, sont du ressort de l’usage ; les termes, vocabula, sont du ressort du dictionnaire.

2. Verba, les mots par rapport à leur signification ; voces, par rapport à leur forme et à leur son.

3. Comme terme technique de grammaire, vox comprend toutes les huit parties du discours ; vocabulum, tous les mots proprement dits, à l’exception des interjections ou sons naturels ; nomen, seulement les noms appellatifs, adjectifs, substantifs et pronoms ; et verbum, seulement les verbes.

4. Au sens collectif, verbum s’entend d’une pensée générale, comme sentence ; vox, dictum et dicterium, d’une saillie qui appartient à telle ou telle personne : vox est l’expression du sentiment ou de la passion, c’est une exclamation ; dictum est un trait d’esprit et d’intelligence, comme un bon mot. Tac. H. III, 39. Audita est sævissima Vitellii vox, qua se pavisse oculos spectata inimici morte jactavit. Vitellius eut une exclamation cruelle ; on l’entendit qui se vantait crûment d’avoir rassasié ses yeux au spectacle de la mort d’un de ses ennemis particuliers. Comparez avec Ann. VI, 20. Scitum Passieni dictum percrebuit, neque meliorem unquam servum, neque deteriorem dominum fuisse. Un trait spirituel de l’orateur Passiénus et qui courut partout, c’est qu’il n’y avait jamais eu ni de meilleur esclave ni de plus mauvais maître.

5. Dictum, terme général et populaire pour toute parole piquante ; dicterium, terme savant d’une époque postérieure pour une parole piquante par excellence qui est le fruit de l’esprit naturel développé par l’étude des lettres et le commerce de la bonne société.

Vereri. Timere. Metuere. Spes. Fiducia. Timor. Timiditas. Ignavia. Formido. Horror.

1. Vereri exprime, comme αἰδεῖσθαι, un effet qui a sa raison d’être dans une dignité qui nous impose ; metuere et timere expriment, comme δεῖσαι et φοϐεῖσθαι, un effet qui résulte du caractère dangereux et menaçant d’un objet. Le timens et le metuens craignent de courir un danger ; le verens craint d’être couvert de honte et de confusion. Cic. Phil. XII, 12 : Quid ? veteranos non veremur ? nam timeri ne ipsi quidem volunt. Eh quoi ! est-ce que nous ne révérons point les vétérans ? car, pour aller jusqu’à la peur, c’est ce qu’ils ne veulent point eux-mêmes. Sen. II, 37. Metuebant eum servi, verebantur liberi, carum omnes habebant. Ses esclaves le craignaient, ses enfants le révéraient, tout le monde le chérissait. Liv. XXXIX, 37. Veremur quidem vos, Romani, et si ita vultis etiam timemus. Nous vous révérons, ô Romains, et nous avons même peur de vous, si c’est là ce que vous voulez. Afran. ap. Gell. XV, 13. Ubi malunt metui quam vereri se ab suis. Dès qu’ils aiment mieux être craints que révérés par les leurs. Sen. Ir. III, 32. Quibusdam timeamus irasci, quibusdam vereamur. Ne nous fâchons point contre certains personnages, contre ceux-là par peur, contre ceux-ci par une crainte respectueuse.

2. Metus, la crainte prise comme l’attente d’un mal qu’on a en perspective, auquel on songe, l’inquiétude par prévoyance et prudence, comme δέος, synonyme de cautio ; timor, la peur par lâcheté et faiblesse. En d’autres termes, la crainte, metus, est une affaire d’intelligence, elle occupe la pensée ; la peur, timor, est une affaire de sentiment, elle saisit le cœur. Metus s’oppose à spes ; timor, à fiducia, animus. Cic. Tusc. IV, 31. Confidere decet, timere non decet. Il s’agit d’avoir pleine confiance, il ne s’agit point d’avoir peur.

3. Même différence entre spes, l’espérance, et fiducia, la confiance. Sen. Ep. 16. Jam de te spem habeo, nondum fiduciam. Tu me donnes déjà des espérances, tu ne m’inspires pas encore de confiance. Tac. Agr. 3. Nec spem modo ac votum securitas publica, sed ipsius voti fiduciam ac robur assumpserit. On ne se borne plus à espérer et à appeler de ses vœux la sécurité publique, mais on en jouit avec un sentiment de confiance et de stabilité. Suet, Cl. 10. Aliquanto minore spe quam fiducia. Il y avait un peu moins d’espérance que de confiance.

4. Timor présente la peur comme un état passager ; timiditas présente la timidité comme une qualité habituelle qui se comporte, par rapport à l’ignavia, comme le terme précis par rapport au terme général. Lactant. III, 17. Epicurus... ignavum prohibet accedere ad rem publicam, pigrum exercere, timidum militare. Epicure ôte aux gens incapables l’accès des affaires, aux gens paresseux leur maniement, aux gens timides la guerre. L’ignavia est l’incapacité de faire aucune action noble et particulièrement aucun exploit courageux ; la timiditas est excusable dans certaines circonstances ; l’ignavia est toujours condamnable.

5. La crainte, metus, et la peur, timor, naissent de la réflexion qui distingue nettement l’objet et la cause de l’inquiétude. L’effroi, horror, et l’épouvante, formido, naissent d’une émotion vive et subite qui accable l’esprit en lui présentant des images pénibles, des visions affreuses et qui le rend incapable de se raisonner : mais formido, l’épouvante, exprime directement un état de l’âme, ὀῤῥωδία ; horror, l’effroi, n’exprime que la manifestation de cet état lorsqu’il se révèle par des cheveux qui se dressent, par des yeux égarés, etc., comme φρίϰη. Tac. H. IV, 46. Metus per omnes ac præcipua Germanici militis formido. La crainte partout, l’épouvante au plus haut chez les troupes de Germanie.

Vereri. Revereri. Venerari. Colere. Observare. Adorare. Admirari. Suspicere.

1. Vereri et revereri, avoir du respect ; venerari, témoigner du respect. Tac. Ann. XIV, 13. Venerationem sui, les respects qu’on lui rendrait ; comparez avec matris reverentia, le respect que lui inspirait sa mère.

2. Vereri marque la considération poussée jusqu’à la crainte et à la timidité ; revereri, la crainte et la timidité inspirées par la considération. Dans vereri, c’est la crainte ; dans revereri, la considération qui est l’idée principale. Verecundia signifie la peur de se mettre dans son tort vis-à-vis d’une personne que l’on considère ; reverentia, la conviction intime que le mérite de la personne justifie cette peur.

3. Venerari ne s’emploie (du moins dans Cicéron) qu’en parlant des honneurs qu’on rend aux dieux ou à des êtres supérieurs ; observare se dit de ceux qu’on rend aux hommes ; colere, des deux. Cic. Rep. I, 12. Ut... Africanum ut deum coleret Lælius, domi vicissim Lælium observaret in parentis loco Scipio. Lélius honorerait comme un dieu Scipion l’Africain ; à Rome, Scipion à son tour aurait pour Lélius toutes les attentions qu’on a pour un père. Le venerans ne vise qu’à exprimer le respect qu’il doit, et à détourner de lui par son humilité la colère des dieux ; le colens vise par des complaisances, des services et des égards de toute sorte, à gagner la faveur de quelqu’un et à en retirer des fruits comme d’un champ cultivé. La veneratio se marque surtout par la prière, le cultus par le sacrifice ; la veneratio est un acte isolé, passager, le cultus, une manifestation permanente de respect. Tac. H. I, 10. Vespasianus... Titum filium ad venerationem cultumque (Galbæ) miserat, c’est-à-dire que Titus devait présenter au nouvel empereur l’hommage de Vespasien et rester à la cour.

4. Observare comparé à colere donne à la pensée un tour indirect et se dit des égards auxquels on ne manque pas, par opposition à la négligence ; mais il ne suit point de là que l’un des deux termes soit plus fort et l’autre plus faible. Colere s’entend de démonstrations palpables, operam ; observare, d’attentions délicates, pietatem, et c’est tantôt aux unes, tantôt aux autres qu’on attache le plus de prix.

5. Adorare, terme général pour toute espèce de culte rendu aux dieux ; la veneratio tend à se restreindre aux gestes, la precatio aux formules.

6. Reveremur validas auctoritates ; admiramur raras virtutes ; suspicimus excellentia dignitate. Nous respectons l’autorité, nous admirons la vertu, nous levons les yeux vers les grandeurs. Je me représente d’ailleurs le reverens dans un état de crainte silencieuse ; l’admirans, dans un enthousiasme bruyant ou du moins visible ; le suspiciens, sous les traits d’une personne étonnée qui sent humblement sa propre infériorité. Revereri se rapporte particulièrement à une supériorité morale ; admirari, à une supériorité intellectuelle et morale ; suspicere, à une supériorité quelconque, même de hasard.

Vernalis. Vernilis.

Vernaliter contient un éloge : avec l’adresse et la prestesse d’un serviteur bien appris et zélé ; il est synonyme de sedulo. Verniliter contient un blâme : d’une manière ignoble et commune qui sent l’esclavage ; il est synonyme de serviliter ; mais verniliter se rapporte à la grossièreté des façons, comme rustiquement ; serviliter, à la bassesse des sentiments, comme servilement.

Vertere. Torquere. Convertere. Invertere. Pervertere.

1. Vertere, tourner ou retourner, c’est-à-dire remuer un objet pour lui donner une autre position ou une autre place, τρέπειν ; torquere, tourner dans le sens de mouvoir autour d’un point fixe ou d’un axe, στρέφειν.

2. Convertere signifie 1º avec un sujet au pluriel : tourner tous à la fois, par exemple Cæs. B. C. I, 80. Ut pæne terga convertant, peu s’en faut qu’ils ne tournent le dos tous à la fois ; 2º par rapport à l’achèvement de l’action : tourner tout à fait. Invertere veut dire seulement tourner à moitié, en sorte que l’objet prenne la position inverse et montre l’envers ; enfin, pervertere, tourner en sorte que l’objet prenne une fausse position, soit hors d’usage, ou perdu, mettre sens dessus dessous.

Vestis. Vestitus. Vestimentum. Amictus. Amiculum. Cultus. Habitus.

1. Vestis, terme général qui signifie tantôt l’habillement entier, vestitus, tantôt une pièce de l’habillement, vestimentum. Vestem mutare veut dire prendre le deuil ; vestimenta mutare, changer d’habits.

2. Vestis et vestimentum, vêtement qui couvre le corps par raison de nécessité ou de décence ; amictus et amiculum, vêtement qu’on met par-dessus les autres pour avoir plus chaud ou pour se parer : amictus, tout l’habillement de dessus ; amiculum, pièce détachée, surtout. Tac. G. 17. Feminæ sæpius lineis amictibus velantur, partemque vestitus superioris in manicas non extendunt. Les femmes portent plus souvent que les hommes des vêtements de dessus en lin, et il n’y a point de manches dans le haut de leur habillement.

3. Cultus et habitus expriment des idées plus complexes que vestis : cultus comprend tout ce qui se rattache à la mise, ceinture, chapeau, parures, armes ; habitus, tout ce qui touche de près ou de loin à la toilette, propreté, coiffure, tenue. Suet. Cæs. 44. Dicam ea quæ ad formam et habitum et cultum et mores pertineant. Je vais esquisser son portrait et dire un mot de sa toilette, de sa mise, de ses mœurs. Cal. 52. Vestitu calceatuque cæteroque habitu. Dans son habillement, dans sa chaussure, dans toute sa toilette.

Vetare. Interdicere.

Vetare, défendre au nom de la loi par opposition à jubere ; interdicere, interdire en vertu des pouvoirs qu’on tient de sa charge par opposition à addicere, permittere.

Vetus. Senex. Grandævus. Longævus. Senecta. Senectus. Senium.

1. Vetus homo, l’homme vieux à partir de la cinquantaine, par opposition à juvenis, l’homme jeune, comme γέρων ; senex, le vieillard à partir de la soixantième année avec une idée accessoire de dignité, comme πρεσϐυτής : enfin grandævus et longævus, vieillard chargé de jours qui a dépassé la durée ordinaire de la vie, c’est-à-dire à partir à peu près de la quatre-vingtième année.

2. Senecta, la vieillesse au sens indifférent, comme degré de la vie ; senectus, la vieillesse vénérable et expérimentée qui impose du respect et des égards ; senium, le grand âge qui affaiblit, accable et qu’on peut regarder comme une infirmité.

Vicinus. Finitimus. Confinis.

Vicini, voisins, d’une maison, d’une cour à l’autre ; finitimi et confines, d’un pays à l’autre : finitimi, au sens simple et incomplexe, nos voisins, ceux qui habitent à notre frontière, c’est un simple terme géographique ; confines, exprime une relation réciproque, il s’agit de peuples mutuellement voisins qui ont une frontière en commun, avec une idée morale accessoire, celle d’une amitié qui se joint au voisinage. Les finitimi sont séparés par une démarcation, finibus diremti ; les confines ou confinio conjuncti ont des points de contact.

Vicissim. Invicem. Mutuo.

Vicissim marque comme alternativement et vice versa que deux personnes ou deux objets font ou éprouvent successivement quelque chose : invicem et mutuo, qu’ils le font ou l’éprouvent en même temps : invicem a plus de rapport à des actions ; mutuo, à des situations réciproques. Ils répondent à réciproquement et mutuellement.

Videre. Cernere. Spectare. Intueri. Conspicere. Adspicere. Adspectus. Conspectus. Obtutus.

1. Videre et cernere, voir, prendre connaissance par l’organe de la vue : videre, prendre connaissance en gros, comme ὁρᾷν, par opposition à ne pas voir à cause de quelque obstacle qui boucherait la vue ; cernere, prendre une connaissance précise et claire, par opposition à une vue incertaine et troublée. Spectare, intueri, tueri et contueri, regarder, arrêter les yeux sur un objet : spectare, regarder tranquillement un objet qui intéresse l’esprit et s’y arrêter comme à un spectacle, considérer, θεᾶσθαι ; intueri, fixer son regard sur un objet qui attire l’imagination ou le cœur, contempler, θεωρεῖν. Cic. Famm. VII, 1. Neque nos qui hæc spectavimus, quidquam novi vidimus. Et nous-mêmes qui avions les yeux ouverts sur cela, nous n’avons rien vu de nouveau.

2. Intueri signifie simplement contempler avec attention, mais contueri, contempler avec fixité, avec pénétration et avec de grands yeux.

3. Conspicere, apercevoir, c’est-à-dire avoir la vue frappée d’un objet et le plus souvent sans s’y attendre ; adspicere, regarder, c’est-à-dire jeter les yeux sur un objet, qu’on ait ou non conscience de la sensation.

4. Adspectus a le sens actif, c’est le sujet qui regarde ; conspectus a le sens passif, c’est le sujet qui est vu, qui fait tableau, c’est encore et souvent le cercle que la vue embrasse. Obtutus, le regard, a le sens neutre. Suet. Tib. 43. Ut adspectu deficientes libidines excitaret. Pour rallumer par cette vue ses feux épuisés. Comparez avec Cal. 9. Tumultuantes conspectu suo flexit. Sa vue fit reculer les soldats soulevés. Et avec Cic. Orat. III, 5. Qui vultum ejus quum ei dicendum esset, obtutumque oculorum in cogitando probe nosset. Lui qui connaissait parfaitement l’air qu’il prenait au moment de parler et le regard qu’il avait quand il réfléchissait.

Vigens. Vegetus. Vividus. Vivus. Animans. Vitalis. Vivax.

1. Vigens se dit d’un homme frais et vigoureux de corps et d’esprit ; vegetus, d’un homme éveillé et vif sous le rapport de l’esprit ; vividus, d’un homme plein de vie et d’énergie au moral. Liv. VI, 22. Exactæ jam ætatis Camillus erat... sed vegetum ingenium in vivido pectore vigebat, virebatque integris sensibus. Camille conservait dans un âge avancé un esprit vif et frais, un cœur énergique, une constitution intacte et florissante.

2. Vivus, vivant par opposition à mort ; animans, animé par opposition à inanimé.

3. Vitalis, qui a la vie longue ; vivax, qui a la vie dure.

Vigil. Insomnis. Exsomnis.

Vigil présente l’état de veille par le côté positif : on sait ce qu’on fait, on veut le faire, on y applique ses forces, on est éveillé et agissant, c’est le grec ἄγρυπνος. Insomnis et exsomnis ne présentent ce même état que par le côté négatif, comme une privation de sommeil, ἄύπνος ; mais l’insomnis ne peut pas, l’exsomnis, ne veut pas dormir. Tac. Ann. I, 65. Cum oberrarent tentoriis insomnes magis quam pervigiles. Ils erraient le long des tentes faute de pouvoir dormir plutôt que par un surcroît de vigilance. Vell. Pat. II, 88. cenas ubi res vigiliam exigeret, sane exsomnis. Quand les affaires exigeaient de la vigilance, Mécène se privait tout à fait de sommeil. Hor. Od. III, 7, 6. Noctes non sine multis insomniis lacrimis agit. Il passe ses nuits dans les pleurs sans sommeil. Comparez avec 25, 7. Non secus in jugis exsomnis stupet Evias. Comme une bacchante qui court la montagne et qui lutte contre le sommeil reste stupéfaite à la vue de l’Hèbre.

Villa. Fundus. Prædium. Ager. Campus. Rus. Arvum.

1. Villa, maison de campagne ordinairement avec une pièce de terre ; fundus, pièce de terre ordinairement avec une maison de campagne ; prædium, tantôt la maison, tantôt la pièce, comme bien de campagne. Villa est d’ailleurs un terme d’architecture ; fundus, un terme économique ; prædium, un terme de droit. Cat. R. R. 3. Ita ædifices, ne villa fundum quærat, neve fundus villam. Bâtissez dans de justes proportions en sorte que la maison n’ait pas l’air de courir après le domaine, ni le domaine après la maison.

2. Villa, fundus et prædium supposent un propriétaire, comme portio ; ager, arvum, rus et campus se conçoivent sans aucun rapport à un propriétaire, comme pars.

3. Ager et campus, la campagne, cultivée ou non : ager, le sol par opposition au terrain occupé par des constructions ou des plantations d’arbres, à urbs, oppidum, vicus, hortus, silva, comme ἀγρός ; campus, les basses terres et les plaines, comme πεδίον, par opposition aux hauteurs, à mons et collis.

4. Rus et arvum, le champ, la terre à blé : rus, par opposition au village ou à la ville, comme ἄρουρα ; arvum, par opposition aux pâturages et aux plantations d’arbres, à pabulum, pascuum, pratum, olivetum, comme ἄροτος. Cic. Fr. ap. Quintil. IV, 2, 131. Fundum habet in agro Thurino Tullius paternum. Tullius possède un bien patrimonial dans la banlieue de Thurium. Orat. III, 33. De fundo emendo, de agro colendo. Un domaine à acheter, un sol à cultiver. Tac. G. 26. Arva per annos mutant, et superest ager. Ils changent tous les ans de champs de blé, et ce n’est pas le sol qui leur manque.

Vincere. Superare. Opprimere.

1. Vincere, chasser l’adversaire de sa position, comme vaincre, νιϰᾷν ; superare, prendre le dessus sur son adversaire, comme ὑπερϐάλλεσθαι. Le vincens est aux prises avec des ennemis, le superans avec des obstacles. Tac. Ann. II, 25. Invictos et nullis casibus superabiles Romanos. Les Romains sont invincibles et supérieurs à tous les événements[1].

2. Evincere marque en particulier l’acharnement et la durée du combat ; devincere, le succès du combat et la plénitude de la victoire.

3. Vincere, vaincre à la suite d’un combat ; opprimere, sans combat, en paraissant, par surprise ou par une supériorité de forces décisive. Cic. Mil. II. Vi victa vis vel potius oppressa virtute audacia est. La force a vaincu la force, ou pour mieux dire, le vrai courage a d’abord accablé l’audace. Et de même Muren. 15. Mithridatem L. Murena repressum magna ex parte, non oppressum reliquit. Au départ de L. Muréna, Mithridate était fort empêché, mais point accablé.

Vincula. Catenæ. Compedes. Pedicæ. Manicæ.

Vincula, toute sorte de liens, terme générique par rapport à catenæ, comme δεσμοί ; catenæ, chaînes, soit pour enchaîner, soit pour d’autres usages, comme ἁλύσεις ; compedes, fers en général pour les mains ou les pieds : pedicæ, pour enchaîner les pieds ; manicæ, pour enchaîner les mains, menottes. Tac. Ann. VI, 14. Celsus in vinclis laxatam catenam et circumdatam in diversum tendens suam ipse cervicem perfregit. Celsus était lié ; à force de tirer sur une chaîne lâche qui faisait le tour du cou il réussit à se casser le cou.

Vindicta. Ultio. Talio. Pœna. Mulcta. Castigatio. Puniri.

1. Vindicta, acte de justice comme la punition ; ultio, acte de colère comme la vengeance ; talio, acte de représailles.

2. Ultio, vindicta et talio, actes d’autorité privée ; punitio, mulctatio et castigatio, actes d’autorité publique : pœna, peine afflictive qu’exige la loi violée et offensée ; mulcta, satisfaction que réclament la justice et l’équité en compensation d’un dommage et qui consiste de préférence en une amende ; castigatio, correction qui s’adresse à un individu, surtout par voie de réprimande. La pœna profite au public, la mulcta à la partie adverse, la castigatio au coupable.

3. Punire, punir suivant les principes de la justice ; puniri, dans Cicéron, exercer une vengeance personnelle.

Vinum. Temetum.

Vinum, nom général et usuel ; temetum, nom archaïque et poétique du vin.

Virgo. Puella. Virago.

Virgo, fille qui n’est point mariée, jeune ou vieille, par opposition à mulier, παρθένός ; puella, jeune femme mariée ou non, par exemple l’épouse de Néron, Octavie, à l’âge de vingt ans, dans Tac. Ann. XIV, 64, ϰόρη ; virago, jeune fille forte comme un homme, héroïque, par exemple les amazones, ἀντιάνειραι.

Virtus. Innocentia. Honestas.

Virtus, la vertu qui se manifeste par des actions solides et méritoires ; innocentia, par une conduite irréprochable et surtout désintéressée ; honestas, par des sentiments vertueux et nobles.

Vita. Salus. Victus.

1. Vita, la vie dans sa durée, par opposition à mors ; salus, la vie sauve, par opposition à interitus, exitium.

2. Vita, la vie publique, victus, la vie privée d’un homme. Nep. Alc. 1. Splendidus non minus in vita quam in victu. Aussi magnifique dans la vie publique que dans la vie privée.

Vitium. Menda. Mendum. Labes. Macula.

Vitium, défaut quelconque ; menda, défaut naturel, surtout corporel, infirmité, ϐλάϐη ; mendum, faute qu’on a commise, surtout dans des écrits, bévue, ἁμάρτημα ; labes, faute infamante, souillure, λύμη ; macula, défaut qui défigure, tache, ϰηλίς.

Vix. Ægre.

Vix, à peine, se rapporte exclusivement, comme σχολῄ, à la chose qui pour un rien manquerait, par opposition à omnino non ; ægre, avec peine et à grand’ peine, μόλις et μόγις, se rapporte au sujet qui agit et qui est inquiet de savoir s’il réussira complétement ou s’il échouera, par opposition à facile.

Volucres. Aves. Alites.

Volucres, tout ce qui vole, y compris les insectes ailés, les volatiles, comme πτηνός ; aves et alites, les oiseaux seulement : avis, terme général d’histoire naturelle pour tous les oiseaux, comme ὄρνις ; ales, terme choisi pour les grands oiseaux seulement, comme οἰωνὸς, en particulier l’aigle ; et alites, comme terme technique de la langue des augures, les oiseaux dont on observait et interprétait le vol, par opposition à oscines ou aux oiseaux dont on interprétait le chant et les cris. Ovid. Art. am. III, 410. Jovis in multas devolat ales aves. L’oiseau de Jupiter fond sur la gent emplumée.

Vorago. Vortex. Gurges.

Vorago et barathrum, qui est étranger et poétique, eau sans fond, abîme qui peut exister dans un marais, un étang, un lac ; vortex et gurges, supposent une eau agitée : le vortex se meut dans le sens horizontal, l’eau tourne simplement en cercle, empêchant les objets qui surnagent d’aller plus loin, comme le tourbillon ; le gurges se meut dans le sens vertical, il entraîne au fond ce qui tombe dans son domaine, comme le gouffre. Liv. XXVII, 30. Navis retro vortice intorta. Vaisseau ramené en arrière par le tourbillon. Comparez avec XXII, 6. Deficientibus animis hauriebantur gurgitibus. Le cœur leur manquait et ils étaient engloutis dans les gouffres.

Vulnus. Plaga. Ulcus. Cicatrix. Saucius.

1. Vulnus et plaga, lésion qui provient d’une cause extérieure : vulnus, d’une arme ou d’un instrument tranchant, blessure ; plaga, d’un instrument quelconque, contusion ; ulcus, plaie ouverte ou ulcère, abcès crevés, etc. ; et cicatrix, cicatrice qui remplace la blessure après la guérison. Suet. Vit. 10. Verbera et plagas, sæpe vulnera, nonnunquam necem repræsentantes adversantibus. La moindre résistance valait aux gens des coups et des contusions, souvent des blessures, quelquefois la mort.

2. Vulneratus, blessé en général ; saucius, mis hors de combat par une blessure, c’est le terme propre pour les blessés à la bataille. Cic. Verr. I, 27. Servi nonnulli vulnerantur, ipse Rubrius sauciatur. Plusieurs esclaves sont blessés, Rubrius est mis hors de combat.

Index des synonymes grecs

Α

Ἀγαθὴ τύχη
Casus
Ἀγαθός
Bonus
Ἄγαλμα
Imago
Ἀγάπη
Diligere
Ἄγειν ϰαὶ φέρειν
Vastare
Ἀγέλη
Pecus
Ἀγροῖϰος
Rus
Ἀγρός
Villa
Ἄγρυπνος
Vigil
Ἀγχιστεῖς
Necessarius
Ἀδολεσχία
Garrire
Ἀείδειν
Canere
Ἄζη
Lutum
Ἆθλον
Præmium
Αἰανός
Pridem
Αἰγιαλός
Ripa
Αἰδεῖσθαι
Vereri
Ἀΐδιον
Continuus
Αἶθειν
Ardere
Αἷμα
Sanguis
Αἰνός
Atrox
Αἴολον
Varius
Αἱρεῖν
Sumere
Αἰσχρός
Teter
Αἰτῶν
Rogare
Αἰχμή
Acies
Αἰώνιον
Continuus
Ἀϰεῖσθαι
Mederi
Ἀϰέραιος
Purus
Ἀϰήρατος
Purus
Ἀϰολουθεῖν
Comitari
Ἄϰος
Mederi
Ἀϰούειν
Audire
Ἀϰριϐεία
Opera
Ἀϰροᾶσθαι
Audire
Ἄϰρος
Summus
Ἀϰτή
Ripa
Ἄϰων
Missile
Ἀλᾶσθαι
Errare
Ἄλγος
Dolor et Cura
Ἁλία
Concilium
Ἅλις
Satis
Ἄλλοι (οἱ)
Cæteri
Ἅλς
Mare
Ἄλσος, ἄλτις
Silva
Ἁλύσεις
Vincula
Ἅμα
Una
Ἁμάρτημα
Vitium
Ἀμέριμνος
Tutus
Ἄμφω
Uterque
Ἀνάγϰη ἐστίν
Necesse est
Ἀναδέχεσθαι
Polliceri
Ἀναιρεῖν
Interficere
Ἀναίσθητος
Stupidus
Ἀναμιμνήσϰεσθαι
Meminisse
Ἀνανεύω
Negare
Ἀνάπτειν
Accendere
Ἀναρίθμητος
Innumerus
Ἀναφανδόν
Aperire
Ἀναφλογίζειν
Accendere
Ἀνδράποδον
Servus
Ἀνδριάς
Imago
Ἀνδροφόνος
Homicida
Ἀνευρεῖν
Invenire
Ἀνήρ
Puer et Homo
Ἀνήριθμος
Innumerus
Ἀνθρωπείως et ἀνθρωπίνως
Humanitus
Ἄνθρωπος
Homo
Ἀνία
Cura
Ἀντιστατής
Adversarius
Ἀντιχαρίζεσθαι
Gratias agere
Ἅπαντες
Quisque
Ἀπατᾷν
Fallere
Ἀπεμπολᾷν
Vendere
Ἄπλετος
Magnus
Ἀποϐαλεῖν
Amittere
Ἀποϐάλλειν
Spernere
Ἀποδόσθαι
Vendere
Ἀποθεν
Procul
Ἀποϰρύπτειν
Celare
Ἀπονεύω
Negare
Ἀπορία
Paupertas
Ἀπὸ τύχης
Casu
Ἀποφάναι
Negare
Ἀργός
Albus
Ἀρεσϰεύειν
Assentiri
Ἄρθρον
Membrum
Ἀριστερός
Sinister
Ἀρνεῖσθαι
Negare
Ἄροτος, ἄρουρα
Villa
Ἁρπαϰτήρ
Præda
Ἄρσην
Homo
Ἀρχαῖος
Antiquus
Αρχειν
Jubere
Ἀσιτία
Fames
Ἀσϰεῖν
Comere
Ἀσϰηθής
Salvus
Ἄσμενος
Sponte
Ἀσπίς
Scutum
Ἀστραπή
Fulgur
Ἄστρον
Stella
Ἀσφαλής
Tutus
Ἀτιμία
Ignominia
Ἀτραπός
Iter
Αὖθις et αὖθις ἐξ ὑπαρχῆς
Iterum
Αὖος
Aridus
Ἄϋπνος
Vigil
Αὔρα
Anima
Αὐτόμολος
Perfuga
Αὐτομάτως
Sponte
Αὐχμός
Lutum
Ἀφθόνως
Satis
Ἀφνειός
Divitiæ
Ἄφρων
Amens
Ἀχαιοί
Achivi
Ἀχανής
Magnus
Ἄχθος
Moles
Ἄχλυς
Obscurum
Ἅψος
Membrum

Β

Βάδην
Paulatim
Βαδίζειν
Ire
Βάναυσοι
Faber
Βάρος
Moles
Βαστάζειν
Ferre
Βαΰζειν
Latrare
Βέϐαιος
Validus
Βέλος
Missile
Βλαϐερός
Culpa
Βλάϐη
Vitium
Βλάξ
Stupidus
Βλέπων (τόρον ou ταυρηδὸν)
Atrox
Βλοσυρός
Teter
Βόρϐορος
Lutum
Βούλεσθαι
Velle
Βραδύνειν
Manere
Βραδύς
Stupidus
Βρότος
Sanguis

Γ

Γαῖα
Tellus
Γελᾷν
Ridere
Γένος
Gens
Γεραιός
Antiquus
Γέρας
Donum
Γέρας
Præmium
Γερούσιος
Antiquus
Γέρων
Antiquus, Puer, Vetus
Γῆ
Tellus
Γλυϰύς
Suavis
Γνώμη
Sententia
Γράμμα
Littera

Δ

Δαίμων
Numen
Δαϰρύειν
Lacrimare
Δάνος
Fœnus
Δασύς
Angustus
Δέειν
Ligare
Δεῖ
Necesse est
Δεινόν τι
Delictum
Δεινός
Atrox
Δεῖξαι
Ostendere
Δεῖσαι
Vereri
Δεόμενος
Rogare
Δέος
Vereri
Δέρμα
Tergus
Δεσμεύειν
Ligare
Δεσμοί
Vincula
Δεύτερον
Iterum
Δέχεσθαι
Sumere
Δῆλον
Aperire
Δηλῶσαι
Ostendere
Δῆμος
Gens
Διατρίϐειν
Manere
Δίδυμος
Duplex
Διολέσαι
Amittere
Διπλοῦς
Duplex
Αμώς
Servus
Δόμοι
Ædificium
Δόξα
Gloria et sententia
Δορά
Tergus
Δόρυ
Missile
Δοῦλος
Servus
Δοῦπος
Fragor
Δραπέτης
Perfuga
Δύναμις
Potentia
Δύνασθαι
Posse
Δυναστεία
Potentia
Δυσειδής
Teter
Δυσμένεια, δύσνοια
Odium
Δυσφημία
Ignominia
Δώματα
Ædificium
Δῶρον
Donum

Ε

Ἐγγελᾷν
Ridere
Ἐγγυᾷν
Polliceri
Ἐγγύς
Æquus
Ἔγϰαρπος
Fœcundus
Ἕδος, ἕδρα
Sedes
Ἔθειρα
Crinis
Ἐθελοντής
Sponte
Ἔθνος
Gens
Ἔθος
Consuetudo
Εἶδος
Figura
Εἴδωλον, εἰϰών
Imago
Εἰμαρμένη
Casus
Εἰς ϰενόν
Frustra
Εἰωθέναι
Solere
Ἕϰαστοι
Quisque
Ἑϰάτερος
Uterque
Ἐϰδημεῖν
Proficisci
Ἑϰηλία
Quies
Ἐϰθανεῖν
Mors
Ἐϰϰλησία
Concilium
Ἑϰούσιος
Sponte
Ἐϰφορά
Funus
Ἑϰών
Sponte
Ἐλεεῖν
Misereri
Ἕλος
Lacuna
Ἐμϐαίνειν
Ire
Ἐμπολᾷν
Emere
Ἐμφανίσαι
Ostendere
Ἐνδαίειν
Accendere
Ἔνδεια
Paupertas
Ἐνίοτε
Nonnunquam
Ἐντελής
Finire
Ἐντέλλεσθαι
Jubere
Ἐνύπνιον
Somnus
Ἐξαπίνης
Repente
Ἔξεστι
Concessum est
Ἐξουσία
Potentia
Ἔοιϰεν (ὡς)
Censere
Ἐπαγγέλλεσθαι
Polliceri
Ἐπιειϰῶς
Humanitus
Ἐπιθυμῶν
Velle
Ἐπιϰαμπής
Curvus
Ἐπιτήδειος
Idoneus
Ἐπῳδαί
Canere
Ἐπωμίς
Armus
Ἐρᾷν, ἐρᾶσθαι
Diligere
Ἐργασία
Opera
Ἔργον
Agere
Ἔριφος
Caper
Ἑρπετόν
Repere
Ἐῤῥωμένος
Confisus
Ἔῤῥωσο
Ave
Ἔρως
Diligere
Ἔσθ’ ὅτε
Nonnunquam
Ἔσχατος
Extremus
Ἔται
Necessarius
Ἑταῖροι
Socius
Εὐθηνής
Fœcundus
Εὐθύς
Repente
Εὐϰαιρία
Occasio
Εὐνή
Cubile
Εύπορος
Divitiæ
Εὔσϰιος
Obscurum
Εὔτοϰος
Fœcundus
Εύτροπος
Bonus
Εὐτυχής
Felix
Εύφορος
Fœcundus
Εὐχαριστεῖν
Gratias agere
Εύχεσθαι
Rogare
Ἐφεῖναι
Concedere
Ἐφίεσθαι
Jubere
Ἔχθρα
Odium
Ἐχθρός
Adversarius
Ἔχιδνα, ἔχις
Repere

Ζ

Ζόφος
Obscurum
Ζῶον
Animal

Η

Ἥδεσθαι
Gaudere
Ἡδύς
Suavis
Ἦθος
Consuetudo
Ἠιών
Ripa
Ἡμίθεος
Numen
Ἤν, ἤνι, ἠνίδε
En
Ἠνίον
Frenum
Ήπιος
Mitis
Ἦρι
Mane
Ἡσυχία
Quies
Ἠχή
Fragor

Θ

Θάλασσα
Mare
Θαλλοί
Rami
Θαμά
Sæpe
Θαμειός
Angustus
Θάνατος, θανεῖν (πανδίϰως)
Mors
Θάρσος
Fides
Θεᾶσθαι
Videre
Θέλειν
Velle
Θέμις ἐστί
Concessum est
Θεός
Numen
Θεωρεῖν
Videre
Θημών
Acervus
Θήρ, θηρίον
Animal
Θής
Incolere
Θησαυροί
Divitiæ
Θράσος
Fides
Θρηνεῖν
Lacrimare
Θριγϰός
Murus
Θρίξ
Crinis
Θρόνος
Sedes
Θυμός
Anima
Θύρα, θυρίδες
Ostium
Θῶος
Culpa
Θωπεύειν
Assentiri

Ι

Ἰᾶσθαι
Mederi
Ἴδιος
Privus
Ἰδού
En
Ἰέναι
Ire
Ἰερόν
Templum
Ἱερός
Sacer
Ἱϰανός
Idoneus
Ἱϰανῶς
Satis
Ιϰετεύειν
Rogare
Ἴλυς
Lutum
Ἴσα, ἴσως
Æquus
Ἰσχύειν
Posse
Ἰσχυρός
Validus
Ἴσως
Casu

Κ

Καγχάζειν
Ridere
Καθαρός
Purus
Καινός
Novus
Καιρός
Dies et Occasio
Καϰηγορία
Maledictum
Καϰίων
Deterior
Καρηϰομόωντες
Crinis
Καταγελᾷν
Ridere
Κατάγων
Comitari
Καταϰαίειν
Accendere
Καταϰρύπτειν
Celare
Καταφρονεῖν
Spernere
Καταψῇν
Mulcere
Κατέχειν
Manere
Κελεύειν
Jubere
Κέλευθος
Iter
Κενόν (εἰς)
Frustra
Κεραυνός
Fulgur
Κερδαλέος
Astutus
Κέρδος
Lucrum
Κεύθειν
Celare
Κηδεστής
Necessarius
Κηλίς
Vitium
Κλάγγειν
Clangere
Κλάδος
Rami
Κλαίειν
Lacrimare
Κλέος
Gloria
Κλῆμα
Rami
Κλίμα
Locus
Κλιτός
Collis
Κλών
Rami
Κνέφας
Obscurum
Κνυζᾶσθαι
Latrare
Κοίτη
Cubile
Κολαϰεύειν
Assentiri
Κολοφών
Culmen
Κολωνός
Collis
Κόμη
Crinis
Κομμοῦν
Comere
Κομψός
Purus
Κόπρος
Lutum
Κόρη
Virgo
Κορυφή, ϰορυφοῦν
Acervus
Κορυφή
Culmen
Κοσμεῖν
Comere
Κραιπάλη
Ebrius
Κράτος
Potentia
Κρότος, ϰροῦσις
Fragor
Κρυμός, ϰρύος
Frigere
Κρύπτειν
Celare
Κρύσταλλος
Frigere
Κτείνειν
Interficere
Κτύπος
Fragor
Κωϰύειν
Lacrimare
Κώλον
Membrum

Λ

Λαϐεῖν
Sumere
Λαλεῖν
Dicere et Garrire
Λαμπάς
Candela
Λάμπω
Lucere
Λέγειν
Dicere
Λέϰτρον
Cubile
Λευϰός
Albus
Λῃστής
Præda
Λίθος
Saxum
Λίμνη
Lacuna
Λίμος
Fames
Λιπαρῶν
Rogare
Λόγχη
Missile
Λοιδορία
Maledictum
Λοιποί (οἱ)
Cæteri
Λοῖσθος
Extremus
Λυϰόφως
Mane
Λύμη
Vitium
Λύσσα
Amens
Λύχνος
Candela

Μ

Μαϰάριος
Felix
Μαλλός
Tergus
Μανιϰός
Amens
Μαντεύεσθαι
Divinare et Hariolari
Μασχάλη
Armus
Μάτην
Frustra
Μάχη
Pugna
Μέγας
Magnus
Μέθη
Ebrius
Μεθιέναι
Ignoscere
Μείλιχος
Mitis
Μειράϰιον
Puer
Μέλλειν
Cunctari
Μέλος
Membrum
Μέλπειν
Canere
Μεμνῆσθαι
Meminisse
Μέμψις
Reprehensio
Μέριμνα
Cura
Μετάρσιον
Anima
Μεταφρένον
Dorsum
Μετέωρον
Anima
Μετέωρος
Altus
Μέτοιϰος
Incolere
Μέτοχος
Socius
Μέτριον, μηδὲν ἄγαν
Modus
Μιαίνειν
Contaminare
Μιαρός
Teter
Μιϰρός
Parvus
Μισθός
Præmium
Μῖσος
Odium
Μόγις, μόλις
Vix
Μορύσσειν
Contaminare
Μοῖρα
Casus
Μορφή
Figura
Μυδαλέος
Udus
Μυϰτῆρες
Nasus
Μωρός
Stupidus

Ν

Ναός
Templum
Νάπη
Silva
Νεανίας
Puer
Νέατος
Extremus
Νέοθεν
Iterum
Νέος
Novus et Puer
Νεωστί
Nuper
Νήπιος
Puer
Νιϰᾷν
Vincere
Νῶτον
Dorsum

Ξ

Ξηρός
Aridus
Ξυνεγγύς
Æquus

Ο

Ὄγϰος
Moles
Ὁδοιπορεῖν
Proficisci
Ὁδός
Iter
Οἰδᾷν
Turgere
Οἰϰεῖος
Privus
Οἰϰέτης
Servus
Οἰϰοδόμημα, οἶϰος
Ædificium
Οἰϰτείρειν, οἰϰτίζειν
Misereri
Οἶμαι
Censere
Οἷμος
Iter
Οἶνωσις
Ebrius
Οἷόν τ’ εἶναι
Posse
Οἶτος
Mors
Οἰωνός
Volucres
Ὀϰνεῖν
Cunctari
Ὀλιγωρεῖν
Spernere
Ὀλίγωρος
Tutus
Ὀλισθεῖν
Labi
Ὀλολύζειν
Lacrimare
Ὅλος
Quisque
Ὅλως
Plane
Ὁμήγυρις
Concilium
Ὅμοιος, ὁμοίως
Æquus
Ὁμοῦ
Una
Ὅμως
Æquus
Ὄναρ
Somnus
Ὄνειδος
Maledictum
Ὀξύς
Acer et Acerbus
Ὅπως δήποτε
Plane
Ὁρᾷν
Videre
Ὀρέγεσθαι
Velle
Ὄρθρῳ
Mane
Ὄρνις
Volucres
Ὄρος
Finis et Mons
Ὀῤῥωδία
Vereri
Ὀρσός
Rami
Ὅσιόν ἐστι
Concessum est
Ὅσιος
Sacer
Ὀσμή
Olere
Ὁστισοῦν
Quisque
Ὄσφρησις
Olere
Ὀυ φάναι
Negare
Ὀφείλειν
Necesse est
Ὄφις
Repere
Ὄχθη
Ripa
Ὄχθος
Collis

Π

Παιδίον, παῖς
Puer
Παλαιός
Antiquus
Πάλιν
Iterum
Πανήγυρις
Concilium
Πανοῦργος
Astutus
Πάντες
Quisque
Πάντως
Plane
Παραυτίϰα
Repente
Παράφρων
Amens
Παραχρῆμα
Repente
Παρθένος
Virgo
Πᾶς τις
Quisque
Πάτριος
Paternus
Πατρῷος
Paternus
Πεδίον
Villa
Πέδον
Tellus
Πέλαγος, πελαγίζειν
Mare
Πελώριος
Magnus
Πένθος
Dolor
Πενία
Paupertas
Πεποιθώς
Confisus
Πέρα, πέραν
Trans
Πέρθειν
Vastare
Περίϐολος
Murus
Περιεῖναι
Abundare
Περισσεύειν
Abundare
Πεσεῖν
Labi
Πέτραι
Saxum
Πηλός
Lutum
Πιϰρός
Acerbus
Πιμπράναι
Accendere
Πίνειν
Bibere
Πίνος
Lutum
Πιπράσϰειν
Vendere
Πίστις, πιστότης
Fides
Πλανᾶσθαι
Errare
Πλούσιος, πλοῦτος
Divitiæ
Πνεῦμα
Anima
Ποθεῖν
Velle
Ποιήματα
Canere
Ποιϰίλον
Varius
Ποίμνη
Pecus
Πολέμιος
Adversarius
Πόλις
Gens
Πολλάϰις
Sæpe
Πόνος
Labor et Opera
Πόντος, ποντίζειν
Mare
Πορεύεσθαι
Proficisci
Πορθεῖν
Vastare
Πόῤῥωθεν
Procul
Ποταμός
Fluvius
Ποτέ
Nonnunquam
Πράξεις
Agere
Πρᾶος
Mitis
Πρεσϐύτης
Vetus et Puer
Πρίασθαι
Emere
Πρόϰα
Repente
Προπέμπων
Comitari
Προσέτι
Præterea
Προσήϰοντες
Necessarius
Πρὸς τούτοις
Præterea
Πρότερος
Antiquus
Προφητεία
Divinare
Πτερόν
Ala
Πτηνός
Volucres
Πτίλον
Ala
Πτωχεία
Paupertas
Πυϰνός
Angustus
Πωλεῖν
Vendere
Πῶν
Pecus

Ρ

Ῥεῦμα
Fluvius
Ῥηγμίν
Ripa
Ῥίν
Nasus
Ῥινηλατεῖν
Olere
Ῥόος
Fluvius
Ῥύπος
Lutum
Ῥωμαλέος
Validus

Σ

Σάϰος
Scutum
Σθεναρός
Validus
Σθένειν
Posse
Σιγᾷν
Silere
Σίνις
Præda
Σιωπᾷν
Silere
Σϰαιός
Sinister
Σϰιόεις
Obscurum
Σϰληρός
Aridus
Σϰόπελοι
Saxum
Σϰότος
Obscurum
Σπᾷν
Bibere
Σπαργᾷν
Turgere
Σπάρτη
Laqueus
Στενός, στενωπός
Angustus
Στίλϐω
Lucere
Στοιχεῖον
Littera
Στοργή
Diligere
Στρέφειν
Vertere
Στροφαῖος
Astutus
Συγγενής
Necessarius
Συγγιγνώσϰειν
Ignoscere
Συγχωρῆσαι
Concedere
Σύλλογος
Concilium
Συμϐεϐηϰότως
Casu
Συμϐολή
Pugna
Σύμπαντες
Quisque
Συμφορά
Casus
Σύναιμος
Necessarius
Συνέδριον
Concilium
Συνέχεια
Opera
Σύνοιϰος
Incolere
Σύνοδος
Concilium
Σύχνος
Angustus
Σφάξαι
Interficere
Σφάλλειν
Fallere
Σφοδρός
Acer
Σφριγᾷν
Turgere
Σχῆμα
Figura
Σχοῖνος
Laqueus
Σχολῇ
Vix
Σωρός
Acervus
Σῶς
Salvus
Σωτήριος
Salus

Τ

Ταλαιπωρία
Labor
Ταυρηδὸν ϐλέπων
Atrox
Τάχ’ ἄν
Casu
Τείρεα
Stella
Τεῖχος
Murus
Τέλειος
Finire
Τέλος
Finis
Τέναγος
Lacuna
Τέρας
Stella
Τέρμα
Finis
Τεχνῖται
Faber
Τῆλε, τηλόθεν
Procul
Τοῖχος
Murus
Τόϰος
Fœnus
Τόλμα
Fides
Τολμῶν
Ferre
Τόπος
Locus
Τορὸν ϐλέπων
Atrox
Τράγος
Caper
Τραχύς
Atrox
Τρέπειν
Vertere
Τρίϐειν
Lævis
Τυτθός
Parvus
Τύχη
Casus
Τύχης (ἀπὸ), τυχόν
Casu
Τυχών (ὁ)
Quisque

Υ

Ὑγιεινός
Salus
Ὑγρόν
Udus
Ὑετός
Pluvia
Ὑλαϰτεῖν
Latrare
Ὕλη
Silva
Ὕπατος
Summus
Ὑπερϐάλλεσθαι
Vincere
Ὑπισχνεῖσθαι
Polliceri
Ὑποδέχεσθαι
Sumere
Ὑποψία
Invidia
Ὗς
Sus
Ὕστατος
Extremus
Ὑψηλός
Altus

Ф

Φαίνω
Lucere
Φάναι (οὐ)
Negare
Φανερῶς
Aperire
Φάος
Lumen
Φάρμαϰον
Mederi
Φέγγος
Lumen
Φέγγω
Lucere
Φέρειν et ἄγειν ϰαὶ φέρειν
Ferre
Φημί
Dicere
Φῆναι
Ostendere
Φιλανθρώπως
Humanitus
Φιλεῖν
Diligere et Solere
Φιλονειϰία
Odium
Φίλος
Amicus
Φλέγεσθαι
Ardere
Φλέγω
Lucere
Φοϐεῖσθαι
Vereri
Φονεύειν
Interficere
Φονεύς
Homicida
Φορεῖν
Ferre
Φόρτος
Moles
Φρίϰη
Vereri
Φροντίς
Cura
Φυγάς
Perfuga
Φῦλον
Gens

Χ

Χαῖρε
Ave
Χαλεπότης
Labor
Χαλινός
Frenum
Χάριν εἰδέναι, φέρειν
Gratias agere
Χείρων
Deterior
Χειρώναϰτες
Faber
Χοῖρος
Sus
Χρή
Necesse est
Χρῄζων
Velle
Χρηματισμόϛ
Lucrum
Χρησμολογεῖν
Hariolari
Χρηστός
Bonus
Χρόνιος
Pridem
Χρόνος
Dies
Χρώς
Tergus
Χῶμα
Collis
Χωρεῖν
Ire
Χῶρος
Locus

Ψ

Ψάλλειν
Canere
Ψηλαφᾷν
Mulcere
Ψῆφος
Sententia
Ψήχειν
Lævis
Ψόγος
Reprehensio
Ψυχή
Anima

Ω

Ὠδαί
Canere
Ὦμος
Armus
Ὦνος
Præmium
Ὡς ἔοιϰεν
Censere
Ὠφέλημα
Lucrum

Notes pour la présente édition numérique

Lors de la création de cette édition, quelques corrections ont été effectuées

Coquilles corrigées :

Dans les renvois :

Dans les renvois grecs: